Qui dirige l'Océan Indien?

 
Premier ministre Modi en visite aux Seychelles dans le but de contrer l’influence de la Chine, et de son projet de “route de la soie maritime”. - narendramodi.in

Premier ministre Modi en visite aux Seychelles dans le but de contrer l’influence de la Chine, et de son projet de “route de la soie maritime”. - narendramodi.in

 

Cela peut sembler une évidence, mais l’océan Indien est l’arrière-cour de l’Inde. Or, l’Inde n’est pas maitresse du jeu diplomatique autour de cet océan et ne domine pas les eaux internationales. En effet, malgré des relations historiques et une forte diaspora sur tout le pourtour de l’océan, l’Inde ne contrôle réellement que les îles Andaman et Nicobar au débouché du très stratégique détroit de Malacca. La France, les États-Unis, le Royaume Uni et l’Australie sont présents militairement sur des bases à proximité de l’océan ou via des navires de guerres présents dans les eaux de l’océan indien. La Chine applique, de son côté, la stratégie du « collier de perles ». Elle vise à déployer la marine chinoise non seulement en Asie du Sud-est mais également dans l’océan Indien.
Tous ces acteurs précédemment cités sont en concurrence pour le contrôle de cette zone du globe. Mais alors, qui dirige l’océan indien ?

L’Inde face à la puissance chinoise

La Chine devient de plus en plus influente dans la zone. Elle a créé des bases navales en Birmanie (Sittwe), au Bangladesh (Chittagong), au Sri Lanka (Hambantota) et au Pakistan (Gwadar). Ces pays frontaliers sont pour trois d’entre eux en conflit avec l’Inde. Des navires et des sous-marins chinois font souvent escales dans ces installations et permettent à la Chine de fortifier son emprise militaire dans la région, surtout face à l’Inde. Face à cette présence, perçue comme une menace directe de ses eaux et de son territoire, l’Inde cherche à moderniser ses navires existants et à en construire de nouveaux. Elle renforce ses capacités de surveillance en déployant de nouveaux radars côtiers, non seulement en Inde, mais également aux Seychelles, Maldives, Maurice et même Sri Lanka. Les pays de l’«Indian Océan Région» sont au centre du jeu politique et militaire et sont bloqués entre les deux grandes puissances régionales que sont l’Inde et la Chine.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a visité plusieurs fois les Seychelles, Maurice et le Sri Lanka pour renforcer les liens avec cet « étranger proche ». L’objet de ces visites était clairement de contrer l’influence de la Chine, et de son projet de « route de la soie maritime », en signant des accords de coopération dans les domaines sécuritaires et militaires sur fonds d’échanges économiques. Cependant, les relations avec le Sri Lanka sont mitigées, entre proximités géo-démographiques et lutte armée contre les Tigres Tamouls. Outre les radars déployés aux Seychelles, l’armée indienne a formé les forces de défense de l’archipel, par le programme Indian Technical & Economic Cooperation Programme (ITEC), et la marine indienne lui a cédé deux navires. Bien entendu, l’Inde cherche plus loin que ses voisins pour tenter de contrer la Chine. Celle-ci s’appuyant sur le Pakistan, l’Inde a décidé de s’appuyer sur l’Iran, à l’ouest. Au-delà de la question maritime, l’Inde achète du pétrole à l’Iran, bravant les sanctions en place. Les deux pays ont en commun l’intérêt de l’avenir de l’Afghanistan ou le combat contre l’Etat Islamique. L’Iran contrôlant l’entrée du golfe Persique, l’Inde finance à Chabahar, sur la côte océanique, le développement d’un port relié à l’Afghanistan par une autoroute. À l’est de l’océan, l’Inde renforce ses relations avec l’Indonésie et la Malaisie, pays qui plus est musulmans, mais aussi les Philippines et le Vietnam en mer de Chine du Sud. S’il s’agit toujours de relations économiques ou militaires, l’influence de la Chine et ses revendications territoriales croissantes alimentent le moteur de ce renouveau diplomatique indien.

Toujours plus à l’Est, l’Inde se rapproche clairement de la Corée du Sud et du Japon. Les entreprises coréennes investissent de plus en plus en Inde, dans le cadre de la stratégie du « Make in India ». À ce titre, le ministre de la Défense indien rencontre souvent son homologue sud-coréen pour rencontrer les industriels locaux susceptibles de coproduire en Inde dans le domaine naval, avec un programme de chasseurs de mines, et aérien, avec une coopération potentielle sur le chasseur léger T-50 Golden Eagle. Ces trois pays partagent la préoccupation de l’extension maritime de la Chine.

Si la Chine justement, mène une diplomatie active pour s'assurer des sources diversifiées d'approvisionnement en matières premières à travers le monde, le rôle de sa marine militaire reste pour le moment limité, essentiellement cantonné le long des côtes chinoises, sans réelle capacité de projection sur le reste du monde.

Pour l’heure, l’Inde dispose d’une avance en termes de capacités maritimes, mais la Chine la rattrape rapidement. Elle entend actuellement établir sa prééminence sur la mer Jaune, le détroit de Taïwan, la mer de Chine orientale et la mer de Chine méridionale. L’océan Indien ne vient qu’au second rang de ses priorités. La Chine reste préoccupée par son théâtre maritime prioritaire, celui qui la borde. Le maintien de forts déploiements maritimes américains sur le théâtre Asie-Pacifique, la projection plus proactive et plus affirmée des forces navales japonaises et l’expansion des capacités navales d’États riverains aussi importants que l’Indonésie, l’Australie et le Vietnam : tout cela peut aider à ralentir, si ce n’est à empêcher, la projection de la puissance navale chinoise dans l’océan Indien.

Sources :

Diplomatie.gouv : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/inde/

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/chine/

Diploweb : https://www.diploweb.com/Ocean-Indien-etude-geopolitique-et-strategique-des-flux-maritimes-risques-et-menaces.html

https://www.diploweb.com/L-ocean-Indien-nouveau-centre-du-monde.html

Document PDF (7/7) :

https://www.asafrance.fr/images/PDF/G%C3%A9opolitique_de_loc%C3%A9an_Indien-4.pdf