Les nouvelles routes de la soie : un projet innovant d’envergure mondiale (1/4) 

 
L’Eurasie, cœur de la nouvelle route de la soie - Kyle Glenn - Unsplash

L’Eurasie, cœur de la nouvelle route de la soie - Kyle Glenn - Unsplash

 

LE SIÈCLE DE LA HONTE 

La Chine poursuit un objectif dont elle ne se cache plus depuis peu : devenir la première puissance économique mondiale d’ici 2049. Une date qui n’a pas été choisie au hasard puisqu’il s’agira du centenaire de la déclaration de la République Populaire de Chine. Avançant masqué pendant des décennies, le palais de l’Elysée chinois Zhongnanhai ne peut plus nier cette ambition depuis son entrée à l’OMC en 2001.  

Le pays de Xi Jinping se donne les moyens d’atteindre cet objectif pharaonique, et la mise en place des nouvelles routes de la soie dès 2013 en témoigne. La dictature, au-delà̀ des controverses, procure un avantage : tirer tous ensemble dans la même direction. Les Chinois se sont vu imposer un marché : « ne vous préoccupez pas de politique ou de libertés, en échange nous vous garantissons un essor économique sans pareil et une augmentation constante de votre niveau de vie ». C’est dans cette optique que Xi Jinping a construit son projet : les nouvelles routes de la Soie. Mais ce projet parviendra-t-il à conquérir le monde ?  

Afin de pouvoir répondre à cette question, nous étudierons ce projet des nouvelles routes de la soie, une analyse qui fera l’objet de 4 articles.  

Dans un premier temps nous ferons un exposé bref mais complet de l’Histoire moderne de la Chine. Ensuite nous nous intéresserons au mythe des routes de la soie, puis nous analyserons l’importance de l’économie bleue dans ce projet. Pour conclure, nous nous pencherons sur la Chinafrique et les conséquences de ses investissements sur le continent.  

Les routes terrestres ayant ultérieurement été traitées par Terra Bellum sur son compte YouTube, je vous renvoie sur ce point vers ses vidéos (https://www.youtube.com/watch?v=LvPXUlnWKL8).

Un empire déchu : la première guerre de l’opium 

Durant des millénaires, l’Empire du milieu resta fermé et centré sur lui-même. A travers diverses conquêtes, son territoire n’a eu de cesse de s’étendre pour atteindre la superficie que l’on connaît aujourd’hui. Mais le pays nourri un profond ressenti envers les puissances étrangères suite au « siècle de la honte ».  

Au XIXème siècle, l’Empire britannique échange avec la Chine. Mais ce commerce ne s’effectue qu’à sens unique : les Anglais achètent du thé et de la porcelaine. Afin de rétablir sa balance commerciale, ils décident de vendre un produit dont ils interdisent l’importation : l’opium. Cette drogue dérivée du pavot est, certes relaxante, mais extrêmement addictive, voire mortelle en cas de consommation excessive. La population chinoise n’y résiste pas. De plus en plus de cas de dépendance ou d’overdose se produisent dans le pays. Les Britanniques introduisent sciemment ce poison. L’empereur chinois réagit en interdisant la consommation d’opium sous peine de mort. Mais la Couronne s’oppose à cette interdiction en continuant de déverser sa marchandise. En 1839, le représentant de l’empereur et les autorités décident de détruire les saisies d’opium. Les compagnies anglaises se plaignent des pertes engendrées, le parlement écoute puis agit : des navires de guerre sont envoyés. L’armée anglaise, aguerrie par les guerres européennes, commence par prendre le contrôle de l’île de Hong Kong. Ce conflit se terminera par une humiliation chinoise à au travers le du traité de Nankin le 29 août 1842. La Chine doit ouvrir ses côtes au commerce, Hong Kong devient anglaise, mais l’opium n’est pas abordée.  

De 1842 à 1949 

La drogue continue à faire des ravages dans le pays, ce qui conduira à la deuxième guerre de l’opium opposant cette fois-ci la Chine contre l’Angleterre et la France, soutenue par la Russie et les États-Unis. Cette guerre légalisera l’opium avec la convention de Pékin le 24 octobre 1860.  

Des suites de ces deux conflits meurtriers pour la Chine s’ensuit le « siècle de la honte », comme le disent les Chinois. Plusieurs révoltes éclateront : celle des Boxer de 1899 à 1901 et le mouvement de protection des voies ferrés en 1911.  

L’Empire du Milieu connaît un événement politique en 1921 avec la création du parti communiste, lequel demeure à ce jour le dernier grand parti communiste du monde. Dès 1931, Mao proclame la République soviétique chinoise. En réaction, le président du gouvernement central de la République de Chine de Tchang KaÏ-chek décide de le chasser. Le pays connaît une nouvelle invasion en 1937 avec la deuxième guerre sino-niponne. Ce nouveau conflit achèvera la formation de la peur des puissances étrangères du sentiment d’humiliation et de revanche face au monde. Le 1er octobre 1949, Mao proclame la République Populaire de Chine, régime qui ne changera plus jusqu’à nos jours.  

L’Empire du Milieu s’est senti piétiné par ces différentes invasions. Le pays veut retrouver sa place de centre du monde, place qu’il occupait lors de l’essor des routes de la soie. Cependant, ces dernières sont observées d’un point de vue occidental. La réalité est bien plus complexe, réalité que nous aborderons lors de notre prochain article : le mythe des routes de la soie.  

 

Sources : 

Pierre Tiessen & Régis Soubrouillard, La France Made In China, 2019.  

https://www.futura-sciences.com%2Fsciences%2Fquestions-reponses%2Fepoque-contemporaine- quappelle-t-on-guerre-opium-5503  

https://www.herodote.net/Le_Parti_communiste_chinois-synthese-1761.php

www.iran-resist.org/IMG/jpg/China_imperialism_cartoon.jpg