Arabie saoudite - Iran: du conflit politique au conflit religieux

Arabie saoudite

L’Arabie saoudite est un pays de la péninsule arabique dont elle occupe 80 pourcents de la superficie. C’est une monarchie absolue dirigée par la famille des Saoud et fondée en 1932 par le fondateur de la dynastie IBN Saoud. Le pays abrite presque 30 millions d’habitants répartis dans quelques grands pôles autour de Ryad, Médine, la Mecque et Djeddah. Quelques pôles moyens sont répartis sur le territoire mais une grande partie est désertique et presque inhabitée. Son IDH est de 0,853 et la population est musulmane, sunnite à 85 pourcents et chiite à 15 pourcents. Les chiites sont pour beaucoup situés dans l’est du pays où se situent la plupart des réserves pétrolières. L’économie saoudienne est essentiellement basée sur la production de pétrole. Les saoudiens vendent 17 pourcents du pétrole mondiale exporté. Le pays vend surtout à la Chine, la Corée du sud, le Japon, l’Inde, l’Europe, et les Etats-Unis. C’est entre ces derniers et l’Arabie saoudite qu’a été signé en 1945 le pacte de Quincy. Ce pacte offre aux Etats-Unis un accès privilégié aux réserves de pétrole saoudienne en échange de la protection du royaume et de la non-ingérence dans ses questions de politique intérieure. Globalement, les Etats-Unis défendent un « Bloc arabe » contre l’ennemi symbolique iranien. De ce fait, des bases ou facilités américaines sont installés un peu partout au Moyen-Orient et plus particulièrement dans la péninsule arabique. L’Iran est plus ou moins encerclé et les réserves pétrolières sont bien défendus.

Iran

L’Iran justement, où république islamique d’Iran, est l’une des grandes puissances du Moyen-Orient. Le régime politique du pays est une république islamique dirigée par Hassan Rohani. Avec 1 648 000 km2 et plus de 80 millions d’habitants, c’est l’un des plus grands pays de la région et le plus peuplé du Moyen-Orient juste devant la Turquie. On y parle officiellement le persan, mais officieusement le kurde, le baloutchi, le turc et l’arabe. La population est en très grande majorité chiite à l’inverse de l’Arabie saoudite, et est concentrée autour des villes majeures du pays tel que Téhéran, Ispahan, Chiraz. Hors des grandes villes, le pays est désertique. Economiquement, l’Iran souffre d’une croissance négative (-3,6%/ans), d’un chômage important (13%), et d’une inflation considérable (31,2 % entre 2018 et 2019). Son IDH est de 0,798 plaçant le pays au 60e rang mondiale en 2018. L’Iran est, comme de nombreux pays de la zone, un gros exportateur de pétrole. Ses partenaires économiques sont la Chine, l’Inde, les Emirats arabes Unis, la Turquie, l’Irak, la Corée du sud, le Japon, l’UE.

Tensions Arabie saoudite-Iran

Historiquement, l’Arabie saoudite est un pilier du Moyen-Orient. C’est un état monarchique solide, fournisseur de pétrole, allié économique des américains, et gardien de deux des lieux saints de l’islam, avec la Mecque et Médine. Elle accueil sur son sol chaque année des millions de pèlerins.

Mais la situation se déstabilise à plusieurs reprises.

Premièrement en 1979, avec la révolution iranienne qui voit le shah pro américain être renversé et remplacé par une république islamique qui se veut anti-américaine et populaire, à l’inverse de l’Arabie saoudite qui est une monarchie absolue. L’Arabie saoudite et les Etats-Unis craignent donc de voir cette révolution populaire s’exporter dans d’autres régions du golfe. De plus, la nouvelle république iranienne est bien islamique, donc les saoudiens (gardiens des lieux saints) se sentent également concurrencés sur le plan religieux : c’est la réelle émergence du chiisme. En 1980, et même s’ils sont loin de le porter dans leurs cœurs, les saoudiens soutiennent et financent Saddam Hussein, alors à la tête de l’Irak, qui se lance dans une guerre contre la jeune république iranienne. Cette guerre durera huit ans jusqu’en 1988 et ne fait qu’intensifier les tensions entre les deux rivaux. En 1991 a lieu la première guerre du golfe, grossièrement entre les Etats-Unis et l’Irak de Saddam. Ce dernier perd la guerre et les saoudiens se sentent de plus en plus menacés par l’Iran puisqu’ils ont l’impression d’être le dernier rempart. Ces craintes se concrétisent lorsque en 2003, les Etats-Unis interviennent de nouveau en Irak et font tomber Saddam Hussein. Il est alors remplacé par un gouvernement chiite, proche de l’Iran. C’est également durant cette période que l’Iran commence à être soupçonné de travailler sur un programme nucléaire. Le pays étend son influence dans la zone, ce que l’on appelle « l’axe chiite » ou « axe d’influence iranienne ». Cette influence va de l’Iran, passe par l’Irak avec un gouvernement plutôt chiite et proche de son voisin iranien, puis par la Syrie de Bachar el Assad, et enfin par le Liban avec un parti chiite proche de l’Iran : le Hezbollah, qui même s’il n’est pas au pouvoir, est très présent et très actif. Certains ajoutent à cela le Yémen et les révolutionnaires houthis. L’Arabie saoudite a eu l’opportunité de voir cet axe s’affaiblir durant les années 2010. Notamment à la suite du printemps arabe ayant eu un impact surtout en Syrie et dans une moindre mesure en Irak. L’Arabie saoudite finance et soutient alors de nombreux groupes rebelles sunnites plus ou moins extrémistes afin de garder son influence dans la région. Mais lorsque l’Etat islamique se forme et s’organise, les saoudiens sont bien obligés (notamment vis-à-vis de leurs partenaires européens) de condamner les terroristes. Finalement, l’axe chiite a tenu bon et l’Iran continue dans sa quête d’influence en soutenant lui aussi des révolutions, cette fois ci au Bahreïn, petit état majoritairement chiite mais dirigé par des sunnites. Les saoudiens viennent en aide à leurs voisins et matent les révoltes. D’autres violentes manifestations ont également eu lieux en Arabie saoudite même, dans la région est où se trouvent les plus importantes communautés chiites.

Mais on ne doit pas donner plus d’importance qu’elle n’en a à cette opposition religieuse. En réalité, si les tensions économiques géopolitiques n’existaient pas, la situation serait surement beaucoup plus apaisée entre les différentes communautés. Cette opposition est souvent un moyen pour les dirigeants de créer une certaine unité nationale. Il est très facile pour les saoudiens par exemple de diaboliser l’Iran, en opposant le « vrai islam sunnite » aux hérétiques chiites d’Iran. Cela dresse un tableau simple pour la population qui, endoctrinée, est bien plus favorable à la confrontation. Les différents gouvernements, d’un côté comme de l’autre, ne se gênent pas pour opprimer les populations minoritaires de confessions opposées.

Sources :

Diplomatie.gouv :

iran : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/iran/presentation-de-l-iran/

Arabie saoudite : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/arabie-saoudite/presentation-de-l-arabie-saoudite/

Presentation iran (PDF) : http://www.ailes.ch/dataPDF/Iran%20-%20presentation%20du%20pays%20-%20ailes.ch.pdf

INSTITUT DE RECHERCHE ET D'ÉTUDES MÉDITERRANÉE MOYEN-ORIENT : http://iremmo.org/publications/confluences-mediterranee/iranarabie-saoudite-guerre-froide/

Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_l%27Arabie_saoudite_et_l%27Iran

Libération : https://www.liberation.fr/planete/2019/10/02/l-iran-et-l-arabie-saoudite-enfin-prets-a-coexister_1755004

My prepa : https://www.myprepa.fr/news/arabie-saoudite-iran-ennemis-jures-au-moyen-orient/

20 minutes : https://www.20minutes.fr/monde/2613239-20190925-iran-demande-arabie-saoudite-arreter-guerre-yemen

France culture : https://www.franceculture.fr/conferences/universite-paris-dauphine/arabie-iran-le-grand-choc

France info : https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/tensions-entre-l-arabie-saoudite-et-l-iran/l-article-a-lire-pour-comprendre-ce-qu-il-se-passe-entre-l-iran-et-l-arabie-saoudite_1252433.html