Géopolitique : Le cas syrien

 
Le 29 Mars 2011, 2 millions de syriens avaient défilé dans Damas en soutien au président Bachar al Assad

Le 29 Mars 2011, 2 millions de syriens avaient défilé dans Damas en soutien au président Bachar al Assad

 

La Syrie, pays arabe du Moyen Orient connaît depuis 2011 les conséquences du printemps arabe. Ce mouvement visant à la démocratisation du régime syrien, du fait des répressions gouvernementales brutales, s'est vite tourné vers la lutte armée commençant un épisode de véritable guerre civile. Ce conflit apportant instabilité a permis à un groupe islamiste venu d'Irak de conquérir une large partie de la Syrie et même de prendre en partie la 2ème ville du pays, Alep, se proclament califat dans le même temps. De cette instabilité croissante est née des provinces majoritaires kurdes au nord du pays une volonté émancipatrice, une véritable armée kurde s'est levée et s'est imposée l'acteur ayant le plus contribué à la destruction de l’État Islamique. De ce conflit de multiples acteurs externes sont venus, appelé par un camp ou l'autre. De ce fait les russes et l'Iran supportent le régime de Bachat El Assad, lui permettant aujourd'hui de gagner le conflit actuel, une coalition internationale est venue en aide aux kurdes pour lutter contre le djihadisme, la Turquie affronte pour des raisons internes les kurdes syriens et supporte les mouvements rebelles. Le conflit syrien dure depuis bientôt 10 ans, ayant engendré environ 500 000 morts et plus de 5 millions de réfugiés. Pascal Boniface, directeur de l'institut des relations internationales et stratégiques parle d'une « génération de sacrifiés ». Il est temps de faire le point sur la situation géopolitique syrienne actuelle.

LE RÉGIME DE BACHAR EL ASSAD, GRAND GAGNANT

De ce conflit commencé il y a près d'une décennie, le gouvernement « officiel » de Bachar El Assad ainsi que l'armée régulière sont considérés grands vainqueurs. Plus de 60% du territoire national est contrôlé par le gouvernement dont Damas la capitale, la riche province côtière de Lattaquié ainsi que Alep la 2ème ville du pays. Dernière grande victoire fût le district de la Douma, enclave rebelle à côté de Damas qui fût reprise par les forces gouvernementales en 2018. L'armée compte aujourd'hui plus de 200 000 hommes équipés par la Russie et l'Iran. Si la communauté internationale et les groupes rebelles reprochent au gouvernement syrien l'utilisation illégale d'armes chimiques contre les opposants et sa population, Bachar El Assad reproche tout autant l'utilisation de telles armes par les groupuscules «  révolutionnaires » notamment pour des attaques au gaz sarin en mars et avril 2013. Le soutien de la population envers Bachar El Assad ne fait que grandir, lassé de la guerre, désirant la stabilité et évidemment soumis à la pression du régime officiel. Ce soutien atteint aujourd'hui plus de 50% de la population (déjà plus de 70% en 2013 mais chiffres à prendre avec des pincettes). Un problème actuel est la confession de la dynastie Assad qui est chiite alors que la majorité de la population syrienne est sunnite, ce dualisme religieux a amené en partie le conflit actuel et participe toujours à l'instabilité du pays. A l'international si les USA et les pays européens critiquent et condamnent la politique de Bachar El Assad (emprisonnement politique de plus de 100 000 personnes, torture, réduction des libertés, attaques chimiques, massacres...) ces nations se rendent compte qu'ils devront traiter avec cet acteur devenu incontournable et donc correspondent avec lui pour trouver une voie pacifique pour ce conflit. Le gouvernement de Bachar El Assad est reconnu par la plupart des pays du globe contrairement aux groupes opposants ce qui participe à la démonstration de force du régime. La Russie et l'Iran sont, eux, depuis le début de la guerre et l'appel à l'aide du régime syrien les fidèles alliés du gouvernement. Quelque peu isolé sur la scène internationale et même régionale Bachar El Assad doit maintenant penser à la reconstruction du pays. Pour ce faire il doit réunir des fonds, chose compliquée du fait de sa place internationale, et rapporter stabilité au pays pour faire revenir son peuple réfugié et ainsi retrouver son attractivité d'alors.

LA RUSSIE ET L'IRAN, SOUTIENS DE BACHAR EL ASSAD

La Russie et l'Iran sont les alliés fidèles du gouvernement syrien depuis les débuts de la dynastie Assad. Ils sont donc un soutien incontournable du régime depuis le début du conflit et l'émergence de l’État Islamique. L'armée russe offre un soutien aérien à l'année syrienne avec des dizaines d'hélicoptères, avions de combats et bombardiers. Au sol se fût l'armée régulière, les forces spéciales Spetsnaz ainsi que des groupuscules mercenaires (Wagner) qui appuyèrent les forces de Bachar El Assad. De plus de 5000 Hommes en 2015 il reste un contingent réduit du fait de la supériorité actuelle gouvernementale sur ses ennemis mais comportant tout de même des unités de police miliaire. La base principale russe se situe dans la région côtière de Lattaquié au sein de la ville de Tartouz, abritant une flotte tout comme des forces terrestres et aériennes. L'intervention russe sauva Bachar El Assad et permit d'inverser l'équilibre des forces en présence. Loin d'aider militairement le gouvernement syrien Poutine fournit les forces officielles en armes et équipement militaire tout en encadrant l'entraînement des troupes. La Russie offre son aide à la Syrie sans passer par l'aval de L'ONU, sans accords avec les autres grandes puissances, les quelques 40 000 frappes aériennes russes se sont faites sans concertation avec les pays membres de la coalition luttant en Syrie. Néanmoins selon les dires russes, pour quelques centaines de pertes l'armée a infligée plus d'une centaine de milliers de morts aux opposants syriens ainsi qu'aux forces islamistes. Isolé sur le plan international Poutine désire garder Bachar El Assad et la Syrie sous son bras pour bénéficier d'un allié en Méditerrané et au Moyen Orient.

L'Iran prend part au conflit syrien dès 2011, désirant garder au pouvoir Bachar El Assad et la minorité chiite en Syrie, et donc posséder un allié au Moyen Orient pour prendre part à la véritable guerre froide Arabie Saoudite-Iran. L'aide iranienne se fait beaucoup financière avec des milliards investis au profit du gouvernement syrien. De même le Hezbollah libanais (groupuscule militaire chiite sous contrôle iranien) apporte ses soldats sur les lieux de combats, précédant l'arrivée des forces régulières iraniennes , les Pasdarans. Au total se fût plus de 20 000 Hommes engagés au côté de l'armée gouvernementale syrienne mais il fallût attendre 2015 pour que les efforts iraniens ajoutés à l'arrivée russe paient et inversent la tendance du front. Aujourd'hui certaines forces iraniennes persistent et sont toujours soupçonnées de violences envers les syriens de confession sunnite.

LES REBELLES AFFAIBLIS ET ENCLAVÉS AU NORD OUEST

Sous l'impulsion du printemps arabe les premières manifestations citoyennes syriennes commencent le 15 mars 2011. La plupart des pays occidentaux y voient un mouvement populaire pacifiste déclenché par l'oppression dictatoriale du gouvernement syrien. D'autres pays comme la Russie et l'Iran dénoncent une insurrection orchestrée par notamment les USA. Le colonel français Jacques Baud s'appuie sur des témoins comme le prêtre Frans Van Der Lugt pour affirmer que des provocateurs avaient été engagés dans les manifestations pour attaquer la police et permettre une escalade de répression stimulant ainsi une insurrection populaire. Dans tous les cas les manifestations virèrent rapidement en conflit et les protestataires prirent les armes. Néanmoins il ne faut pas avoir une vision simpliste de la situation, il n'y a pas un mouvement opposant unifié contre le gouvernement. En 2015 le nombres de groupes combattants armés syriens étaient d'environ 1200 toutes tendances confondues, groupe islamiste rebelle, groupe islamiste djihadiste, groupe laïc rebelle, milice chiite, sunnite et bien d'autres. La principale force armée s'opposant au régime était et reste l'Armée Syrienne de Libération (ASL), officiellement groupe laïc démocratique. Disposant d'effectifs variant vers les 100 000 Hommes au maximum, l'ASL est composée de dizaines de groupes distincts, de civils et de déserteurs de l'armée régulière. Ces groupes rebelles bénéficiaient d'un appui matériel, militaire et financier de la part des pays occidentaux comme les USA et la France qui livra des armes dès 2012. Les mouvements rebelles connurent leur apogée vers 2013 disposant alors de la 2ème ville du pays Alep, de nombreuses autres villes comme Idlib, La Douma et de la plupart du territoire syrien, ayant alors l'avantage sur les forces gouvernementales dans le cadre d'un conflit de base intensité. Dès 2013 l'Etat Islamique, l'Iran, et la Russie (en 2015) viennent s'attaquer aux mouvements opposants. L'Etat Islamique conquiert la plupart d'Alep en 2013 et peu à peu les mouvements rebelles perdent pieds. Aujourd'hui la seule zone syrienne leur appartenant est la ville d'Idlib et ses environs, dernier bastion rebelle et djihadiste du pays regroupant tous les « indésirables » du régime syrien. Les groupes rebelles sont reprochés par Bachar El Assad et ses alliés d'utiliser des armes chimiques, mais ceux ci reprochent la même chose au gouvernement syrien. Selon le colonel Jacques Baud l'ASL est depuis 2015 composée essentiellement d'islamistes ce qui justifie les frappes russes visant les mouvements djihadistes. Affaiblis et en manque de moyens les opposants au régime ne peuvent lutter que dans une logique de conflit asymétrique, arme légère contre char, camion mitrailleur contre avion de chasse etc... annonçant ainsi un bien sombre avenir les concernant en cas de prolongation du conflit.

L'ISLAMISME EPARPILLÉ MAIS TOUJOURS OPERATIONNEL

Une fois de plus la réalité supplante la simplicité, il n'existe pas une organisation islamiste, il en existe des dizaines dont l'Etat Islamique (EI), et ces djihadistes ne luttent pas ensemble contre Bachar El Assad et les opposants au régime, leurs groupes étant morcelés, disposant de revendications multiples, se battant certaines fois entre eux. La plupart de ces mouvements ont émergé lors du commencement de la guerre civile. La frontière entre groupuscules islamistes et groupuscules rebelles est extrêmement floue, l'ASL principale force opposante à Bachar El Assad est qualifiée selon les russes, iraniens et d'autres de mouvement islamiste disposant de combattants de foi en contradiction avec ses revendications laïques et démocratiques. Autre exemple, la phalange Khalid Bin Al-Walid, groupe rebelle armé et entraîné par la France a en 2016 rejoint l'EI par la suite. Daesh justement est le groupe islamiste le plus puissant de Syrie, son expansion dans le pays date de 2012, traversant alors la frontière irakienne. Rapidement l'EI contrôle tout l'est du pays, les grands axes routiers, les réserves de pétrole, attaque Alep et menace même Damas (la capitale) en prenant l'antique cité de Palmyre au centre du pays. Cette véritable armée de plus de 20 000 Hommes disposant de matériel militaire puissant volé aux forces gouvernementales syriennes (des milliers d'armes légères, plusieurs centaines de chars, camions mitrailleurs, et même des avions de chasse) instaure la charia (loi islamique) sur son territoire, vit de la contrebande de pétrole et d'aides étrangères. Ce groupuscule s'érige en califat le 29 juin 2014 et annonce ainsi vouloir conquérir tous les territoires musulmans des « puissances impérialistes occidentales ». La défaite de Kobané en 2015 contre les kurdes syriens annonce le déclin de l'EI, coincé entre une puissance kurde militariste (non pas par choix), une coalition internationale ainsi que l'alliance Iran-Russie-Syrie. Aujourd'hui l'EI est considéré vaincu en Syrie, sa dernière enclave au sud est du pays, Baghouz fût prise en 2019. Plus de 10 000 djihadistes sont actuellement prisonniers, le leader Abou Bakr Al Baghdadi est décédé en octobre 2019. Cette défaite fût bénéfique aux forces gouvernementales ainsi qu'aux forces kurdes, se partageant l'ancien territoire. Néanmoins l'EI vit toujours, beaucoup de djihadistes demeurant cachés, des attentats sévissant quotidiennement et un groupe islamiste dénommé Hayat Tahrir Al Cham contrôlant en partie Idlib. L'islamisme est donc vaincu mais toujours vivant, éparpillé sur le sol syrien.

LES KURDES EN DIFFICULTÉ AU NORD EST

Les grands vainqueurs de cet État Islamique sont les kurdes syriens, minorité syrienne située au nord de la Syrie. Composée d'environ 5 millions d'individus cette région disposant alors d'une relative autonomie s'est constituée en mouvement armé en 2012 dans le contexte de la guerre civile syrienne. Disposant d'importantes villes comme Afrine ou Kobané les kurdes se sont auto-proclamés région autonome laïque et démocratique. Désirant une autonomie plus poussée les peshmergas (combattants kurdes) luttent contre l'armée régulière syrienne, mais leur principal ennemi entre en Syrie en 2013 ; il s'agit de l'Etat Islamique. Le Rojava (nom kurde du Kurdistan syrien) n'étant pas une population arabe, du fait de sa proximité avec l'Irak, de sa politique laïque et orientée vers la gauche radicale, est alors une cible de choix pour les combattants islamistes. Dans un premier temps les milices kurdes reculent face à la violence de l'Islam radical mais en 2015 l'EI connaît sa première défaite à Kobané, ville kurde frontière avec la Turquie au prix de longs combats de rues (4 mois de bataille). S'ensuit un déclin militaire et territorial : les kurdes combattants au sol disposent de troupes motivées, équipées et encadrée par la coalition internationale luttant contre l'EI. Ils sont considérés comme l'acteur principal de la destruction du califat islamique. En 2019 la dernière enclave islamiste de Syrie, Baghouz, est prise par les forces kurdes et gouvernementales, démontrant le prestige certain de cette ethnie. La région autonome kurde s'étend sur un bon quart de la Syrie, du fleuve de l'Euphrate à la Turquie en passant pat la frontière irakienne, disposant d'importantes réserves de pétrole. Mais en 2018 les troupes de la coalition implantées à la frontière turque, du fait de la victoire à venir contre l'EI qui ne faisait plus aucun doute et aussi du fait du jeu de la politique américaine, quittent le territoire kurde. Ce véritable bouclier anti turque perdu, les kurdes perdent du territoire au nord dont la ville d'Afrine en janvier 2018 au profit de l'armée turque, victorieuse sur le terrain. Cette faiblesse dût obliger le gouvernement kurde à faire des concessions au gouvernement de Bachar El Assad et à s'allier en position de faiblesse pour se focaliser dans sa lutte contre la Turquie. Une partie du territoire kurde revient donc à l'armée régulière, témoignant une fois de plus de la victoire de Bachat El Assad sur tous les plans, la communauté internationale semblant oubliant les appels à l'aide de la minorité kurde syrienne.

LA TURQUIE AU NORD, DEFENSIVE ET BELLIQUEUSE

La Turquie est directement impliquée dans le conflit syrien actuel et ce pour plusieurs raisons. Premièrement la Turquie possède une grande partie de sa frontière avec la Syrie, la laissant vulnérable face aux mouvements migratoires et aux répercussions du conflit sur son territoire. Ensuite parce que du fait de la minorité kurde implantée sur son territoire demandant plus de reconnaissance et moins d'oppression, la Turquie entend lutter contre le Kurdistan syrien, mettant à mal sa stabilité intérieure. Enfin parce que Erdogan, le président turque, entend bien profiter de l'instabilité syrienne pour avancer ses pions et obtenir des avantages et concessions vis à vis des membres de la communauté internationale. Depuis le début du conflit la Turquie dispose de 3.5 millions de réfugiés syriens au sein de son territoire, la majorité de la diaspora syrienne. Ce nombre croissant contribue depuis 2011 à l'instabilité des régions du sud-est de la Turquie. C'est dans ce contexte que ce pays s'ingère dans l'affaire de l'enclave d'Idlib à sa frontière, dernier bastion insurgé et islamiste syrien. Erdogan annonce ne pas vouloir accepter les 3.5 millions de civils de la zone en cas d'attaque d'Idlib et donc fait pression pour empêcher une attaque couplée russe et gouvernementale. C'est pourquoi la Turquie est soupçonnée d'équiper en partie les combattants de l'enclave et même d'aider les groupuscules islamistes à s'implanter notamment en recrutant des anciens combattants de l'EI. De nombreux accords et cessez le feu comme les accords de Sochi Russo-Turques (octobre 2019) n'ont été que des échecs et le moment d'une attaque syrienne gouvernementale ne paraît que se rapprocher. Les relations Erdogan-Bachar El Assad sont donc au plus bas (question des territoires syriens pris par la Turquie) et la relation russo-turque paraît plutôt instable à l'image du conflit actuel (avion russe abattu en Turquie en 2015, soldats turques tués par des frappes russes en 2019, multiples échecs diplomatiques). Au niveau international Erdogan semble isolé, froid avec Russie, Syrie, Iran et dénoncé par l'Union Européenne et les USA pour sa mauvaise gestion du problème migratoire et kurde ayant des répercussions européennes. Le cas kurde témoigne néanmoins de la force turque, en 2018 probablement du fait d'un compromis politique et de la défaite de l'EI une grande partie des troupes de la coalition internationale ont quitté la Syrie, faisant perdre au Kurdistan syrien son rempart anti-turque. L'armée turque attaqua alors la ville d'Afrine et conquit une partie du territoire nord du Kurdistan pour « lutter contre le terrorisme kurde » selon Erdogan. Cette campagne militaire témoigne d'une dominance turque vis à vis du Rojava, alors en danger. Le plus gros problème actuel pour Erdogan reste sa légitimité nationale, une opération anti-kurde s'étendant dans le temps,n'ayant que peu de résultats au vu d'un combat de guérilla sans fin ternirait son étoile. Séduire l'opinion publique reste donc le problème principal, les élections municipales turques de 2019 démontrant les grandes métropoles contre la politique d'Erdogan.

LES USA ET LA COALITION INTERNATIONALE ENTRE LUTTE CONTRE DJIHADISME ET SUPPORT AUX OPPOSANTS

Beaucoup de puissances occidentales sont impliquées dans la situation géopolitique syrienne actuelle. Deux problèmes principaux ont amené les pays étrangers à s'intéresser à la situation syrienne ; la guerre civile et la montée en puissance de l'EI. Pour certains dont le colonel Jacques Baud les USA et le Royaume-Uni étaient impliqués dans la guerre civile syrienne avant même son commencement en cherchant à provoquer celle ci. Par la suite de nombreux pays manifestèrent leur soutien aux mouvements rebelles en fournissant armes, matériel, support financier, encadrement militaire. Ainsi les USA entraînèrent des milliers de soldats opposants en Jordanie avant de les envoyer au combats. Loin d'être seul, l'aigle américain dispose du soutien qatari, saoudien, britannique, allemand français et de bien d'autres pays. En plus du support aux rebelles ces pays cherchent à directement affaiblir Bachar El Assad par le biais d'embargos, de manœuvres diplomatiques et de tentatives de manipulations d'opinions. Dénonçant le régime dictatorial syrien, la violence d’État et la mauvaise gestion humanitaire cette coalition insinue vouloir la désescalade et le retour à la prédominance de la plume tout en soutenant ouvertement où non un camp armé.

En septembre 2014 les USA et leurs alliés du Moyen Orient interviennent en Syrie directement pour lutter contre une Etat Islamique alors grandissant. L'utilisation de frappes aériennes, le soutien aux milices kurdes et l'envoi d'unités spéciales semblent porter difficilement leurs fruits dans un premier temps. Mais en novembre 2015 suite aux attentats de Paris le Conseil de Sécurité des Nations Unies adopte une résolution visant à détruire l'EI, la France, le Canada, l'Allemagne, le Royaume Uni et d'autres se joignent aux USA soutenus par le droit international. Les quelques 15 000 frappes aériennes de la coalition additionnées aux frappes russes, milices kurdes et autres tuent plus de 30 000 islamistes (et beaucoup de civils, victimes collatérales) et parviennent en 2019 à anéantir totalement le territoire du califat de Syrie. Les objectifs russes et américains s'opposant sur de nombreux domaines le conflit syrien bascula en sorte de petite guerre froide, soutenant le régime ou les opposants. En 2018 donc, prétextant la fin de la lutte anti-EI les USA retirent leurs troupes du nord du Kurdistan syrien, servant jusque là de véritable bouclier contre une Turquie belliqueuse. Suite à cela leur ancien allié kurde est malmené et se fait prendre une large portion du nord de son territoire. Les résultats de ces coalitions sont donc contrastés, entre victoire contre l'EI, défaite contre Bachar El Assad et abandon du Kurdistan syrien.

LA FRANCE, PUISSANCE IMPORTANTE DU CONFLIT

La France suit pour beaucoup la coalition anti-EI et anti-Bachar El Assad. La France livre dès 2012 des armes aux rebelles syriens( malgré l'embargo de l'Union Européenne) manifestant ainsi son soutien. Officiers d'encadrement, entraînement et même soutien financier sont fournis aux rebelles. Ce soutien s'est à certains moments trouvé complètement catastrophique avec notamment la phalange Khalid Bin Al Walid entraînée et armée par la France passant à l'EI. De même dénonciations envers le régime de Bachar El Assad et embargos sont de mise. La France lutte aussi dès 2014 face à l'EI en bombardant les bases islamistes depuis sa flotte de méditerranée ou les bases aériennes jordaniennes. Ceci amène naturellement à une alliance France-Kurdistan, plusieurs centaines de soldats français étant amenés au Rojava. En novembre 2015 suite aux attentats de Paris (ces attentats étant une réponse de l'Etat Islamique vis à vis des victoires françaises envers lui) la France bombarde des positions islamistes en réponse, sans accord du Bachar El Assad et donc illégalement selon le droit international. Mais une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies permet à la France de lutter plus vivement contre l'islamisme, frappes plus nombreuses, alliés rejoignant la lutte, soutien accru aux kurdes permettent de vaincre l'EI en 2019. La principale différence avec les USA sont la question kurde actuelle. Les centaines de soldats français toujours présents au Kurdistan empêchent les turques de prendre certains points stratégiques : Macron entend bien dire à Erdogan qu'il protège ses alliés et qu'il ne se laisse pas faire. Si l'EI est une victoire, le Kurdistan une affaire d'actualité en suspend, le problème de l'opposition syrienne est une défaite ; Bachar El Assad démontrant sa puissance, les rebelles étant enclavés, des officiers d'encadrement français ayant été prisonniers. Le gouvernement français milite désormais pour une action diplomatique permettant une désescalade et un règlement pacifique.


Sources :

L'ouvrage Terrorisme, mensonges politiques et stratégies fatales de l'occident de Jacques Baud

https://www.youtube.com/watch?v=FoAiyshY364

https://www.youtube.com/watch?v=h0wM3Pax0J4

https://www.youtube.com/watch?v=F3i4F3hIYkM

https://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2015/10/27/comprendre-la-situation-en-syrie-en-5-minutes_4798012_3218.html

https://www.youtube.com/watch?v=Zq0zJ9yGsGA

https://www.youtube.com/watch?v=XOtVMo3Ar5c

https://www.youtube.com/watch?v=hOFXDL5m7XE

https://www.youtube.com/watch?v=4sEUw6eDh64