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L’Iran : une superpuissance régionale au cœur des conflits mondiaux (2/4)

Défilé des Gardiens de la Révolution islamique en 2018 (Crédits photo : Stringer Agence France-Presse)

Article écrit par Henri et Clément

LES 3 GRANDS ADVERSAIRES DE L’IRAN 

La destruction d'Israël "n'est plus un rêve mais un but à portée de main". Ces propos sont ceux de Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution à Téhéran lors d’une réunion des Gardiens de la Révolution. 

Cette sortie symbolise toute l’atmosphère belliqueuse entretenue entre ces deux grands ennemis. Nous aurions tendance à croire que le régime iranien est prêt à s’engager dans un conflit imminent contre l’Etat d’Israël. Cependant, bien que représentant du corps armé emblématique de l’Iran, Hossein Salami n’est pourtant pas le porte-parole de toute une nation. 

En effet, les 2/3 des Iraniens n’ont pas connu la période de basculement gouvernementale et idéologique de 1979. Les dogmes de l’ayatollah Khomeiny et son hostilité à l’égard du « Grand Satan » américain et de l’Etat d’Israël sont par ailleurs contestés par une jeunesse désormais tournée vers l’international, symbole d’une paix pérenne entre l’Iran et les régions environnantes du Golfe. 

Le Président réformateur iranien Mohammad Khatami, élu à 70% des votes électoraux en 1997 avait notamment pour objectifs d’apaiser les tensions avec ses voisins et de renouer les échanges diplomatiques. Il s’exprime à la tribune de l’ONU, s’entretient en 1999 au palais de l’Elysées avec son homologue de l’époque Jacques Chirac (il est le premier président iranien à venir en France depuis la Révolution islamique). Porteur de valeurs progressistes, Khatami – en accord avec le guide suprême Ali Khamenei – entame également une procédure de déperdition d’uranium au sein de son pays. 

Malgré ce renouveau politique, le très controversé Mahmoud Ahmadinejad reprend la tête du pays de 2005 à 2013 et obscurcit tout nouvel espoir d’apaisement géopolitique. Les suspicions de fraudes entourent son élection de 2009 et les iraniens manifestent pour faire entendre leur mécontentement. Le président conservateur, adoublé par l’ayatollah Ali Khamenei, répond avec force en réprimant la population. L’autorité religieuse et politique du pays est mise à mal. 

Affirmer que l’Iran s’emploie à envenimer ses relations avec l’Occident et les sunnites serait donc une ineptie puisque la population iranienne, porteuse d’un nouveau souffle démocratique, se trouve muselée par un gouvernement encore intimement lié aux préceptes idéologiques de l’ayatollah Khomeiny. De ce constat, nous allons déterminer quelles relations le gouvernement du guide suprême Ali Khamenei et du président Hassan Rohani entretiennent-ils avec les autres pays du globe ? Quels sont les actuels ennemis et alliés de l’Iran ? 

 1) LA RIVALITÉ ETATS-UNIS / IRAN : LE GRAND SATAN 

Convaincus que la république islamique développe un programme de développement nucléaire à portée militaire, les Etats-Unis soutenus par le régime de Netanyahou se retirent de l’accord de Vienne en 2018. Cette décision a pour conséquence de rompre les discussions entre Washington et Téhéran et d’interdire toute transaction en dollars entre l’Iran et le reste du monde. Israël félicite les Etats-Unis pour cette prise de position. 

Cependant D. Trump s’est fait élire en tant que “anti Obama” et souhaitant donc retirer toutes les troupes américaines au Moyen Orient, il ne prendra pas le risque de s’investir dans un combat à l’approche de nouvelles élections présidentielles. Cette volonté de non-ingérence dans un conflit armé s’illustre par son inaction à la suite de la destruction d’un drone américain de surveillance de 130 millions de dollars par les forces armées iraniennes. Ils savent également que s’engager dans une guerre avec l’Iran aura pour répercussions d’enflammer tout le Moyen Orient, partagé entre l’Arabie Saoudite et les nombreux alliés de la république islamique. 

De plus, l’administration Trump est partagée quant à la relation à entretenir avec l’Arabie Saoudite maintes fois décriée par la communauté internationale à travers ses bombardements au Yémen et l’implication du prince Ben Salmane dans l'exécution du journaliste Jamal Khashoggi.   

 2) LA RIVALITÉ ISRAËL / IRAN : UN COMBAT IDENTITAIRE

Le conflit historique entre ces deux pays débute dès 1979 lorsque l’ayatollah Khomeiny s’oppose à l’existence de l’Etat juif et cesse toute relation officielle avec ce dernier. Depuis, la situation n’a guère évolué. Ali Khamenei dans la continuité de son prédécesseur, invective le régime israélien, argue qu’il représente une “tumeur cancéreuse” et appelle à une “libération totale de la Palestine”. 

De son côté, B. Netanyahu incrimine l’Iran de cacher ses activités nucléaires faisant partie intégrante d’un programme militaire de grande envergure. Activités que le régime de Téhéran n’aura de cesse de réfuter. 

3) LA RIVALITÉ ARABIE SAOUDITE / IRAN : LES FRÈRES ENNEMIS 

Le grand schisme musulman sépare essentiellement la communauté religieuse des sunnites en Arabie et des chiites de l’empire perse. Distinguées par des divergences de croyances et de fonctionnement, ces deux communautés n’entretiennent pas de bons rapports. 

Cependant, la source de cette inimitié se voit désormais enrichie par de nouveaux enjeux, cette fois-ci d’ordre économique. 

Ces deux protagonistes de la région cherchent à étendre leur pouvoir et leur champ d’actions sur la scène internationale. Tous deux détiennent des réserves considérables de pétrole et essayent de faire valoir leur production sur le marché. L’Arabie Saoudite, leader historique de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), est le deuxième producteur mondial de pétrole brut tandis que l’Iran, secouée par les dernières sanctions économiques, se hisse à la 5e place du classement. Depuis le retrait de D. Trump de l’accord sur le nucléaire, l’Iran souhaite réaffirmer son autonomie et son hégémonie territoriale et maritime, notamment dans les eaux du golfe persique. Cela a pour effet depuis quelques mois de créer des heurts dans le détroit d’Ormuz, véritable corridor à l’exportation du pétrole arabe et également sur la péninsule arabique. Sabotages et arraisonnement de pétroliers, destruction d’un drone américain… Des spécialistes s’accordent même à considérer l’état théocratique comme le principal responsable du bombardement des installations de la compagnie pétrolière saoudienne, Aramco. Une escalade de tensions diplomatiques s’inscrit dans cette région du monde où la moindre étincelle irréfléchie pourrait provoquer un réel brasier. 

 

 

 

Sources : 

Général : 

https://www.youtube.com/watch?v=OZguRHEd_FI&t=602s 

https://www.youtube.com/watch?v=kOWI06Td8QQ&t=2872s 

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/iran/presentation-de-l-iran/ 

Propos de Hossein Salami sur Israël : 

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/iran-la-destruction-d-israel-n-est-plus-un-reve-mais-un-but-a-portee-de-main_2100579.html 

La présidence de Khatami: 

https://www.lepoint.fr/monde/iran-hommage-appuye-de-rohani-a-l-ex-president-reformateur-khatami-07-03-2016-2023543_24.php 

https://www.liberation.fr/planete/2005/04/05/khatami-en-catimini-a-paris_515290 

https://www.ina.fr/video/CAC99044368 

La rivalité Etats-Unis/Iran: 

https://www.youtube.com/watch?v=lmLT-FTNuE4 

https://www.youtube.com/watch?v=LojizuZInak&t=546s 

La rivalité Israël/Iran: 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_l%27Iran_et_Isra%C3%ABl 

https://www.france24.com/fr/20180510-iran-israel-histoire-relations-iraniens-israeliens-partenariat-conflit-netanayahou-khamenei 

https://francais.rt.com/international/34289-khamenei-qualifie-israel-tumeur-cancereuse 

La rivalité Arabie Saoudite/Iran: 

https://www.latribune.fr/economie/international/attaques-de-drones-aramco-retour-a-la-normale-fin-septembre-pour-le-petrole-saoudien-828329.html 

https://www.lepoint.fr/monde/ormuz-le-detroit-ou-tremble-le-monde-31-07-2019-2327820_24.php 

https://data.oecd.org/fr/energy/production-de-petrole-brut.htm#indicator-chart 

https://www.bp.com/en/global/corporate/energy-economics/statistical-review-of-world-energy/oil.html#oil-production 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/12/petrole-le-marche-mondial-sous-la-pression-de-donald-trump_5498641_3234.html