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De l’Instruction publique pour lutter contre l’Éducation nationale

Hotel Rochechouart - Ministère de l’Education Nationale


À qui revient la charge d’éduquer un enfant ? Sa famille, l’État ou les deux à la fois ? Cette question à longtemps suscité polémiques et controverses en France depuis la Révolution ; faut-il que l’État éduque ses futurs citoyens ? Au XVIIIème siècle déjà, Condorcet mettait en garde contre les dérives d’une éducation nationale, pouvant à tout moment basculer vers l’endoctrinement. Pendant longtemps, le ministère français en charge de la lourde tâche de la transmission du savoir portait le nom d’Instruction publique. Mais un basculement sémantique intervient au cours des Années-Folles. Depuis 1932, on parle désormais de Ministère de l’Éducation nationale comme si l’État assumait seul la fonction de précepteur moral, social et scientifique. Si la dimension propagandiste de l’École républicaine n’est plus à démontrer malgré une hypocrisie constante de ses membres et représentants, celle-ci n’a rien à envier à son modèle d’Ancien Régime qui – lui-aussi – conditionnait l’individu à l’obéissance envers le régime en vigueur. Mais voilà, depuis les années 1980, l’École est devenue un laboratoire à ciel ouvert dans lequel les enfants sont les victimes collatérales de dogmes et d’idéologies progressistes toutes plus extrêmes les unes que les autres – du néo-féminisme à l’antiracisme en passant par l’écologisme et autres théories du genre. Comme le craignait Condorcet, le centre du Savoir est devenu un centre de conformité sociale, bridant toute l’âme méritocratique qui animait auparavant l’École de la République. Dans ce contexte, la réforme du système éducatif s’impose ; mais quelle en serait la nouvelle forme ?

Historique du système scolaire français : de l’Instruction publique à l’Éducation nationale

En France, un système éducatif a très tôt vu le jour auprès de la nouvelle élite franque. Prise en charge par les hommes d’Église, la transmission du savoir se fait au sein des grandes familles aristocratiques tandis que certaines initiatives locales permettent au peuple de savoir lire, écrire ou calculer. Sous l’Ancien Régime, tout le monde ou presque avait un minimum accès à l’éducation – dispensée par le prêtre local ou un précepteur. Cependant, c’est bien la Révolution française qui va initier l’avènement d’un système éducatif laïc et national. Bien avant Jules Ferry, nombre d’initiatives sont prises pour garantir un accès massif à l’Instruction publique qui devient un ministère en 1824. Comme pour l’Armée, l’École est très vite considérée comme un creuset citoyen. Pourtant, toutes ces actions peinent à se concrétiser dans un pays agricole où les études ne doivent pas prendre le pas sur les travaux des champs. Finalement, il faudra attendre la défaite humiliante de 1870 face aux Allemands pour voir émerger une forte volonté de réforme du système éducatif français. Beaucoup, tant chez les royalistes que chez les républicains, pensent qu’un citoyen-soldat éduqué et cultivé constitue la clef de la victoire pour la revanche à venir. En 1882, l’École devient gratuite et obligatoire pour tous les jeunes français jusqu’à 13 ans. Bien sûr, il ne faut pas y voir un acte désintéressé. Après avoir gagné les urnes, les républicains comptent sur le système scolaire pour gagner les esprits – reprenant à leur compte l’outil des différents régimes monarchiques antérieures. Malgré cette orientation idéologique, l’École de la Troisième République réussit à accoucher de citoyens éduqués, cultivés et critiques – non sans alimenter les heurts de la vie politique française la plus animée de tous les temps. Ce succès s’incarne dans la Grande Guerre où les Poilus, pour la plupart des paysans conscrits, sont nombreux à maîtriser le français – langue quasi-étrangère dans certaines régions du pays quelques décennies auparavant. Mais la Victoire entraîne son lot de remises en question ainsi que le développement des sciences psychologiques. La Gauche se succédant au pouvoir de 1924 à 1940, l’Instruction publique se transforme lentement en Éducation nationale (1932). Le terme restera inchangé jusqu’à nos jours. Toujours renommé, le système éducatif français sombre bientôt dans la démagogie progressiste à partir des événements de Mai-68. Supprimée en 1969, l’éducation civique fait son retour en 1985 et devient le cheval de bataille (ou de Troie) des différents gouvernements libéraux et mondialistes. Parallèlement, le niveau scolaire baisse drastiquement avec un retour de l’analphabétisme, considéré comme éradiquée de France depuis le début du XXème siècle. Au cours des années 2010, environ 10% des Français sont analphabètes (>5% en 1905). Pire, 20% des adolescents de 15 ans sont considérés comme illettrés en 2010.

Quel système scolaire pour quelle France ?

Aujourd’hui, la France est confrontée à un défi scolaire majeur. Alors que l’illettrisme bat des records, et que paradoxalement les taux de réussite au baccalauréat sont au plus haut, l’École est gangrénée par le dogmatisme d’une classe politique libérale, mondialiste et – d’une certaine manière – néo-marxiste. L’éducation est devenue un endoctrinement progressiste. Les conséquences sont déjà catastrophiques avec une fuite des cerveaux vers l’enseignement privé et la prise de contrôle de du supérieur via une très forte cooptation (Sciences-Po, ENA…). Que faire contre ce cercle vicieux ?

Contre l’illettrisme et la baisse du niveau scolaire général, il convient d’abord de rétablir une instruction élémentaire de qualité – point fort de la France jusqu’aux années 1980. Recentrer les cours dispensés sur des disciplines fondamentales semble un prérequis avec un socle unique constitué du Français, des Mathématiques, de l’Histoire, de la Géographie, des Sciences naturelles et de l’Exercice physique et sportif. Obligatoire et gratuite jusqu’à 13 ans, cette première instruction devra offrir les bases intellectuelles pragmatiques et utiles à la vie quotidienne. L’enseignement doit également, à ce stade, développer l’esprit critique et la capacité de raisonnement afin de construire un citoyen au sens antique du terme : responsable, raisonnable et sceptique. Ce premier cycle doit ensuite être sanctionné d’un examen qui déterminera la poursuite en études classiques et intellectuelles ou l’orientation vers des métiers plus manuels.

Pour cela, deux types d’établissement : les lycées professionnels et classiques. Les premiers permettant à l’adolescent d’apprendre un métier, les seconds orientant les élèves vers des filières plus intellectuelles et abstraites. Le double avantage de cette distinction consiste en un désengorgement des universités aujourd’hui prises d’assaut par un trop grand nombre de bacheliers ainsi que la constitution de professions manuelles et techniques de haute qualité rendant définitivement injustifié le recours à l’immigration tout en valorisant des métiers jusqu’ici dénigrés. Bien sûr, la réintroduction de la méritocratie au sein de l’École et la suppression de l’idéologie a de quoi en faire bondir plus d’un. Pourtant, c’est un ensemble de solutions bien plus pertinents que le système actuel qui est devenu une fabrique à frustrés et déçus – bacheliers bienheureux tombant de haut dès les premiers partiels. De même, le fait de faire réfléchir les jeunes Français peut constituer un retour aux agitations politiques qu’a pu connaître la Troisième République, mais constitue assurément un argument démocratique certain en ces temps de doutes et de questionnements…