Histoire de France (4/4)

 
Lancement de grenades contre les tranchées allemandes de Cerny à Ailles, le 6 juillet 1917 - Archives départementales de l’Aisne

Lancement de grenades contre les tranchées allemandes de Cerny à Ailles, le 6 juillet 1917 - Archives départementales de l’Aisne

 

Qu’est-ce que la France ? Un territoire, un peuple, une culture, tout cela à la fois ? Notre pays a une Histoire richissime doublée de faits militaires glorieux et de pensées éternellement inscrites dans le code génétique de l’humanité. Questionner et analyser son épopée, c’est se questionner en tant qu’individu membre d’une grande famille nationale, unique en son genre : le peuple français. Parce que nous sommes les héritiers d’un territoire, d’un peuple, d’une culture et d’une histoire en commun, nous, Français, sommes à la fois ducs, serfs, chevaliers croisés, mousquetaires, hussards de l’Empereur, et Poilus des tranchées. Ainsi que le disait l’illustre artisan de la Victoire, le maréchal de France Ferdinand Foch : « un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». C’est pourquoi il convient de revenir sur notre mémoire à tous.

Les guerres mondiales

Au début du XXème siècle, la France dispose du deuxième empire colonial en termes de superficie après l’Angleterre. Alliée à celle-ci, elle peut également compter sur l’encerclement permis par la Russie face à l’Allemagne. Mais le Tsar protège également les peuples slaves en Europe centrale de l’influence autrichienne. Par un étonnant jeu d’alliances, l’Europe plonge dans la Grande Guerre. Des millions d’hommes sont mobilisés et envoyés au front pour défendre leurs nations respectives. Malgré son réservoir démographique, Paris accuse une impréparation et une incompétence militaire dangereuse. Passant à deux doigts de l’effondrement, le pays ne doit son salut qu’à l’intervention de l’arme nouvelle qu’est l’avion et à la réaction adaptée du généralissime Joffre.

S’ensuit une éprouvante et meurtrière guerre de positions entre la France et l’Allemagne qui durera presque quatre années. De grandes boucheries sont menées comme à Verdun (1916) où, contre toute attente teutonne, les Français parviennent à tenir. Finalement, grâce à son industrie et sa motorisation massive, la République l’emporte et obtient un armistice d’une Allemagne anéantie, sans armée ni empereur. Si le chef du gouvernement français, Georges Clemenceau, souhaite anéantir l’adversaire allemand quitte à le démembrer, les alliés anglo-saxons ne partagent pas cet avis radical qui mettrait en péril l’équilibre des puissances en Europe.

Le traité de paix signé à Versailles consacre la victoire des Britanniques et Américains sur la diplomatie mondiale. Ferdinand Foch, maréchal de France, en dira que c’est un « armistice de vingt ans ». Deux décennies plus tard, à quelques mois près, l’Allemagne d’Adolf Hitler envahit la Pologne et relance les hostilités avec Paris. À la surprise générale, la « première armée du monde » est vaincue en quelques six semaines par la puissante « guerre-éclair » germanique. Les Alliés franco-britanniques, désunis et mal préparés, sont dépassés et submergés. La défaite française, loin d’être inévitable, révèle l’épuisement démographique et industriel d’une nation en lutte contre l’Allemagne depuis trois quarts de siècle. Plus encore, elle souligne l’incompétence et l’esprit d’abandon du haut-commandement militaire tricolore.

Malgré tout, et contrairement aux autres nations européennes, la France échappe temporairement à l’occupation grâce au maréchal Pétain, héros de Verdun. Chef du gouvernement et bientôt de l’État, il épargne à la partie méridionale du pays une administration allemande. Mais l’armistice signé avec Berlin déclenche une guerre civile entre les tenants de la paix voire de la soumission (Pétain, Weygand, Laval, Darlan…) et ceux de la poursuite du combat, réfugiés à Londres en la personne du général Charles de Gaulle.

De luttes d’influences en manouvres politico-militaires, la France libre s’impose comme la seule légitime aux yeux des Alliés anglo-saxons (Royaume-Uni, États-Unis) et soviétiques. Pour autant, il lui faudra lutter pour son indépendance alors que les Américains envisagent de faire du territoire métropolitain une zone d’occupation yankee. Le combat et l’insoumission du général De Gaulle permettront d’éviter cela et d’asseoir ainsi la France à la table des vainqueurs, au grand dam des Allemands et en particulier du maréchal Keite

 
Défilé de la Victoire (1919)

Défilé de la Victoire (1919)

 

Le nouvel ordre mondial

La Seconde Guerre mondiale est terminée. La France, comme de nombreux pays d’Europe continentale, est meurtrie et exsangue. Quatre années d’occupation allemande et de bombardements anglo-saxons ont transformé le pays en champs de ruines. La République, suspendue par Pétain après la défaite, est restaurée sous une forme plus sociale et parlementaire, influence incontestable du Parti communiste français qui s’illustra au sein de la Résistance intérieure. Les travaux de reconstruction s’engagent et, rapidement, se relève. Contrairement à une idée reçue, la France s’est reconstruite seule, le fameux plan américain d’aides dit « Marshall » n’ayant fait que raccourcir la durée des travaux.

Cependant, de nouveaux défis et obstacles se dressent sur le chemin national. En Asie, l’Indochine française, occupée par les Japonais, est livrée à l’anarchie et la guerre civile. La France tente d’y restaurer son autorité, sans succès. Avec l’aide de l’Union soviétique, les communistes vietnamiens remportent la victoire. Vaincus à Dien Bien Phu (1954), les colons doivent évacuer le pays. Rapidement, c’est en Algérie, considérée depuis des décennies comme un territoire national, que les troubles se développent.

Confrontée à des guerres coloniales inextricables et une instabilité gouvernementale et parlementaire chronique, la Quatrième République perd toute crédibilité et bientôt légitimité. Pour sauver un régime en plein naufrage, les députés s’en remettent à l’homme qu’ils s’étaient juré de combattre : Charles de Gaulle. Écarté du pouvoir pour son projet de renforcement de l’exécutif (rappelant fortement Bonaparte, Boulanger ou encore Pétain), il profite du chaos pour s’imposer et mener à bien les réformes constitutionnelles qu’il appelait de ses vœux dès la Libération.

En une décennie, le président De Gaulle va fonder une Cinquième République, mettre fin au conflit algérien et colonial, doter la France de sa propre force de frappe nucléaire, moderniser le pays, développer une diplomatie mondiale ambitieuse et assurer l’indépendance énergétique nationale via l’énergie atomique. Combattu de toutes parts, d’abord par les nostalgiques du parlementarisme (Mendès France, Mitterrand), le chef de l’État voit ses propres hommes le discréditer après les événements de Mai-1968 (Valéry Giscard d’Estaing, Georges Pompidou, Jacques Chirac). Remercié par une défiance populaire et technocratique, il quitte le pouvoir après avoir redonné au pays un rang oublié depuis la Grande Guerre.

Après le Général, la France est gouvernée par une élite bourgeoise technocratique et européiste issue des milieux vichystes non-épurés après la Libération. De Georges Pompidou à Emmanuel Macron, le pays articule sa politique étrangère suivant deux axes principaux : retour à la collaboration avec l’Allemagne via le « fédéralisme européen » et soumission politico-culturelle envers les États-Unis d’Amérique. Sur le plan intérieur, l’accent est mis sur le désengagement étatique d’inspiration libérale américaine et promotion du multiculturalisme comme modèle de société. Progressivement, la France entre dans le rang des pays européens résignés comme l’Italie ou l’Espagne, autrefois grandes puissances désormais vassales à la solde d’une puissance étrangère venue d’outre-Atlantique.

Malgré cela, le pays demeure une grande nation disposant d’un impact culturel majeur dans un monde globalisé. Synonyme de raffinement, de luxe et de prestige, l’industrie et la culture nationale inspirent par-delà les frontières tandis que le pays maintient toujours un certain niveau militaire et diplomatique dans une Europe politique aussi inexistante que désunie.

 
Charles de Gaulle (1890-1970)

Charles de Gaulle (1890-1970)