La crise Hongkongaise

 
Manifestations du 09/06/2019 - Joseph Chan - Unsplash

Manifestations du 09/06/2019 - Joseph Chan - Unsplash

 

Polemos.

Le 19 décembre 1984, lors d'une cérémonie retransmise dans le monde entier en présence du Prince Charles, héritier de la couronne britannique, le Royaume-Uni s'engageait à remettre à la Chine l'ensemble de la colonie hongkongaise. Quant à elle, la République populaire de Chine s'engageait à maintenir les systèmes économiques et législatifs ainsi que le mode de vie hongkongais pendant 50 ans à compter de 1997. C'est alors le début de ce que nous appelons aujourd'hui « un pays, deux systèmes ». 

Si Hong-Kong dispose encore de son propre modèle jusqu'en 2050 comment expliquer ce soulèvement des habitants (~2 millions de manifestants) et la grande méfiance envers le pouvoir central chinois en début d'année 2019 ? Pour cela il faut connaître quelques points des textes de lois Hongkongais. En 1987 un groupe spécial sur le droit du comité consultatif de la loi fondamentale de Hong-Kong a proposé que le problème de juridiction entre la futur RAS* de Hong-Kong et la Chine continentale soit réglé sur le principe du territoire, pour faire simple, que les fugitifs devraient être renvoyés en jugement sur le lieu du crime. Cet accord n'a tout simplement, jamais vu le jour face à l'opposition Hongkongaise. 

Tournant majeur, prémices d'un mouvement social encore jamais vu à Hong-Kong. En 2018, un Taïwanais a tué sa petite amie et s'exile à Hong-Kong pour fuir la justice de son pays. Et les ennuis commencent, le gouvernement hongkongais ne peut ni juger cet homme (le crime étant extraterritorial), ni l'extrader à Taïwan (la loi l'interdisant). Le gouvernement est alors dans une impasse et c'est de cette impasse que l'amendement de la loi d'extradition va naître, amendement proposé par le gouvernement de Hong-Kong en février 2019. Une fois cette loi adoptée, Hong-Kong pourra extrader les délinquants pour des crimes extraterritoriaux, notamment avec la Chine continentale, Macao et Taïwan. 

L'amendement est proposé le 29 mars 2019, provoquant ainsi de vives critiques notamment dans la profession juridique et journalistique craignant pour l'indépendance du système juridique de Hong-Kong et donc de possibles ingérences juridiques de la Chine. Cet amendement est donc un véritable cheval de Troie représentant un bien trop grand danger pour les nombreux activistes pro démocratie et pro indépendance hongkongaise. 

Depuis le 31 mars 2019, date de la première manifestation contre cet amendement, ce n'est pas moins de 31 mouvements citoyens hongkongais (sans compter de nombreux soutiens internationaux), grèves, manifestations, marches silencieuses avec une multitude de dérives des deux côtés, agressions de policiers, attaque et dégradation du conseil législatif, agression de la police contre les journalistes, violences policières contre les manifestants. 

Ces manifestations sont marquées en parallèle par le suicide de cinq jeunes hongkongais, Marco Ling-Kit Leung le 15 Juin 2019 étant le premier de cette triste liste. 

Du côté de la République Populaire de Chine, les réclamations du peuple et manifestations ne sont pas prises au sérieux et nous pouvons alors assister à une surenchère de violence, aussi bien physique que verbale, avec notamment la dernière déclaration en date (06/08/19) lors d'une conférence de presse à Pékin du porte-parole du Bureau des affaires de Hong-Kong et Macao, Yang Guang, au lendemain d'une grève ayant paralysé l'ensemble du pays. 

« Ne sous-estimez jamais la ferme détermination et la puissance immense du gouvernement central » 

« Cela doit être très clair pour le tout petit groupe de criminels violents et sans scrupule et les forces répugnantes qui se cachent derrière eux : ceux qui jouent avec le feu périront par le feu » 

« Enfin de compte, ils seront châtiés » 

Nul doute qu'un tel discours va dans le sens de l'apaisement et donne l'impression que le gouvernement écoute les demandes du peuple hongkongais. 

Au total, le bilan de ces manifestations s'élève à cinq morts, 120 manifestants et 22 policiers blessés et 170 manifestants arrêtés (~350 personnes sont encore susceptibles d'être arrêtées).  

Sources : 

https://www.legco.gov.hk/yr98-99/english/counmtg/hansard/981209fe.htm  

https://solidaires.org/Mobilisations-monstres-a-Hong-Kong-et-greve-generale  

https://www.latribune.fr/economie/international/hong-kong-paralysee-par-une-greve-generale-les-autorites-fustigent-les-manifestants-825210.html  

https://www.francetvinfo.fr/monde/en-images-neuf-semaines-de-contestation-a-hong-kong_3565581.html  

https://www.20minutes.fr/monde/2578227-20190806-hong-kong-ceux-jouent-feu-periront-feu-affirme-pekin  

http://ebook.lib.hku.hk/bldho/articles/BL0474.pdf