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Japon - chine : rivalités et interdépendance

Une des îles Seikaku / Diaoyu, terre de conflit entre le Japon et la Chine - KyodoNews / AP

Chine

La Chine est, par son PIB en parité pouvoir d’achat, la première puissance économique devant les Etats-Unis. Elle est aussi le premier exportateur mondial, membre du G20, de l’OMC et s’implique énormément dans les échanges commerciaux mondiaux. Le pays possède la plus importante quantité de terres rares utilisées dans la fabrication de hautes technologies. Par sa main d’œuvre bon marché, la Chine est également la première puissance manufacturière au monde. Elle est l’un de cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unis mais aussi une puissance nucléaire et possède l’armée la plus importante au monde. Son budget militaire est aujourd’hui le deuxième budget le plus important derrière les Etats-Unis. Cependant, le gouvernement maintient une politique répressive, l’accès à internet est très contrôlé et l’information censurée. En effet, la politique de l’enfant unique mise en place en 1979 et aboli le 29 octobre 2015 risque de conduire au vieillissement de la population et un déséquilibre homme / femme.

Japon

Le japon, quant à lui, demeure le premier créancier avec les deux plus grandes banques au monde. Si on ne tient pas compte de l’UE, il est la troisième puissance économique et la quatrième puissance exportatrice. Le pays participe à toutes les organisations internationales regroupant les grands pays industrialisés de la triade, le G8, G20 ou encore l’OMC. Leader en technologies de pointe, il est la troisième puissance mondiale en nombre de chercheurs. Le pays possède une main d’œuvre hautement qualifiée. À propos des infrastructures, le Japon possède l’un des réseaux de transports les plus performants au monde. Il est cependant l’état le plus endetté au monde, 223 pourcents de son PIB. Il ne siège pas comme membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU et ne possède pas l’arme nucléaire car il est l’un des grands vaincus de la Seconde Guerre Mondiale (Il ne possède pas d’armée régulière mais une force armée de défense, avec laquelle il ne peut pas attaquer de pays par exemples). Pour son industrie, le Japon possède très peu de terres rares sans lesquelles l’industrie japonaise serait totalement détruite. Sur le plan démographique, les japonais font de moins en moins d’enfants, ils ont le taux de natalité le plus faible au monde.

Histoire

Historiquement, les conflits entre les deux nations ne se comptent plus tellement il y en a eu. Le plus important et le plus récent étant la guerre sino-japonaise (1937-1945). Depuis le XVIIe siècle, la Chine n’a pas vraiment de frontières fixes. Le pays s’agrandit ou se rétracte en fonction des conquêtes ou des invasions qu’elle subit. À l’inverse, le Japon est isolé et communique peu avec l’extérieur. Le gouvernement japonais de l’époque perçoit assez mal la venue des étrangers, notamment les missionnaires européens qui cherchent à diffuser le christianisme. En conséquence, les étrangers sont expulsés. Mais au XIX siècle, le pays devient la proie des puissances étrangères qui souhaitent la réouverture des frontières, l’exploitation des ressources et la création de relations commerciales. Les Etats-Unis obligent même le Japon à réouvrir ses frontières sous la menace des canons en 1853. Le dirigeant japonais de l’époque souhaite alors moderniser son pays pour éviter que celui-ci tombe aux mains des puissances étrangères comme ça été le cas de la Chine à la même époque. Le problème est que le Japon n’a ni charbon, ni pétrole, ni caoutchouc sur son territoire. Pour se développer, le pays a donc besoin d’espace et de ressources. C’est alors que commence une politique d’expansion. En 1894, le Japon mène une première guerre contre la Chine qui lui permet de s’emparer de Taiwan et Liaodong. Le pays combat aussi la Russie et la Corée et sort victorieux de toutes ses batailles. La politique d’expansion agressive ne s’arrête pas là. Les japonais sont durement frappés par la crise économique de 1929 et vont considérer que le Japon doit dépendre le moins possible des puissances étrangères, ce qui signifie plus de terres et donc plus de guerres. En 1931, dans un contexte de tensions mondiales, le Japon envahit une grande province chinoise, la Mandchourie. La Seconde Guerre Mondiale éclate alors en 1937 pour le Japon et ce dernier tisse des liens avec l’Allemagne nazie. La Chine joue aussi un rôle important et noue des relations avec les alliés. À son apogée de puissance, le Japon contrôle une grande partie de l’Asie de l’est et du sud, dont la moitié du territoire chinois.

La défiance

Actuellement, le problème géopolitique majeur concerne une rivalité géographique. Les deux pays se trouvent souvent dans une position de concurrence. La Chine et le Japon s’opposent notamment au sujet des iles Senkaku / Diaoyu. Annexées par le Japon à la fin du XIX siècle, la Chine en a tout de même déclaré la propriété dans les années 70. Depuis, les incidents s’enchainent et ont pour conséquences des accrochages militaires dans la zone, chacun s’armant de plus en plus. En 2015, le budget militaire des japonais était de 42 milliards de dollars, soit une augmentation de 3 pourcents expliquée également par les derniers essais nucléaires nord-coréens. Les dépenses militaires de la Chine passent de 41,3 milliards en 2000 à plus de 200 milliards en 2016, soit une augmentation de 423%. La mer de Chine est un espace stratégique : carrefour des routes maritimes mondiales, elle abrite aussi d’importantes réserves de poissons et d’hydrocarbures. Le contrôle de cette mer est un enjeu crucial pour les deux puissances. Les rivalités économiques sont aussi importantes : 98 pourcents de la production mondiale des terres rares provient de la Chine qui exporte ses métaux dans de nombreux pays. En 2010, des quotas à l’exportation sont fixés à 30 000 tonnes par ans pour une production annuelle chinoise de 120 000 tonnes. En conséquence, les Etats-Unis, l’Union Européenne, et le Japon accusent la Chine de limiter volontairement ses exportations pour faire monter les prix. Ils déposent une plainte au prêt de l’OMC qui condamne la Chine en 2014. Aujourd’hui, le Japon cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement par des partenariats avec l’Inde, le Vietnam et le Kazakhstan. La Chine connait ses opportunités et ne s’arrête pas là. Elle créée en 2016 l’AIIB : Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures qui regroupent 57 pays membres mais pas le Japon. Cette banque a pour but de concurrencer le FMI, la banque mondiale, et la banque asiatique de développement (ADB). Son rôle est de répondre aux besoins croissants d’infrastructures en Asie. Elle s’inscrit dans la stratégie des nouvelles routes de la soie développée par la Chine.

La dépendance

Ces deux pays ont également des complémentarités par rapport à leurs échanges commerciaux. Ils ont des partenaires économiques majeurs avec un commerce bilatérale passé de 3 milliards à 312 milliards de dollars en 40 ans. La Chine a été la principale cliente du Japon avant d’être devancée par les Etats-Unis en 2013. Elle reçoit des biens d’équipements, des biens intermédiaires, des produits chimiques mais aussi de plus en plus de produits finis de la part du Japon. Ce dernier est son 3e client et fournisseur. La Chine exporte majoritairement des terres rares, produits manufacturés, et du textile. Le ralentissement de l’économie chinoise a entrainé une diminution des exportations japonaises vers la Chine, mais la tendance de long terme reste très porteuse avec une augmentation de 47 pourcents de 2005 à 2015. C’est donc logiquement que le ralentissement actuel de la croissance chinoise inquiète au plus haut point le Japon. Les deux pays s’offrent aussi un soutien mutuel : ils sont situés dans une zone particulièrement exposée aux phénomènes naturels. Un soutien à la fois financier et humain avec des équipes de sauvetage envoyées sur les lieux. Par exemple, lors du séisme Sichuan en Chine en 2008, ou encore du séisme Tohoku au Japon en 2011. La Chine comme la Japon ne possède pas une puissance complète à l’échelle mondiale. À l’échelle locale cependant, leur concurrence n’exclue pas des complémentarités. L’émergence économique de la zone profite à la fois à la Chine et au Japon.


Sources :

Diplomatie gouv :

Japon : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/japon/presentation-du-japon/

Chine : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/chine/presentation-de-la-chine/

Ministère de l’économie et des finances : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2018/05/30/le-commerce-exterieur-du-japon-2017

Iris France : https://www.iris-france.org/121921-nouvelle-ere-dans-les-relations-chine-japon-ou-politique-dequilibre/

Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_la_Chine_et_le_Japon

Asie pacifique : https://asiepacifique.fr/japon-chine-relation-stephen-nagy/

Guerres sino japonaises : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_sino-japonaise_(1937-1945)

Cairn.info : https://www.cairn.info/revue-outre-terre1-2005-3-page-379.htm

https://www.cairn.info/revue-etudes-2006-12-page-585.htm

Erudit.org : https://www.erudit.org/fr/revues/ei/1970-v1-n1-ei2961/700006ar.pdf

Ac-Vesraille  (official): http://blog.ac-versailles.fr/lecturesdumonde/public/Chapitre_6_japon_chine_2017.pdf

Etude CNRS : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/articles-scientifiques/les-relations-internationales-de-la-chine-apres-la-crise-de-2008

French academic Network on Asian Studies : http://www.gis-reseau-asie.org/fr/le-face-face-chine-japon-partenaires-economiques-rivaux-strategiques