terra bellum

View Original

Quand la toile s’enflamme pour l’Amazonie

Photo par Josh Edelson - AFP - Getty

Quoi de plus amer que le parfum de l’hypocrisie ? Le monde dans lequel nous vivons, mondialisé et « ouvert sur l’autre » est tous les jours confronté au principe de « dissonance cognitive ». En clair, c’est quand ce que vous dites entre en contradiction avec vos actions et votre façon d’être et de vivre. Pour exemple, si je dis que j’aime le Nutella mais que je combats la culture de l’huile de palme, je fais preuve de dissonance cognitive en cela que ma consommation de Nutella encourage la culture de l’huile de palme. Et c’est aujourd’hui systématique, pas un jour ne passe sans que Twitter, Facebook, Instagram, mais aussi les médias traditionnels ne soient confrontés à ce paradoxe contemporain…  

Le dernier en date ? Les incendies qui ont lieu en Amazonie depuis le début de l’année 2019. Il n’aura pas fallu 3 jours pour que la polémique enfle : pourquoi personne ne réagit alors que, par exemple, pour Notre-Dame de Paris, les dons avaient afflué ? Pourquoi laisse-t-on brûler le « poumon de la Terre » ? Parce que ça n’intéresse personne. Aucun Français, aucun Européen et a fortiori, aucun Occidental ne se préoccupe réellement de l’Amazonie car tous ces gens-là ne font que de la « nécrophagie médiatique » : ce sont des opportunistes de la bien-pensance, tout est bon pour déballer sa bonté et ses beaux sentiments aux yeux de tous alors que pour la plupart, ils vont rester devant leur ordinateur qui consomme de l’électricité nucléaire et avec un internet qui nécessite de gigantesques infrastructures de climatisation polluantes pour garder leurs serveurs au frais. Et ne parlons pas des composants informatiques qui utilisent des métaux rares extraits par des enfants à l’autre bout du monde.  

Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Occident a délaissé la froide rationalité, jugée coupable du plus grand crime contre l’humanité, mais qui avait pourtant permis d’atteindre la suprématie technologique, pour un sentimentalisme romantique fondé sur l’humanitaire et des valeurs démocratiques fantasmées. Le pragmatisme machiavélien qui permettait autrefois d’assurer des politiques concrètes et assumées a laissé la place à une politique de la bonne volonté et de l’assistance aux plus faibles (sans pour autant être plus généreux ou philanthrope qu’avant, bien au contraire). Le philosophe Nietzsche aurait sans doute largement commenté cette « inversion des valeurs ».  

Désormais, l’Europe et les Etats-Unis défendent les droits de l’Homme et la démocratie là où les méchants Chinois, Russes, Brésiliens et Indiens sont d’ignobles pollueurs soumis à des dictatures fascistes et totalitaires, sans jamais se demander si eux-mêmes n’étaient pas ces fameux pollueurs soumis à des dictatures totalitaires : la bien-pensance occidentale. La dissonance cognitive dans toute sa splendeur. 

Sources :

https://www.youtube.com/watch?v=Hf-KkI2U8b8 

https://www.sudouest.fr/2019/08/22/photos-des-incendies-en-amazonie-attention-aux-fake-news-sur-les-reseaux-sociaux-6470435-4803.php 

https://www.20minutes.fr/monde/2587471-20190823-incendies-amazonie-feux-seuls-responsables-obscurite-abattue-o-paulo 

https://www.revueconflits.com/samuel-gregg-raison-foi-institut-acton8464-2/