Le Japon est-il condamné à descendre du podium de l’économie mondiale ?
Les deux « problèmes » que nous allons exposer sont loin d’être l’apanage du Japon. En effet, même si le pays tient toujours la troisième place de l’économie mondiale en termes de PIB, sa dette publique et sa démographie pourraient faire baisser sensiblement sa production.
Une dette publique explosive ?
Une des particularités de l’économie nippone est son incroyable dette publique. Concrètement, la dette publique est la dette d’un État. Autrement dit ce chiffre représente « la totalité des engagements d'un État (les administrations centrales, locales et de sécurité sociale) à une date déterminée ». Ce sont précisément ces engagements qui pèsent sur les populations et justifient les politiques budgétaires austères mises par certains États et organisations internationales. Que cela soit la question de l’allègement de la dette africaine pour faire face au Covid-19, le remboursement de la dette française, ou le respect de l’un des critères du traité de Maastricht (la dette publique d’un État ne doit pas dépasser 60 % de son PIB) ; la dette et par extension son remboursement sont au centre de toutes les politiques budgétaires.
Logiquement, tout porte à croire qu’un État sain est un État qui maîtrise sa dette. Pourtant certains faits viennent tordre le cou à cette idée : une dette publique n’est jamais vraiment remboursée (la France est endetté depuis Louis XIV). Une dette publique peut-être annulée (tels les emprunts russes du début du XXème siècle), la difficulté du remboursement dépend des créanciers (les « fonds vautours » n’ont pas hésité à attaquer juridiquement l’Argentine). L’exception japonaise se trouve dans ce dernier point. Le pays est très largement en tête en termes de dette publique : il occupe la première place du classement avec une dette de 237,1 % de son PIB en 2018 (60 % en 1990), vient l’Italie avec 135,5 %, les Etats-Unis avec 106,9 %, et la France avec 98,4 %. Mais, la dette japonaise étant détenue majoritairement par des japonais, ces derniers n’ont aucun intérêt à en réclamer le remboursement : en faisant cela leur pays risque de s’effondrer et les conséquences seraient terrible pour la population. En poussant ses habitants à acheter des bons du trésor, le pays assure ses arrières. Cette volonté de faire corps avec l’État peut s’expliquer par la géographie du pays : en tant que citoyens insulaires, les japonais sont « tous dans le même bateau ». Il suffit de voir la supériorité de « l’esprit d’équipe » sur les individualités pour remarquer une grande solidarité nationale.
Une récession économique causée par une récession démographique ?
Si la population et la façon de vivre du pays semblent être des atouts considérables, ils possèdent également des inconvénients. La population japonaise est la plus âgée au monde : 27,58 % des japonais ont plus de 65 ans. Une nouvelle fois suivi par l’Italie avec un taux de 22,75 %, puis du Portugal avec 21,95 %. Deux facteurs peuvent expliquer ce chiffre : les baby-boomers devenus seniors, et l’allongement de la durée de vie. Malheureusement pour le pays et c’est également le cas pour l’Allemagne, les naissances sont minoritaires par rapport aux décès ; fatalement la population décroît. Si nos voisins d’outre Rhin ont décidés de faire appel à l’émigration, ce n’est pas le cas du Japon. Le pays semble compter sur le duo homme-machine pour continuer de croître, une plus grande place de la femme dans l’économie, et la relance de la natalité.
L’objectif officiel du pays est de ne pas passer en dessous de la barre des 100 millions d’habitants. Actuellement les japonais sont au nombre de 127 millions, mais depuis 2010 la population décroît. Avec un taux de natalité de 1,4 enfants par femme, la population active ne cesse de se réduire. Le premier ministre, Shinzo Abe et les fameuses Abenomics tentent de s’attaquer à ce problème en incitant fiscalement le couple à faire plus d’enfants, en augmentant les dépenses pour les familles, et favorisant un accès au service liés aux enfants. Mais une politique de natalité prend du temps et les premiers effets ne pourront être mesurés que dans quelques années.
Comme nous l’avons vu dans cette série, le Japon possède de très sérieux atouts pour maintenir sa position. Son organisation, sa vision de l’économie intérieure et extérieure, son art de vivre et sa géographie sont autant de caractéristiques qui ont façonnées la place de l’économie nippone. Mais l’émergence de certains pays, tel que la Chine qui lui subtilisa la seconde place en terme d’économie mondiale, et la montée en puissance de l’Inde ou encore la concurrence technologique coréenne oblige le Japon à toujours repartir de l’avant. Le pays tient bon, pour combien de temps ?
Sources :
https://www.journaldunet.fr/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1209268-classement-pib/
https://fr.statista.com/infographie/17989/dette-publique-en-pourcentage-du-pib/
https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/dette-publique.html
https://www.lesechos.fr/patrimoine/placement/les-emprunts-russes-cest-bien-fini-1146665
https://www.nippon.com/fr/japan-data/h00472/
https://www.nippon.com/fr/features/h00079/