Le Japon sur la voie de la modernité - De 1889 à 1912 (1/2)

 
« Lieux célèbres de l’est : Takanawa no Meigetsu » (« 東都名所 高輪之明月 »), Utagawa Hiroshige (« 歌川 広重 »), 1831.

« Lieux célèbres de l’est : Takanawa no Meigetsu » (« 東都名所 高輪之明月 »), Utagawa Hiroshige (« 歌川 広重 »), 1831.

 

Après la mort des « trois grands Héros » (« 維新の三傑 »), nous avons vu (voir article « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1868 à 1889 (2/2) ») que l’Empire du Japon fut dirigé par une nouvelle génération d’oligarques : les « Genrō » (« 元老 » ; les « Anciens »). L’élite de Meiji connut cependant un certain nombre de scissions sur la question du régime politique définitif à adopter pour le Japon : Itagaki Taisuke (« 板垣 退助 ») et Ōkuma Shigenobu (« 大隈 重信 ») créèrent les premiers partis politiques du Japon afin de réclamer l’établissement d’une constitution pour la nation japonaise, formant ainsi « l’opposition » au gouvernement des oligarques. Ces derniers, qui prévoyaient déjà d’en rédiger une depuis de nombreuses années mais n’en avaient pas fait leur priorité, adoptèrent finalement la constitution de Meiji en 1889, 20 ans après la Restauration. Inspirée du modèle constitutionnel prussien, la première constitution du Japon proclame l’Empereur détenteur et source de la souveraineté, et prévoit entre autre l’établissement d’un parlement bicaméral constitué de députés élus au suffrage censitaire.

Ce choix d’un régime constitutionnel et représentatif n’avait, bien entendu, rien d’évident pour un Japon totalement étranger aux traditions politiques libérales. Reischauer explique ce choix de la façon suivante : « La pression de l’opinion n’est pour rien dans les concessions faites au principe représentatif ; les oligarques étaient assez conscients de leur autorité pour ignorer ses appels. Tout part de la conviction que des institutions calquées sur celles de l’Occident assureraient à l’archipel la stabilité politique, au régime le soutien populaire et à l’opposition une tribune pour s’exprimer pacifiquement. On espérait surtout qu’un Japon constitutionnel régi par des lois uniformes et justes ferait profonde impression sur les Occidentaux ».

Le rapport à l’Occident est en effet crucial pour comprendre la modernisation du Japon. Ce choix du modèle constitutionnel par les oligarques s’explique en effet pour une large part par la volonté de démontrer à l’Occident que le Japon n’était plus un pays « arriéré » et « non-civilisé », mais une nation moderne et respectable avec qui il convenait de traiter sur un pied d’égalité. Et le but du gouvernement japonais était ainsi, plus précisément, d’obtenir l’abrogation des « traités inégaux », les « traités Ansei » (« 安政の仮条約 ») (voir « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1853 à 1868 ») ; ce que le Royaume-Uni fut le premier à lui accorder en 1894.

« En 1911, le Japon avait retrouvé son entière liberté douanière et s’était définitivement affranchi des traités inégaux jadis imposés par la supériorité militaire de l’Europe et des États-Unis. Le Japon était le seul pays Oriental à avoir acquis l’égalité diplomatique avec l’Occident » (Reischauer). Mais avant d’en arriver là, le Japon dut passer par un certain nombre d’étapes sur les plans économiques, militaires et politiques.

Un modèle de développement économique original : la théorie du développement « en vol d’oies sauvages » (« Gankō keitairon »)

 
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Nous avons pu étudier la dernière fois le processus par lequel le Japon put enclencher sa modernisation économique : les « dénationalisations » de Matsukata Masayoshi (voir « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1868 à 1889 (1/2) »). Après avoir enclenché le processus d’industrialisation en mettant en place à grands frais des usines pilotes, l’État japonais les revendit pour une somme bien inférieure à ce qu’elles coûtèrent à des entrepreneurs privés, qui réformèrent le mode de gestion des usines et parvinrent à les rentabiliser à partir de la fin des années 1880. Les deux conflits internationaux que devait connaître le Japon à la fin de l’ère Meiji, avec la Chine et la Russie, permirent aussi de donner des coups de fouets à l’industrialisation du désormais « Empire du Soleil Levant ».

Une fois l’industrialisation amorcée, le Japon de Meiji va se développer selon un processus que le professeur Akamatsu Kaname (« 赤松 要  ») décrit avec la théorie du développement « en vol d’oies sauvages » (« 雁行形態論 » ; « Gankō keitairon » ; théorie qui sera étendue par son élève Kojima Kyoshi/« 小島 清 » lors de sa ré-application à partir des années 1950). Ce modèle de développement fonctionne selon quatre étapes, et permet un phénomène de rattrapage industriel prodigieux s’il est correctement exécuté.

Le pays en question débute son processus d’industrialisation à partir d’un produit industriel à faible valeur ajouté, qu’il importait jusque-là. Il commence par concentrer ses investissements sur la production de ce produit à faible valeur ajouté, afin de substituer aux importations une production nationale compétitive et efficace. Puis, le pays devient un exportateur de ce produit à faible valeur ajouté dont il est parvenu à maîtriser la technique de production industrielle. Enfin, il réinvestit les bénéfices qu’il tire de ses exportations pour améliorer son tissu industriel et monter en gamme, afin de pouvoir recommencer le même processus sur des produits industriels dont la valeur ajoutée est toujours plus grande. Au cours de ce processus de montée en gamme, il abandonne les produits à faible valeurs ajoutés en délocalisant leur production, permettant au passage à ces mêmes pays qui les produiront à sa place d’enclencher le même processus de développement.

 
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C’est selon ce schéma que la Japon se développa, et qu’il joua un rôle capital dans le processus de développement de tout l’Extrême-Orient au cours de la seconde moitié du XXème siècle. En effet, le Japon s’étant débarrassé de son industrie à faible valeur ajoutée dans les années 60, ce sont les pays que l’on a surnommé les « Quatre Dragons asiatiques » (Corée du Sud, Taïwan, Hong-Kong et Singapour) qui prirent le relais dans leur production en imitant le modèle de développement japonais, puis permirent le développement des « Tigres asiatiques » (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande) et de la Chine en finissant à leur tour par délocaliser en montant en gamme.

Et c’est en ce sens que Reischauer décrit la progressive montée en gamme de l’industrie japonaise : initialement, « le Japon s’oriente vers la fabrication de biens de consommation peu coûteux et de qualité souvent médiocre. A la fin du XIXème siècle, le textile emploie plus de la moitié de la main-d’œuvre industrielle et fournit l’essentiel des exportations. (…) Il faut attendre les années 1930 pour que les japonais commencent à rivaliser avec les Occidentaux dans le domaine de l’industrie lourde. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale qu’ils deviendront compétitifs pour la mécanique de précision et l’industrie légère ».

 
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Ce modèle de développement, particulièrement ingénieux, a cependant une contrepartie assez conséquente : il nécessite en effet la redirection immédiate des bénéfices issus de l’industrialisation vers l’investissement et la montée en gamme de l’appareil industriel. De ce fait, les bénéfices ne peuvent pas servir en même temps à l’amélioration immédiate de la qualité de vie de la population ; cette dernière doit donc accepter de travailler avec acharnement sans voir ses conditions d’existence améliorées sur le court terme (faisant de ce modèle de développement un modèle spécifique pas forcément compatible avec les tempéraments de tous les peuples).

C’est en effet ce qui s’est passé au Japon : les bénéfices de l’industrialisation du pays n’ont été perçus que tardivement par la majorité de la population, qui vivait encore dans les campagnes. Ainsi que le précise Jean Chesnaux (L’Asie orientale aux XIXème et XXème siècles), « Les campagnes japonaises furent touchées "négativement" par cette expansion de la production capitaliste. Les paysans payent l’impôt ; mais la commercialisation de la production agricole (…) n’enrichit que les propriétaires fonciers et les marchands de riz ; les petits tenanciers continuent à vivre misérablement. (…) Les trois quarts des évictions de paysans à cette époque sont dus au non-paiement des impôts. Le phénomène démontre que la paysannerie a porté le poids de cet édifice apparemment prestigieux qu’est le Japon de l’ère Meiji ».

Reischauer pose le même constat : « Dans l’immédiat, les succès de l’industrie japonaise n’entraînent donc aucune amélioration sensible du niveau de vie des couches populaires. La rapide croissance démographique et les effectifs pléthoriques du monde paysan excluent toute transformation profonde des conditions d’existence. Sans doute la baisse des prix des produits manufacturés et l’amélioration de la qualité des biens de consommation profitent-elles à toutes les classes de la société. (…) Mais on constate peu d’améliorations dans des secteurs aussi primordiaux que l’alimentation et le logement ». 

Le modèle de développement « en vol d’oies sauvages » (« Gankō keitairon ») comme application concrète de « Fukoku kyōhē »

Il convient de préciser que le Japon n’a pas fait ce choix du sacrifice de sa population au profit de l’industrie par sadisme, ni même pour « maximiser les profits », selon la dialectique marxiste que met franchement en avant Chesnaux. Il nous semble que la raison principale de ce choix tient en deux mots, et a déjà été évoquée à de nombreuses reprises : « Fukoku kyōhē » (« 富国強兵 » ; « Un pays prospère, une armée forte »).

Nous l’avons déjà vu (voir « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1868 à 1889 (1/2) »), mais il convient de le rappeler une nouvelle fois : la modernisation économique du Japon et l’enrichissement du pays n’ont pas été désignés comme des fins en soi. Il ne s’agissait que de moyens destinés à permettre l’atteinte du véritable objectif que s’étaient fixés les nouveaux maîtres du Japon après 1868 : la préservation de la souveraineté du Japon face à l’impérialisme Occidental. « Fukoku kyōhē », slogan qui synthétise les objectifs politiques du Japon de Meiji, fixe ainsi le développement économique et l’enrichissement du pays (« 富国 ») comme des moyens en vu d’obtenir cette « armée forte » (« 強兵 »), recherchée afin de pouvoir assurer la défense du pays. L’industrialisation du Japon visait donc l’obtention, et le plus vite possible, du tissu industriel permettant de produire en masse armements et technologies militaires pouvant permettre à l’Empire du Japon de rivaliser militairement avec l’Occident pour assurer sa souveraineté.

Il ne faut donc pas oublier que le modèle de développement « en vol d’oies sauvages », s’il est passé a la postérité comme un modèle de développement permettant de faire passer un pays d’un stade pré-industriel au stade d’une société de consommation prospère avec une vitesse fulgurante (car c’est dans ce but qu’il sera repris par les « Quatre Dragons »), n’avait pas du tout été pensé en ce sens. Il reste un modèle de développement qui avait initialement pour but le développement le plus rapide possible d’une industrie militaire la plus performante possible. L’objectif du développement japonais et de la montée en gamme industrielle n’était pas la prospérité pour le peuple japonais ; il était l’obtention la plus rapide possible des capacités industrielles permettant d’assurer la sécurité et la souveraineté d’une nation qui pensait son existence, son indépendance et sa pérennité menacées.

 
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« Grande victoire de nos forces à la bataille de la mer Jaune - Première illustration » (« 於黄海我軍大捷 (シリーズ) »), Kobayashi Kiyochika (« 小林 清親 »), 1894.

« Grande victoire de nos forces à la bataille de la mer Jaune - Première illustration » (« 於黄海我軍大捷 (シリーズ) »), Kobayashi Kiyochika (« 小林 清親 »), 1894.

 

Certes, ce modèle de développement permit au Japon de réussir l’exploit de rattraper sur de nombreux domaine la prospérité économique de l’Occident en quelques décennies, et de permettre à sa suite quelques années plus tard à l’ensemble de l’Asie de lui emboîter le pas en imitant son modèle. La réussite de ce modèle s’explique selon Reischauer par « l’association de la technique Occidentale et de la main-d’œuvre Orientale à bas salaire ». Le Japon disposait en effet d’une main-d’œuvre à la fois abondante (« Les progrès de la médecine et des infrastructures ont entraîné un doublement de la population au cours du demi-siècle qui a suivi la Restauration de Meiji. L’archipel compte environ 60 millions d’habitants » - Reischauer) et très qualifiée comparativement aux autres populations asiatiques (du fait de l’organisation du travail au cours de l’ère Edo et d’un important taux d’alphabétisation, comparable à certains pays européens ; voir « Le Japon est un coquillage : De 1641 à 1853 (2/2) »). Mais ce modèle créa aussi au sein de la société une « césure », une « division », diagnostiquée à la fois par Chesnaux et par Maruyama, et qui sera lourde de conséquence pour la suite de son histoire.

« La collusion très précoce du pouvoir d’État et du capitalisme industriel eut pour effet de creuser un fossé entre les villes et une grande partie des campagnes, laissée à l'écart du processus de modernisation, mais fut aussi la cause d'un profond déséquilibre de l'industrie elle-même, spécialement entre les secteurs fournissant l'armée et les autres. De là, enfin, un centralisme urbain et même tokyoïte affectant l'ensemble de la culture, car on peut voir dans le caractère excessivement centripète de la culture comme de la politique, la manifestation idéologique d'un déséquilibre en fait inhérent à l'ensemble du développement accompli par le Japon moderne ». - Maruyama Masao, La pensée de l’État Meiji, 1946.

« Dès le départ, le Japon moderne est donc affecté d’un déséquilibre fondamental, qui le différencie des pays capitalistes Occidentaux dont il suit en apparence la voie. L’économie rurale n’a pas évoluée au même rythme que l’industrie, la banque ou le grand commerce. Les secteurs modernes de l’économie ne disposent pas de la réserve qu’auraient pu être les campagnes : ni en débouchés (le niveau de vie est trop bas), ni en ressources financières (la taxe agraire tire déjà le maximum de la paysannerie). C’est à l’extérieur – au besoin par la guerre – que le grand capitalisme japonais devra très vite chercher les débouchés et les fonds nécessaires à la poursuite de son expansion ». - Jean Chesnaux, « Le Japon, de l’ère Meiji à 1937 » dans  L’Asie orientale aux XIXème et XXème siècles, 1966.

Mutations et dynamiques politiques dans la seconde moitié de Meiji (1889 - 1912)

Une fois la constitution de Meiji adoptée, les premières élections législatives eurent lieu un an après, le 1er Juillet 1890. Et à la consternation du gouvernement, les élections furent gagnées par l’opposition, le « Jiyūto » (« 自由党 » ; « Parti libéral ») d’Itagaki et le Rikken Kaishintō (« 立憲改進党 » ; « Parti progressiste constitutionnel ») d’Ōkuma pouvant constituer la majorité à eux seuls. On appelle cette coalition « Mintō » (« 民党 » ; « Parti du Peuple », « Coalition libérale »). Et alors que le gouvernement des oligarques (les « Genrō »), représenté par le Premier ministre Yamagata Aritomo (« 山縣 有朋 »), s’attendait à avoir affaire à un Parlement docile, il se trouva face une majorité intransigeante qui s’opposait à eux sans ménagement, mobilisant tous les moyens qu’elle avait à sa disposition pour bloquer le gouvernement lorsqu’il prenait des mesures qu’elle n’acceptait pas. Reischauer précise que « Le meilleur moyen dont ils [l’opposition] disposaient pour imposer leur autorité était de faire obstacle au vote du budget. Pendant quatre années, leur opposition ne désarma point et ils furent en conflit permanent avec les oligarques qui dirigeaient le pays ».

 
« Illustration du bâtiment de la Diète Nationale Impériale » (« 帝国々会議事堂之図 »), Toyoharu Kuniteru (« 豊原国輝画 »), 1892.

« Illustration du bâtiment de la Diète Nationale Impériale » (« 帝国々会議事堂之図 »), Toyoharu Kuniteru (« 豊原国輝画 »), 1892.

 
 
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Aucun des deux camps n’étant disposé à céder, le jeune Japon constitutionnel se retrouva très rapidement dans une impasse politique. Le gouvernement décida alors de dissoudre la Chambre et d’organiser de nouvelles élections le 15 Février 1892, en mettant tout en œuvre pour obtenir une nouvelle Cambre plus coopérative. C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur Shinagawa Yajirō (« 品川 弥二郎 ») mit en place toute une politique de pression sur les membres de l’opposition : certains subissent des pressions policières et administratives en tout genre, sont accusés d’être « déloyaux » et arrêtés, les campagnes électorales de l’opposition sont perturbées, de même que le processus électoral dans certaines régions du pays (urnes volées, votes empêchés ou achetés…). Malgré toutes ces perturbations, et les violences qui en découlèrent au cours des élections (on compte 25 morts et près de 400 blessés), la participation est de 91,54 % pour une élection toujours au suffrage censitaire (sont autorisés à voter les hommes d’au moins 25 ans payant au moins 15 yen d’impôts et résidant dans leur préfecture depuis au moins 1 an). Et elle consacre, au grand désespoir des oligarques, une nouvelle victoire de l’opposition, qui réclama des comptes lors de la réouverture de la Chambre et obtint la démission de Shinagawa.

 
Shinagawa Yajiro (1843 - 1900)

Shinagawa Yajiro (1843 - 1900)

 
 
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Du côté des oligarques, cette chambre basse incontrôlable amena à une remise en cause de la pertinence du système parlementaire. Reischauer précise que « Certains proposèrent de l’abolir. C’était prendre le risque de perdre la face vis-à-vis de l’Occident et compromettre définitivement les chances d’accéder à l’égalité diplomatique avec les grandes puissances. Itō, l’auteur de la constitution, soucieux de ne pas se déjuger, insista pour que l’on poursuivit l’expérience de gouvernement constitutionnel ».

La guerre sino-japonaise de 1894 marqua une trêve dans « l’autre guerre » que se livraient la majorité parlementaire de Itagaki et Ōkuma d’un côté et les oligarques de l’autre ; l’ensemble des députés accepta de voter les budgets nécessaires à la bonne conduite du conflit. Une fois la guerre terminée, et après l’échec de la manière forte tentée par Shinagawa pour mater les parlementaires, les oligarques tentèrent une nouvelle stratégie : intégrer l’opposition au gouvernement. Cette stratégie permit alors cinq années de relative stabilité, marquées par des coalitions et concessions réciproques tant du côté des oligarques que de l’opposition. Dès la fin de la guerre, le Premier ministre Itō Hirobumi fit en effet entrer Itagaki au gouvernement, en échange de l’appui de son parti. Matsukata, à son tour Premier ministre entre 1896 et 1898, conclut un accord du même type avec le Parti progressiste d’Ōkuma. L’objectif principal des oligarques était de pouvoir gouverner sans que le Parlement ne se mette en travers de leur route ; ainsi que l’affirme Reischauer, « Leur objectif essentiel était en effet de dominer la Chambre des représentants sans égard pour la ligne politique suivie. Progressistes et libéraux se montraient plus impatients d’accéder sans délai aux responsabilités politique que de défendre les idéaux démocratiques ».

Des désaccords finissent cependant par diviser les oligarques : alors que Itō réclame la création d’un parti de gouvernement représentant les intérêts des oligarques, Yamagata s’y oppose vigoureusement. Cette division des Genrō laisse alors la voie libre au nouveau parti Kenseitō (« 憲政党 » ; « Parti constitutionnel »), né de la fusion du Parti libéral d’Itagaki et du Parti progressiste d’Ōkuma, pour constituer un gouvernement. Alors qu’on aurait pu voir dans cette expérience la consécration de la victoire de l’opposition et l’éviction des oligarques, ce gouvernement de coalition ne dure pas plus de quatre mois. Reischauer précise que « l’expérience échoua à cause des rivalités de leurs deux partis et du refus de coopération de l’administration ». Soutenu par l’armée et la bureaucratie et avec l’accord du Parti constitutionnel, c’est Yamagata qui récupéra le poste de Premier ministre et mena une politique très conservatrice, qui se passa le plus possible du Parlement. Il mena en particulier des réformes qui favorisèrent l’autonomie de l’armée, ainsi qu’une nouvelle loi électorale qui abaissait le cens et révisait le découpage des circonscriptions contre les intérêts des partis politiques. « Mais, comme il n’était guère possible de gouverner efficacement sans l’appui d’une solide majorité à la Diète, Itō fut chargé par ses pairs de reconsidérer l’attitude du gouvernement à l’égard de l’opposition. En 1900, il se résolut à appliquer les idées qu’il préconisait depuis quelques temps. Son idée s’inspire du principe américain selon lequel il vaut mieux une opposition à l’intérieur du gouvernement qu’à l’extérieur. Il convia ses partisans à former avec les libéraux un nouveau parti politique : le Seiyukai » (Reischauer).

C’est en tant que président du Rikken Seiyukai (« 立憲政友会 », « Association des amis du gouvernement constitutionnel »), fondé avec Itagaki et regroupant à la fois ses partisans et les anciens membres du Parti libéral, qu’Itō prit une nouvelle fois la tête du gouvernement. Avec cette méthode, Itō assurait à son gouvernement un solide appui au Parlement et permettait aux anciens opposants de jouer un rôle politique de premier plan, ce qui les amena à cesser leurs obstructions. Mais, pour que le système puisse se stabiliser, la personne d’ Itō Hirobumi posait problème, et devait tomber. Reischauer précise : « Itō ne pouvait conserver longtemps sa position ambigüe de chef de parti et de membre de l’oligarchie traditionnelle. Son principal rival au sein de l’oligarchie, Yamagata, se déclara scandalisé par son double jeu et incita la Chambre des pairs à lui refuser le budget. Itō se retira en faveur du général Katsura, un des protégés de Yamagata ».

 
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Si Itō ne put se maintenir bien longtemps au poste de Premier ministre, sa manœuvre permit aux institutions de Meiji d’enfin fonctionner convenablement et de connaître une période de stabilité qui dura plus d’une décennie. Avant de se retirer de la vie politique (sous la pression des militaires, mécontents de son opposition à la guerre contre la Russie, il abandonna la scène politique pour assurer la gestion de la Corée, jusqu’à son assassinat par un résistant coréen en 1909), ce qu’Itagaki avait aussi fait peu avant, Itō confia le Seiyukai à Saionji Kinmochi (« 西園寺 公望 »), ainsi qu’à Hara Takashi (« 原 敬 »), qui transforma le Seiyukai en un véritable parti de gouvernement. Ce dernier, en tant qu’ancien samouraï du nord du Japon, ne pouvait prétendre à un poste plus prestigieux que simple parlementaire ; le poste de Premier ministre fut ainsi occupé alternativement entre 1901 et 1913 par Saionji Kinmochi (ancien de la « Kuge »/« 公家 », la cour impériale d’avant la Restauration) et Katsura Tarō (« 桂 太郎 » ; ancien samouraï de Chōshu). Et ce système imaginé par Itō pour stabiliser la démocratie parlementaire japonaise ne fut plus remise en cause jusqu’à la fin de l’ère Meiji.

 
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L’instauration de la constitution de 1889 ne fut pas suffisant pour faire du Japon une « puissance moderne » respectée par l’Occident : ce ne fut que le point de départ d’un long processus. Si le Japon parvint finalement, après moult difficultés, à stabiliser son système parlementaire au début du XXème siècle et à s’industrialiser très rapidement grâce à ce modèle qui sera qualifié rétrospectivement de « modèle de développement en vol d’oies sauvages », ces seuls éléments n’auraient pas pu assurer la place de l’Empire du Soleil Levant en tant que puissance, et entériner le maintien de son indépendance nationale.

Cette consécration ne pouvait venir que par une démonstration de la part du Japon des résultats de tous ses progrès internes à l’extérieur, et dans un monde alors gouverné par les rapports de force et la confrontation des impérialismes sur la totalité du globe, que par la confrontation avec d’autres puissances impérialistes. Le premier adversaire du Japon fut une Chine soucieuse de maintenir sa domination sur la Corée ; l’Empire du Milieu, en pleine décrépitude, connut en 1895 ce qui fut sans doute l’un des plus grands traumatismes de son histoire. Mais ce qui fut sans doute plus encore un moment clé dans l’histoire du Japon, et qui fut incontestablement le plus grand symbole de son redressement à l’issu de sa modernisation, fut le choc entre lui-même et le déjà bien établi en Extrême-Orient Empire russe. Mais il conviendra d’étudier plus en détails la trajectoire du Japon sur la scène internationale la prochaine fois, dans un dernier article consacré au Japon de Meiji.

Sources :

KENNEDY, Paul. « La position des grandes puissances, 1885-1914 », dans Naissance et déclin des grandes puissances,  « Économie et stratégie à l’ère industrielle », Paris, Édition Payot & Rivages, 2004, pp. 332-402.

REISCHAUER, Edwin. « Démocratisation et impérialisme », dans Histoire du Japon et des Japonais, Éditions du Seuil, 1973, pp. 169-208.

MARUYAMA, Masao. « Essai troisième », dans Essais sur l’histoire de la pensée politique au Japon, Clermont-Ferrand, Éditions Les Belles Lettres, 2018, pp. 333-372.

PERRONCEL, Morvan, « Maruyama Masao : "La Pensée de l’État Meiji", traduction », dans Ebisu, N°32, 2004. pp. 85-121. Disponible sur : https://www.persee.fr/doc/ebisu_1340-3656_2004_num_32_1_1381

LAVELLE, Pierre. « Les sources prémodernes de la pensée politique contemporaine » et « La génération des Lumières », dans La pensée politique du Japon contemporain (1868-1989), Paris, PUF, 1990, pp. 5-29. 

CHESNAUX, Jean. « Le Japon de l’ère Meiji à 1937 », dans L’Asie orientale aux XIXème et XXème siècles, Paris, PUF, 1966, pp. 146-158.

Traités Ansei [en ligne ; version du 06/12/2019]. Wikipédia, l'encyclopédie libre. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Traités_Ansei  

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Théorie du vol d'oies sauvages [en ligne ; version du 03/04/2020]. Wikipédia, l'encyclopédie libre. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_du_vol_d%27oies_sauvages

Flying geese paradigm [en ligne ; version du 31/03/2020]. Wikipédia, l'encyclopédie libre. Disponible sur : https://en.wikipedia.org/wiki/Flying_geese_paradigm

Kaname Akamatsu [en ligne ; version du 17/08/2020]. Wikipédia, l'encyclopédie libre. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kaname_Akamatsu

赤松要 [en ligne ; version du 20/06/2020]. Wikipédia, l'encyclopédie libre. Disponible sur : https://ja.wikipedia.org/wiki/赤松要

小島清 [en ligne ; version du 20/06/2020]. Wikipédia, l'encyclopédie libre. Disponible sur : https://ja.m.wikipedia.org/wiki/小島清

雁行形態論 [en ligne ; version du 07/09/2020]. Wikipédia, l'encyclopédie libre. Disponible sur : https://ja.wikipedia.org/wiki/雁行形態論

VINDT, Gérard. « Développement : un vol d’oies sauvages peu libéral » [en ligne]. Alternatives Économiques, 01/04/2006. Disponible sur : https://www.alternatives-economiques.fr/developpement-un-vol-doies-sauvages-liberal/00032813 

JACQUET, Pierre. « Kaname Akamatsu et le vol d'oies sauvages, par Pierre Jacquet » [en ligne]. Alternatives Économiques, 21/06/2010. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/06/21/kaname-akamatsu-et-le-vol-d-oies-sauvages-par-pierre-jacquet_1376018_3234.html

« Vol d'oies sauvages (théorie du) », Géo confluence. Disponible sur : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/vol-doies-sauvages-theorie-du

« Le retour du vol des oies sauvages » [en ligne]. Les Echos, 07/04/2004. Disponible sur : https://www.lesechos.fr/2004/04/le-retour-du-vol-des-oies-sauvages-1061401

PONS, Grégory. « ANALYSE : Ces oies sauvages dont le vol annonce la prochaine offensive des montres chinoises sur les marchés européens... » [en ligne]. Business Montres et Joaillerie, 26/05/2014. Disponible sur : https://businessmontres.com/article/analyse-ces-oies-sauvages-dont-le-vol-annonce-la-prochaine-offensive-des-montres-chinoises-sur-les-marches-europeens 

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Illustrations des personnages inspirées des modèles de https://history-men.com.