J’y étais : compte-rendu du premier meeting parisien de Benjamin Griveaux

 
Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris - Joel Saget / AFP

Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris - Joel Saget / AFP

 


Le 27 janvier 2020 se tenait à Paris le premier meeting de Benjamin Griveaux, théâtre Bobino, à Paris. Rendez-vous à 19h, le leader d’En Marche dans la course à la Mairie de Paris s’est fait attendre, et n’a pris la parole que deux heures plus tard. C’est Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, qui nous a tenu compagnie, performant dans un discours ficelé, joyeux et engagé, jouant avec les mots et leurs significations : selon elle, Griveaux a un vrai projet alors qu’Hidalgo ne refait pas un mandat mais un redoublement à la vue de sa défaite à gérer la ville. Rachida Dati, quant à elle, ne s’attendait pas à cette montée dans les sondages et n’a donc en conséquence rien à proposer. De plus, contrairement aux autres, Griveaux est le candidat des idées, puisque celles-ci sont pensées par lui et son équipe depuis des années et ont fait l’objet d’expertises, que ce soient par des professionnels ou par des parisiens.

 

21h, Benjamin Griveaux arrive sur scène sous les applaudissements. Une ambiance très jeune règne dans la salle. Il débute en adressant à la foule son opinion face aux électeurs d’En Marche ayant délaissé le candidat au profit de Cédric Villani, en affirmant qu’il les comprend et les excuse, qu’il concevait l’espoir que pouvait faire jaillir le personnage de Villani, certainement plus touchant que lui-même. Toutefois, ce dernier conclut sur une phrase : ils restent les bienvenus s’ils comprennent leur erreur.

Peu après, le candidat débute les points clés de son programme : son axe majeur se concentre sur les familles et les classes moyennes. Aujourd’hui, Paris les fait fuir en fermant ses commerces de proximité et en spéculant à outrance sur l’immobilier. Hidalgo a fait de Paris « un musée à ciel ouvert pour touristes fortunés », et les chiffres semblent le confirmer : la ville perd 11 000 habitants par année (en 5 ans, Paris a donc perdu l’équivalant du Vème arrondissement). Pourtant, le candidat l’affirme : « Les habitants sont pour une ville la première de ses richesses ». Il faut donc permettre aux parisiens de rester dans leur ville, et l’accent est mis sur la classe moyenne, qui asphyxie : cette classe moyenne est celle qui paie des loyers exorbitants et qui prend le matin comme le soir les transports en commun, selon Benjamin Griveaux. De ce fait, il affirme que le logement social n’est pas la seule réponse à apporter aux parisiens. Il faut éviter les caricatures en disant que le candidat LREM est contre ce type de logement, il en faut bien sûr, mais actuellement, ceux-ci sont indécents et contribuent à créer une ville des grands écarts.

 

En outre, le candidat a évoqué plusieurs propositions de manière plus brève : tout d’abord, il faut plus prendre en compte les mères célibataires en leur offrant 50 heures de baby-sitting par an, afin de leur permettre de sortir et de décompresser. De plus, il faut pouvoir dans la ville de Paris se soigner à des prix raisonnables : Benjamin Griveaux veut ainsi mettre en place un réseau de centres de santé à dix minutes maximum de tous les parisiens. Ils seront ouverts de 7h à minuit du lundi au dimanche inclus. Concernant la sécurité, il a la volonté de créer une vraie police municipale : 5000 policiers armés et dotés d’une caméra-piéton seraient déployés d’ici 2026.

Malgré les railleries que Griveaux assume en les évoquant, il affirme garder comme priorité la qualité de l’air offerte aux enfants, et veut donc remplacer les systèmes d’aérations des 8000 classes parisiennes. De même, le candidat souhaite offrir à chaque enfant, chaque trimestre, un livre du CP au CM2, pour tenter de lutter contre les écrans et leurs effets néfastes. Ils iront le chercher dans une librairie de quartier et pourront par ce biais se constituer une bibliothèque. Enfin, Griveaux souhaite à tout prix revenir à la semaine de quatre jours d’école pour laisser aux enfants la possibilité de faire du sport, de se cultiver en allant dans des musées, au cinéma…

Concernant l’écologie, un défi majeur est posé par le candidat : zéro carbone  pour être fidèle aux accords de Paris à l’horizon 2050. Il faut agir contre le réchauffement climatique, contrairement à ce que la maire sortante Hidalgo a fait en bétonnant la Place de la Bastille ou encore Bercy, d’après le candidat LREM. Selon les termes de celui-ci, il propose une écologie d’action quand Hidalgo propose une écologie de communication.

 

« On n’a pas le droit de parler de forêt urbaine quand on met des arbres dans des pots sur du bitume. »

Evidemment, le projet phare du candidat a été présenté : la création du fameux Central Park parisien, un parc de 39 hectares au nord-est de la ville, au niveau de la Gare de l’Est et pour remplacer cette gare, la gare de l’Europe serait construite Porte de la Villette, qui permettrait d’accueillir plus de voyageurs.

Le candidat parle ensuite du vélo, en se moquant une nouvelle fois d’Anne Hidalgo : « On ne peut pas s’arroger le monopole du vélo quand on a détruit le Vélib ! » Benjamin Griveaux veut remettre à flot le Vélib mais en durcissant les mesures de sécurité. Le candidat souhaite une écologie scientifique impliquant toujours des experts. De plus, il souhaite une écologie « pour tout le monde » et non « pour quelques-uns » : selon lui, la mesure d’Hidalgo visant à piétonniser le centre de la capitale est agréable pour les touristes mais en aucun cas pour les parisiens : la circulation deviendrait alors impossible et les routes complètement congestionnées, quand Griveaux souhaite  quant à lui décongestionner la ville, en réduisant le nombre de voitures qui arrivent dans la capitale. Pour cela, il compte construire de nombreux parkings relais aux portes de Paris. Cette décongestion passe aussi par l’arrêt de nouveaux chantiers de voirie pendant toute l’année 2020 (sauf pour des raisons de sécurité) : Griveaux critique la folie des travaux qu’a pu avoir Anne Hidalgo. Ce n’est qu’en 2021 que les travaux pourront reprendre de manière rationnelle, toujours selon le candidat. Ce dernier souhaite également mettre en place 240 « rues-jardins », non pas seulement dans le centre de Paris mais dans la ville toute entière. Toutes ses mesures n’incombent pas qu’à Griveaux s’il est élu, mais seront décidées lors d’un référendum en 2022. Il souhaite redonner vie au budget participatif en interrogeant les parisiens sur les gros projets.

« A Paris, c’est l’année du rat depuis longtemps. »

Griveaux ironise sur la saleté présente dans les rues de Paris. Sa solution est de déléguer, et de donner aux maires d’arrondissements les moyens d’agir : « Ce n’est pas un maire tout puissant que vous élirez le 22 mars prochain mais 17 maires. » L’attention est réellement donnée aux maires d’arrondissements, qui n’ont selon lui aucun pouvoir d’initiative ni moyen d’agir à l’heure actuelle. Ainsi, le candidat propose la création d’un conseil des maires qui se réunira une fois par mois.

« Un grand maire de Paris c’est un maire qui n’a pas peur des maires d’arrondissements. »

Malgré l’enthousiasme présent dans la salle et l’énergie donnée par le candidat, ce meeting n’a visiblement pas changé la donne : les sondages sont pessimistes pour le candidat LREM, le plaçant  derrière Anne Hidalgo et Rachida Dati. L’explication est vite trouvée : malgré la demande ferme d’Emmanuel Macron, Cédric Villani a refusé de laisser sa place à Benjamin Griveaux, et l’empêche ainsi d’atteindre le duo final. Pour cela, il a été radié du parti en Marche par le Président lui-même. Il reste cinq semaines seulement à Benjamin Griveaux pour tenter coûte que coûte de faire entendre raison aux partisans d’En Marche de rejoindre le parti sous son nom et non sous le nom de celui qu’il peut désormais appeler son rival.