Le Chili et le recul de la démocratie

 
Attaque de la Moneda, le Palais presidentiel Chilien, le 11 septembre 1975 par l’armée du général Pinochet - AP Photo

Attaque de la Moneda, le Palais presidentiel Chilien, le 11 septembre 1975 par l’armée du général Pinochet - AP Photo

 

Article écrit par Ryan B.

Lors des élections du 4 septembre 1970, Salvador Allende, l’un des fondateurs du parti socialiste chilien, obtient le soutien de l’« Unité populaire», une coalition de 6 partis de gauche et de centre gauche. Contre l’attente de la presse Américaine, Allende remporte les élections de justesse avec 36,3% des voix contre 34,9% pour le conservateur Alessandri, soit seulement 40 000 voix de plus que son adversaire. N’ayant pas obtenu la majorité absolue, son élection devra être confirmé par le parlement Chilien majoritairement de droite. Le 24 octobre, l’élection d’Allende est approuvée par le parlement sous la pression de manifestations populaires. Le président Nixon et son conseiller Kissinger sont alors dans la panique, craignant que le Chili devienne le nouveau Cuba, ce qui entrainerait de graves conséquences pour l’Amérique Latine.
Le nouveau président en place mène une politique socialiste : nationalisation des mines de cuivre, expropriation pour mettre fin aux situations de monopoles de 300 entreprises, confiscation des terres pour les redistribuer... Cependant ces reformes conduisent le pays dans une période d’instabilité : l’inflation explose, les rues sont le théâtre de nombreuses manifestations contre la hausse des prix et les difficultés d’approvisionnement à la politique d’Allende
Aux vues des tensions politiques et sociales, Allende fait rentrer trois généraux au gouvernement en fin 1972 pour s’assurer de la loyauté de l’armée à la constitution. La droite Chilienne et les Etats-Unis profitent de cette situation pour organiser des putschs militaires. Une première tentative de coup d’état aura lieu en été 73 mais elle échouera tandis que la situation politique est encore plus tendue : les députés de l’opposition déclarent le gouvernement illégal. En Aout 1973, des hauts gradés de l’armée convainquent le Général Pinochet récemment nommé commandant en chef d’organiser un coup d’état.

Le 11 septembre 1973, le palais de la Moneda, résidence présidentielle de Chili, est attaqué par des soldats putschistes avec l’appui de chars et de bombardements aériens. Dans la foulé, 45 000 personnes sont arrêtés, enfermé dans des stades, certaines fusillées, d’autres torturées. Au moment de l’attaque, Allende rappelle dans son discours radiodiffusé que le peuple doit « défendre ses acquis » face aux putschistes, présentés comme des traitres et se suicide peu après.
Le Chili plonge alors dans l’horreur, le communisme est proscrit, les partis politiques suspendues. Une commission est créée, la Commission Ortuza, chargée de rédiger une nouvelle constitution censée remplacer celui de 1925. En 1980, une nouvelle constitution est ratifiée par plébiscite. C’est alors l’opportunité pour consolider ses pouvoirs en laissant voir un semblant de démocratie. Le texte installe un système fortement présidentialiste, le chef de l’état à le pouvoir de dissoudre la Chambre des députés. Un Sénat est institué, permettant à Pinochet de s’y installer à vie. Une politique d’austérité est menée sous l’impulsion des « Chicago Boy », un groupe d’économiste chilien libérale en faveur de la démocratie. Dans un premier temps sont supprimés les droits de douane puis s’en suivra des privatisations, un meilleur contrôle des dépenses publics, chute des salaires. Les conséquences sont catastrophiques : le chômage explose, le peso perd de la valeur, ce qui accroit les mécontentements populaires.
Le 5 octobre 1988 est inauguré un référendum sans fraude cette fois-ci qui va permettre de savoir si Pinochet va rester au pouvoir. La nuit du 5 au 6 octobre voit la victoire du « non » au référendum, constituant 55,99% des suffrages exprimés contre 44,01% pour le « non ».Les Chiliens explosent de joie dans les rues et dans les villes. Une nouvelle transition démocratique est organisée jusqu’en 1990, année où se tiennent à nouveau des élections libres. La Chili est depuis l’une des démocraties les plus stables d’Amériques Latine.


Sources :

Le siècle des dictateurs / Olivier Guez

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27État_du_11_septembre_1973_au_Chili

https://www.humanite.fr/chili-11-septembre-1973-un-coup-detat-millimetre

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictature_militaire_d%27Augusto_Pinochet#:~:text=La%20dictature%20militaire%20d%27Augusto%20Pinochet%20gouverna%20le%20Chili,et%20de%20la%20police%20renvers%C3%A8rent%20par%20un%20coup

https://www.liberation.fr/planete/1998/11/14/pinochet-seize-ans-de-dictature_250885

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2006/12/11/augusto-pinochet_844300_3382.html