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La rhétorique, l’arme de ceux qui n’ont rien à dire ?

Philosophes grecs, glitch art - wallup.net

La rhétorique, kezako ?

De façon écolière, la rhétorique vient du latin et signifie : technique de l’art oratoire. On confond souvent la rhétorique avec l’éloquence, mais grosso modo l’une représente le talent d’écriture et l’autre le talent oral.

On apprend la rhétorique pour plusieurs aspects :

-     structurer son argumentation

-     employer des figures de styles appropriées

-     persuader un auditoire

-     apprendre à formuler des paroles justes en accord avec ses valeurs

-     se défendre intellectuellement

La rhétorique est un domaine encore décrié, victime de son  héritage car trop souvent représenté comme l’arme des sophistes (personne capable de défendre n’importe quoi avec un bon discours).  

Mais alors qu’est-ce qu’un bon discours ?

Un bon discours peut s’évaluer selon plusieurs aspects, intrinsèque comme extrinsèque :

-     l’orateur est en confiance, son élocution est claire et ses intonations sont justes

-     le discours est adapté au public (les mots et figures de style employés leur sont compréhensibles)

-     les propos sont justement ponctués par l’intonation et les gestes de l’orateur

-     le public a été galvanisé (par l’émotion, l’ovation, les applaudissements)

Pour qui s’adresse la rhétorique ?

Que la rhétorique ait une bonne ou mauvaise réputation ? On s’en fiche pas mal. Nous nous devons de l’apprendre et de l’utiliser si nous souhaitons défendre des valeurs ou des causes qui nous sont chères. En effet, au vue de l’importance de cette discipline en matière de communication, il serait irraisonné de laisser libre cours aux sophistes, et autres menteurs, de s’en servir à nos dépens.
Que celui qui est engagé dans un projet, en cultivant une volonté de défendre une valeur ou une cause, investisse de son temps dans cette compétence. Le discours gagnant se juge sur l’opinion, ainsi faut-il s’imprégner du sujet à défendre mais aussi à la manière de le dire. Rappelons-nous de ce que disait Victor Hugo : « la forme c’est le fond qui remonte à la surface ». Ainsi la forme du discours est primordial, dès que le public juge un orateur comme peu sûr de lui, il sera enclin à faire le raccourci qu’il mente ou qu’il ne maîtrise pas le sujet.

Bien sûr faire un beau discours et s’exprimer par des beaux mots c’est joli et cela séduit. Mais être intimement convaincu de ce que l’on défend est l’Essentiel d’une bonne rhétorique. Car elle nous convainc au plus profond de nous-même que nous devons tout mettre en œuvre pour valoriser notre propos. 

Quoi faire avec arme d’argumentation massive ?

La rhétorique est avant tout une compétence à développer pour illuminer vos propos et non pour attraper le dernier mot dans un débat. Un grand philosophe du nom de Schopenhauer a écrit l’Art d’avoir toujours raison où il décrit une trentaine de méthodes pour obtenir raison. Quoi qu’on pense de l’oeuvre de l’écrivain, ce manuscrit est imprégné d’un pur sophisme. Reconnaître nos limites et nos fautes nous ferons toujours plus grand qu’un esprit têtu de vouloir gagner un débat de bistrot. Ainsi, nous rebondirons sur ce que Socrate exprimait dans Gorgias, son désir d’être contredit s’il avait tort ou s’il faisait une erreur de jugement. Pour lui, la justesse de réflexion primait sur le ressenti qu’on éprouvait aux propos ainsi que de leur forme.

Pour le mot de la fin, nous pourrons demander aux débatteurs soucieux, depuis quand le dernier mot a-t-il primé sur une réflexion juste et sage ?

 

Sources :

Rhétorique, Victor Ferry - YouTube

Gorgias, Plato