George Floyd ou les limites du progressisme
Fin mai 2020, un afro-américain du nom de George Floyd est tué par les forces de l’ordre de l’État du Minnesota en la ville de Minneapolis. Face à cette réponse policière disproportionnée, la victime étant accusée de faux et usages de faux monétaires, des émeutes raciales éclatent à travers tous les États-Unis. Militant pour plus d’égalité, de justice et d’exemplarité des forces de l’ordre, les manifestants sont rapidement débordés par les idéologues antiracistes et de simples voleurs-pilleurs. Des officines médiatiques pourtant clairement revendiquées comme « progressistes » sont prises pour cibles, et des magasins sont pillés dans les différents centres-villes. Le meurtre de M. Floyd peut-il être considéré comme le révélateur des contradictions de la « lutte antiraciste » ? Celle-ci est-elle devenue guère plus qu’un simple paravent idéologique pour justifier toutes les exactions ?
Concernant les questions raciales, les États-Unis ne sont ni l’Europe ni la France. Contrairement au Vieux-Continent, l’Amérique a connu l’esclavage directement sur son sol national et en a fait une institution légale. Pis encore, son histoire, sa culture et sa société ont été profondément traumatisées par la meurtrière et fratricide guerre de Sécession (1861-1865) qui failli voir la disparition de la république fédérale. Après la période servile, les différents États perdants du Sud continueront une politique raciale discriminatoire matérialisée par la Ségrégation.
L’égalité stricte entre tous les citoyens américains ne sera garantie qu’à partir des années 1960 et promue par l’ensemble des institutions sociales, du cinéma aux grands média en passant par les politiques de discriminations positives. Il est donc d’emblée abusif, mensonger et faux de parler de « racisme systémique » en 2020. De même, il n’est pas question ici de juger le meurtrier de M. Floyd mais plutôt de traiter les conséquences politiques et sociales de l’événement.
Défendu depuis des décennies par une frange radicale marxisante, le « racisme systémique » fait partie d’une théorisation sociale victimaire. Chaque mort de Noirs « oppressés » par des Blancs « oppresseurs » est l’occasion d’indignations publiques alors que statistiquement, ces derniers sont majoritairement victimes des premiers sans aucune conséquence sur l’ordre public. Alors pourquoi de telles véhémences ? La surmédiatisation – la mort ayant été filmée – et la popularité du discours progressiste antiraciste peuvent largement expliquer une mobilisation d’ampleur. Cependant, il est aisé de constater une très forte disparité entre le discours égalitaire justicier et les actes de vandalismes et de pillages.
C’est là le point capital. Outre la récupération morale de la part de personnalités publiques dans le cadre d’une réhabilitation post-Covid-19, les revendications sociales sont loin d’être fondées pour les raisons exposées précédemment. Face au manque de consistance pragmatique, les manifestants répètent massivement des slogans surannés dignes de poncifs tels que « ACAB » (« All Cops Are Bastards ») ou « Black Lives Matter » (« La vie des Noirs compte »). Parallèlement, on assiste à une mobilisation « blanche » importante s’inscrivant dans l’ethnomasochisme et la honte raciale développée depuis la victoire sur le nazisme.
Mais ce qui frappe le plus l’intellect humain est la violence des manifestations et leur légitimation par toute une caste politique, économique et médiatique (des journalistes au monde du cinéma). D’habitude si incisifs et méprisants à l’égard les mouvements populaires et leur violence politique traditionnelle, ces célébrités et figures militantes n’hésitent pas à trouver toutes les excuses possibles aux débordements qui, soit dit en passant, dénotent une déconnexion totale vis-à-vis de la lutte idéologique. À travers le pays, on constate des pillages et des dégradations où des manifestants dévalisent des boutiques hi-tech et vestimentaires. Au-delà de l’aspect décrédibilisant de ce genre d’actions, ce sont bien les limites du progressisme qui s’exacerbent au grand jour entre une base militante idéologique et une classe dirigeante opportuniste. En l’état, il est plus que naturel de considérer l’idéologie antiraciste comme l’excuse, le paravent ou la caution morale, à toutes les exactions et pulsions animales qui échappent aux lois ordonnées de la société humaine et de l’État, relevant ainsi de l’anarchisme forcené le plus pur et aveugle.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mort_de_George_Floyd