La BoJ et les taux directeurs

 
Banque du Japon

Banque du Japon

 

La protection contre les entreprises étrangères et les relations étroites entre les différents acteurs économiques nippons ont poussé certains commentateurs à parler de « capitalisme de connivence ». Le principal problème lorsque des acteurs ne parlent qu’entre eux est la déconnexion avec la réalité. Cette scission entre les deux mondes s’illustre parfaitement grâce à deux exemples :

  • Entre 1985 et 1989 le prix du foncier (prix des terrains) a augmenté de 245 %, le terrain sous le Palais impérial à Tokyo (1609 m²) valait plus que l’ensemble de la Californie !

  • Au début de la décennie 90 la capitalisation boursière de Japon (soit la valeur de toutes les actions réunis de l’ensemble des entreprises du pays) était supérieur à la capitalisation boursière américaine (rappelons que la population américaine tout comme son PIB est deux fois supérieur à celle du pays du soleil levant).

Avec de tels exemples, il n’y a pas besoin d’avoir un master en économie pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond.

L’article précédent traitant des keiretsu souligne l’importance des banques, organe centrale de ces groupements d’entreprises. Avec un tel acteur financier à leurs côtés, les entreprises ne pouvaient qu’être sereine. Les banques japonaises, comme toutes celles du monde, sont soumises à leur banque centrale, en l’occurrence la BoJ. C’est cette dernière qui donne la marche à suivre. Le principal levier d’action d’une banque consiste en un mécanisme ayant fait grande bruit : les taux directeurs.

Un taux directeur se définit comme « le taux d’intérêt qu’une banque centrale, telle que la Banque de France ou la Réserve fédérale, appliquera aux banques commerciales pour les prêts. Le taux directeur est aussi appelé taux d’intérêt bancaire ou taux d'intérêt de base ». Il en existe trois :

  • Le taux de refinancement : il correspond au taux d'intérêt des liquidités empruntées par les banques commerciales.

  • Le taux de rémunération des dépôts : soit le taux d'intérêt auquel sont rémunérées les " réserves obligatoires " des banques commerciales. En effet, chaque établissement de crédit a obligatoirement un compte ouvert auprès de la Banque centrale et doit y laisser une partie de sa trésorerie, les " réserves obligatoires ". En contrepartie du blocage des liquidités, la Banque centrale rémunère ce dépôt.

  • Le taux d'escompte ou taux du prêt marginal : soit le taux d'intérêt auquel les banques commerciales empruntent des liquidités, en apportant en garantie, des créances. La différence entre les deux termes provient simplement de la banque centrale édictant ces taux : on parle de taux d'escompte pour la Réserve fédérale américaine (FED) et de taux du prêt marginal pour la Banque centrale européenne (BCE).

Cette variable est extrêmement importante. Si une banque centrale souhaite voir réduire les crédits accordés aux entreprises, il lui suffit de relever ses taux directeurs. En cas de récession l’inverse se produit : les taux directeurs sont abaissés afin de faciliter l’emprunt.

C’est précisément sur ce mécanisme que s’appuie toutes les banques centrales du monde. La crise que nous traversons ne fait pas exception à l’application de cette recette.

 

Sources :

Paul Krugman, Pourquoi les crises reviennent toujours, 2008, W. W. Norton & Company

https://www.ig.com/fr/glossaire-trading/taux-directeur-definition

https://www.bforbank.com/bourse-pea/taux-directeurs.html