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Enjeux et défis de la colonisation lunaire

Vision d’une future base Lunaire qui pourrait être produite et entretenue par inpression 3D - ESA

Si on se repose sur nos fusées chimiques, toutes les destinations du système solaire se comptent en mois ou en années, sauf la lune. Seul trois petits jours de voyages séparent l’orbite basse terrestre de l’orbite lunaire avec nos technologies actuelles. Nul besoin de vaisseaux immenses capable de maintenir un équipage en vie pendant des mois, astronautes et colons peuvent s’accommoder d’une boite de conserve pendant quelques dizaines d’heures. Mais surtout, c’est toute la chaîne logistique qu’il est possible de maintenir depuis la terre : habitats, nourriture, ou même mission de sauvetage peuvent être tirées très régulièrement sans avoir à attendre les deux années qui séparent les fenêtres de tirs marsiennes par exemple. C’est le même constat pour les télécommunications, les ondes électromagnétiques mettent à peine plus d’une seconde à effectuer le trajet, ce qui doit fortement réduire le sentiment d’isolement une fois sur place. La lune apparaît comme l’étape la plus logique pour une espèce humaine qui cherche à s’étendre de manière incrémentale.

LE RETOUR D’EXPÉRIENCE, UN ENJEU DE TAILLE 

La récente découverte de glace d’eau aux pôles de notre satellite arrange bien des choses. Cette dernière pourrait nous servir (avec un peu d’électricité) à produire de l’hydrogène et de l’oxygène grâce aux ergols. En y ajoutant du dioxyde de carbone présent dans le sol lunaire, on peut même produire du méthane. En d’autres termes, tout ce dont on a besoin pour faire voler une fusée, et cela ouvre le champ des possibles pour le reste du système solaire. La gravité lunaire est en effet six fois plus faible que celle de la terre. Autrement dit, Il est bien plus simple de se lancer dans une mission vers Mars ou Jupiter en partant du sol lunaire plutôt qu’en partant du plancher des vaches. De ce point de vue, on peut imaginer une colonie lunaire comme une immense station-service permettant à l’Homme de se projeter plus loin dans le système solaire. La lune est aussi un laboratoire parfait pour découvrir ce qui nous attend au-delà : les températures extrêmes, les radiations, la faible gravité, ou la poussière sont des problèmes que l’on rencontrera sur Mars et ailleurs dans le système solaire. Il parait intéressant d’essayer de le résoudre dans un environnement proche de la terre. Il est ainsi possible de déployer de nouvelles solutions rapidement grâce à l’expériences acquise, ou d’envoyer des secours tout aussi rapidement si les choses se passent mal. Un des principaux arguments en faveur de la colonisation lunaire est donc bien le retour d’expériences. S’installer sur un autre astre demande tout un tas de compétences que l’humanité n’a pas encore acquise. La possibilité de le faire à seulement 3 jours de trajet parait trop belle pour laisser passer l’opportunité. Sur le plan scientifique, notre satellite est probablement moins excitant que Mars, Titan ou Europe. Les chances de trouver de la vie passée ou présent sur la lune sont très proches de zéro, mais des géologues présents sur place pourraient nous apprendre beaucoup sur le passé commun de la Terre et de la lune.

 

LES ENJEUX POLITIQUES  

Depuis la guerre froide, une nouvelle puissance a fait son apparition dans la course à l’espace : la Chine. Cette dernière avait à cœur dans les années 50, au moment où elle a décidé de son programme spatial, de démontrer qu’elle n’était plus un pays en voie de développement. Aujourd’hui, on estime le budget spatial chinois entre 4 et 5 fois inférieur à celui des Etats-Unis. Pourtant, en 2018, elle a effectué plus de lancements orbitaux que les Etats-Unis. Mais pour que la Chine devienne une puissance spatiale à part entière, il fallait qu’elle marque les esprits. En choisissant d’alunir sur la face cachée, le 3 janvier 2019, le pays démontre ses compétences technologiques au monde entier. Cet exploit n’a pas manqué de faire réagir les Etats Unis, et comme dans les années 60, ces dernières veulent donc à nouveau asseoir leur statut de puissance mondiale. Nous sommes là face à ce qui s’apparente à une nouvelle course à l’espace, dont l’objectif n’est plus d’envoyer des hommes sur la lune, mais d’y installer une véritable base opérationnelle.

LES DÉFIS

Le premier défi auquel l’humanité se confronte est la construction de véhicules capables d’emmener des hommes sur notre satellite. On se rappelle la démesure de la Saturne V qui avait permis cet exploit, et aujourd’hui encore, le voyage lunaire est impossible sans fusée gigantesque. Le Space Launch System (ou SLS) est un lanceur lourd américain développé par la Nasa depuis 2011. Le projet est loin d’être achevé mais Il a été conçu pour réaliser des vols habités vers des astéroïdes, des points de Lagrange, mais surtout la lune et Mars. Dans la même gamme, la Longue Marche 9 chinoise, la BFR de chez SpaceX, ou encore la mystérieuse New Armstrong de chez Blue Origine auraient toutes le potentiel d’assurer le transport d’hommes et de matériel entre la terre et la lune, à condition qu’ils voient le bout de leur développement. L’entreprise Blue Origine n’en est d’ailleurs pas restée là. L’entreprise développe un vaisseau cargo sous le nom de code « Blue moon ». Dédié au transport de matériel, le cargo devrait être capable d’amener plusieurs tonnes de matériel vers la surface lunaire à chaque voyage, une capacité essentielle pour maintenir la chaîne logistique entre la terre et la lune. L’entreprise a annoncé vouloir poser son premier module en 2023, l’objectif étant de construire une base avant l’arrivée d’astronautes. Blue origine n’a cependant pas l’intention de s’offrir la lune en solo, Blue Moon serait plutôt un service qui pourrait être offert aux agences spatiales ou aux entreprises désireuses de s’installer sur notre satellite. Le retour sur la lune risque en effet d’être un effort collaboratif. La coopération, partage du budget, et la localisation de toutes les initiatives au même endroit est le défi le plus important pour permettre l’implantation d’une base opérationnelle sur la lune. 

 

Sources :  

Space conquest : https://spaceconquest.pagesperso-orange.fr/BaseLune.htm 

Base lunaire : https://sciencepost.fr/projet-de-base-lunaire-de-lesa-avance-doucement-surement/ 

L’usine nouvelle : https://www.usinenouvelle.com/article/il-ne-faut-pas-que-la-lune-soit-un-nouveau-far-west-generant-plus-de-conflits-que-de-promesses-selon-claudie-haignere.N847660 

3D natives : https://www.3dnatives.com/limpression-3d-de-regolithe-lunaire-261120183/ 

Europe 1 : https://www.europe1.fr/sciences/qua-t-on-encore-a-apprendre-sur-la-lune-3831893 

JSS : http://www.jss.fr/La_Lune_faitelle_encore_rever_-1698.awp 

Le temps : https://www.letemps.ch/economie/reconquete-lunaire-besoin-secteur-prive