Le français : langue diplomatique, langue de l’excellence

 
La scène du château de Trianon à Versailles lorsque le premier ministre Clemenceau a annoncé les conditions des Alliés aux délégués allemands en 1919

La scène du château de Trianon à Versailles lorsque le premier ministre Clemenceau a annoncé les conditions des Alliés aux délégués allemands en 1919

 

C’est la langue officielle de la République : le français est une des plus anciennes et respectables langues du monde. Instrument sublime de la diplomatie internationale, des arts et des lettres, il va dominer l’Europe et la civilisation occidentale jusqu’à la fin de Seconde Guerre mondiale ; son exigence grammatique, orthographique et syntaxique subissant l’influence néfaste de l’anglais américain – simple d’utilisation comme d’apprentissage. Sa défense constitue un enjeu identitaire, social et politique de premier plan face au vampirisme linguistique de « l’Empire » ; entre soft power et multiculturalisme en provenance des États-Unis. Encore aujourd’hui, sa maîtrise et son apprentissage est l’objet d’un haut prestige social, tant en France même qu’ailleurs dans le monde.

Le français – en tant que langue à part entière – est apparu au Moyen-Âge dans l’actuelle Île-de-France, fief des rois capétiens. À l’instar de l’italien, de l’espagnol ou encore du roumain, la langue de Molière descend en ligne directe du latin parlé en Gaule romaine. Influencé par les Francs et leur dialecte germanique, le français va devenir « roman » avant de gagner son appellation actuelle. Au sein du Royaume des Francs, la langue d’Hugues Capet et ses successeurs appartient à la catégorie des langues d’oïl par opposition au Midi occitan où « langues d’oc » – la différenciation s’effectuant sur la manière de prononcer le « oui ». Contrairement à une idée reçue, le français peinera à s’installer en France où les dialectes régionaux et autres variations locales vont perdurer jusqu’à la fin du XIXème siècle. Remplaçant du latin au sein de l’administration (édit de Villers-Cotterêts), il triomphe à partir des traités de Westphalie (1648) en même temps que le pays s’impose en Europe. Pendant trois siècles, ce sera la langue diplomatique universelle, louée par toutes les nations se voulant civilisées.

« Contrairement à une idée reçue, le français peinera à s’installer en France où les dialectes régionaux et autres variations locales vont perdurer jusqu’à la fin du XIXème siècle »

Comment expliquer cette hégémonie culturelle ? D’une part, la France est la puissance hégémonique en Europe à partir de Louis XIII et jusqu’à Napoléon Ier. D’autre part, les qualités intrinsèques de la langue lui donnent une popularité inégalée : justesse, précision, grande variété lexicale, large gamme de registres, jeux de mots, etc. Le triomphe des lettres et des arts français consacre enfin une renommée séculaire. Son exigence grammaticale, syntaxique et orthographique dénote une excellence que peu de langues affichent, du moins en Occident. Le français est une langue élitiste et noble, en témoigne sa contemporaine subsistance au sein des différentes familles royales européennes ainsi que son attrait pour les populations asiatiques ambitieuses (Chine, Japon, Corée du Sud, etc.). Pourtant, plus que jamais, il est menacé de déclin.

« Le français est une langue élitiste et noble »

Comment expliquer une telle menace ? Le français est une langue vivante et évolutive ; l’ancien français demeure obscur pour un locuteur des temps modernes. Mais les apports lexicaux ont toujours été ponctuels et dilués sur le long terme du fait de la précarité des moyens de communication et de diffusion (infrastructures, imprimerie…). Après la Seconde Guerre mondiale, la France subit une double influence vampirique : celle de l’anglais américain – simple et pratique – et celle de l’arabe magrébin – lié au communautarisme arabo-musulman implanté dans les banlieues françaises. Venu des États-Unis, imposé par la culture populaire et les milieux d’affaires américains, l’anglais a profondément pénétré la société nationale et le monde du travail inscrits dans la mondialisation libérale. Accaparé par l’élite de France, l’anglais et sa maîtrise notamment phonétique, est un facteur discriminant de plus en plus puissant. Quant à l’arabe, expressions et accents minent le parler populaire, amplifié par la culture minoritaire du rap et des banlieues communautaires. C’est ainsi que la France assiste, depuis des décennies, à un alignement linguistique des jeunes Français avec un parler vulgaire, simpliste et arabisant.

« Après la Seconde Guerre mondiale, la France subit une double influence vampirique : celle de l’anglais américain […] et celle de l’arabe maghrébin »

Parce que la langue est un signe extérieur de culture, aucune nation n’a intérêt à voir disparaître la sienne. Le français a toujours été influencé par des apports extérieurs mais ses fondements linguistiques n’ont que peu évolué en un millénaire. La double menace américaine et arabe constitue un enjeu culturel d’importance pour qui considère encore la langue comme un vecteur d’unité nationale – car dénominateur commun entre les peuples – et outil de puissance culturelle à travers le monde.










Sources :

Édit de Villers-Cotterêts de 1539

Traités de Westphalie de 1648

Constitution de la Cinquième République française du 4 octobre 1958

http://observatoire.francophonie.org/qui-apprend-le-francais-dans-le-monde/le-francais-langue-etrangere/asie-et-oceanie-tableaux-regionaux/#:~:text=L'apprentissage%20du%20fran%C3%A7ais%20conserve,rapport%20au%20nombre%20d'%C3%A9l%C3%A8ves

http://iremmo.org/wp-content/uploads/2016/01/0823.moatassime.pdf