U.S.A., Iran, escalade vers un conflit armé?
Drone Predator-B Reaper utilisé massivement par l’armée américaine pour des frappes aeriennes chirurgicales - Image de General Atomics
Le 3 janvier 2020 le général iranien Qassem Soleimani est tué, victime d'une frappe ciblée de drone américaine à la sortie de l'aéroport de Bagdad, capitale irakienne. Cet événement majeur fait planer une menace d'embrasement mondial au dessus de notre planète.
Pour posséder une vision plus complète de la situation actuelle il possible de lire les articles TerraBellum dénommés « L'Iran, une superpuissance régionale au cœur des conflits mondiaux », et « Le problème irano-saoudien, une rivalité des conflits ».
LE CONTEXTE DE LA MORT DE QASSEM SOLEIMANI
Depuis 1979, la révolution islamique et la fin de la Perse, l'Iran est désigné par les américains comme un membre de « l'axe du mal » (George W Bush, 2002). Un pays, du fait des nombreuses divergences politiques avec les USA, considéré comme ennemi. Cette relation commence par la célèbre prise d'otage des fonctionnaires de l'ambassade américaine de Téhéran de 1979. En effet du fait de l'instabilité nationale résultant de la révolution islamique et de la méfiance du peuple iranien vis à vis des USA 52 otages américains sont détenus jusqu'en 1981 par le pouvoir iranien. Des suites de la révolution islamique la guerre Irak-Iran commence en 1980 et dure jusqu'en 1988, l'Irak bénéficie du soutien financier et d'équipement militaire des Etats-Unis. Après cette guerre l'Iran indique clairement ses objectifs politiques, devenir la première puissance régionale du Moyen-Orient et chasser les américains de cette région du monde. Les USA eux souhaitent voir décliner l'influence de la république islamique et voir un nouveau régime politique naître. Du fait de leurs divergences ces deux pays s'affrontent donc sur tous les champs possibles, l'Iran est victime d'un blocus économique réduisant ses exportations de pétrole, une ceinture de bases américaines se forme autour l'ancienne Perse, des milices, groupes paramilitaires sont financés par les deux belligérants pour se confronter ( comme au Yémen, Liban, Irak ou même au moment de la guerre territoriale contre l'Etat Islamique.) et USA et Iran se livrent donc une guerre d'influence dans tout le Moyen-Orient.
Depuis quelques années maintenant les Etats-Unis disposent de bases militaires en Irak, ayant pour objectif de lutter contre l'Etat Islamique, d'apporter stabilité au pays fragilisé et de servir les intérêts américains. Ces bases ne font pas l'unanimité au sein du peuple irakien et sont pointées du doigt par les autorités iraniennes qui voient ici une preuve de l'impérialisme américain. Le 27 décembre 2019 36 roquettes touchent une base américaine à Kirkouk et tuent un contribuable américain. En représailles le 29 décembre 2019 l'armée américaine bombarde des sites tenus par la milice ayant perpétrée l'attaque de roquettes et fait une trentaine de victimes. Le 31 décembre 2019 des milliers de manifestants, miliciens et partisans anti-américains pénètrent de force dans l'enceinte de l'ambassade américaine de Bagdad, capitale irakienne. Le président Donald Trump voit ici des attaques terroristes fomentées par l'Iran et exécutées par les groupes paramilitaires Kataeb Hezbollah et Hachd al-Chaabi anti-américains. En représailles donc le 3 janvier 2020 le général iranien Qassem Soleimani et Abou Mehdi al-Mouhandis, le chef des groupuscules Kataeb Hezbollah et Hachd al-Chaabi sont tués par un drone américain a la sortie de l'aéroport de Bagdad.
QUI ETAIT QASSEM SOLEIMANI ?
Si la mort de cet Homme fait autant de bruit c'est que ce n'était pas n'importe qui. Soldat depuis la révolution islamique il gravit les échelons de la jeune armée iranienne des gardiens de la révolution. Il est nommé à la tête des forces spéciales de l'armée iranienne ; Al Qods, en 1998. Depuis ses débuts il œuvre dans tout le Moyen-Orient pour servir les intérêts Iraniens. Il participe à la création de milices chiites pro iraniennes partout dans la région comme le groupuscule irakien Kataeb Hezbollah en 2003. Personnage populaire en Iran il évolue dans les hautes sphères du pouvoir et est considéré comme le numéro 2 du régime. Selon les Etats-Unis en revanche ce général était considéré comme un terroriste ayant fomenté de nombreuses attaques anti-américaines et contre de multiples minorités.
Abou Mehdi al-Mouhandis, autre personnage important tué dans la frappe de drone était le chef des groupuscules Kataeb Hezbollah et Hachd al-Chaabi, milices chiites au service des intérêts iraniens et anti-américains. Il était désigné comme lieutenant irakien des intérêts iraniens. Les milices désignées sont considérées comme terroristes par les USA, qui leur reprochent des exactions contre des minorités irakiennes et des attaques contre les bases américaines. Il accueillait le général Qassem Soleimani à l'aéroport de Bagdad lorsque les Etats-Unis ont attaqué leur convoi de véhicules.
LES CONSEQUENCES DE LA MORT DE QASSEM SOLEIMANI
Quelques heures après la mort du général iranien le guide suprême (dirigeant de l'Iran) nomme Esmail Ghaani comme successeur de Qassem Soleimani. Ce dernier, tout comme le guide suprême appelle à la vengeance et promet « des cadavres d'américains dans tout le Moyen-Orient ». d'immenses rassemblements et manifestations sont visibles dans tout l'Iran. Ces rassemblements sont commémoratifs envers Qassem Soleimani du fait de sa popularité dans un premier temps, mais appellent tout autant à la vengeance et au conflit envers les USA dans un second temps. L'Etat iranien entre dans une logique de vengeance et de lutte ouverte armée. En réponse aux annonces iraniennes le président Donald Trump le 4 janvier 2020 menace de frapper et de détruire 52 sites iraniens dont des sites historiques si du personnel ou matériel américain est attaqué au Moyen Orient par les forces iraniennes, 52 comme le nombre d'otages américain lors de l'attaque de 1979 envers l'ambassade américaine de Téhéran. Le même jour les milices pro-Iran ont lancés quelques roquettes en direction d'infrastructures américaines de Bagdad sans faire de victime à titre de représailles. Le 5 janvier 2020 l'Iran annonce mettre fin à l'accord sur le nucléaire le concernant en réponse à l'attaque américaine et menace de s'en prendre à Israël, allié des États-Unis dans la région en cas d'attaque américaine. L'Irak annonce le même jour vouloir mettre fin à l'autorisation de séjour aux soldats et bases américaines présents sur le sol Irakien. L'OTAN, du fait de l'instabilité récente du Moyen-Orient a annoncé temporairement cesser ses activités sur le sol de la région. Toujours le 5 janvier l'Iran désigne l'armée américaine comme terroriste et annonce que la réponse à l'assassinat du général sera militaire. Le 6 janvier 2020 le président Donald Trump menace l'Irak de fortes sanctions si le Parlement maintient son texte obligeant les troupes américaines à quitter le sol irakien. Le 7 janvier 2020 lors de la cérémonie d'enterrement de Qassem Soleimani 50 personnes trouvent la mort du fait d'un mouvement de foule, rajoutant à la confusion nationale ambiante.
Face à cette escalade de violences, cette montée en puissance de dénonciations et cette ambiance d'avant guerre la planète s'inquiète et les pays du monde entier appellent à la désescalade. La France, l'Allemagne et même la Chine pourtant premier partenaire commercial de l'Iran désirent une médiation et un arrêt des tensions. La Russie, grand allié militaire de l'Iran annonce le 5 janvier 2020 s'opposer à tout abus de force dans les relations internationales et épargne pour le moment la crainte de voir le conflit actuel se répandre dans d'autres régions du monde.
Si un conflit est possible il ne devrait pas s'étendre au monde entier. En effet la majorité des pays souhaitent la détente et des négociations. Seuls les Etats-Unis, l'Iran, l'Irak et quelques milices anti-américaines lancent les hostilités et alimentent l'escalade des tensions. Si conflit il y a il devrait s'étendre dans la région du Moyen Orient, touchant les troupes américaines et pro-iraniennes mais ne pas toucher les régions adjacentes. La Russie, allié de l'Iran pourrait faire monter de cran le conflit mais ne semble pas vouloir une montée des tensions. L'Iran, du fait de sa faible économie comparée à celle des USA et des vastes mouvements de contestation faisant rage dans tout le pays ne pourra élever le combat à un niveau dévastateur. En cas de conflit ouvert les Etats-Unis ne pourront non plus remporter de victoire écrasante, ne possédant pas la puissance nécessaire pour contrôler un territoire grand comme l'Iran et ses alentours vis à vis d'une possible guerre asymétrique à l'image de l’Afghanistan ou du Vietnam. En revanche la crainte de l'utilisation de l'arme atomique, possédée par les USA et désirée par l'Iran est une menace préoccupante mais lointaine, cette arme n'étant utilisable qu'en cas d'extrême danger, ceci faisant tout de même planer sur le monde une menace d'embrasement mondial.
Sources :
https://www.lefigaro.fr/international/tensions-etats-unis-iran-chronologie-d-une-escalade-20200108
https://www.youtube.com/watch?v=_K5ESaYKBcs&t=300s