Les États-Unis, libérateurs de la France en 1945 ?
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Article par : Kian
Les États-Unis - nos sauveurs. La Seconde Guerre mondiale vit la France chuter face au régime nazi en 1940. Le 22 juin, l'armistice est signé, la France occupée et humiliée, le régime de Vichy dirigé par le Maréchal Pétain contrôle la France et De Gaulle, officier ayant rallié Londres, lance son célèbre appel du 18 juin où il déclare continuer le combat contre l'Allemagne. Tout semble perdu. Mais le 6 juin 1944 l'opération OVERLORD lancée sur les plages de Normandie par les États-Unis et le Royaume-Uni fait reculer le fascisme hors de France et permet au peuple français de retrouver sa souveraineté et sa liberté. Les États-Unis - nos sauveurs.
C'est en tout cas ce que dit le programme scolaire d'Histoire actuel. J'ai une autre histoire à vous partager, celle d'un pays opportuniste désirant occuper les pays qu’ils conquièrent pour servir ses intérêts. Je ne parle pas de l'Allemagne nazi, mais bien des États-Unis d’Amérique. En effet dès 1941-1942, les États-Unis avaient prévu d'imposer en France un régime politique militaire lors de sa libération, le même régime qu'aux pays vaincus... Ce régime appelé « Allied Military Governement of Occupied Territories » (AMGOT) devait administrer les zones reprises aux régimes fascistes par un contrôle anglo-américain. La France aurait été alors privée de toute souveraineté et liberté concernant sa propre politique.
En effet, le Royaume-Uni et les États-Unis désiraient occuper les territoires conquis ou reconquis aux fascistes. Il est logique que les ennemis du conflit, à savoir principalement l'Italie et l'Allemagne, soient occupés, il en va de même pour chaque guerre d'occuper le pays ennemi pour en finir avec ce conflit. Il est moins logique d'occuper les pays « alliés », ceux-ci libérés pouvant rajouter des forces aux côtés des libérateurs dans le conflit. Les Alliés dès la défaite de la France en 1940 avaient contacté des membres du régime de Vichy, notamment le général Maxime Weygand ou le général Henri Giraud, ayant pour but de nommer ces hommes à la tête de la France après la libération pour assurer une sorte de continuité politique tout en mettant la France à la « disposition des Américains », leur permettant ainsi de servir leurs intérêts personnels. Il est plutôt amusant de voir que le pays se qualifiant de « protecteur des démocraties » souhaitait infliger à la France un régime politique non-démocratique hérité d'un régime dictatorial (le régime de Vichy).
L'AMGOT a été testé en Italie conquise dès 1943, un camp de formation en Virginie permettait à des centaines d'officiers américains de gérer administrativement les zones libérées. Il s'agissait d'un contrôle militaire destiné normalement aux pays ennemis vaincus. Ce contrôle devait s'appuyer sur un puissant outil en France, le dollar français. En effet les États-Unis avaient commencé à produire une nouvelle monnaie censée appuyer leur contrôle et remplacer le bon vieux franc. Contrôler la monnaie revient en grande partie à encadrer l'économie d'un pays, ce qui montre bien une volonté de contrôle de la part des États-Unis.
Pourquoi vouloir imposer à la France un régime politique ?
Les États-Unis ont plusieurs raisons. Dans un premier temps, leur politique ne s'alliait pas souvent avec la politique française, trop souvent les deux pays s'affrontaient politiquement notamment sur la question de l'Allemagne d'après-guerre, il y avait donc des conflits d'influence ; de plus les États-Unis souhaitaient anéantir les politiques coloniales européennes. Elles permettaient notamment à la France de s'appuyer sur de solides ressources stratégiques. Les USA désiraient s'en emparer pour asseoir leur puissance émergente à ce moment, il fallait donc que la France abandonne son empire colonial. Or la seule façon de la faire lâcher prise était de lui faire perdre toute faculté d'énonciation. La France occupée aurait donc assuré aux USA une autorité dans le monde et en Europe, tout comme le Royaume-Uni qui perdrait ainsi son premier rival colonial.
Le salut de la France vint d'un général
Le général Charles De Gaulle n'accepta pas les volontés anglo-américaines et tenta par tous les moyens de libérer la France de leur influence. Il était en constant conflit avec les dirigeants alliés sur ce sujet. Le président américain Franklin Roosevelt le qualifia « d'apprenti dictateur » et Winston Churchill lui dit cette célèbre tirade « Sachez-le, chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large, chaque fois qu'il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai toujours Roosevelt. »
Ces dirigeants tentèrent par tous les moyens de l’empêcher d'interférer avec leurs intentions ; seule une centaine de Français participèrent au débarquement de Normandie, le commando Kieffer, dans les zones libérées, le dollar français fut mis en circulation le plus vite possible et des mises sous tutelles américaines s'installèrent dans les zones françaises libérées.
De Gaulle ne se laissa pas faire et le 14 juin 1944 à Bayeux libéré, il commença à appuyer son autorité. Désirant donner au peuple français le choix de son système politique, il s'assura du soutien des groupes résistants français notamment grâce à Jean Moulin et des populations locales. Il parvint au fur et à mesure de la libération à obtenir une légitimité suffisante pour obtenir des alliés que Paris, déjà en parti libéré par la résistance, soit rejoint par la division Leclerc (une division française). Paris, capitale française libérée par les Français.
Charles De Gaulle forma le Gouvernement Provisoire de la République française avant ensuite de fonder la IVème République le 27 octobre 1946, ce qui permit a la France de résister à la tutelle anglo-américaine et de retrouver toute sa souveraineté. La France conserva son empire colonial... Pour un temps et permit de fonder en Europe occidentale un troisième chemin entre celui des anglo-américains et celui de l'URSS.
Il est intéressant de constater que cet épisode historique d'une certaine importance n'est pas relaté dans nos programmes scolaires, ceci étant probablement le fruit d'une volonté de l’État d'effacer ce passage (douloureux) du passé pour mieux s'accorder les avances des États-Unis d'aujourd'hui.
Pour finir, je crois retrouver cet écrit entier dans une citation de feu Charles De Gaulle : « Les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. ».
Sources :
Le Monde Diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr/2003/05/LACROIX_RIZ/10168
TV5 Monde : https://information.tv5monde.com/info/6-juin-1944-l-autre-bataille-de-la-france-1851
Le Blog Décorécup : http://www.decorecup.com/2015/08/la-verite-sur-nos-gentils-allies-les-etats-unis-d-amerique.html