La faillite de la Deutsche Bank : prémices d’une nouvelle crise mondiale

 
Photo par : Leon Neal - Deutsche Bank's London office - Getty Images

Photo par : Leon Neal - Deutsche Bank's London office - Getty Images

 

Le 7 juillet dernier, la principale banque d’affaires allemande, la Deutsche Bank, fondée en 1870, annonce un plan de restructuration majeur qui va conduire à la suppression de 18 000 emplois. L’année 2015 avait déjà été marquée par une perte nette de presque 7 milliards d’euros. Là, ce sont 3,1 milliards d’euros qui ont été perdus pour le seul deuxième trimestre 2019. Quelles implications pour l’économie européenne et mondiale ? Doit-on craindre un nouveau Lehman Brothers ?

La Deutsche Bank a été fondée en 1870 peu avant l’unification de l’Allemagne (1871). Comme ses sœurs françaises pour leur pays, Société Générale, Crédit Lyonnais, Crédit Agricole, etc. elle a participé au développement industriel de l’Allemagne. Cependant, à la fin du XXème siècle et à l’instar de nombreuses banques commerciales, elle a trouvé dans le jeu boursier un levier financier bien plus lucratif ce qui l’a amené à acheter des produits financiers vérolés : les subprimes. La suite est assez prévisible lorsqu’en 2008 les marchés financiers s’effondrent avec l’éclatement de la bulle immobilière américaine et le scandale des subprimes. C’est là que les graines seront réellement semées.

Sauvée par les banques centrales américaines et européennes, la DB doit passer toute une série des fameux stress-tests bancaires afin de garantir la solidité financière des banques européennes. Si elle passe l’épreuve haut-la-main, il n’en reste pas moins que la banque est fortement liée aux banques centrales et leur politique de quantitative easing (comprenez que les banques centrales ont inondé les marchés d’argent pour les sauver, ce qui revient peu ou proue à faire tourner la planche à billets). Résultat ? Les banques, loin d’être responsabilisées, sont confortées dans leurs investissements financiers douteux puisque les banques centrales seront toujours là pour les sauver de la faillite, ce qui prépare une crise financière et surtout monétaire capitale.

Finalement, il faut attendre 2019 pour voir la Deutsche Bank entrer en faillite. Si on parle principalement de « restructuration », c’est justement pour éviter le mot-tabou qui ferait fuir les investisseurs et déclencherait une crise économique. Mais c’est pourtant ça : une société incapable de rembourser ses dettes. Alors quelles conséquences pour l’économie et les économies ?

D’abord, cela démontre qu’une banque peut faire faillite. On l’avait vu avec Lehman Brothers en 2008 mais c’est d’autant plus flagrant aujourd’hui car malgré toutes les précautions prises (stress-tests et autres), les établissements bancaires sont fragiles. Ensuite, on s’aperçoit aisément que, dans une économie mondialisée, et plus encore dans l’Union européenne où les banques sont toutes liées les unes aux autres, l’échec d’un pilier bancaire peut entraîner la chute de tout l’édifice. Et c’est bien ça qui est à craindre pour l’UE et la France : une contagion. C’est la raison pour laquelle la BCE va continuer sa politique de quantitative easing, incapable de comprendre que c’est cette politique qui ruiner la confiance et la valeur d’une monnaie et qui prépare à des catastrophes bancaires, monétaires et économiques majeures. Alors, à Bruxelles, on minimise, on se voile la face, on fait illusion. Mais la stratégie de l’autruche risque fort de déboucher sur une débandade complète d’autant plus que l’Union européenne comme la plupart des pays membres considèrent impossible une faillite totale du système. C’est pourtant ce qui risque de se produire. Et l’épargnant français n’aura plus que ses yeux pour pleurer quand son argent bien réel, placé sur une ligne de code appelée « Livret A », « Assurance vie », « PEL », etc. aura disparu car principalement constitué de produits financiers douteux. Sans doute sera-t-il aussi nu comme un ver car le bout de plastique qu’il appelle « carte bleue », son compte bancaire à l’autre bout d’internet, et ses bitcoins virtuels n’auront plus aucune valeur ou seront taxés par un Etat qui, étrangement, se rappellera qu’il est souverain et donc tout-puissant (cf. Chypre). A contrario, celui qui aura anticipé la crise se sera prémuni en faisant comme ses ancêtres avant lui avec la sainte trinité économique du bon sens paysan : la pierre, l’or et le « grisbi »…

Sources :

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/deutsche-bank-encaisse-sa-pire-perte-depuis-2015-sous-le-poids-de-sa-restructuration-824430.html

https://www.youtube.com/watch?v=TsUe8loJPb4

https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/deutsche-bankeuropeenne-faillite-1036521

https://www.youtube.com/watch?v=atu1717btvQ

https://www.youtube.com/watch?v=R8Mcvk0nJ4A

https://www.lepoint.fr/economie/chypre-les-comptes-bancaires-taxes-16-03-2013-1640824_28.php