Il y a 100 ans… le traité de Versailles

 
Photo : Galerie des Glaces - Versailles

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LA FIN OFFICIELLE DE LA GRANDE GUERRE

28 juin 1919. Dans le château de Versailles, ancienne demeure royale de Louis le Quatorzième, se tient un événement historique : la signature d’un traité de paix qui met fin à la plus grande guerre de tous les temps. Cinq ans jour pour jour après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand dans les rues de Sarajevo, véritable étincelle à la poudrière européenne, les vainqueurs font payer un lourd tribut à la nation qu’ils considèrent coupable : l’Allemagne.

Le traité de paix de Versailles met officiellement fin à la Grande Guerre en transformant l’armistice du 11 novembre 1918 en paix que d’aucun espérait durable à l’époque. Mais ce traité porte en lui les germes de la Seconde Guerre mondiale et ne fut en réalité qu’une trêve de 20 ans…

UN PACTE AVEC LE DIABLE

Pour la France, ce traité de paix est l’aboutissement d’un million et demi de morts et plus de quatre millions de mutilés de guerre. La Grande Guerre, épuisante à tous niveaux, a saigné à blanc la puissance démographique historique du continent européen. Poussée par la force morale du président du Conseil Georges Clemenceau, la France a réussi là où on la voyait perdre et a tenu tête à l’Empire allemand envers et contre tout. Mais à l’heure de la conférence de paix, la France doit composer avec ses alliés plus qu’avec son ancien ennemi.

En 1919, la France est la plus grande puissance militaire du monde, équipant et formant les troupes britanniques, italiennes et américaines. Son prestige est immense mais son économie est à bout de souffle tandis que sa démographie a subit les affres de la guerre et de la grippe espagnole. Diplomatiquement, elle ne peut donc pas imposer ses vues sur le vaincu.

Et celles-ci sont importantes : démembrement de l’Allemagne en tant qu’empire et nation, et retour aux frontières d’avant-1870, annexion de la rive gauche du Rhin par la France, mainmise sur les mines et usines de Rhénanie et de Sarre pour compenser les ravages du Nord-Est, etc. Pour les Français, il s’agit de se débarrasser de la menace allemande en la réduisant à néant. Mais il y a un hic : l’Allemagne n’a pas capitulé, elle a demandé un armistice. Une capitulation est un acte militaire qui indique qu’une nation est incapable de continuer le combat. A l’inverse, l’armistice est un acte politique qui revient à demander une trêve en vue de préparer la paix. Les armées alliées n’ont pas réussi à porter le combat en Allemagne comme l’aurait voulu Foch et Pétain, ce qui sera fatal pour la diplomatie française…

C’est alors que la France va conclure un « pacte avec le Diable » : elle renonce à ses vues sur l’Allemagne occidentale et accepte une paix à minima en échange du soutien de Londres et surtout Washington. Assurée par deux puissances mondiales, la France serait ainsi à l’abri d’une éventuelle recrudescence germanique. C’était sans compter sur le Diable : les Etats-Unis d’Amérique. Aussitôt signé, le traité est rejeté par le Sénat américain qui ne le ratifiera jamais, laissant la France et le Royaume-Uni seuls face à l’Allemagne en cas d’agression. L’isolationnisme historique des Américains condamne l’Europe à une seconde guerre mondiale…

UNE PAIX A MINIMA, UNE GUERRE A MAXIMA

La France obtient l’annexion de l’Alsace-Moselle, intégrées à l’Empire allemand en 1871 des suites de la défaite française. La Sarre est occupée avec référendum d’appartenance à la France (1935) tandis que la Rhénanie (rive gauche industrielle du Rhin) est démilitarisée avec une occupation militaire française allant de 100 000 à 250 000 soldats jusqu’en 1930. L’Allemagne entretiendra une armée de 100 000 hommes sans avions, canons, blindés ni navires de guerre lourds. Enfin, elle doit payer une amende aux Alliés à hauteur de 132 milliards de mark-or (1 420 milliards d’euros de 2014) soit 47 300 tonnes d’or pur. En réalité, elle n’en paiera que 21 milliards (16%). Enfin, l’empire colonial allemand en Afrique est partagé entre Londres et Paris. La Prusse est coupée en deux pour permettre un accès à la mer de la nouvelle Pologne.

Toutes ces mesures, même si elles apparaissent mesurées comparativement aux exigences françaises initiales, suffiront pour dresser les Allemands contre les Alliés et les conduire à porter Adolf Hitler au pouvoir, initiant un revanchisme typique qu’avait connu la France de 1871 à 1914. En 1939, l’Allemagne prendra sa revanche et déclenchera la Seconde Guerre mondiale qui forgera le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.

LES ENFANTS DE VERSAILLES

Le XVIIème siècle avait eu le traité de Westphalie (1649), le XVIIIème avait eu le traité de Paris (1763), le XIXème avait eu le traité de Vienne (1815) et le XXème a eu le traité de Versailles. Le monde de Versailles fut violent et instable et amena à la naissance de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre Froide dont nous sommes les héritiers. Il démontre à quel point un adversaire meurtri mais encore debout peut vaincre et représenter une menace. Il démontre également à quel point la diplomatie française ne peut décidément compter que sur elle-même tant les alliés peuvent être indignes de confiance. La France, nation deux fois millénaire, carrefour de l’Europe occidentale, entourée d’ennemis (Allemagne, Italie, Espagne et Angleterre), a et doit toujours compter que sur elle-même lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts quels qu’ils soient.

 

Sources  :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Versailles 

http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/grandes-dates/traite-versailles 

http://centenaire.org/fr/espace-scientifique/pays-belligerants/sur-le-traite-de-versailles-clemenceau-fait-le-seul-bon-choix 

https://www.geo.fr/histoire/pourquoi-le-traite-de-versailles-a-conduit-a-la-deuxieme-guerre-mondiale-194464 

https://www.valeursactuelles.com/histoire/versailles-le-traite-de-la-discorde-26122