Coronavirus : guerre biologique ou guerre informationnelle ? (2/2)

 
Illustration par Edel Rodriguez pour TIME

Illustration par Edel Rodriguez pour TIME

 

Article écris par Quentin D.

De la défense biologique

La réponse est simple. La défense biologique est une réponse impérative et nécessaire en cas d’utilisation par un état désespéré ou un acteur non étatique (bioterrorisme, secte religieuse, indépendantistes). Un état doit disposer non seulement des connaissances en prévention selon le type d’agents pathogènes utilisés, mais aussi pouvoir analyser et rechercher au plus vite des solutions en cas d’épidémies. La défense biologique est totalement liée à la doctrine de santé publique des états et représente un atout dans la prévention et la recherche des agents pathogènes. En effet, une arme biologique reste un multiplicateur de force aisément convertible en facteur d’influence par la menace qu’il peut représenter.

Il est donc normal pour des pays disposant de moyens techniques, financiers, de recherche et de la volonté politique nécessaire de posséder ce type de laboratoires. Comme on peut le voir actuellement, une épidémie peut avoir des impacts financiers, sociaux, politiques et médiatiques immenses. Il est donc vital de se doter d’une bio-défense efficace.

La Chine, les USA, la France comme de nombreux pays peuvent accueillir ce type de laboratoire à la condition d’avoir élaboré une doctrine d’état de défense sanitaire. En tant que foyer favorable à la naissance de nouvelles maladies, la Chine a donc l‘impérieuse nécessité en propre tout comme pour les autres pays, de maintenir un haut niveau de bio-défense. En effet, en qualité de foyer reconnu (H1N1, H5N1, COVId-19), la Chine sait qu’une épidémie mondiale peut bloquer l’économie planétaire ce qui la rend aussi vulnérable à cette crise Actuelle.

Alors, que faut-il penser de cette rumeur d’armes biologiques développées au sein des P4 ?

Le Covid-19, une arme chinoise ?

Je n’aurai pas la prétention de dire que la Chine ne développe pas d’armes biologiques, ni que les laboratoires de Wuhan (ou plutôt le P4) ne soient pas des possibles centres de recherche et de fabrication Cependant, si le Covid-19 est une arme biologique, alors nous avons là une parmi les pires armes biologiques de tous les temps.

Plusieurs hypothèses courent sur la scène médiatique :

• Le Covid-19 est une arme américaine disséminée en Chine (https://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/coronavirus-pekin-soupconne-l-armee-americaine-davoir-apporte-le-virus-en-chine_2120853.html) (Origine : Chine).

• Le Covid-19 est une arme chinoise échappée par accident (https://www.lejdd.fr/International/Asie/coronavirus-la-chine-face-a-lhypothese-dune-fuite-du-virus-dun-laboratoire-3962913) (Origine : Occident)

• Le Covid-19 est fait avec des séquences du SIDA (Déclarations de Luc Montagnier) (http://www.leparisien.fr/societe/coronavirus-et-vih-pourquoi-la-theorie-du-pr-luc-montagnier-estinvraisemblable-17-04-2020-8301387.php)

La liste n’est pas exhaustive.

Le Covid-19 est-il une bonne arme biologique ? La réponse est non. Son degré de mortalité est (malgré tout) bas. On est loin des 60% de mortalité d’Ebola. Sa dispersion est totalement incontrôlable. Aucun état n’a encore de traitement efficace ni de prophylaxie suffisante. La population touchée n’est pas la population active mais celle qui l’est (cyniquement) représente un poids émotionnel et économique certain.

Si c’est une arme stratégique, un pays aurait dû s’en sortir. Il n’est dans l’intérêt de personne de dérégler ainsi la marche économique favorable à la fois à la Chine mais aussi aux USA.

Alors, quel est donc le véritable enjeu derrière cette crise ?

Guerre informationnelle

Le Covid-19, toutes réserves gardées, est avant tout un de ces fléaux dont la nature sait si bien garder le secret. Si c’est, cas improbable, une arme ayant échappé à son concepteur, c’est alors une catastrophe « industrielle » ayant un impact mondial, du même type que Tchernobyl ou (toutes proportions gardées) celui de Lubrizol. Cette catastrophe imprévue a déclenchée au sein des états touchés des réponses diverses, proportionnel aux enjeux économiques, politiques et opérationnels. La perception du danger dans un monde au flux constant et mondialisé aurait dû être l’objet d’une réflexion et d’une préparation de gestion de crise. En termes de sécurité industrielle, nous parlerions même de sécurité gérée.

Les états occidentaux ont particulièrement été légers voire inexistants dans cette préparation de crise. A cela, nous pourrions avancer plusieurs explications : Arrogance occidentale liée à un aveuglement idéologique dont nous ne mesurons pas encore les conséquences ; Indifférence et légèreté qui ont fait place à confusion et désorganisation. Incapables de trancher en l’absence de précédent, les atermoiements des gouvernements ont entrainé un retard menant à la situation actuelle. La comparaison avec les pays asiatiques (Japon excepté) tels que la Chine, la Corée du Sud, Taiwan, la Mongolie (pour ne citer qu’eux) est édifiante. Non contents d’avoir jugulé l’épidémie et ainsi empêcher sa propagation interne, la Chine annonce avoir maintenu une activité économique minimale qui n’impacterait que peu sa croissance, là où l’UE annonce aujourd’hui une baisse de -6,5 %.

On pourrait s’attarder sur la gestion chinoise de la crise et en particulier sur le fait que l’OMS inféodée à la Chine en la personne de son président, ait pu modifier et cacher des informations sur la nature de ce virus, sur les délais d’incubation, sur le mode de transmission qui sont autant d’ inconnues (à dessein ou par omission). On peut aussi s’interroger sur le fait que la Chine ait menti sur l’origine et la date des premiers cas. Cela ne change pas la gestion de la crise. S’il y a responsabilité à trouver de la crise sanitaire de son pays, ce n’est pas en se défaussant sur le pays tiers à l’origine de la contamination, tout en niant ou reprochant les actions menés (ou non) par ce dernier.

Car ous assistons bel et bien à une guerre d’informations, avec de nombreuses et constantes offensives opératives médiatiques, menées de part et d’autre par des états afin de canaliser le mécontentement de populations qui vivent un véritable drame et qui sont heurtées de plein fouet par la crise. Contre-attaque, fausses informations, déclarations. Tout est bon pour saturer le public et l’appareil médiatique à disposition sans pouvoir s’attarder sur chaque élément donné et faire preuve de l’analyse et du recul nécessaire tout en jouant sur l’émotion que la crise suscite.

Conclusion

Outre l’incapacité des gouvernements européens de penser en politique et non pas en gestionnaire. Cette crise nous a montré que les règles de la mondialisation ne s’appliquent qu’en temps de « paix ». En effet, vouloir trouver un responsable à cette crise internationale, c’est comme chercher le responsable du tsunami qui ravagea le Japon en 2011. Cela n’a aucun sens et ce ne serait qu’idéologie. Mais dans ce nouveau monde où seules la capacité des pays et la réalpolitique comptent, où acheter des masques monnaie comptant sur le tarmac d’un aéroport, où détourner des livraisons destinés à un pays voisin, où refuser de soutenir les membres d’une communauté, où mentir délibérément au peuple afin de maintenir à bout de bras un système qu’on a soi-même rendu inefficient, trouver un responsable a-t-il un sens ? Quand les règles supranationales ont d’un seul coup laissé place aux règles entre nations, dans une recherche effrénée des éléments nécessaires à sa survie (tout aussi économique, social, politique, démographique), à quoi rime ce cirque ?

Aussi est’il nécessaire de détourner l’attention de l’opinion d’une gestion calamiteuse, d’une absence de réflexion et de vision. On peut certes reprocher à la Chine de pas avoir fourni toutes les informations à tous et à temps, mais ce serait en vouloir à Blücher d’être arrivé avant Grouchy. Notre président, si prompt à utiliser le vocabulaire martial, n’aurait pas pu ne pas oublier l’enseignement de Clausewitz.

« La grande incertitude d’informations en période de guerre est d’une difficulté particulière parce que toutes les actions doivent dans une certaine mesure être planifiées avec une légère zone d’ombre qui (…) comme l’effet d’un brouillard ou d’un clair de lune, donne aux choses des dimensions exagérées ou non naturelles. »
— Carl von Clausewitz, De la guerre

Le plus important n’est pas désormais de continuer à accuser la Chine en espérant dévier une colère populaire, mais bien de sortir de cette idéologie mondialisée et enfin de prendre conscience qu’une partie de jeu de Go est entamée par la Chine, qui replace ces pions tout en profitant de la désorganisation du monde occidental. Il nous faut redécouvrir au plus vite une stratégie commune, définir une nouvelle politique inter-étatique et sortir de l’idéologie Européenne telle que nous la connaissons depuis trop longtemps.