Le Parti de l’Etranger

 
RN aux elections Européennes de 2019, était accusé d’être “Le Parti de l’Etranger”

RN aux elections Européennes de 2019, était accusé d’être “Le Parti de l’Etranger”

 

Des bourgeois parisiens qui ouvrent les portes de leur cité à l’ost du roi d’Angleterre allié au duc de Bourgogne pendant les pires épisodes de la Guerre de Cent Ans. Des huguenots ravitaillés par l’Angleterre élisabéthaine affrontant des ligueurs catholiques appuyés par les redoutables tercios espagnols au temps des guerres de religion. Des royalistes faisant passer sous pavillon anglais l’escadre et le port de Toulon avant que viennent les chasser un jeune capitaine corse sous le règne de la Terreur. Qu’ont en commun toutes ces situations, outre leur aspect de guerre civile ? A chaque fois, un camp a accusé l’autre d’être « un parti de l’étranger ». Cette accusation a traversé les siècles et on la retrouve encore aujourd’hui dans les colonnes de nos journaux.

« Le parti de l’étranger, c’est une accusation dont on a usé et abusé en France pour disqualifier l’adversaire. Il n’empêche que ce parti a toujours existé chez nous. »  disait à ce propos l’écrivain François Mauriac.

Profiter des troubles internes d’un Etat, de l’existence de factions antagonistes au sein d’une nation pour circonvenir et essayer d’imposer son hégémonie, c’est une stratégie vieille comme la politique. Machiavel y consacre plusieurs pages de son Prince, non seulement pour y parvenir mais aussi s’en prémunir. Il convient aussi de noter que la France en a été autant victime qu’utilisatrice. En effet, que penser des alliés et des clients, souvent protestants, que le royaume des lys comptait dans la mosaïque du saint Empire romain germanique ?

Plus récemment, pendant la Guerre froide, la vie politique de l’Europe de l’Ouest était une arène de rivalité entre l’URSS et les Etats-Unis. Chaque supergrand cherchait à assurer son influence en soutenant politiquement et financièrement des partis politiques opposés. Les Soviétiques pouvaient compter sur le relais des partis communistes, particulièrement puissants en France et en Italie. De son côté, la CIA finançait partis, journaux et syndicats anticommunistes sans compter d’éventuels réseaux clandestins de stay behind.

C’est néanmoins Jacques Chirac qui va faire entrer cette expression dans l’Histoire. En 1978, il lance un appel aux souverainistes à Cochin contre le projet fédéraliste du président Valéry Giscard d’Estaing.

Parti de l’étranger l’UDF eurobéat et fédéraliste. Parti de l’étranger le PCF dans l’œil de Moscou. Mais, utiliser à tort et à travers, cette expression en perd de sa valeur et ne devient qu’un avatar du reductio ad Hitlerum. Avoir une même « idéologie », une même manière de concevoir la politique qu’un autre pays ne font pas de vous les agents de ce pays.

Ainsi, durant les élections européennes de 2019, en France, le Rassemblement national s’est vu explicitement accuser de soutenir les intérêts de puissances étrangères américaines et russes. Après avoir passé le ridicule d’être soutenu par deux puissances antagonistes, le principal reproche FAIT au RN est d’avoir reçu un ancien conseiller du Président américain, le controversé quoique brillant Steve Bannon.

Que pensez alors du soutien médiatisé de Barack Obama au candidat Emmanuel Macron en 2017 ? Surtout lorsqu’on apprend que ce dernier a laissé des fleurons de l’industrie française, notamment en matière de défense nationale, se faire absorber par des acheteurs d’outre-Atlantique ?

Inutile ici de verser dans le complot. Les pertes économiques résultent de croyances en « le doux commerce » et d’un manque de vision stratégique de la part des dirigeants hexagonaux. Quant au soutien au candidat marcheur, les deux hommes étaient sur la même ligne idéologique…

Alors qu’approchent quantités d’élections cruciales, les partis de l’étranger vont se remettre à fleurir…

Guillaume E.