De l'ensauvagement et la pacification des sociétés européennes : « Et Louis XIV inventa Instagram »
L’idée d’une hausse de la violence dans les rapports sociaux est un sujet récurent dans la vie politique française. Les dernières polémiques opposant d’un côté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui parle d’« ensauvagement » de la société, et de l’autre le ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti qui dénonce ce terme en le présentant comme « un mot qui développe le sentiment d’insécurité » (suggérant ainsi que ce n’est pas la violence qui augmente en fréquence mais la perception que les gens en ont), vient encore confirmer l’enjeu que représentent les question sécuritaires pour les français.
Qu’en est-il donc vraiment ? Y a-t-il véritablement une augmentation des actes de violence dans la France du début du XXIème siècle ? Cette polémique a déjà été abondamment commentée depuis le mois de septembre et tout a déjà été dit ; n’ayant rien de neuf à apporter au débat, nous ne traiterons pas de ce sujet au cours de cet article. Si une prise de position à ce sujet vous intéresse, nous vous renvoyons vers le travail de notre collègue Jeremy.C (voir « Les incivilités ou la politique de l’autruche ») ou de Maxime Feyssac sur Skopéo (voir « À la source de l’insécurité »). Un certain nombre de données chiffrées seront néanmoins disponibles dans les sources de l’article.
Il est en revanche un point sur lequel nous ne pouvons tous qu’acquiescer et sur lequel aucun débat n’est possible : peu importe que l’on considère ou non qu’il y ait une hausse conjoncturelle de la violence dans notre société contemporaine (cette hausse n’étant pas de la même nature selon l’époque prise comme référence, un mouvement de hausse n’étant que relatif au point de départ choisi), il est incontestable que nous vivons dans des sociétés largement pacifiées comparées à ce qu’était les sociétés européennes médiévales. Parler d’une hausse de la violence en terme absolu n’a donc aucun sens, car si l’on prend l’histoire sur le temps long, nos sociétés n’ont en effet jamais été aussi pacifiées.
« Les historiens en ont fait une démonstration concluante en Angleterre où leurs travaux sur des archives judiciaires remarquablement conservées ont permis d'estimer des taux d'homicide à partir de la fin du Moyen Âge. Plusieurs échantillons datant du XIIIe siècle établissent les taux d'homicides aux environs de 20 par 100 000 habitants. En 1996, en Angleterre et au pays de Galles, le taux n'est plus que de 1,4 par 100 000 habitants » (Maurice Cusson, Les homicides d’hier et d’aujourd’hui). L’Angleterre connaissait cependant déjà des taux d’homicides exceptionnellement bas à cette époque ; ses 23/100 000 en 1300 contrastaient avec les chiffres de 37/100 000 de l’Allemagne, 47/100 000 de la Belgique et des Pays-Bas et surtout des 56/100 000 de l’Italie (qui atteignirent un pique à 73/100 000 en 1450). Aujourd’hui, partout en Europe Occidentale, ces taux d’homicides varient entre 0,5 et 1/100 000 (et l’Italie est à 0,8).
Lorsqu’on regarde les dynamiques sur le long terme, « l’ensauvagement » pourrait paraître tout relatif si les taux d’homicides suffisaient à résumer les phénomènes de violence dans une société, ce qui n’est évidemment pas le cas, et si les européens du XXIème siècle étaient les mêmes que les européens médiévaux, ce qui n’est là encore pas le cas. Car cette pacification des sociétés (qui n’est pas un phénomène tout à fait universel, ou du moins pas dans une telle mesure, partout : les taux d’homicides en 2017 restent toujours autour de 30/100 000 dans des pays comme le Mexique, la Colombie, le Brésil ou l’Afrique du Sud, et frôlent même les 50/100 000 au Venezuela) s’est en effet accompagnée de transformations sociales et culturelles, qui aboutirent à des sociétés dans lesquelles le recours à la violence, et en particulier au meurtre, est non seulement rare mais surtout condamné et honnit par l’immense majorité de la population : la culture a évoluée au rythme du phénomène pacification.
Si les français semblent aujourd’hui de plus en plus nombreux à remettre en cause cette idée que leur société soit pacifiée du fait de l’insécurité qu’ils dénoncent, qu’elle soit factuelle ou ressentie, cette dénonciation de l’insécurité témoigne dans tous les cas du maintien de leur répulsion vis-à-vis de la violence. Christophe Prochasson symbolisait parfaitement cet état d’esprit lorsqu’il affirmait : « Je ne sais pas si nos sociétés sont pacifiées, mais elles montrent beaucoup plus d’intolérance à la violence. Il y a une tolérance zéro à l’égard de violence, qui est d’ailleurs une notion si étendue qu’on a le sentiment qu’elle commence avec la vie. »
Encore une fois, nous ne nous intéresserons pas aux événements et à la description situationnelle : nous allons nous atteler à la description des dynamiques, et tenter dans cet article de de répondre à une question qui nous paraît fondamentale pour réfléchir à ce sujet qu’est le rapport à la violence dans nos sociétés contemporaines, directement corrélé avec les débats contemporains sur « l’ensauvagement ». Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment les sociétés européennes purent-elles atteindre un tel état de pacification ? Comment passèrent-elles, comme dans l’exemple italien, d’un taux d’homicide de 73/100 000 en 1450 à 0,8/100 000 en 2017 ? Comment a pu se développer une telle répulsion pour la violence, qui pousse ces sociétés à condamner juridiquement une simple claque (de façon certes bien différentes selon les caractéristiques de l’agresseur et de l’agressé, et en particulier leurs sexes) quand Robert Muchembled, « dépouillant les lettres de rémission en Artois entre 1386 et 1660 », classait 13 % des homicides dans la catégorie « Jeux-Plaisanteries » ? Le rapport à la violence et à la mort a été totalement renversé. Que s’est-il donc passé ? Les travaux du sociologue Norbert Elias semblent pouvoir nous aider à y voir plus clair.
« Sur le processus de civilisation »
Norbert Elias est un sociologue allemand du XXème siècle, à la carrière académique assez atypique, et dont les travaux ne furent reconnus qu’à la fin de cette dernière. Grande figure de la sociologie historique, il est en particulier connu pour son ouvrage majeur Über den Prozeß der Zivilisation : soziogenetische und psychogenetische Untersuchungen (« Sur le processus de civilisation : recherches sociogénétique et psychogénétique » ; publié en 1939 mais passé relativement inaperçu jusqu’aux années 70), paru en deux volumes en France sous les titres de La Civilisation des mœurs (1974) et La Dynamique de l’Occident (1975).
Il convient d’abord de saisir concrètement ce qu’entend Elias par « civilisation ». Alain Bihr, sociologue français dont nou utiliserons largement les travaux consacrés à Elias dans cet article, en propose une définition très complète : « Selon Norbert Elias, à partir de la Renaissance (…), on assiste en Europe à une inflexion caractéristique des règles de la convenance. Entendons par là des règles régissant ce qui est jugé convenable et inconvenable dans les rapports des personnes entre elles aussi bien qu'à elles-mêmes (…). Reprenant pour partie des règles déjà élaborées dans le cadre de la courtoisie médiévale (…) cette nouvelle étiquette s'identifiera à partir de la fin du XVIIIe siècle comme "civilisation" (sous-entendue des mœurs) (...). Et c'est ce sens singulier du mot, largement différent de son sens courant contemporain, que Norbert Elias a repris pour sa part. Ainsi entendue, (…) elle concerne aussi bien les manières de table, les apparences corporelles et vestimentaires, l’hexis corporelle (les postures, la gestuelle, l'expression du visage, le regard, etc.) (…) que les relations sexuelles et, plus largement, tout le champ des interactions quotidiennes entre les individus, impliquant règles de préséance, façons de se parler, etc. - en un mot, tout ce qui concerne le savoir-vivre dont elle entend fixer les règles ».
Ce « processus de civilisation », qui touche progressivement les sociétés européennes, passe d’abord par l’intériorisation par une fraction de plus en plus importante des individus qui la composent de ce nouveau « code de civilités », engendrant une évolution des attitudes des membres de la société dans deux directions différentes.
On constate d’abord un bouleversement du comportement des individus vis-à-vis des autres : « Dans le rapport aux autres, la civilisation se définit donc négativement par l'exclusion de toute forme de violence, y compris la simple agressivité à l'égard d'autrui (si ce n'est dans les formes euphémiques de l'humour et de l'ironie), dans le but de parvenir à une société aussi pacifiée que possible. Elle implique positivement une parfaite politesse au sens étymologique du terme : elle exige d'être et de rester poli ou policé en toutes circonstances, d'éviter toutes les attitudes ou comportements qui pourraient être sources d'accrocs, de heurts ou de conflits avec autrui, qui risqueraient de le peiner et a fortiori de le blesser de quelque façon que ce soit (ne pas lui être désagréable, ne pas le scandaliser, ne pas l'offenser, etc.) » (Bihr).
Cette « civilisation » dont il est question exige ensuite un bouleversement des attitudes des individus vis-à-vis d’eux-mêmes : « Dans le rapport à soi, la civilisation exige une parfaite maîtrise de ses émotions, allant jusqu'à la répression de ces dernières, pour toujours savoir raison garder. Elle implique donc un haut degré d'autodiscipline (d'autocontrôle et d'autocontrainte) non seulement du comportement mais des sentiments et des pensées, passant par une profonde intériorisation des exigences de la civilité » (Bihr).
Ces doubles évolutions produites par le « processus de civilisation » amènent par exemple des intellectuels comme Thibault Isabel à résumer ce processus, en suivant la logique d’Elias, à « un processus séculaire de maîtrise des instincts, d'apprivoisement des désirs et de domestication des pulsions humaines les plus profondes ». Dans ce registre, le bouleversement du rapport à soi-même et aux autres qui caractérise le processus de civilisation se manifeste de façon parfaitement visible par la « mise à distance du corps » qui s’imposa au cours du processus, et que Bihr décrit avec une grande précision.
« Cela s'exprime par exemple dans (...) l'interdiction faite de toucher autrui (autrement que sous de formes très ritualisées : l'accolade, le baise main, la poignée de main), dans la proxémie (la fixation d'une distance minimale à respecter entre les corps dans les interactions individuelles), la prévalence en conséquence de la vue sur tous les autres sens, etc.
On en trouve trace aussi dans l'évolution des manières de table : alors que, dans le festin médiéval, les convives partagent le même plat dans lequel ils viennent tous prélever à pleines mains, boivent la soupe dans la même louche et le vin dans la même coupe, autour de la table moderne, civilisée, chaque convive mange dans son assiette, boit dans son verre et interpose entre l'aliment et sa bouche tout un appareillage complexe de couverts (…) possédant chacune son mode d'emploi propre, qui fait ainsi barrage à toute expression et tentation de gloutonnerie.
Cette même discipline du corps exige que certaines fonctions corporelles soient exécutées avec discrétion (se moucher dans un mouchoir en tournant le dos à autrui, en se repliant en quelque sorte sur soi, et non plus dans sa main ou son coude en faisant face à autrui) ou se trouve même proprement condamnées (parler la bouche pleine, se curer le nez, bâiller sans masquer sa bouche, cracher par terre en présence d'autrui, roter ou péter).
Sans oublier évidemment l'extension de la sphère de la pudeur, ce sentiment de gêne et de honte qui commande de masquer certaines parties de son corps et plus encore sa nudité entière comme de soustraire au regard d'autrui certaines fonctions corporelles, jusqu'alors effectuées plus ou moins en public mais jugées désormais obscènes, reléguées et cantonnées par conséquent dans les espaces de l'intimité domestique (le cabinet d'aisance, la salle de bains, la chambre à coucher) » - Alain Bihr, La civilisation des mœurs selon Norbert Elias, 2014.
Genèse de l’État et « domestication de la noblesse »
Le lien entre ce « processus de civilisation » qu’a décrit Elias et la « pacification de la société », notre sujet, paraît assez clair dans le sens ou le second est incontestablement le fruit du premier. Mais nous allons maintenant le détailler, en mettant en avant ses liens avec les processus politiques : Elias met en effet en avant le fait que la pacification de la société soit liée au processus de construction de l’État.
En disciple de Max Weber, qui définissait l’État par son « monopole de la contrainte physique légitime » (voir « Pourquoi obéissons-nous ? »), Elias décrit l’émergence de l’État comme un processus historique de monopolisation du pouvoir fiscal et du pouvoir militaire. La construction de l’État s’apparente ainsi pour le sociologue à la progressive centralisation du pouvoir de perception de l’impôt (« monopole fiscal ») et de la « contrainte physique légitime » (« monopole militaire »), ces deux monopoles s’auto-entretenant par ailleurs (le « monopole militaire » permettant de s’assurer du paiement de l’impôt par l’usage de la contrainte en cas de refus, et le « monopole fiscal » d’augmenter les recettes nécessaires à l’entretien de l’armée).
L’État, fruit de cette double centralisation, se construisit donc en opposition avec le monde féodal qui se caractérisait par un complet éclatement du pouvoir politique entre des seigneurs féodaux disposant de pouvoirs fiscaux et militaires autonome. Ce système disparut progressivement suite à la multiplication des guerres entre lesdits seigneurs, provoquant la réduction du nombre de domaines, les plus forts ayant au cours de l’histoire absorbé les plus faibles, jusqu’à ce que s’établisse la suprématie d’un d’entre eux qui tendit à obtenir la suprématie fiscale et militaire. Ce fut par exemple le cas du Roi de France, le cas français étant abondamment cité par Elias. Ce processus de monopolisation, pour rester dans le cas français, contraint petit à petit la noblesse guerrière à se rapprocher de la monarchie et à se soumettre à elle, consacrant par là même la suprématie de l’État.
Ce phénomène de création de l’État et de rapprochement de la noblesse avec la monarchie rejoint finalement la « civilisation des mœurs » décrite précédemment en ce point : afin de dépasser la simple suprématie fiscale et militaire par l’obtention de son monopole, le Roi/l’État dut « domestiquer » ces anciens seigneurs féodaux qui lui disputaient encore le pouvoir il y a peu, et qu’on appelait désormais la « noblesse ». Si l’existence de cette classe se justifiait par ses compétences guerrières qu’elle mettait à disposition de l’ensemble de la société pour la protéger (de la même manière que le clergé priait pour le salut des âmes de tous et que le Tiers état travaillait pour nourrir tout le monde ; la société d’ordre se caractérisant par une division des tâches essentielles à la survie de l’ensemble de la société entre 3 groupes qui assuraient une des fonctions essentielles pour tous les autres), cette vocation guerrière de la noblesse devait lui être retirée pour qu’elle devienne un monopole étatique.
Bihr décrit ainsi l’idée de « domestication de la noblesse » comme « sa transformation d'un ordre de seigneurs féodaux, maîtres sans partage de leurs terres et des hommes qui y vivaient, trouvant dans la guerre et les vertus guerrières leur raison de vivre, largement indépendants d'un pouvoir royal encore faible, indisciplinés tant au regard de ce pouvoir que des règles propres à la hiérarchie féodale ou celles édictées par l'Église, en une assemblée pacifiée de courtisans destinés à servir directement le roi, placés sous son regard et son contrôle permanent, dont l'habitus est désormais soumis à une stricte étiquette ». Il poursuit : « Il s'agit là d'un élément du processus plus général de transformation de la noblesse en un ordre mis au pas par un pouvoir monarchique singulièrement renforcé, en marche même vers l'absolutisme. En effet, les royautés européennes s'assurent alors le monopole de l'exercice de la violence légitime, en acquérant une puissance militaire sans commune mesure avec celle des anciens seigneurs féodaux. Elles obtiennent ainsi de gré ou de force le désarmement de ces derniers, leur imposant l'abandon des guerres privées, y compris la pratique du duel. Et, simultanément, centralisant désormais l'essentiel du surproduit social (à commencer par la rente foncière) par le biais du prélèvement fiscal, elles deviennent capables de fournir une alternative à l'affaiblissement et à l'appauvrissement d'une bonne partie des membres de l'ordre nobiliaire, en les faisant entrer à son service militaire, diplomatique, judiciaire ou même clérical, ou en leur fournissant quelques prébendes ou sinécures à la cour. Garantes par conséquent des revenus et du prestige d'une part grandissante de la noblesse, les monarchies absolues sont aussi en mesure d'obtenir d'elle une parfaite loyauté et obéissance ».
Elias insiste sur le fait que ces processus de création de l’État et de « domestication de la noblesse » furent progressifs, s’étalant sur toute la période féodale, et surtout spontanés : ils ne sont le résultat d’aucun plan prédéfini, et ne sont que l’aboutissement spontané de l’histoire de l’Europe. Elias affirmait ainsi que la naissance de l’État était en définitive « un phénomène que personne n'a explicitement voulu ou programmé, mais qui découle néanmoins des ambitions et actions d'un grand nombre d'individus » (La Dynamique de l’Occident).
« Pour la noblesse féodale, l'élément qui décide de la conquête des chances est la puissance sociale d'une maison, puissance qui dépend aussi bien de ses moyens économiques que militaires (...) ; dans ce système, l'emploi de la violence physique est un moyen de combat indispensable à la conquête de chances. En effet, le partage des chances dépend en dernière analyse de la victoire armée remportée par telle maison – ou par les générations précédentes –, victoire qui lui a assuré le monopole de l'emploi de la contrainte physique. C'est en raison de ce monopole que, dans la lutte de la noblesse pour les chances distribuées par le prince, le recours à la violence pure et simple est à peu près exclu : les moyens de la compétition se sont raffinés et sublimés ; la dépendance des individus par rapport au détenteur du monopole impose à chacun une plus grande retenue dans ses manifestations émotionnelles. (…) En d'autres termes, nous avons affaire à un mouvement général vers la civilisation » - Norbert Elias, La Dynamique de l’Occident
De la curialisation de la noblesse à la curialisation de la société
Intervient ici le phénomène de « curialisation de la noblesse », qui suit sa domestication et permet de rendre compte du phénomène de pacification qui nous intéresse spécifiquement. Elias met en avant le fait que la monarchie mit en place des « cours », qu’il définit comme « un vaste complexe de groupes d’élites interdépendants, rivalisant les uns avec les autres, se tenant en échec réciproquement, au sommet duquel se tient le roi et dans la structure duquel la balance instable des tensions entre les détenteurs de charges officielles d’origine bourgeoise et les groupes de la noblesse d’épée constitue l’élément central » (La Société de cour).
Il souligne que dans ces cours, où la noblesse jouait un rôle déterminant, ses attitudes se trouvèrent petit à petit changées, son « énergie guerrière » et sa tendance à la distinction par les exploits guerriers se convertissant peu à peu en une recherche de la distinction sociale dans un cadre pacifique. C’est ainsi que va naître « l’étiquette », un code de conduite en société qui régissait les rapports entre individus à la cour, et qui prit une importance de plus en plus grande jusqu’à son apogée sous le règne de Louis XIV. L’importance que prit cette étiquette ne peut par ailleurs pas se comprendre si l’on omet de parler de l’expansion de la bourgeoisie, et de la forte concurrence qui régnait entre elle et la noblesse au sommet de l’État. C’est afin de se distinguer d’elle que la noblesse va développer toujours plus cette « étiquette », que ses membres se mirent à respecter scrupuleusement dans le but de se distinguer des bourgeois, et de maintenir ainsi leur « prestige ».
Le Roi attisait par ailleurs savamment tensions et rivalités entre bourgeois et nobles afin d’empêcher ces deux classes « d’élite » de fragiliser sa puissance, dans le cadre de la monarchie absolue. Cette division entre bourgeois et nobles fut à la fois la cause et la conséquence de la mise en place de ce système, qui culmina sous la règne de Louis XIV. Ainsi que le met en avant Sabine Delzescaux, « Louis XIV bénéficie d’un avantage déterminant : une égale répartition du pouvoir entre la noblesse et la bourgeoisie. Aucune d’entre elles (…) n’est en capacité de prédominer et les rivalités qui marquent leurs relations sont si exacerbées qu’aucune alliance n’est envisageable. (...) Il [le roi] sait d’expérience que si la noblesse et la bourgeoisie parvenaient à faire front commun, son règne serait menacé et c’est la raison pour laquelle il n’a de cesse d’entretenir leurs rivalités et de faire en sorte qu’aucune, jamais, ne prédomine, l’étiquette constituant l’instrument privilégié de sa domination. Elias rappelle que cet ensemble de règles qui fixe l’ordre des préséances est une machinerie qui n’a pas été instituée par Louis XIV, mais ce dernier a su, en revanche, l’utiliser, la consolider et l’aménager de telle sorte qu’elle a fini par parfaitement symboliser, sous son règne, la répartition sociale du pouvoir. L’étiquette, entre ses mains, devient une redoutable arme politique qui possède une force de coercition sans équivalent à la cour ».
L’ancienne classe des seigneurs féodaux, pour conserver son rang, se voit contrainte d’adopter une étiquette toujours plus élaborée, répondant toujours plus à ces principes de contrôle de soi et de refus de « l’animalité », pour se distinguer du reste de la population, et en particulier des bourgeois qu’ils côtoient à la cour. Ils doivent aussi accepter de dépendre du Roi, qui leur permet de continuer à trôner au sommet de la société par le monopole des charges à la cour qu’il leur réserve, et donc de renoncer à le contester : car toute prétention à accéder au pouvoir remettrait en cause la survie d’un régime qui garantit leur position privilégiée. Les nobles sont ainsi contraints à l’obéissance, permettant alors au Roi de conserver son monopole militaire et de renforcer toujours plus le pouvoir de l’État.
« La curialisation de la noblesse (...) va opérer comme un mécanisme de civilisation de ses mœurs. À la cour, dans la compétition permanente qui oppose ses membres pour faire partie de l'entourage le plus proche du monarque (de ses différents conseils, dans lesquels seuls ils peuvent espérer infléchir sa politique), pour l'accession aux fonctions honorifiques, pour les nominations aux sommets de l'appareil d'État, pour l'obtention de divers bénéfices et sinécures qu'ils briguent pour eux-mêmes ou pour les leurs (leurs parents, alliés ou dépendants), se forment sans cesse des intrigues et se mènent des manœuvres, 'affaires' qui les conduisent à former des coalitions et coteries rivales à se confronter directement entre eux.
En toutes ces circonstances, qui transforment la cour en un 'champ de bataille' permanent, 'bataille' qui pour être feutrée peut se révéler n'être pas moins mortelle (elle peut décider de leur mort sociale : leur éloignement de la cour), les nobles doivent s'interdire toute manifestation sans retenue de leurs passions ou émotions, en particulier de l'agressivité ou de la haine qu'ils peuvent nourrir les uns envers les autres, en dépit des tentations inverses que leur inspire le souvenir encore vif de l'époque où ils constituaient une noblesse vidant ses querelles internes dans le fracas des armes. Au contraire, ils doivent désormais savoir dissimuler leurs sentiments et pensées véritables et simuler leurs contraires, de manière à respecter une étiquette qui leur prescrit ce qu'ils doivent faire et ce qu'il leur est interdit de faire, qui règlent leur langage aussi bien que leur maintien à table, et dont la stricte observance détermine la reconnaissance par leurs pairs de leur rang et de leur dignité, garante de leur excellence sociale.
Ils doivent se montrer prudents, en pesant soigneusement leurs actes et leurs propos, en en mesurant toutes les conséquences possibles. Ils doivent aussi tenter de comprendre et de prévoir les attitudes et actes des autres pour les déjouer ou en tirer le meilleur bénéfice possible. En un mot, ils doivent faire preuve de retenue, de maîtrise de soi, de 'psychologie' (de sens de l'observation et de connaissance du cœur humain, de juste évaluation de chacun-e) et de 'rationalisation' de leurs comportements (de prévision à plus ou moins long terme, de conduite fondée sur évaluation réfléchie des rapports de force) ».
- Alain Bihr, La civilisation des mœurs selon Norbert Elias, 2014.
C’est ici qu’on va trouver le point de départ de ce mouvement de pacification de la société (initié à la cour du royaume de France, puis touchant les autres royaumes européen qui imitaient à l’époque son fonctionnement). On va en effet observer, à partir de cette « curialisation de la noblesse » et son adoption de « l’étiquette », une diffusion progressive de cette dernière et de la « civilisation des mœurs » qu’elle porte dans le reste de la société par l’intermédiaire de la bourgeoisie. Bihr précise en ce sens que : « Selon Norbert Elias, à partir des cours royales et princières où elle ne va pas cesser de s'approfondir, la civilisation des mœurs va progresser durant l'époque moderne par diffusion progressive de ses principes au sein de sphères de plus en plus étendues : dans les couches inférieures de la noblesse, essentiellement la haute noblesse provinciale et rurale, qui apparaît de temps en temps à la cour, mais aussi dans la bourgeoisie, en commençant par ses couches supérieures, celles qui s'introduisent peu à peu dans la noblesse, qui fusionnent même pour partie avec l'aristocratie nobiliaire, qu'imitent en définitive les couches inférieures de la bourgeoisie en ville. Processus au cours duquel les normes de civilisation se trouvent appropriées par la bourgeoisie (…), provoquant par réaction leur renforcement et leur sophistication dans certains secteurs de l'aristocratie nobiliaire, tenant plus que tout à se distinguer de tout ce qui est bourgeois. Mais ce processus conduit aussi à une interpénétration et une homogénéisation au moins partielle des normes de comportements entre bourgeoisie et noblesse (...) et qui vont finir par déterminer les normes contemporaines du comportement civilisé ».
La « civilisation des mœurs », et par là-même ses valeurs de « mise à distance du corps » et de rejet de la violence physique qui en découle, initialement en vigueur au sommet de la société d’ordre, a au cours des siècles descendu toute l’échelle sociale jusqu’à se diffuser dans l’ensemble de la population. Ce phénomène a par ailleurs aussi été décrit par Maruyama Masao au sujet la transformation radicale des tendances et du comportement de la population japonaise au cours de l’ère Edo (voir « Le Japon est un coquillage : De 1641 à 1853 (1/2) »). Maruyama affirmait en effet : « se vérifiera ici aussi cette règle générale voulant que dans une société d’états (au sens de « 1/3 état », pas de « structure étatique »), les formes de consciences appartenant à la classe dirigeante s’infiltrent vers le bas. Et ainsi verrons-nous (…) l’éthique confucéenne être adoptée aussi par les milieux populaires afin d’ordonner les rapports sociaux internes » (Essais sur l’histoire de la pensée politique au Japon, « Essai premier », « La formation du confucianisme à l’époque des Tokugawa »).
C’est ainsi que l’on peut, en définitive, rendre compte du rejet collectif de toute forme de violence dans nos sociétés contemporaines : les valeurs de la « noblesse curialisées » se sont diffusées dans l’ensemble du corps social, jusqu’à aboutir indirectement à l’émergence d’une « société curialisée » dans laquelle la violence physique est rejetée, et où toute forme de lutte physique a été remplacée par une lutte symbolique et ritualisée. Ce phénomène est parfaitement flagrant au niveau politique : les « campagnes électorales », qui voient les candidats chercher à se distinguer les uns des autres par différentes stratégies, représentent l’archétype de la « compétition politique pacifiée » (le recours à la violence, ou la simple menace de le faire, suffisant par ailleurs à décrédibiliser un concurrent), tout comme la façon de se débarrasser d’un adversaire politique (on ne l’élimine plus physiquement mais en provoquant sa « mort social », en portant symboliquement atteinte à sa dignité ; le retrait de la candidature à la mairie de Paris de Benjamin Griveaux en est l’archétype parfait).
Ce phénomène de « curialisation » est aussi parfaitement flagrant dans les comportements et habitudes des individus de nos sociétés contemporaines, qui agissent collectivement comme de « parfaits petits courtisans » dans leur quotidien, et tout particulièrement sur les réseaux sociaux. Exhibition d’aspects soigneusement sélectionnés de sa vie personnelle et de ses « valeurs morales » ; importance du regard d’autrui, de son approbation et de sa reconnaissance (Bihr parlait de « respecter une étiquette (…) dont la stricte observance détermine la reconnaissance par leurs pairs de leur rang et de leur dignité, garante de leur excellence sociale ») ; obsession pour le fait de ne pas choquer (« éviter toutes les attitudes ou comportements qui pourraient être sources d'accrocs, de heurts ou de conflits avec autrui, qui risqueraient de le peiner et a fortiori de le blesser de quelque façon que ce soit » [Bihr]) ; rejet complet de toute forme de violence ou d’agressivité, dans les actes bien entendu mais jusque dans les mots (multiplication des polémiques autour de questions de langages ou des mots adoptés)… Instagram, tout comme l’espace public de manière générale, semble par certains aspects être devenu une parfaite réplique de la cour de Louis XIV, pour le meilleur et pour le pire. Elias, bien qu’il soit mort en 1990, ne pensait sûrement pas autre chose lorsqu’il affirmait dans La Société de cour : « en démontant les rouages de la société de cour (...), on s’ouvre l’accès à une meilleure compréhension de notre propre société ».
Nous pourrions, certes, nous arrêter à ce constat. Nous arrêter à cette mise en évidence du fait que nous vivons désormais dans des « sociétés curialisées », que l’origine de cette pacification de notre société vient de ces phénomènes de domestication et de curialisation de la noblesse, étendus au cours des siècles au reste de la société dans un processus général de « civilisation des mœurs ». Mais ça serait oublier que le monde ne se résume pas à l’Occident, et que si ce phénomène de curialisation s’est étendue (dans des proportions variables) aux autres civilisations, il n’a pas atteint partout un tel paroxysme. Nous posons alors la question : « Que se passerait-il si venait un jour ou une société complètement curialisée devait entrer en relation directe, voire en confrontation, avec des groupes humains qui ne le sont absolument pas ? ».
Supplément :
Un autre élément notable, qu’Elias n’avait pas mis en avant (et que nous n’avons donc pas inclus dans le corps de l’article) mais qu’Alain Bihr souligne malgré tout (et qui nous paraît particulièrement intéressante) est le rôle joué par la mise en place du système capitaliste dans le « processus de civilisation » :
« Au cours de l'époque moderne, la bourgeoisie éprouve d'autres raisons encore de civiliser ses mœurs que l'imitation plus ou moins servile des couches aristocratiques curialisées. Raisons plus impératives au demeurant, qui finiront par s'imposer à l'ensemble des couches, fractions et classes de la société au fur et à mesure où s'y renforcera l'emprise des rapports capitalistes de production.
Ces raisons tiennent toutes en définitive à la constitution de ce que, en prenant appui sur Evgueni Pasukanis, nous appellerons la société civile (Pasukanis, 1970). Ce dernier montre, en effet, pourquoi la généralisation des rapports marchands qu'implique le développement des rapports capitalistes de production, s'accompagne nécessairement, comme résultat et condition à la fois, d'une contractualisation généralisée des relations interindividuelles, bien au-delà de la seule sphère de la circulation marchande et monétaire : elle implique que les relations entre individus prennent en toutes occasions la forme de contrats, implicites ou déclarés, et qu'en conséquence les individus se rapportent les uns aux autres en tant que sujets de droit en toutes circonstances, en donnant ainsi naissance en définitive à un véritable fétichisme de la subjectivité juridique (du statut de sujet de droits), en transfigurant cette forme historiquement déterminée de la personnalité sociale, produit du développement des rapports capitalistes de production, en qualité substantielle, naturelle et éternelle des individus.
Ce fétichisme de la subjectivité juridique, qui implique notamment que nul acte ne soit accompli envers une personne sans que ne soient respectées l'autonomie de sa volonté et l'intégralité de ses droits, qu'il soit interdit de recourir à la violence ou même à la contrainte à son encontre, du moins à toute contrainte qui n'ait pas été 'librement' négociée et contractualisée avec elle, s'accompagne d'ailleurs couramment d'un fétichisme de la subjectivité morale : de l'idée que tout individu, en tant que personne humaine, dispose d'une dignité de principe qui mérite un respect inconditionnel, qu'il convient donc de se rapporter à elle non seulement en respectant toutes les règles de la bienséance et de la politesse mais encore en veillant toujours à ne pas la réduire à un pur moyen subordonné à ses fins propres, en réfrénant et contrôlant en conséquence toutes nos pulsions et émotions.
De la sorte, ce que le fétichisme juridique requiert comme conséquence de la pression que les individus exercent les uns sur les autres en tant que sujets de droit (avec l'aide supplétive de l'État, de sa police et de ses tribunaux, le cas échéant), le fétichisme moral le recommande comme obéissance à une sorte de voix intérieure, exigeant de reconnaître en autrui son alter ego à respecter en toutes circonstances. Ainsi voit-on en définitive que la civilisation des mœurs, telle que l'entend Norbert Elias, a partie étroitement lié avec la forme civile (contractuelle) que l'emprise des rapports capitalistes de production impose à la société dans son ensemble comme aux rapports interindividuels en particulier ».
- Alain Bihr, La civilisation des mœurs selon Norbert Elias, 2014.
Sources :
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