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Le souverainisme, un nouvel opportunisme ?

La crise sanitaire du Covid-19 a démontré deux faillites ; celle de l’État libéral privé de sa puissance stratégique d’une part et de la mondialisation libre-échangiste d’autre part. Dans le même temps, la classe politique française multiplie les adhésions au souverainisme pourtant auparavant vivement combattu et associé au nationalisme « le plus immonde ». Comment expliquer ce revirement ? La crise sanitaire et ses leçons marque-t-elles une véritable remise en question ou – plus cyniquement – un revirement opportuniste ?

Depuis le départ du général De Gaulle en 1969, la France est dirigée par une classe politique atlantiste, libérale, européiste et mondialiste. Composant avec le leg historique de l’État centralisateur jacobin, renforcé par le Conseil national de la Résistance (CNR) à partir de 1944, les réformes économiques, financières et sociales s’orientent vers des privatisations généralisées couplées à une forte décentralisation destinée à vider l’État de son autorité. Quant à la souveraineté nationale française, elle est transférée à des instances supranationales comme l’Union européenne ou encore l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), en témoignent les traités de Maastricht (1992) et Lisbonne (2009) ainsi que la réintégration du commandement intégré de l’OTAN en 2007. De nombreux secteurs sont touchés par des coupes budgétaires drastiques à l’instar des ministères de la Santé (plus de 100 000 lits d’hôpitaux supprimés entre 1974 et 2013) ou de la Défense (représentant 2,29% du PIB en 2018 contre 4,38% en 1969).

Or, la crise du Covid-19 a démontré la faillite de ces réformes et politiques menées depuis des décennies. Incohérent, le gouvernement sort affaibli et discrédité de ce choc sanitaire mais aussi idéologique. Pour autant, il démontre un attachement inébranlé aux principes fondamentaux du libre-échange et de l’européisme en refusant catégoriquement de fermer les frontières nationales, préférant décréter – sans aucune autorité dans la matière – la fermeture des frontières de l’Union européenne. Il est difficile de penser qu’un tel groupement d’hommes aient subitement choisi d’adhérer à l’idéal souverainiste visant à la reprise en main de la souveraineté par l’État et le peuple.

Comment expliquer ce revirement soudain ? Par opportunisme et peur des représailles politiques. Bien conscients de leur échec et des risques d’insurrections, les élites responsables cherchent à tout prix à s’adjoindre les faveurs d’un peuple sensible au discours souverainiste, renforcé par les leçons de la pandémie. L’avenir nous dira si les Français se laisseront duper ou non…

Sources :

https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/MS.MIL.XPND.GD.ZS?locations=FR

https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SH.MED.BEDS.ZS?locations=FR

https://www.lepoint.fr/justice/coronavirus-les-plaintes-contre-le-gouvernement-s-accumulent-24-05-2020-2376701_2386.php