« Et toi, tu le vis comment ? »
Mercredi 28 mars, vingt-troisième jour du confinement. Nous avons demandé aux français, de différents âges et différentes situations, comment ils le vivaient : leurs espoirs, leurs craintes, ces petites réflexions du quotidien parce que oui, en ce moment, nous avons enfin le temps pour réfléchir.
Présentez-vous.
"Je m’appelle Florence, directrice d’une agence artistique de comédiens depuis 6 ans. Je vis à Sceaux, dans les Hauts de Seine. »
En 3 mots, comment vivez-vous le confinement ?
« Optimisme, Incertitude, Calme.
Optimiste car je suis de cette nature, je pense qu’il est essentiel de positiver pour ne pas céder vite à une profonde angoisse. Incertitude, et c’est normal face à un ennemi invisible et nouveau. Calme car les journées ne sont plus régies par les horaires. J’ai trois autres mots très importants également, qui sont aussi peur, colère et espoir. »
Quels changements par rapport à votre vie personnelle ?
« Par rapport à ma vie personnelle, je ne peux plus voir mes filles, qui sont en-dehors de la maison, chacune de leur côté. Heureusement que nous pouvons nous parler tous les jours et nous voir grâce à Face Time, Snapchat etc. C’est là que l’on pense à nos grands-parents qui ont vécu la guerre et qui n’avaient aucun moyen de communication mis à part le courrier. Je me dis que la technologie à parfois du bon… Le fait de rester confinée et de vivre sans horaire est à la fois soulageant et en même temps, toutes nos habitudes sont chamboulées, notamment la fermeture de tous les lieux publics. Moi qui déteste les dimanches parce que tout est fermé, maintenant, c’est dimanche tous les jours. J’essaie de me donner des objectifs personnels pour organiser mes journées, essayer de conserver une sorte de routine. Je prends plus de temps pour tout. Je fais les choses avec calme. »
Quels changements par rapport à votre vie professionnelle ?
« Il n’y a plus rien, c’est le vide total. Nous sommes en relation régulière avec mes comédiens mais plus de castings ni de contrats à gérer car tous les tournages se sont arrêtés et les sociétés de production sont en pause face aux projets en cours. Toute l’activité est gelée, ainsi que les rémunérations donc. »
Vos plus grandes craintes ?
« Que ça dure dans le temps. Le coronavirus touche aussi des populations plus jeunes et c’est injuste de devoir faire un choix dans les hôpitaux et de délaisser les populations vieillissantes. Je ne peux même pas aller voir mes parents qui habitent à 5 minutes de chez moi, afin de les préserver. Je suis extrêmement triste que mes enfants aient à vivre ce moment. J’espère plus que tout que ma famille sera réunie lorsque tout reprendra. »
Ce que vous voulez dire, qui n’est pas assez dit ?
« Depuis le début, je dis que tous les français, comme en Chine, doivent mettre des masques. Le gouvernement a failli depuis le début, ils ont pris cette crise sanitaire par-dessus l’épaule en la qualifiant de petite gripette. Je trouve ça honteux sachant qu’entourés de grands professeurs, ils auraient dû réagir dès le départ. Quand la Chine a informé le monde du coronavirus, l’Etat, vu l’ampleur du virus aurait dû tout de suite prendre ses responsabilités. Je trouve ça honteux de demander le confinement et en même temps d’avoir préservé le premier tour des élections municipales. Le gouvernement s’est réveillé trop tard. Quand on entend le Premier Ministre qui demande enfin aux professionnels de tissu de pouvoir confectionner des masques, on n’y comprend plus rien, sachant qu’il il aurait fallu envisager ces solutions il y a des semaines de cela. »
L’aspect positif du confinement selon vous ?
« La nature est bien plus vivante, elle se place en premier plan. »
Qu’est-ce que ce nouvel usage du temps vous a permis ?
« Laisser du temps au temps. »
A la fin du confinement et de la pandémie, un nouveau regard sur la vie ?
« Je ne pense pas pouvoir avoir un nouveau regard sur la vie dès la fin du confinement, car les changements continueront : l’économie va mettre un temps fou à se rééquilibrer. Et j’attends que l’on trouve un vaccin contre le coronavirus pour être complètement sereine. C’est seulement au bout de nombreux mois que l’on pourra faire le point et prendre du recul. »
Votre conclusion
« On vit une période horrible, il faut garder beaucoup d’optimisme, faire très attention, et je suis vraiment peinée pour les jeunes qui dans leur insouciance ont déjà vécu le terrorisme, et maintenant le confinement, la psychose sanitaire. »