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Histoire des États-Unis d’Amérique (2/2)

Betsy Ross cousant le premier drapeau des USA


L’avènement d’une puissance mondiale

Le XXème siècle est celui des États-Unis. Première puissance industrielle et économique du monde, elle profite de la chute des anciens géants européens pour s’imposer. De tradition isolationniste, les Américains restent neutres au début des deux conflits planétaires. Mais le risque d’une hégémonie nationale sur le Vieux-Continent ravive le leg diplomatique britannique : l’Amérique intervient en 1917 et 1941 pour empêcher une suprématie allemande alors que les Alliés affichent de grandes difficultés. Pour autant, le soutien américain reste à relativiser.

Au cours de la Première Guerre mondiale, et malgré l’indéniable gain moral suscité par l’entrée en guerre de Washington, c’est bien la France qui triomphe face aux empires centraux grâce à une force industrielle, mécanique et militaire supérieure. L’Amérique – opportuniste – impose cependant sa loi aux vainqueurs car disposant de la domination monétaire et financière face à des Alliés exsangues. En refusant de satisfaire les ambitions françaises de destruction allemande, soutenant le projet britannique de punition modérée, les États-Unis sèment les graines de la Seconde Guerre mondiale.

La paix gagnée, l’Amérique revient rapidement sur ses promesses de soutien militaire, refusant de ratifier le traité de Versailles. Plusieurs raisons expliquent cette décision. D’abord, l’isolationnisme traditionnel américain qui voit l’Europe comme un champ de bataille perpétuel. Ensuite, le commerce international qui profitera d’autant plus à Washington que Berlin demeure puissante. Enfin, le refus d’une partie des élites sudistes d’envoyer à nouveau les troupes noires dans des pays – comme la France – qui refusent la Ségrégation, ce qui pourrait donner des idées de réformes voire d’insurrection aux populations citées. Pourtant, les événements vont rapidement s’imposer à ces différentes idéologies. La France – sur qui la stratégie attentiste américaine reposait – est balayée comme la moitié de l’Europe continentale par les forces allemandes revigorées. L’Amérique est confrontée à sa propre créature qu’elle avait alimentée depuis 1919. Mais comment obtenir le soutien de l’opinion publique fermement germanophile et pacifiste ? C’est le président Franklin Roosevelt qui trouvera la solution en poussant l’expansionniste Empire du Japon à la guerre, décrétant un embargo pétrolier suite à l’occupation de l’Indochine française par les forces nippones. La conséquence sera Pearl Harbour et l’entrée en guerre – massivement soutenue par l’opinion – contre l’Axe Rome-Berlin-Tokyo.

L’attaque de la base navale de Pearl Harbour est l’élément déclencheur de la puissance américaine

Le second conflit mondial va consacrer l’hégémonie industrielle, financière et économique américaine. Même si les États-Unis n’ont joué qu’un rôle militaire secondaire en comparaison avec l’effort de guerre soviétique, le pays domine grâce à une avancée scientifique fondamentale : la bombe atomique. S’ensuit une logique guerre « froide » entre les deux puissances américaine et soviétique pour la domination planétaire sur fond d’idéologie et de modèles sociétaux.

Alpha et Omega de l’Occident

Les États-Unis, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, incarnent le capitalisme et l’idéal démocratique. Présentés par leurs protégés et leur société comme les garants de la Liberté face à la tyrannie communiste, ils sont de toutes les luttes. En Europe, ils empêchent l’encerclement de Berlin-Ouest par les forces soviétiques en construisant un colossal pont aérien. En Asie, ils repoussent les tentatives communistes d’unification de la péninsule coréenne. Cependant, les revers s’accumulent ; perte de la Chine, du Vietnam, et échecs techniques dans le cadre de la course à l’espace. Le revirement lunaire redore un blason souillé par une presse pacifiste et une société plus préoccupée par ses divisions que par la géopolitique internationale.

Les années 1950 à 1970 sont ainsi une période de doute tant le pays est secoué par les mouvements sociaux, raciaux, et les déconfitures militaires extérieures dont la plus cinglante sera la désastreuse offensive du Têt (Vietnam). Malgré cela, l’Amérique peut compter sur un gigantesque empire européen et asiatique. Protecteurs des anciennes puissances d’Europe (Royaume-Uni, France, Allemagne) et d’Asie (Japon), ils donnent le « La » via une puissance culturelle et financière imbattable – c’est le règne d’Hollywood et du dollar. Progressivement, les sociétés extérieures s’américanisent non sans réactions comme en France sous le général De Gaulle (1958-1969).

Le regain de confiance et de puissance intervient avec l’élection de Ronald Reagan en 1980. Redonnant sa fierté, sa grandeur et sa volonté politique à l’Amérique, le nouveau chef de l’État se lance dans une course à l’armement inédite qui achèvera une fragile et précaire Union soviétique. Renouant avec les positions hostiles au communisme de ses prédécesseurs comme Truman ou Eisenhower, il est l’un des principaux artisans de la victoire du bloc de l’Ouest sur celui de l’Est. C’est donc tout logiquement que le « Pacte de Varsovie » s’effondrera à la fin de son deuxième mandat (1989).

Débarrassé de la concurrence soviétique, Washington en profite pour offrir sa protection aux anciens régimes communistes comme en Europe de l’Est qui intègre rapidement l’alliance défensive établie en pleine Guerre Froide, l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord). Plus puissant que jamais au sein des institutions internationales d’après-guerre comme l’ONU, le pays impose sa volonté comme au cours des deux guerres du Golfe persique, en 1990-91 et 2003. La culture américaine – littérature, cinéma, jeux-vidéos, séries télévisées – pénètre toutes les strates sociétales mondiales à tel point que l’Amérique devient un symbole inconscient, comme un rêve universel de liberté, de démocratie et de consommation. La jeune fédération devient la référence.

Le rêve américain, aspiration de milliards d’êtres humains sur Terre

Un « colosse aux pieds d’argile » ?

L’état de grâce ne dure cependant pas longtemps. Le 11 septembre 2001, l’Amérique est de nouveau frappée en plein cœur, pour la première fois depuis Pearl Harbour. Une attaque terroriste suicidaire en plein cœur de New York traumatise l’opinion publique. Les États-Unis s’engagent alors dans une série d’interventions internationales au Moyen-Orient comme pour punir les responsables. Mais loin de calmer les ardeurs identitaires des pays musulmans, ces agressions extérieures ne font qu’attiser la haine et la colère dont le dernier ersatz en date fût l’État islamique.

Outre le spectre du terrorisme, Washington est confronté aux aberrations de son propre système capitaliste et démocratique. Les systèmes bancaires et boursiers grossissent à tel point que les gouvernements préfèrent les sauver en priorité plutôt que l’économie réelle comme en 2007. Le dollar, émis en quantités astronomiques voit sa valeur chuter mais pas sa confiance qui reste inconsciemment conservée par le soft power culturel incarné, entre autres, par le cinéma. D’un point de vue politique, les opinions sont galvaudées et mutilées par un progressisme obsessionnel menant à l’ethnomasochisme des Blancs et à des discriminations positives à outrance proches d’un racisme inversé. La bien-pensance, la bienséance et les émotions ont remplacé les arguments rationnels, logiques et jusqu’à la vérité factuelle avec un révisionnisme historique et évènementiel inédit.

Enfin, il convient de s’attarder sur le multiculturalisme vers lequel tout converge. Jusque dans les années 1960, les États-Unis ne sont pas une nation multiculturelle. Dès les origines, elle est construite par les WASP, les Blancs anglo-saxons et protestants qui incarnent la culture dominante à laquelle toutes les autres populations se soumettent dans un but assimilateur. Certes, l’Amérique est une nation d’immigrés européens et asiatiques, mais tous se sont longtemps soumis aux règles communes. Mais à partir des années 1960, cette culture dominante a commencé à être contestée et concurrencée, d’abord par les Noirs puis par les nouveaux arrivants immigrés. Couplé à un individualisme consumériste renforcé par l’économie de marché et la consommation de masse, ce phénomène accouche d’une société multiculturelle désunie et donc violente où chaque groupe confronte le reste de la société soit par la race, soit par le sexe, soit par l’orientation sexuelle, etc.

Les attaques terroristes de New York, la fin d’un état de grâce, le début d’une déchéance ?

Conclusion

L’Amérique est une nation jeune vieille d’à peine trois siècles. Pourtant, mue par une volonté forte d’expansion et de conquête, d’indépendance et de suprématie, elle a réussi à se hisser jusqu’à détrôner ses anciens maîtres européens. Après une lutte à mort contre l’Union soviétique, son opposé idéologique complet, les États-Unis règnent sans partage sur un monde soumis et pénétré de sa culture. Mais rapidement, comme contre toute puissance impériale, des insurrections éclatent et des contestations se renforcent. Du nationalisme religieux musulman à la haine de soi entretenue par une « idéologie du Bien excessif », les obstacles se dressent face à ce géant économique, culturel, industriel, scientifique et militaire. Si le modèle américain reste une référence pour de nombreux pays et peuples, il a la particularité historique d’être une menace pour lui-même, tant les émeutes raciales, le culte du multiculturalisme ou les débats pseudo-féministes ont réussi à gangrener les idéaux originaux de Liberté, de Fraternité et de Démocratie…