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Coronavirus : guerre biologique ou guerre informationnelle ? (1/2)

Article écris par Quentin D.

La crise du Coronavirus (CovidN-19) qui ravage en ce moment le monde a donné lieu à de nombreuses supputations et hypothèses quant à son origine. Aux débuts cantonnés aux réseaux sociaux, ces hypothèses ont pris une plus grande ampleur médiatique à la suite des révélations du Washington Post. Dans son édition du 14 avril (https://www.washingtonpost.com/opinions/2020/04/14/state-department-cables-warned-safety-issues-wuhan-lab-studying-bat-coronaviruses/ ), ce journal faisait état de la préoccupation des services secrets britannique quant à une possible fuite du virus d’un laboratoire chinois, en appui des déclarations du président Trump et de sa volonté revendiquée de mener une enquête sur l’origine de ce virus . Enfin, les déclarations récentes d’Emmanuel Macron « sur le fait que nous savions pas tout de ce qui s’est passé en Chine » sont venues apporter un doute supplémentaire.

Cette affirmation pose forcément plusieurs questions. La Chine serait-elle en train de développer des armes biologiques au sein de ses laboratoires ? Le Virus s’est-il échappé ou a-t-il été volontairement (comme le pensent certains complotistes) « lâché » dans le but de mettre l’Europe (le Monde) à genoux ? La Chine a-t-elle été transparente dans la gestion de cette crise?

Tout en reprenant les thèses complotistes présentes citées sur le Web, auxquelles un public effrayé, confiné, désorienté par une peur entretenue du fait d’une surexposition médiatique, les dirigeants occidentaux n’essayent-ils pas plutôt de détourner l’opinion publique de leur gestion catastrophique de la crise, de leur manque de prévoyance et de leur incapacité à trouver une réponse claire et cohérente à cette pandémie?

Brève histoire de la guerre biologique

La guerre biologique est aussi vieille que l’histoire des conflits. Depuis toujours, la maladie accompagne l’homme, les épidémies la guerre. L’homme sait que la maladie se transmet d’homme à homme et que les zones les plus peuplées (villes) sont aussi les plus propices à son développement. Certains épisodes de l’Histoire montrent que l’homme a tenté d’utiliser la maladie à des fins militaires mais pour de maigres gains stratégiques ou des succès tactiques relatifs.

Nous pouvons citer entre autre le fameux siège de Caffa. En 1346, les Mongols sont venus à bout de la résistance du comptoir génois en envoyant (avec succès) des cadavres pestiférés au sein de la ville par le truchement de catapulte. Lors de la conquête de l’Amérique du Nord aux XVII et XVIIIème siècles, les Britanniques ont utilisés des couvertures contaminées à la variole à proximité de campements pour éliminer les amérindiens. Ces deux exemples d’emploi supposent cependant la possession en propre du virus (maladie) et la maîtrise des moyens de sa diffusion (contamination par cadavre ou par vecteur infecté).

La guerre biologique a pris un autre tournant lors de la Première guerre mondiale. En effet, en 1915, a eu lieu la première utilisation d’armes chimiques à Ypres, Cette attaque est emblématique et avec elle, se lève le dernier verrou moral à l’idée de l’emploi d’une arme de destruction massive d’un nouveau style. Elle trouve son origine dans l’incroyable duel entre le Français Pasteur et l’Allemand Koch et la tentation de développer la production de telles armes, au XIXe siècle à partir de la découverte des bactéries et des virus et l’identification et la recherche de l’emploi de ces pathogènes. Bien heureusement jamais mis en application, l’idée est tellement effrayante qu’en 1925, la convention de Genève interdit son emploi mais non sa production. Durant la seconde Guerre mondiale, tous les belligérants ou presque vont développer de véritables recherches sur les pathogènes mais aussi sur les vecteurs de leur dissémination. Le Japon et l’unité 731 (de sinistre mémoire), les Anglais et les galettes d’Anthrax (5000 bombes produit en 1944), les Américains et les expérimentations sur la Malaria, l’URSS et des recherches globales en sont autant d’exemples. Le but était bien de pouvoir se doter d’une arme stratégique pouvant paralyser son adversaire voire le mettre hors-jeu en visant directement sa population et en rendant impropres à la vie des zones entières. Une utilisation tactique (comme l’Anthrax) pouvait cibler une zone spécifique et mettre hors-combat (sans dissémination de la bactérie) une portion recherchée de la population.

Le Japon tout comme le tandem Etats-Unis/Angleterre fut les plus proches des utilisateurs potentiels puisqu’en plus des germes pathogènes, l’un et les autres avaient les moyens de leur dissémination. A l’issue de la Seconde guerre mondiale, pris dans le dilemme du glaive et du bouclier, l l’envol des armements de la guerre Froide mène les états à louvoyer sans cesse entre recherche offensive/défensive selon la politique du moment. La bombe nucléaire a remplacé l’arme bactériologique en tant qu’arme stratégique de dissuasion. Mais l’a-t-elle fait disparaître des arsenaux ? D’après certains thuriféraires du net, non. Certains états développent toujours de bien pires virus, tout en manipulant, trafiquant et se servant de populations comme cobayes. Dans quel but, m’objecterez-vous ?

Arme biologique : arme tactique ou stratégique ?

Nous ne le répéterons jamais assez, une arme sans doctrine d’emploi est une arme inemployable, certes impressionnante mais inutile. Alors, quelle est la doctrine d’emploi de ce type d’arme ?

Avant d’évoquer sa doctrine, parlons caractéristiques. L’arme biologique entre dans la catégorie des armes NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique). L’arme biologique a pour but de mettre hors-combat une personne en la rendant malade à l’aide d’un pathogène. Les pathogènes sont des germes provoquer une maladie. Il y a 5 types de germes :

• Les parasites

• Les champignons

• Les bactéries

• Les virus

• Les prions (bien que restant sujet à discussion)

Ces pathogènes sont classés en 4 classes selon :

• Leur transmissibilité

• Leur dangerosité

• Les traitements existants

• La prophylaxie existante

Cependant, l’arme biologique n’est pas comparable aux armes chimiques et nucléaires. En effet à la différence de ces deux type d’armes, l’arme biologique suit dans le temps une évolution différente. Là où une arme chimique aura des effets temporaires et identifiés ainsi qu’un un développement connu et maitrisé (telle concentration de produit sur tel territoire / sur telle population aura tel effet), l’arme biologique aura un développement exponentielle. Ainsi un personnel infecté devient potentiellement un incubateur qui contaminera d’autres personnels. En raison du temps d’incubation, le germe se répandra après la contamination. Or, selon la résistance biologique de la personne, cette incubation peut varier voire, le personnel peut neutraliser le germe (sans le savoir).

L’arme biologique est donc une arme hasardeuse. Si les gains peuvent être immenses (un individu peut potentiellement contaminer une nation entière (patient 0)), le contrôle d’une telle arme est complexe. Celle-ci peut échapper à son créateur et se retourner contre lui. Elle peut aussi impacter des populations non visées (civils, neutres,…). Au-delà du risque médiatique lié à l’utilisation de cette arme, elle peut aussi mener à un dérèglement économique tant sur les pays neutres et que sur sa propre population qui est pourtant essentielle à la conduite de guerre et surtout sa raison première. Il est donc nécessaire pour l’utilisateur de disposer des possibles traitements ou même mieux la prophylaxie (vaccin, neutralisant) nécessaire au déploiement d’une arme bactériologique. L’arme bactériologique peut donc être vue comme une arme de dernier recours, semblable en cela à une arme nucléaire. En effet, si une arme chimique peut être facilement neutralisée (du moment que son composé est connu), en raison des temps d’incubation et de recherche, une arme biologique est une bombe à retardement redoutable.

Son déploiement nécessite des vecteurs particuliers qui doivent pouvoir soit le maintenir en activité (conservation particulière), soit le doter d’un autre support, d’une forme de vie secondaire permettant de le conserver en état d’agir (spores de charbon). L’arme biologique est plus qu’un produit complexe. C’est aussi un système entier nécessitant des lanceurs, une chaîne de production, une chaîne logistique, un personnel formé et entraîné ainsi qu’une doctrine de combat en environnement contaminé.

En emploi tactique, certains germes peuvent être utilisés mais n’ont que peu d’utilité car le gain (mise hors-combat) n’est pas immédiat. Bien qu’invisible, une armée ou un groupe d’individus peut suspecter l’utilisation d’une telle arme. Pour optimiser son emploi et celui de son vecteur, la zone de dissémination doit être restreinte et limitée pour éviter toute propagation incontrôlée.

La nature même de l’arme biologique empêche donc son utilisation en qualité d’arme tactique. C’est avant tout une arme stratégique, qui a le même impact potentiel qu’une arme nucléaire. Les Anglais, en développant le projet N durant la Seconde guerre mondiale, avait pour objectif de disséminer l’Anthrax en Allemagne afin de toucher aussi bien la population, que le bétail et d’interdire la vie dans certaines parties du pays (l’Anthrax est un bacille ayant la capacité de sporuler et de contaminer les sols indéfiniment). il y a ainsi beaucoup de différence dans l’emploi d’une charge nucléaire irradiant un sol ou celui d’un produit chimique comme un agent orange défoliant des contrées entières de la jungle Vietnamienne.

Mais alors, quel est l’intérêt pour les états et les acteurs étatiques de développer et maintenir à niveau des laboratoires de haut-niveau (P4/P3) ?