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Crimée : annexion illégale ou récupération légitime ? (2/4)

Hommes armés, qui semblerait être des soldats russes sans signes distinctifs, se mettent en couverture derriere un véhicule blindé lors de la tentative de prise d’une base militaire ukrainienne dans la ville de Belbek, proche de Sebastopol, le 22 mars 2014 - Shamil Zhumato / Reuters

Résumé du conflit 

Le 21 novembre 2013, l'Ukraine suspend soudainement les négociations sur un accord d'association avec l'Union européenne prévue depuis plusieurs années. Dans le même temps, les négociations économiques avec Moscou s’intensifient. L'opposition accuse aussitôt la Russie de faire pression sur l'Ukraine pour lui faire tourner le dos à l'Europe en revoyant notamment les prix du gaz à la hausse.

Le pivot ukrainien provoque des manifestations pro-européennes à Kiev. Les manifestants demandent la destitution du chef de l'État Ianoukovitch, pro-russe. Durant toute cette période, les manifestants tentent de nombreuses fois de prendre des places fortes du gouvernement mais sont systématiquement repoussés et réprimandés dans la violence. La place maïdan est devenu le symbole de cette révolte où les manifestants tiennent la position jusqu'au début de l'année 2014. Le bilan est lourd, plusieurs dizaines de morts sur la période de manifestations entre le 21 novembre 2013 et la fin février 2014. En 2014, le gouvernement vote des lois répressives envers les manifestants, puis change son fusil d'épaule pour finalement donner l’amnistie. Après des semaines et des mois de manifestations sur la place maïdan, le Parlement ukrainien vote la destitution du président ukrainien. C'est plus de deux tiers des députés (328 voix exactement) qui décident de mettre fin au mandat présidentiel du président affirmant qu'il est dans l'incapacité constitutionnel d’exercer ses fonctions. Le président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch est donc destitué le 22 février 2014 et s'enfuit en Russie. Le lendemain, le Parlement ukrainien retire au russe son statut de langue officielle dans 13 des 27 régions d’Ukraine. Cela implique désormais pour une population majoritairement russophone, que tous les documents officiels doivent être rédigées en ukrainien uniquement, tous les cours à l'école doivent être dispensé uniquement en ukrainien, et tous les noms propres et noms de villes doivent suivre l'orthographe et la prononciation ukrainienne, ce qui est très mal vu par la majorité des populations russophones de l'est du pays.

La Crimée, déjà relativement autonome par rapport au reste de l'Ukraine, commence à manifester pour s'opposer aux événements de Kiev. Elle souhaite le renforcement des liens avec la Russie ainsi qu'une autonomie élargie. Le 27 février 2014, la Crimée se soulève violemment. La situation bascule lorsque plusieurs dizaines d'hommes armés sans insigne s'emparent du Parlement et du gouvernement local. Ces hommes sont des militants pro-russes qui contrôlent alors certains points stratégiques de Crimée. De plus, des militaires russes non déclarés, sans insigne, plaque d'immatriculation ni aucune reconnaissance possible s'installent dans la péninsule et encerclent plusieurs bases militaires ukrainiennes. Les troupes russes sont donc clairement sur le territoire ukrainien en Crimée, défendant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Suite à cette escalade des tensions, la Crimée demande un référendum pour son indépendance. Le Parlement local de Crimée demande officiellement à Vladimir Poutine le rattachement de la péninsule à la Russie. Ce Parlement demande également l'organisation d'un référendum pour le 16 mars afin de faire participer le peuple et donner ainsi à ce référendum une image légal. Cependant Kiev, l'Union européenne et les États-Unis qualifient ce référendum d’illégal car il est, selon eux, sous la menace de Moscou. Le 11 mars 2014, la Crimée adopte une déclaration d'indépendance. Sans attendre le résultat du référendum qui était prévue pour le 16 mars, le Parlement décide d'adopter une première déclaration d'indépendance de Crimée. La Crimée devient donc officiellement non reconnue par le reste du monde. L'Europe, de son coté, dénonce une occupation de la Crimée par la Russie. L'ONU, quant à lui, propose une résolution pour déclarer ce référendum comme illégal et avoir ainsi le soutien de la communauté internationale. Cependant, la Russie pose son veto, la Chine quant à elle s'abstient. Enfin, les résultats du vote tombent et 96,6 % des votants approuvent l'indépendance de la Crimée par rapport à l'Ukraine et sous-entendus donc son rattachement à la Russie. La Crimée officialise finalement sa candidature à l'entrée en Russie. Dans l'ensemble de l'Occident, la réforme est toujours jugée comme illégale. Les pays occidentaux mettent en place des sanctions contre la Russie et en Europe. Cette dernière officialise le rattachement de la Crimée à son territoire Le 18 mars de la même année. Vladimir Poutine assure aux occidentaux que la Russie ne cherchera jamais à prendre d'autres territoires que la Crimée. Les occidentaux sont toujours impuissants notamment par rapport au veto imposé par la Russie mais aussi parce qu'ils ne peuvent pas sanctionner économiquement la Russie sans se sanctionner eux même. L'Ukraine, de son coté, ne reconnaîtra jamais l'annexion de la Crimée par la Russie et les soldats ukrainiens restant sur le territoire de Crimée seront gentiment raccompagné à la frontière.

Sources :

Futura-science:https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/epoque-contemporaine-sont-causes-guerre-crimee-5492/

Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Crim%C3%A9e

Open Edition : https://journals.openedition.org/echogeo/13917

Radio Canada : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1014582/6-points-pour-comprendre-guerre-ukraine-russie-crimee

La revue géopolitique : https://www.diploweb.com/La-crise-en-Ukraine.html

Agora vox : https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/bien-comprendre-les-crises-russo-188593