« Et toi, tu le vis comment ? »
Mercredi 28 mars, vingt-troisième jour du confinement. Nous avons demandé aux français, de différents âges et différentes situations, comment ils le vivaient : leurs espoirs, leurs craintes, ces petites réflexions du quotidien parce que oui, en ce moment, nous avons enfin le temps pour réfléchir.
Présentez-vous.
« Je m’appelle Daphné, j’ai 19 ans, je suis en 2ème année d’Information et Communication à l’Institut Catholique de Paris.
Bonjour, je m’appelle Gaspard, je suis en première année de licence économique à la Sorbonne. »
En 3 mots, comment vivez-vous le confinement ?
« Daphné et Gaspard : Angoissant, difficile, unité.
Angoissant par rapport aux informations qui nous sont relayées et répétées du matin au soir. Même si elles sont claires, toutes ces informations sur le nombre de morts et sur l’évolution du coronavirus et du confinement sont très angoissantes. Difficile par rapport à l’inactivité constante, de ne pas pouvoir sortir profiter du beau temps. Unité au sein du foyer et au sein de la nation, on respecte tous une règle pour le bien-être collectif. »
Quels changements par rapport à votre vie personnelle ?
« Daphné : Nous sommes confinés dans un petit appartement appartenant à ma soeur, avec mon petit-ami. Nous n’avons donc plus nos parents avec nous. Nous ne pouvons rien faire, l’ennui est très présent. Plus de sorties, de ballades, de restaurants, on se sent coupés du monde.
Gaspard : On ne peut plus faire de sport, notamment de tennis, et on peut plus vraiment se dépenser car j’essaie de réduire au maximum les sorties. Heureusement que les réseaux sociaux sont là pour mentalement nous tenir proches, informés et nous divertir. Grâce à eux, la communication reste possible. »
Quels changements par rapport à votre vie professionnelle ?
« Daphné : Nous n’avons que très peu de cours et le fonctionnement n’est pas bien mis en place : presque aucun cours en télétravail, les polycopiés sont simplement mis sur une plateforme sans aucune explication dessus. C’est très inquiétant par rapport à la poursuite de notre année, comment allons-nous pouvoir valider notre année ? Les partiels vont-ils pouvoir se tenir ?
Gaspard : En plus au premier semestre, je n’ai pas eu cours pendant un mois, et mes partiels de premier semestre ont eu lieu pendant mon second semestre. Mes études semblent fractionnées et désorganisées. »
Vos plus grandes craintes ?
« Daphné et Gaspard : Que le confinement se prolonge, qu’il y ait de plus en plus de morts et qu’on ne trouve pas de vaccin. J’ai peur que toutes nos vies soient retardées, que ce soit par rapport à l’économie ou par rapport à notre parcours académique; si le confinement est prolongé, tous les concours, les recrutements dans les écoles seront annulés, ou reportés, tout est dans le flou. Par exemple, le concours ACCES post-bac qui était un concours écrit passe sur dossier : certains avaient énormément misés sur ce concours, avaient énormément travaillé dessus jusqu’à même mettre de côté leur année de terminale. Finalement, en faisant passer cette école sur dossier, cela reste extrêmement difficile à accepter. De même, pour les Prépas, il risque de ne pas y avoir d’oraux, alors que certains candidats s’y préparent depuis deux voire trois ans. »
Ce que vous voulez dire, qui n’est pas assez dit ?
« Daphné et Gaspard : On ne le dit jamais assez : restez chez vous et prenez toutes les précautions lorsque vous sortez. »
L’aspect positif du confinement selon vous ?
« Daphné et Gaspard : Pour l’environnement, la pollution dans le monde et surtout à Paris. Ça permet une amélioration de l’air et c’est non-négligeable. »
Qu’est-ce que ce nouvel usage du temps vous a permis ?
« Daphné : Nous n’avons rien changé profondément à nos habitudes à l’intérieur de nos appartements, mais nous passons plus de temps à nos loisirs habituels. Je cuisine en prenant plus mon temps, j’en profite aussi pour faire le ménage plus minutieusement afin de vivre dans un espace sain. Et je passe énormément de temps sur mon ordinateur à regarder des séries, des films, jouer aux Sims (chose que je n’avais pas faite depuis mon adolescence), et enfin je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux : Instagram, Twitter, Snapchat. Je regarde aussi quotidiennement des personnalités comme Renaud Capuçon, violoniste, qui nous font vivre leur confinement et partagent des vidéos touchantes.
Gaspard : je joue à la PS4 pour passer le temps et aide au ménage. C’est différent pour nous car on n’habite plus, pendant cette période, chez nos parents dans les Hauts-De-Seine, mais en couple dans un appartement parisien. Ça change nos habitudes. Par exemple, on regarde la télévision, chose qu’on ne faisait jamais, et notamment les infos, ce qui est nouveau pour nous. Je pense que cette nouvelle habitude n’est liée qu’au confinement car je regarde les infos chaque jour sur mon téléphone mais ne pense pas, avec le rythme de nos vies étudiantes, continuer à me retrouver chaque jour à 20h devant mon poste de télévision après le confinement. »
A la fin du confinement et de la pandémie, un nouveau regard sur la vie ?
« Daphné et Gaspard : Oui et non. Oui parce qu’on fera plus attention aux barrières sanitaires, mais au final je ne pense pas que cet état durera véritablement dans le temps. Au bout de quelques semaines ou mois, nos habitudes reprendront le dessus. »
Votre conclusion.
« Daphné et Gaspard : C’est une expérience unique et hors du commun qu’on n’espère pas revivre dans notre vie. Nos proches nous semblent loin. Nous nous rendons compte que nos activités chaque jour sont indispensables à notre équilibre. »