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Gauche/Droite : Vers un réalignement du clivage ?

Dans sa tribune publiée dans le journal Le Monde le 2 Septembre 2017, le directeur du CEVIPOF Martial Foucault s’exprimait en ces termes : « Le clivage gauche-droite n’a pas disparu dans l’espace politique français, même si beaucoup le considèrent comme obsolète. En effet, ce clivage continue de structurer l’espace politique français et repose désormais sur des dimensions nouvelles. » Et si on avait vendu la peau de l’ours un peu trop vite ? (voir article « Gauche/Droite : Vers une disparition du clivage ? »). Si personne ne conteste que le clivage Gauche/Droite tel qu’il existait jusqu’alors est bel et bien révolu, la thèse d’une redéfinition de ce clivage mériterait cependant un examen plus approfondis. Tentons, encore une fois, d’y voir plus clair en examinant les thèses de différents théoriciens.

Populisme de Gauche et populisme de Droite contre la post-démocratie

Pour Chantal Mouffe, philosophe belge, professeur à l’université de Westminster (Royaume-Uni) et grande théoricienne de la Gauche européenne, l’émergence du populisme – précédemment vu comme l’une des causes de l’obsolescence du clivage Gauche/Droite (voir « Gauche/Droite : Vers une disparition du clivage ? ») - ne constitue en rien une remise en cause de ce clivage.

Lors de son débat avec le philosophe Alain de Benoist le 1er Juillet 2019, les 2 penseurs se sont accordés pour définir le populisme comme étant un « style ». Le populisme ne consiste en effet pas en un programme politique, il s’agit d’une façon de faire de la politique ; et c’est en ce sens qu’il ne saurait remettre en cause le clivage Gauche/Droite. Le populisme est donc un style politique spécifique au contenu variable, et qui naît dans un contexte précis, que Chantal Mouffe et Alain de Benoist ont appelé le « moment populiste ».

Ce « moment populiste » serait né, d’après Chantal Mouffe, de la multiplication des résistances à un phénomène qu’elle nomme « post-démocratie », consistant en un dépassement des « 2 éléments fondateurs de la démocratie » : « la souveraineté populaire » (par la ralliement de la Gauche de l’hégémonie néo-libérale, laissant les électeurs sans alternative) et « l’égalité » (par la processus d’oligarchisation de nos sociétés et le développement exponentiel des inégalités).

Les mouvements populistes seraient donc une réaction à ce phénomène, et se constitueraient autour de « la construction de la frontière politique entre un "nous" et un "eux" en termes de peuple et d’establishment: ceux d’en bas contre ceux d’en haut ». Le « style populiste », c’est donc une façon de faire de la politique en opposant « le peuple » à « l’oligarchie ». Mais tandis que certains affirment que le clivage de l’avenir sera entre les partis populistes et ceux qui ne le sont pas, Chantal Mouffe affirme une permanence du conflit Gauche/Droite et voit l’avenir politique comme une opposition entre « populistes de droite » et « populistes de gauche » qu’elle renvoie dos à dos.

En quoi s’opposent populisme de droite et populisme de gauche ? La pensée de Chantal Mouffe peut se résumer par cette affirmation : « La différence entre un populisme de droite et un populisme de gauche tient à ce que le premier tend à restreindre la démocratie, tandis que le second travaille à l’étendre et la radicaliser ». Cette différence tient à la définition du rapport entre « le peuple », et « l’oligarchie » : « Toute la question est de savoir quel genre de rapports s’établit entre ce "nous" et ce "eux". Il peut prendre la forme d’un rapport avec un ennemi, un ennemi qu’il s’agit de détruire et d’éradiquer. Il peut aussi prendre la forme d’un rapport à un adversaire, mais un adversaire avec lequel la lutte, l’antagonisme est négocié dans le cadre d’institutions démocratiques qu’il s’agit de transformer pour étendre, radicaliser le cadre pluraliste de la démocratie ». Le populisme de droite se caractériserait donc par un rapport presque « guerrier » entre le « nous » et le « eux », la volonté du « nous » d’éradiquer le « eux » de l’espace politique, tandis que le populisme de gauche se caractériserait par la volonté d’organiser ce rapport de force dans un cadre démocratique. Il s’agirait ainsi pour le populisme de Gauche de lutter contre la post-démocratie pour aboutir à une « démocratie étendue » : « C’est en ce sens qu’un populisme de gauche n’est pas en opposition avec la démocratie et les institutions, mais relève de ce que j’appelle un réformisme radical. S’engager dans les institutions comme l’a tenté Syriza, comme le voudrait Podemos, exige de les transformer dans le sens d’une radicalisation et du pluralisme ».

Alain de Benoist, avec qui débattait Chantal Mouffe, rétorquait à la théoricienne belge que tous les partis « populistes de gauche », tels que Podemos en Espagne ou La France Insoumise en France, sont en perte de vitesse car en s’accrochant à cette idée qu’ils « sont de Gauche », ils refusent de se saisir de la question de l’immigration, qui est pourtant capitale pour les classes populaires qu’ils affirment représenter. Alain de Benoist voit ainsi dans la définition d’un « populisme de Gauche » de Chantal Mouffe un « populisme incomplet » condamné à être supplanté par ce que la théoricienne belge qualifie de « populisme de droite ».

Un réalignement progressif du clivage Gauche/Droite sur les nouveaux enjeux politiques du XXIème siècle

Qu’en pense-t-on de l’autre côté de l’échiquier politique ? Si de façon générale les « populistes de droite » affirment que les raisonnements en terme de Gauche et de Droite n’ont désormais plus de sens, on en trouve pourtant qui affirment que ce clivage est appelé à se maintenir après avoir terminé sa recomposition. C’est par exemple le cas du journaliste politique Éric Zemmour, qui propose une analyse assez inédite du futur de ce clivage, et qui a le mérite de pousser à la réflexion.

Analysant la conjoncture politique en Allemagne, Éric Zemmour affirmait que la clivage capital/travail de Lipset et Rokkan, central dans la structuration des systèmes partisans au XXème siècle (voir « Gauche/Droite : Vers une disparition du clivage ? »), est désormais obsolète : « La CDU et le SPD, encore mieux que le parti gaulliste et le parti socialiste, étaient le produit de l’après-guerre ou les problématiques politiques étaient économiques et sociales : la question de la répartition, de la redistribution. (…) Aujourd’hui cette problématique a été détruite par la mondialisation. (…) ». L’élément sur lequel se structurait le clivage Gauche/Droite au XXème siècle n’est donc plus celui qui structure l’espace politique contemporain. Mais loin d’aboutir à la disparition du clivage Gauche/Droite, Éric Zemmour affirme que la situation de confusion que nous connaissons aujourd’hui n’est qu’une étape, une transition, et que le clivage Gauche/Droite va se réaffirmer sur une nouvelle questions, comme ce fut le cas par le passé. Après les questions institutionnelles au XVIIIème siècle (Monarchie, République ou Empire ?), puis les questions religieuses au XIXème (laïcisme VS cléricalisme) et enfin les questions économiques et sociales au XXème, le clivage Gauche/Droite devrait se restructurer sur une nouvelle question inédite au XXIème siècle, du fait du changement de contexte.

Ce nouvel élément qu’Éric Zemmour pressent comme structurant l’espace politique européen du XXIème siècle, c’est la peur de la disparition. Il affirme en effet que cette peur sera - et est déjà - portée dans l’espace politique par les partis que l’on qualifie de « populistes » ; c’est en ce sens qu’il définit le populisme comme « le cri des peuples qui ne veulent pas mourir ». Comme Chantal Mouffe, Éric Zemmour voit dans cette situation un maintien du clivage Gauche/Droite, se traduisant là encore par une opposition entre « populisme de Droite » et « populisme de Gauche » qui donnent une forme différente à ces nouvelles préoccupations existentielles de la population européenne. « Il y aura un nouveau clivage entre ceux qui craignent le "Grand Remplacement" et ceux qui craignent le "Grand Réchauffement", entre les "nationalistes populistes" de l’AFD, et l’"écologisme cosmopolite internationaliste" des Verts ».

Le futur clivage Gauche/Droite que théorise Éric Zemmour n’est plus un clivage économique ; la Gauche se recentrerait sur l’universalisme et se donnerait comme objectif prioritaire de protéger l’humanité de la menace mondiale du réchauffement climatique, contre le « Grand Réchauffement ». La Droite, elle, se recentrerait sur la nation et aurait pour objectif prioritaire la protection de cette dernière contre les menaces démographiques et culturelles, contre le « Grand Remplacement ». La Gauche ferait donc de la lutte contre le réchauffement climatique la priorité absolue de la politique, quitte à sacrifier l’existence nationale ou la souveraineté dans le processus puisque raisonnant à l’échelle de l’humanité entière, tandis que la Droite ferait du maintien de cette existence nationale et de cette souveraineté la priorité absolue, en se bornant à raisonner à l’échelle du particulier contre l’universel. Les « populistes de Gauche » en lutte contre le « Grand Réchauffement » se donneraient pour priorité de lutter contre une « élite capitaliste qui détruit la planète et condamne les peuples du monde », tandis que les « populistes de Droite » en lutte contre le « Grand Remplacement » cibleraient une « élite apatride qui trahit sa nation et provoque l’anéantissement de son propre peuple ».

Chantal Mouffe définit la Gauche comme étant le parti de la souveraineté populaire et de l’égalité, Éric Zemmour comme étant celui de l’universalisme. Ce sont là des conceptions philosophiques, essentialistes, de la Gauche et de la Droite, qui permettent à ces 2 théoriciens de parler d’un maintien du clivage Gauche/Droite malgré une évolution des thèmes structurant le paysage politique, et de tenter de théoriser le nouveau clivage Gauche/Droite qui, d’après eux, se restructure sous nos yeux. Cette définition philosophique semble s’opposer à une définition sociologique du clivage qui serait, elle, plutôt temporaire.

Vers une définition essentialiste du clivage Gauche/Droite ?

Jean-Luc Mélenchon mit en avant, dans la réponse qu’il fournit lorsqu’on lui demanda s’il partageait le diagnostic selon lequel le clivage Gauche/Droite était dépassé, une opposition entre une vision philosophique et une vision politique, conjoncturelle, de la Gauche et de la Droite : « Si on va sur le fond philosophique, non. Nous en sommes toujours au même point en France : est-ce que la souveraineté du peuple connaît une limite ou n’en connaît pas  ? C’est ça, le grand débat depuis 1789, qui a commencé le jour où le roi a demandé que se mettent à droite ceux qui lui reconnaissaient un droit de veto – donc qu’il y a quelque chose au-dessus de la souveraineté du peuple – et à gauche ceux qui n’en voulaient pas. C’était une image biblique, ceux de gauche étaient destinés à l’enfer et ceux de droite au paradis. On en est toujours là, car dans ce pays, on continue à discuter de savoir si au-dessus de la souveraineté du peuple il y a la loi du marché ou que sais-je encore, ou bien s’il n’y a rien au-dessus, ce qui est le point de vue de la famille intellectuelle et politique que je porte. Donc philosophiquement non, la coupure est toujours là. Mais politiquement, dans la manière dont ces idées sont incarnées aujourd’hui, oui clairement, cette coupure est dépassée ».

Ce point qu’il met en avant est tout bonnement capital : c’est en définitive cela qui permettra de trancher de façon incontestable ce débat sur le réalignement ou la disparition du clivage Gauche/Droite. Christophe Le Digol, professeur de science politique à l’Université Paris-Nanterre, met aussi en avant cette dichotomie qui voit s’opposer deux conceptions du clivage Gauche/Droite. La première serait celle des tenants d’une conception « substantialiste » du clivage, ceux qui le considèrent comme « trans-historique », « universel » et basé sur « l'idée d'une substance, ou d'un noyau idéologique, qui continue d'exister à toutes les époques ». La seconde conception est dite « relationniste », et considère ce clivage comme « une construction historique, politique et sociale qui varie au cours du temps ». Cette conception s’oppose à la première en ce sens qu’« Il n'y a pas de substance qui soit indépendante autre que celle des significations qu'apportent conjoncturellement les agents politiques. Le sens du clivage évolue en permanence et son contenu "idéologique" est l'enjeu permanent de luttes politiques ».

La question est donc bien, avant tout, celle du type de définition que l’on donne à la Gauche ou à la Droite : si on les définit de façon sociologiques, économiques ou programmatiques, c’est-à-dire « relationniste », en référence à une conjoncture politique donnée, alors il est clair que le clivage Gauche/Droite tel qu’on l’entend aujourd’hui est condamné à disparaître. Si en revanche on définit la Gauche et la Droite selon des critères philosophiques, essentialistes, substantialistes, alors ce clivage devient tout de suite déconnecté de la conjoncture et se poursuivra tant que les valeurs auxquelles il fait référence resteront des enjeux prioritaires pour les population de référence, c’est-à-dire à priori jusqu’à la mort de la civilisation qui l’a vu naître, un bouleversement dans les valeurs fondamentale d’un groupe humain supposant un bouleversement de nature civilisationnel.

Aussi, si l’on raisonne d’un point de vu philosophique, essentialiste, il semble incontestable que la Gauche et le Droite vont survivre. Le problème réside alors dans la mise en évidence d’une définition de ce type de la Gauche et de la Droite qui serait universellement acceptée.

Le 19 Mars 2017, dans l’émission Au Tableau ou les candidats à l’élection présidentielles étaient confrontés à une classe d’enfants, Emmanuel Macron présenta la Gauche comme une famille politique pour qui le plus important était « l’Égalité », tandis que la valeur la plus importante pour la Droite serait « la Liberté ». « Là (la Droite), le plus important c’est que les gens soient libres. Il y en a qui vont réussir, d’autres non, tant pis. Là (la Gauche), c’est que les gens soient égaux, mais ils ne sont pas forcément libres ». Bien que très simpliste, puisque s’adressant à des enfants, cette distinction entre la Gauche et la Droite que proposait l’actuel Président de la République était un exemple de définition essentialiste. Il mettait ainsi l’accent sur les notions de Liberté et d’Égalité, concepts capitaux en philosophie politique, et permet d’ouvrir la voie.

Dans son essai « Droite et gauche » publié en 1994, Norberto Bobbio propose une distinction un peu moins caricaturale. Recherchant aussi à produire une définition essentialiste de la Gauche et de la Droite, le philosophe italien aboutit à faire de la notion d’égalité « l’étoile Polaire de la Gauche ». « Il est correct d’appeler égalitaires ceux qui, tout en n’ignorant pas que les hommes sont à la fois égaux et inégaux, mettent l’accent avant tout sur ce qui les rapproche pour permettre une bonne vie en commun ; et au contraire, d’appeler inégalitaires ceux qui, partant du même état de fait, jugent plus important pour bien vivre ensemble de donner la première place à la diversité ». Dans cette phrase, le philosophe distingue la Gauche comme étant « égalitaire » tandis que la Droite serait « inégalitaire » : la Gauche construirait sa pensée à partir de la notion d’égalité, par opposition à une Droite plutôt centrée sur la diversité – ou la non-égalité. Norberto Bobbio n’ignore pas la notion de liberté, mais la place comme un élément permettant de distinguer, au sein de chaque famille politique, les « modérés », c’est-à-dire les démocrates qui y sont attachés, des « extrémistes », c’est-à-dire ceux qui rejettent la démocratie.

Cette œuvre de Norberto Bobbio est d’une très grande valeur et d’une très grande subtilité, et sa connaissance est indispensable pour qui veut s’attacher à définir d’un point de vu objectif et essentialiste ce qui distingue la Droite de la Gauche. Cependant, peut-être pouvons-nous tenter de prolonger son analyse. Plutôt que de qualifier « d’extrémistes » les anti-démocrates qui nient les libertés individuelles comme le fait Norberto Bobbio, pourquoi ne pas assumer directement que le clivage Gauche/Droite n’a de sens que dans le cadre de la démocratie ? Il faudrait dans ce cas sortir d’une définition formelle de la démocratie pour entrer dans une définition substantielle de ce régime, qui nous amènerait à pousser la réflexion sur la nature de la Gauche et de la Droite encore plus loin.

 

 

Sources :

FOUCAULT, Martial. « Martial Foucault: "Le clivage gauche-droite n’a pas disparu" » [en ligne]. Le Monde, 02/09/2017. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/09/02/martial-foucualt-le-clivage-gauche-droite-n-a-pas-disparu_5179881_3232.html

ROISIN, Bernard. « Chantal Mouffe: "Le populisme ne constitue pas une pathologie de la démocratie" » [en ligne]. L’Écho, 15/12/2018. Disponible sur : https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/chantal-mouffe-le-populisme-ne-constitue-pas-une-pathologie-de-la-democratie/10079229.html

LE DEM Gildas. « Chantal Mouffe : "Il me semble urgent et nécessaire de promouvoir un populisme de gauche" » [en ligne]. Regard.fr, 25/07/2017. Disponible sur : http://www.regards.fr/archives/web/article/chantal-mouffe-il-me-semble-urgent-et-necessaire-de-promouvoir-un-populisme-de

YouTube. « Interdit d’interdire: Chantal Mouffe et Alain de Benoist – Le populisme en question », RT France, 01/07/2019. Disponible sur :  https://www.youtube.com/watch?v=9E_9c8B1cPg

Dailymotion. « Éric Zemmour : Certains croient au Grand Remplacement et d’autres au Grand Réchauffement », Le Dissident, 21/02/2020. Disponible sur : https://www.dailymotion.com/video/x7s2rct

MÉLENCHON, Jean-Luc. « L’imperium allemand a déséquilibré l’Europe » (Die Welt) [en ligne]. L’ère du peuple, 13/05/2019. Disponible sur : https://melenchon.fr/2019/05/13/limperium-allemand-a-desequilibre-leurope-die-welt/

COMBIS, Hélène. « Deux manières d’appréhender le clivage gauche-droite » [en ligne]. France Culture, 20/03/2017. Disponible sur : https://www.franceculture.fr/politique/deux-manieres-dapprehender-le-clivage-gauche-droite

YouTube. « La droite et la gauche selon Emmanuel Macron - Présidentielle : Candidats au tableau ! », C8, 15/03/2017. Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=54rzz74ikLI  

« Fiche de lecture: Norberto BOBBIO – Droite et Gauche.
Essai sur une distinction politique ». Disponible sur : http://ses.tice.ac-orleans-tours.fr/php5/pedagogie/fiches_lecture/norbetbobbio.htm

MAISSIN, Gabriel. « Norberto Bobbio : l’égalité, étoile polaire de la gauche » [en ligne]. Revue politique, 01/04/2004. Disponible sur : https://www.revuepolitique.be/norberto-bobbio-legalite-etoile-polaire-de-la-gauche/