Interview de Virginie Joron : Députée française & Présidente du Groupe RN à la Région Grand-Est

 
Virginie JORON, députée française au Parlement Européen à Bruxelles

Virginie JORON, députée française au Parlement Européen à Bruxelles

 

Un grand merci à madame Virginie Joron, députée française au Parlement européen, pour le temps accordé à Terra Bellum pour cette interview.

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Groupe Identité et Démocratie

Bonjour, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs qui ne suivent pas encore l’activité de nos nouveaux élus au Parlement Européen ?

Diplômée en droit, j'ai près de 20 ans d'expérience dans le secteur privé de la prévoyance et de la santé collective dans le premier groupe paritaire de protection sociale.

J'ai eu la chance de vivre près de deux ans à New York mais je suis aussi très fière de mon enracinement en Alsace.

Parce que je suis sensible à la disparition de nos valeurs, de nos traditions de notre histoire… j'ai rejoint le Front National en 2013. Élue conseillère régionale en 2015, je préside depuis septembre 2017 le groupe régional Rassemblement National dans la région Grand Est.

Désormais Député du Rassemblement national, je représente les français au Parlement européen dans la commission marché intérieur et consommateurs et à la commission Femm.

Concernant les quotas de migrants la nouvelle présidente de la Commission Ursula von der Leyen s’est déjà dit favorable à l’établissement de quotas de migrants à travers l’Union Européenne, pouvez-vous nous rappeler la position du groupe Rassemblement National/ID en la matière, par rapport aux autres délégations françaises ?

Parler de "quotas de migrants" est irresponsable. On n'a pas besoin de plus d'immigration. Il est hors de question de les distribuer en Europe ou de financer à jamais la Turquie. Dans l'histoire, les pays qui réussissent ne s'engagent pas à verser indéfiniment un tribut à leurs voisins.

Et en ce qui concerne l'accord sur les réfugiés de l'Union européenne avec la Turquie. Je pense que nous devons d’abord rappeler quelques chiffres : 2,3 millions de personnes ont franchi nos frontières sans contrôle en Europe en 2015-2016. Nous le savons aujourd'hui, ce n'était pas une chance pour l'Europe et Mme Merkel a menti à ce sujet. Un rapport du Parlement européen a montré que 85% des personnes qui sont arrivées en Allemagne ne travaillent toujours pas. En Suède, on parle d’inactivité à 90%.

En France, le sujet est tabou et les chiffres ne sont pas accessibles. Nous savons seulement qu'en 2015, les Soudanais étaient la première nationalité de demandeurs d'asile en France avant les Syriens. En 2017, ce sont des Albanais et des Afghans. Comme on peut le constater, tous les "réfugiés" ne viennent pas de Syrie et la plupart des gens ne sont pas les plus vulnérables, mais les jeunes hommes.

Notre position, c’est de revenir à l’esprit initial du droit d’asile. L’asile ne pourrait être accordé qu’à la suite de demandes déposées dans les ambassades et consulats français dans les pays d’origine ou les pays limitrophes. Contrôler les flux d’immigration nécessiterait de mettre fin au droit du sol, à l’automaticité du regroupement familial et à certaines aides accordées sans conditions. Quant aux criminels étrangers ou illégaux, il faut simplifier et automatiser leur expulsion. Le Rassemblement National veut aussi refonder les politiques d’aide au développement en subor­donnant l’aide à des politiques effec­tives de réadmission des migrants par leur pays d’origine, de maintien des populations rurales sur leur territoire et d’autonomie alimentaire.

Ces positions nous les défendons en permanence : contre le Pacte de Marrakech, signé en janvier 2019 ou lors d’un des premiers votes des nouveaux élus au parlement européen le 24 octobre 2019 à Strasbourg. Ce jour-là, le Parlement européen, a infligé un cinglant revers aux forces pro-migrants voulant imposer des « quotas nationaux de relocalisation » de migrants. Ce texte porté par les socialistes et le groupe Renew (Keller), les alliés d’Emmanuel Macron et faussement intitulé « Opérations de recherche et sauvetage en Méditerranée », a été rejeté à 2 voix près. Ce vote très serré démontre que le rôle du Rassemblement National et de ses alliés est désormais déterminant.

Vous étiez il y a quelques mois avec une délégation de députés européens en Syrie, plus précisément dans sa capitale Damas, qu’avez-vous pu constater des relations entre la France et la Syrie, ou bien entre la Syrie et l’Union Européenne, mais surtout que faire pour les améliorer après 5 ans de guerre civile ?

Comme vous le savez, je suis allée en Syrie en août dernier. J'ai observé dans la population l'impatience de renouer avec la vie. J'ai pu parler avec le président Bachar al-Assad des difficultés liées à la reconstruction de ce pays et surtout de la lutte contre le terrorisme international ! Idleb est le plus grand dépotoir du monde avec près de 30 000 fanatiques !

Aujourd’hui, nous devons parler de la gestion du retour des réfugiés syriens, et non de la rétention de migrants du monde entier en Turquie ou en Europe.

Notre devoir d’Européens est de renouer les liens avec le gouvernement syrien comme l’a fait le peuple russe, protecteur depuis toujours des chrétiens d’Orient. C’est aussi simple que ça. En Syrie il n’y a pas d’autres choix possibles, il faut choisir son camp, soit on est avec l’armée syrienne, soit on est avec les barbares. Les byzantinismes de la politique européenne face à cette situation sont incompréhensibles, en plus d’être immoraux.

Concernant les combattants islamistes capturés, nous, nous sommes pour la déchéance de la nationalité, bi-nationaux ou pas. Le Danemark et la Grande-Bretagne le font. Ces gens sont des ennemis de la France et de l’Europe. Ils doivent être jugés et condamnés là-bas. En décembre 2017, Gavin Williamson, alors ministre de la défense britannique, a déclaré qu’ «aucun terroriste [y compris britannique] ne devrait être autorisé à rentrer dans ce pays » et qu’« un terroriste mort ne peut plus nuire à la Grande-Bretagne ». Vous savez, même le Premier ministre libéral néerlandais Mark Rütte a indiqué qu’il valait mieux que ceux qui étaient partis meurent sur place. Quant à l’Allemagne, elle n’a pas réagi à la condamnation à mort d’une terroriste de nationalité allemande en Irak. De nombreux gouvernements européens ont donc une attitude beaucoup plus ferme que la France.

Vous avez récemment pris position contre l’attaque de la Turquie contre nos alliés kurdes, pensez-vous que l’Union Européenne devrait arrêter de subventionner la Turquie dans le cadre du processus de pré-adhésion, ou bien voyez-vous d’autres solutions pour résoudre ce problème ?

Vous m'avez demandé ce que l'Union européenne devrait faire à l'égard de la Turquie et les sanctions éventuelles par rapport à la situation actuelle.

Tout d’abord, nous nous souvenons tous de l’intervention des forces françaises sous le président Sarkozy en Libye en 2011. Le chaos qui a suivi a eu des conséquences désastreuses pour l’Europe, notamment un afflux incontrôlé et croissant de migrants.
En général, le Rassemblement national s'oppose aux interventions militaires à l'étranger, en particulier sans un plan bien structuré sur les objectifs à atteindre. Nous sommes favorables à l’appui de tout processus de négociation entre les acteurs régionaux et locaux. On le voit, l'accident et la mort de nos 13 soldats au Mali réveillent chez nos citoyens des sentiments douloureux. À la fois fière de la générosité de nos soldats, souvent père de famille, les français ne comprennent pas que des milliers de jeunes maliens en pleine force de l'âge résident en France sans participer aux combats de pacification contre les islamistes dans leur pays. Je vous rappelle que le plus jeune de nos tués lundi dernier avait 22 ans.

Aujourd'hui, avec la fin de la guerre en Syrie, le président turc Erdogan menace l'Europe d'une nouvelle vague de migration. Lors de la visite de la Présidente de la Commission européenne le mois dernier, il a fait pression sur Van der Leyen, demandant des fonds supplémentaires pour les millions de "réfugiés" vivant en Turquie. Nous ne savons rien de l’utilisation des 6 milliards d’euros déjà payés par l’UE. En 20 ans c'est 20 milliards qui ont été versés. Où est allé cet argent ?  L’intervention turque dans le nord de la Syrie nous menace également d'un retour des djihadistes en Europe.

Maintenant, vous me parlez d'une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Ce n'est pas une perspective que je soutiens. Je crois que l'Europe et la Turquie ont une identité et un destin unique et différent. La Turquie doit contrôler ses frontières et l'Europe la sienne. Si Erdogan pense que son pays n'est pas un hôtel pour les membres de Daesh, l'Europe encore moins.

A l’échelon local vous êtes aussi présidente du groupe Rassemblement National à la région Grand-Est, quels sont vos combats de tous les jours ? Est-il juste d’affirmer aujourd’hui que tout se passe au niveau de l’Union Européenne et du Parlement Européen ?

Mon rôle au sein de la Région Grand Est consiste à nous opposer à toute dérive budgétaire (achat pour 44 millions d’euros de maisons de région ; extension de bureaux strasbourgeois pour 20 millions d’euros alors que le Grand Est compte déjà 3 sièges ; achat d’un appartement parisien…) et à dénoncer tout clientélisme en vue d’acheter la paix sociale. Comme en subventionnant des associations pro-migrants ou encore à dénoncer la signature de protocoles qui prévoient le retour de famille de djihadistes !

Vous savez, la réforme des régions n’a pas été faite pour faire des économies. Je m’appuie sur les propos de l’ancien secrétaire d’état au budget Christian Eckert, qui dans la gazette des communes du 25/09/2019 déclarait : « La fusion des régions a été présentée à tort sous l’angle des économies. En réalité, le redécoupage n’a pas spécialement été fait pour économiser de l’argent. Il a été décidé pour contrer la présence forte du Front national (désormais Rassemblement National, ndlr) dans certaines régions. Tout ne se passe pas encore au niveau de l’Union Européenne, c’est aussi pour cette raison que notre investissement au sein du Conseil régional est intense pour défendre l’intérêt général de nos concitoyens. Défendre les ruraux de la métropolisation galopante est une nécessité pour défendre nos territoires, notre pays.

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