Le Japon sur la voie de la modernité - De 1889 à 1912 (2/2)
« Gêné par son manque de ressources naturelles et par ses montagnes, qui ne laissent que 20 % du sol disponible pour l'agriculture, le Japon manque de tout ce qu'exige ordinairement le développement économique. Isolé du reste du monde par une langue difficile et unique, ne s’apparentant à aucune autre, et par une conscience intense de son originalité culturelle, le peuple japonais vit replié sur lui-même et résiste aux influences étrangères alors que la seconde moitié du XIX siècle est déjà bien entamée. Pour toutes ces raisons, le Japon semblait destinė a conserver son manque de maturité politique, son retard économique, et son impuissance militaire. Mais, en deux générations, il devient un acteur de premier plan dans la politique internationale en Extrême-Orient ». Cette description de Paul Kennedy (Naissance et déclin des grandes puissances) représente assez bien le caractère plutôt imprévisible de la trajectoire japonaise. Qui aurait pu prédire que ce pays, contraint à l’ouverture moins d’un demi-siècle auparavant et plongé dans un chaos politique impressionnant, aurait pu devenir en cette fin de XIXème siècle une nation complètement centralisée, au système politique parlementaire stabilisé, industrialisé et si dynamique économiquement ?
Nous avons déjà mis en évidence cet élément (voir « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1868 à 1889 (1/2) ») : tout ce processus de modernisation du Japon repose sur le mot d’ordre de l’élite de Meiji « Fukoku kyōhē », « Un pays riche, une armée forte ». Cette doctrine met en avant l’idée que, du fait de la menace que faisaient peser les puissances étrangères sur la souveraineté du Japon, il fallait moderniser l’économie pour disposer des ressources permettant de moderniser le système de défense afin d’être en mesure de résister aux étrangers. C’est dans cette optique que l’on comprend la pertinence du modèle de développement économique « en vol d’oies sauvages » (voir « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1889 à 1912 (1/2) »), qui devait permettre au pays de disposer le plus vite possible d’une industrie lourde pour rivaliser militairement avec l’Occident.
Dans ce contexte de la fin du XIXème siècle de « choc des impérialismes » et de constitution des empires coloniaux, nous pouvons observer empiriquement que le Japon s’est inspiré des analyses et doctrines de Satō Nobuhiro et Honda Toshiaki (voir « Le Japon est un coquillage : De 1641 à 1853 (2/2) »). Ces deux théoriciens de la fin de l’ère Edo, précurseurs de l’analyse « Fukoku kyōhē », prônaient comme moyen pour le Japon de résister aux Occidentaux l’imitation des méthodes qu’ils employèrent pour devenir si puissant, qu’ils identifièrent tous les deux comme étant en premier lieu le commerce international et la colonisation. La question de l’expansionnisme japonais « moderne » commença donc à se poser dès l’ère Meiji, et alors même que le Japon était loin d’avoir retrouvé l’entièreté de sa souveraineté nationale du fait des traités qu’il avait été contraint de signer au moment de sa réouverture (les « traités Ansei »). Ainsi que le souligne Maruyama, « l'Etat japonais a eu un comportement impérialiste avant d'être un État souverain de plein droit ».
Achevons donc cette étude sur le Japon de l’ère Meiji par un zoom sur sa trajectoire internationale, et sur l’émergence par étape du Japon en tant que puissance régionale avec laquelle il fallait incontestablement compter en Extrême-Orient.
Les débats sur l’expansionnisme durant la première moitié de l’ère Meiji (1868 – 1889)
Il convient, pour commencer, de rappeler que l’expansionnisme moderne ne fut pas un événement inédit de l’histoire japonaise, ni un « accident de parcours ». Les premières tentatives d’expansions avaient eu lieu à la fin du XVIème siècle, juste après l’unification politique du pays par Toyotomi Hideyoshi. Ce dernier, après avoir longtemps hésité entre une expansion continentale et une expansion vers l’Asie du Sud-Est, trancha pour un projet d’invasion de la Corée et de la Chine (voir « Le Japon est un coquillage : De 1404 à 1641 »). Cette aventure se solda par un échec, et l’accession au pouvoir des Tokugawa entraîna l’annulation de l’invasion, puis l’abandon de toute volonté expansionniste avec la mise en place du Sakoku en 1641, qui consacra le retrait du Japon des affaires du monde.
La question de l’expansionnisme revint bien vite sur la table une fois le shogunat renversé : ce fut le « débat du Seikanron » (« « 征韓論 » » ; voir « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1868 à 1889 (1/2) »), à l’issu duquel fut finalement refusée la proposition de Saigō Takamori de conquête de la Corée, et qui aboutit à sa démission du gouvernement avec quatre autres partisans de cette solution (Itagaki Taisuke, Gotō Shōjirō, Etō Shinpei et Soejima Taneomi). On ne peut cependant pas véritablement assimiler ce projet de conquête de la Corée de 1873 aux projets expansionnistes ultérieurs, puisque son principal défenseur qu’était Saigō défendait plutôt ce projet comme étant un moyen de redonner un emploi à une classe de samouraïs désœuvrée, qui perdait progressivement toutes ses prérogatives, et contenant par ailleurs bon nombre de mécontents devant la poursuite de la politique de modernisation par le nouveau gouvernement (même si Maruyama dénombre d’autres arguments allant dans le sens de cette conquête). C’est en ce sens que nous avions classé Saigō, ses partisans et les rebelles de Satsuma dans la case intellectuelle des partisans du « Sonnō jōi de Mito » (voir « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1868 à 1889 (1/2) »).
Il convient cependant de souligner qu’il n’y a pas pour autant de lien entre expansionnisme et « Sonnō jōi de Mito ». Si la rupture entre partisans du « Sonnō jōi de Meiji » et ceux du « Sonnō jōi de Mito » fut provoquée par ce débat sur l’invasion de la Corée que défendaient les derniers, le point de friction entre eux n’était pas tant le projet d’invasion en lui-même que la place à accorder à l’ancienne noblesse samouraï dans la société de Meiji. Si les partisans du « Sonnō jōi de Meiji », et en particulier Ōkubo et Iwakura, se sont opposés au projet de Saigō, ce n’est pas tant par conviction pacifiste ou par amitié envers le peuple coréen. Ils souhaitaient surtout donner la priorité aux réformes intérieures et consolider le nouveau régime avant de se lancer dans d’aventureuses expéditions hors des frontières japonaises, et ne partageaient pas du tout la volonté de Saigō de maintenir un rôle spécifique pour les samouraïs.
Avoir cela en tête est absolument nécéssaire pour comprendre la trajectoire ultérieure du Japon de Meiji. Ainsi que le souligne Maruyama, « même si les partisans de l'expédition avaient été mis en échec, l'opposition de ceux qui, avec Iwakura et Ōkubo, donnaient simplement la priorité à l'affermissement de l'État dans l'archipel, ne tenait certes pas à une divergence fondamentale : on s'étendrait bientôt hors de l'archipel aussi mais, d'abord, il fallait assurer le développement intérieur. En un mot, il était trop tôt. Le désaccord n'était pas plus profond que cela. Et d'ailleurs, sitôt ce problème réglé, dès avril 1874, la faction favorable aux réformes intérieures, ceux-là mêmes qui s'étaient opposés à l'expédition de Corée, organisaient celle de Taïwan. On ne risquait pas autant de complications internationales et, avant tout, cela coûtait moins cher. Ainsi, la fièvre coréenne à peine retombée, cap était mis sur Taïwan pour une campagne en quelque sorte à moindres soucis. Ce fut ensuite l'affaire de l'île de Kanghwa, en septembre 1875, également dans le droit fil des ambitions coréennes de 1873 ».
La Corée restait malgré tout un objectif stratégique pour le Japon. Considérée comme une « région d’importance vitale », le contrôle de la Corée était depuis bien longtemps pour les japonais un objectif prioritaire pour la survie de leur pays, tant pour les ressources que le territoire possède que pour couper l’avancée des puissances européennes en Extrême-Orient, et en particulier le Royaume-Uni et la Russie. Mais une conquête pure et simple de la Corée n’était pas possible dans l’immédiat, aussi le Japon commença par y développer son influence. Reischauer souligne qu’« en 1876, les japonais avaient utilisé à l’égard des coréens les méthodes employées contre eux par l’amiral Perry. Ils avaient obligé la Corée à signer un traité et à ouvrir ses portes. Depuis lors, leur influence dans la péninsule coréenne n’avait cessé de s’accroître (…). Comme la Corée reconnaissait au moins nominalement le suzeraineté chinoise, le Japon ne pouvait manquer d’entrer en conflit avec le grand Empire continental ».
Le premier succès militaire du Japon moderne : la Première Guerre Sino-japonaise (1894-1895)
Il est nécessaire de prendre en compte la conjoncture politique internationale des années 1890, qui est absolument partout dans le monde l’exacerbation des rivalités entre puissances coloniales. Il en fut de même en Asie, et en particulier en Extrême-Orient où la Chine était devenue, selon la célèbre caricature, un gros gâteau que se partageaient les puissances coloniales. Royaume-Uni, France, Allemagne et Russie se partageaient le pays en zones d’influences, et l’Empire du Milieu était bien incapable de leur résister. Comme le souligne Reischauer, « La conception Occidentale selon laquelle les grandes nations ont vocation à exercer leur tutelle sur les plus faibles pour le plus grand bénéfice des unes et des autres régnait alors sans partage ». Le Japon, toujours obnubilé par la préservation de sa souveraineté, jugea que le meilleur gage de son indépendance était dans l’imitation de l’impérialisme Occidental et sa participation au « jeu des grandes puissances ».
C’est ainsi que l’on comprend cet extrait du discours intitulé « Le peuple japonais et la marche du monde », prononcé par Itō Hirobumi en 1899 : « Les guerres qu'on voit éclater de nos jours ont leur origine en ceci : étendant à d'autres pays les intérêts de son industrie et de son commerce, ou bien l'on cherche à empêcher autrui d'y faire obstacle, ce qui est le cas le plus fréquent, ou bien l'on vise soi-même à étendre ces intérêts au monde entier. (...) Sans doute le premier objectif d'un pays est-il d'être assez fort pour pouvoir se défendre, et c'est bien d'abord pour ne pas être envahi par un autre pays qu'on se défend. Mais cela implique de se développer, de développer l'industrie et le commerce nationaux, d'augmenter autant que possible la puissance de son armée et de sa marine en vue d'étendre toujours plus loin ses intérêts économiques. Il ne s'agit nullement de vues personnelles : telle est l'opinion à peu près unanimement admise dans le monde d'aujourd'hui et voilà pourquoi nous sommes en rivalité avec les puissances dont j'ai parlé tout à l'heure ».
Région stratégique proche du Japon sur laquelle il avait déjà une influence, et rare nation encore libre de toute colonisation Occidentale, c’est bien entendu vers la Corée que le regard du Japon se tourna. Alors qu’une révolte éclata dans le pays en 1894 et que la Corée fit appel à son suzerain chinois pour la mater, l’Empire du Soleil Levant décide d’intervenir lui aussi pour y ramener l’ordre, contre l’avis de la Chine. Et c’est ainsi qu’éclata la « Première Guerre Sino-japonaise » (« 日清戦争 » ; « Nisshin sensō »). Et ainsi que l’affirme Reischauer, « à la plus grande surprise des puissances Occidentales, les forces rénovées du petit archipel triomphèrent aisément du géant chinois ». La suprématie japonaise au cours de cette guerre fut en effet incontestable ; le conflit fut principalement maritime, et la flotte chinoise fut complètement ravagée tandis que le Japon prenait le contrôle de différents points stratégiques. La paix fut finalement signée 8 mois plus tard, le 17 Avril 1895, avec le traité de Shimonoseki. La Chine dut céder au Japon l’île de Taïwan (voir à ce sujet « Brève histoire de Taïwan : Des origines à 1945 ») et les archipels aux alentours (les îles Pescadores), ainsi que la presque-île du Liaodong (avec la zone stratégique de Port-Arthur) au sud de la Mandchourie. Elle fut aussi contrainte de verser d’importantes indemnités de guerre, de renoncer à sa suzeraineté sur la Corée et en accepter la pleine indépendance, ainsi qu’à « accorder aux ressortissants japonais les mêmes privilèges diplomatiques et commerciaux qu’aux Occidentaux » (Reischauer). C’était officiel : le Japon voulait aussi sa part du gâteau chinois, et contraint la Chine à étendre les « traités inégaux » à son profit.
Cette victoire marque un véritable bouleversement en Asie puisque la Chine, grand Empire habitué à considérer sa civilisation comme le meilleur de l’espèce humaine, cœur économique, culturel et scientifique de tout l’extrême-Orient depuis des millénaires, s’est vue écrasée en quelques mois par le minuscule Japon. Les relations entre les deux pays sont très longues et complexes : si la Chine fut le premier modèle du Japon, qui l’admira avec tant de vigueur qu’il entreprit de l’imiter durant près de trois siècles (voir « Le Japon est un coquillage : Des origines à 1404 »), les japonais eurent toujours du mal à accepter les relations de vassalité que les chinois exigeaient de tout pays voulant entretenir des relations officielles avec eux (voir « Le Japon est un coquillage : Des origines à 1404 »). Si la relation à la Chine, qu’elle soit admirée ou haïe, fut toujours un incontournable pour le Japon, l’Empire du Milieu ne montra jamais beaucoup d’intérêt pour son voisin insulaire, qu’il considérait comme un pays périphérique peuplé de Barbares sanguinaires (l’épisode des Wakō ayant laissé des traces ; voir « Le Japon est un coquillage : Des origines à 1404 ») qui tirent la quasi-totalité de leur civilisation de ce qu’ils ont imité d’elle. Cette humiliante défaite face au Japon fut donc un traumatisme immense pour l’élite chinoise, plus encore que celles face aux Occidentaux lors des deux « guerres de l’opium » (1840 – 1842 ; 1856 – 1860).
Et quelle réaction à cette montée en puissance japonaise du côté Occidental ? Reischauer de décrire : « Dans cet âge d'impérialisme triomphant, les pays d'Occident loin de condamner l'agression nippone, se montrèrent satisfaits de la réussite de leur élève. Mais ils firent comprendre aux japonais que le jeu de l'impérialisme était sans merci et qu'en leur qualité d'Occidentaux, ils n’étaient guère disposés à accepter que d'autres partenaires vinssent chasser sur leurs brisées. De concert, la Russie, la France et l'Allemagne obligèrent le Japon à restituer le Liaodong la Chine. Trois ans plus tard, ils s'approprièrent cyniquement une nouvelle part du territoire chinois, les Russes se réservant la péninsule du Liaodong. (…) Le Japon dut faire bonne figure. Il accepta cette humiliation tout en comprenant que l'antagonisme avec une Russie de plus en plus tournée vers la Mandchourie et la Corée devenait inéluctable ».
La consécration de la nouvelle puissance japonaise : la Guerre Russo-japonaise (1904 – 1905)
Après une symbolique participation auprès des Occidentaux aux opérations de répression en Chine contre les « boxers » (« 義和拳 », « Yìhéquán » ; « Poings de la justice et de la concorde » ; société secrète chinoise visant à lutter contre l’influence des étrangers en Chine) entre 1899 et 1901, au cour de laquelle le Japon eut tout le loisir de présenter son efficacité militaire aux Occidentaux, ce dernier comprit qu’une nouvelle guerre était imminente. En effet, après avoir tenté des négociations avec la Russie au sujet de leurs positions respectives en Extrême-Orient, le Japon acta le fait qu’un conflit avec elle se déclarerait inévitablement s’il maintenait son influence en Corée, puisque l’objectif russe était de s’assurer un accès permanent à l’océan Pacifique en annexant la totalité de la Mandchourie et en contrôlant, voire en annexant aussi, la Corée.
Redoutant plus que tout une coalition des pays européens contre lui, qui réduirait à néant tous ses efforts de maintien de sa souveraineté nationale, le Japon se chercha alors des alliés. « La Grande-Bretagne accepta ce rôle avec le double espoir de voir le rival russe s’empêtrer dans une future guerre asiatique et le Japon assumer une partie du fardeau représenté par le contrôle des mers. L’alliance anglo-japonaise conclue en 1902 fut le premier pacte militaire négocié sur un pied d’égalité entre un pays Occidental et un pays non-Occidental » (Reischauer). Par cette alliance, conclue spécifiquement pour la question russe, le Royaume-Uni s’engageait à ne pas intervenir aux côtés de la Russie si une guerre entre le Japon et la Russie se déclarait et à rester neutre, sauf si un autre pays décidait de s’engager aux côtés de la Russie contre le Japon (étant ici visée la France). Dans ce cas, il est prévu que le Royaume-Uni sorte de sa neutralité pour soutenir son allié japonais.
Ça sera finalement la suspension de l'engagement pris par la Russie d'évacuer des troupes stationnées Mandchourie qui mit le feu aux poudres. Fort de son alliance avec le Royaume-Uni, le Japon adressa un ultimatum à la Russie le 13 Janvier 1904, ultimatum qui resta sans réponse. L’Empire du Soleil Levant décida alors le 8 Février d’attaquer par surprise la flotte russe d’Extrême-Orient, et ne déclara officiellement la guerre que deux jours plus tard. « La Russie pouvait aligner des forces très supérieures à celles du Japon ; mais elle était handicapée par la nécessité de mener les opérations à l’extrémité d’une ligne de chemin de fer à voie unique, longue de plusieurs milliers de kilomètres [le transsibérien]. D’autre part, la conduite de la guerre fut gênée par les troubles révolutionnaires intérieurs. Ces données expliquent le succès japonais » (Reischauer). Car en effet, la Corée est sous contrôle dès Mars 1904, puis la Mandchourie est envahie : Port-Arthur capitule en Janvier 1905, puis Mukden en Mars. Pour enrayer la catastrophe, la Russie envoya sa flotte de la Baltique, composée de 45 navires, en Extrême-Orient. Après avoir dû faire le tour de l’Afrique, la flotte russe atteignit finalement l’Extrême-Orient en Mai 1905. Mais elle fut immédiatement coulée par la flotte japonaise dirigée par celui que l’on surnomma « le Nelson de l’Orient », Tōgō Heihachirō (« 東郷 平八郎 »), lors de la bataille de Tsushima. En Juillet 1905, le Japon envahit directement le territoire russe en débarquant sur l’île de Sakhaline, conformément au projet activement défendu par le général Nagaoka Gaishi (« 長岡 外史 »).
La défaite russe est totale : la flotte a été ravagée. La Russie décide alors d’engager des négociations pour mettre fin au conflit. Côté japonais, l’Empire connaît de telles difficultés économiques du fait des dépenses de guerres qu’« il s’empressa d’accepter la médiation du président Théodore Roosevelt » (Reischauer). Le traité de Portsmouth, issu de la médiation américaine entre une Russie qui connaît de graves difficultés intérieures (révolution de 1905) et un Japon épuisé économiquement, consacre malgré tout la victoire japonaise : la Russie renonce à toute prétention en Corée, reconnaît les intérêts japonais dans ce pays et doit évacuer la Mandchourie qui est restituée à la Chine, sauf le Liaodong et Port-Arthur qui sont remis au Japon. Enfin, l’Empire du Soleil Levant obtient de la Russie contre une compensation financière la moitié sud de l’île de Sakhaline, qui devint la « préfecture de Karafuto » (« 樺太庁 »). Le traité fut cependant très mal reçu par l’opinion publique japonaise, qui réclamait beaucoup plus de la part de la Russie (dont en particulier une compensation financière et la totalité de Sakhaline). Mais cette victoire permit malgré tout au Japon de se débarrasser de son rival russe en Extrême-Orient, après en avoir fait de même avec la Chine une décennie plus tôt. Il put finalement annexer l’ensemble de la péninsule coréenne en 1910, sans susciter la moindre protestation à l’international.
Cette victoire japonaise sur la Russie fut cependant une grande surprise pour tout l’Occident, qui s’attendait à voir un Japon bien téméraire écrasé par la puissance de « l’ours russe ». L’issu de cette guerre fut finalement la première défaite moderne d’un pays européen face à une nation non-Occidentale, la première défaite des « blancs » contre les « jaunes », pour reprendre la une du Petit Parisien.
Le Japon, fort de ces deux victoires, était-il pour autant devenu une « grande puissance » ? Kennedy nuance cette idée : « (Le Japon) a eu la chance de combattre une Chine souffrant d’un retard encore plus grand et une Russie tsariste aux superstructures militaires trop lourdes, et désavantagée par l’immensité des distances entre Saint-Pétersbourg et l’Extrême-Orient. En outre, grâce à l’alliance anglo-japonaise de 1902, il peut combattre sur son sol sans être gêné par d’autres puissances. (…) Incapable de financer les dépenses énormes de la guerre avec ses ressources propres, il bénéficie quand même de prêts souscrits aux États-Unis et en Angleterre. En fait, le Japon n’est pas loin de la banqueroute à la fin de 1905, quand s’engagent les négociations de paix avec la Russie. L’opinion japonaise n’en a peut-être pas une conscience nette, et elle s’indigne des conditions relativement modérées par lesquelles la Russie se tire d’affaire lors du règlement final. Néanmoins, la victoire est confirmée, les forces armées du Japon glorifiées et admirées, l’économie a les moyens de récupérer, et son statut de grande puissance (fût-ce à l’échelle régionale) est admis par tous : le Japon est devenu adulte. Personne ne peut entreprendre quoi que ce soit d’important en Extrême-Orient sans le prendre en considération ; mais quant à savoir s’il va pouvoir continuer à se développer sans provoquer de réaction de la part des grandes puissances bien établies, rien de moins évident ».
Quel bilan sur la révolution de Meiji ? Du point de vue de la structure sociale, et alors que nous avions vu que les dynamiques à la fin de l’ère Edo tendaient vers une décadence de la caste des samouraïs (voir « Le Japon est un coquillage : De 1641 à 1853 (2/2) »), nous ne pouvons que constater que l’intervention américaine de 1853 a permis à une partie d’entre eux de se maintenir au pouvoir. Cette réalité pousse par exemple Chesnaux à remettre en cause l’expression de « révolution de Meiji » : « S’agit-il d’une véritable révolution, d’une élimination des anciennes classes dirigeantes par des nouvelles forces sociales qui organisent la société sur des bases nouvelles comme en France en 1789, en Russie en 1917 ? Le nouvel ordre japonais a, au contraire, été instauré par ceux-là mêmes (daimyo du Sud, samouraï) qui participaient, avec d’autres, à la direction de l’Ancien Régime. Ils se sont seulem190ent débarrassés des formes de cet Ancien Régime et de ses partisans attardés, de façon à donner à leur pouvoir social une base nouvelle, plus solide, de façon à répondre aux exigences du monde moderne et au "défi" de l’Occident ». Mais que l’on s’accorde sur le terme de « révolution » ou non, il est incontestable que les nouveaux maîtres du Japon ont accompli l’exploit de faire de ce petit archipel reclus et menacé de colonisation une puissance économique et militaire notable.
Maruyama souligne qu’« Après la guerre avec la Russie, les études japonaises suscitèrent un enthousiasme tel que chaque semaine étaient publiés dans le monde plusieurs livres consacrés au Japon ». Pays industrialisé, inséré dans le jeu diplomatique par son alliance avec le Royaume-Uni et sa participation à la mise au pas de la Chine, puissance coloniale qui avait réussi à faire main basse sur Taïwan, la Corée, Sakhaline et le Liaodong avec une large zone d’influence en Mandchourie, disposant d’une armée dont l’efficacité était parvenue à surprendre jusqu’au glorieux empire des tsars… Le Japon était-il devenu une « puissance comme les autres » ?
Pas totalement. Car contrairement aux puissances européennes, le développement japonais était avant tout motivé par la peur. La peur de se voir soumis à une puissance étrangère, ou de connaître le même destin que la Chine. Nous l’avons vu, ce développement, conformément au slogan « Fukoku kyōhē », n’avait pas pour but la prospérité de la nation japonaise, mais en premier lieu le développement d’une industrie militaire qui puisse permettre à l’Empire du Soleil Levant de tenir en respect les puissances Occidentales qu’il craignait. Mais, à partir de quel moment le Japon pouvait-il se dire qu’il était parvenu à accumuler assez de force pour ne plus focaliser son développement sur sa défense ? À partir de quel moment le Japon pouvait-il s’autoriser à relâcher la pression sur sa population, et tenter de résorber le décalage qu’un processus de développement « à deux vitesses », qui laissait de côté une grande partie de la population, avait engendré ?
Chesnaux et Maruyama ont tous les deux mît en évidence a posteriori ce décalage, ce déséquilibre fondamental, dans le développement du Japon de l’ère Meiji (voir « Le Japon sur la voie de la modernité - De 1889 à 1912 (1/2) »). Mais ce phénomène avait déjà été mis en évidence par des contemporains de cette époque, comme Fukuzawa Yukichi. Dans son ouvrage Aperçu général de la théorie de la civilisation (« 文明論の概略 » « Bunmeiron no gairyaku ») publié en 1875, le philosophe dénonçait déjà la position des adeptes de l’idéologie « Fukoku kyōhē » en anticipant les déséquilibres que cette idéologie allait produire :
« II est un genre de patriote qui se caractérise sans doute par quelque hauteur de vue lorsqu'on le compare à un de ces forcenés expulseurs de barbares n'ayant d'autre idée que vider le pays de tous ses étrangers, mais qui croit néanmoins pouvoir attribuer à la seule insuffisance de nos moyens militaires la difficulté de la position internationale où se trouve le Japon. Celui-là s'imagine qu'il suffira de nous armer jusqu'aux dents pour nous rendre capables de tenir tête aux puissances : augmentons les crédits militaires, achetons des canons et les plus grands vaisseaux, fortifions les côtes, faisons des arsenaux ! Puisque les Anglais ont mille bateaux de guerre, doit-il se dire, ayons-en autant et ce sera jeu égal. C'est n'avoir pas le sens des proportions. Car pour mille de guerre, les Anglais ont à peu près dix fois ce nombre en navires de commerce et encore cent fois en marins. On ne saurait former des marins sans posséder l'art de la navigation. Il faut aussi des savants et des commerçants, un droit complet, un commerce prospère, toute une organisation sociale. (…)
Une maison dans le plus grand désordre et dont même aucune porte ne ferme à clé sera-t-elle à l'abri des voleurs parce qu'on aura posé devant elle une rangée de canons dernier cri ? Un pays obsédé par la puissance militaire, qui dépense aveuglément et sans compter pour équiper son armée, risque de se ruiner lui-même à force de dettes. (…) Le Japon équipe aujourd'hui son armée en se fournissant à l'étranger, non seulement pour sa marine mais pour à peu près quatre-vingt-dix-neuf pour cent des armes légères et des uniformes. Sans doute est-ce que nos techniques de production sont attardées, comme le disent certains, mais qu'il en soit ainsi prouve en fait que c'est toute notre civilisation qui est encore loin du niveau requis. Mettre simplement à jour l'armement ne servira probablement à rien sinon à nous faire perdre l'équilibre ».
Réfléchissant sur le processus de civilisation, qu’il définissait comme « à la fois l’acquisition du bien-être matériel et l’élévation de l’esprit humain » (en précisant que « comme le bien-être et le raffinement de l’humanité sont le résultat du savoir et de la vertu, la civilisation se définit, en dernière analyse, comme le progrès de l’humanité dans la connaissance et la vertu »), Fukuzawa en vint à la conclusion que « Le moyen de préserver notre indépendance ne doit pas être recherché ailleurs que dans la civilisation ».
« De ce point de vue, la civilisation japonaise était apparemment en retard sur celle de l’Occident. (…) Même si progrès et retard sont après tout des termes relatifs, l’écart entre l’Orient et l’Occident était considérable. Selon Fukuzawa, il était impossible d’espérer le combler en se contentant d’acheter des armes et des machines modernes et de se doter de structures extérieures car la civilisation c’est le progrès de l’esprit, c’est-à-dire des vertus et du savoir collectifs de la nation. D’où sa formule : "La civilisation est notre objectif" » (Shunsaku Nishikawa, « 西川 俊作 »). Le meilleur gage de l’indépendance de la nation japonaise n’était selon lui pas dans l’expansion économique et la modernisation militaire, mais passait plutôt par l’amélioration des conditions d’existence du peuple japonais et son éducation (d’où la fondation par ce même Fukuzawa de la désormais si prestigieuse université « Keiō » ; « 慶應義塾大学 »).
Mais pour pouvoir procéder à cela, il fallait que le Japon s’y sente autorisé, et donc en sécurité. À partir de quel moment l’Empire du Japon pouvait-il considérer qu’il était devenu assez fort pour que sa souveraineté soit assurée ? À partir de quel moment l’expansion économique et coloniale était-elle suffisante ? À partir de quel moment l’Empire du Japon pouvait-il se sentir satisfait de la puissance qu’il était parvenu à bâtir, et rassuré quant à la pérennité de son existence ?
Ce sentiment ne vint jamais. Traumatisé par les événements de 1853 et par les conditions dans lesquelles il avait été amené à se rouvrir après le Sakoku, le Japon, ou au moins ses élites, ne se sentait jamais assez fort pour assurer sa pérennité. Ces éléments permettent peut-être d’esquisser une logique quant à la suite de sa trajectoire au cours du XXème, qu’il conviendra aussi d’étudier.
Sources :
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REISCHAUER, Edwin. « Démocratisation et impérialisme », dans Histoire du Japon et des Japonais, Éditions du Seuil, 1973, pp. 169-208.
MARUYAMA, Masao. « Essai troisième », dans Essais sur l’histoire de la pensée politique au Japon, Clermont-Ferrand, Éditions Les Belles Lettres, 2018, pp. 333-372.
PERRONCEL, Morvan, « Maruyama Masao : "La Pensée de l’État Meiji", traduction », dans Ebisu, N°32, 2004. pp. 85-121. Disponible sur : https://www.persee.fr/doc/ebisu_1340-3656_2004_num_32_1_1381
LAVELLE, Pierre. « Les sources prémodernes de la pensée politique contemporaine » et « La génération des Lumières », dans La pensée politique du Japon contemporain (1868-1989), Paris, PUF, 1990, pp. 5-29.
CHESNAUX, Jean. « Le Japon de l’ère Meiji à 1937 », dans L’Asie orientale aux XIXème et XXème siècles, Paris, PUF, 1966, pp. 146-158.
NISHIKAWA, Shunsaku. « Fukuzawa Yukichi (1835 - 1901) », dans Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée, vol. XXIII, n° 3-4, septembre-décembre 1993, p. 501-515. Disponible sur : http://www.ibe.unesco.org/sites/default/files/fukuzawf.pdf
MARUYAMA, Masao. « Introduction aux recherches philosophiques de Fukuzawa Yukichi », dans Cipango , n°19, 2012, pp. 191-217. Disponible sur : http://journals.openedition.org/cipango/1724
VIÉ, Michel. « La Mandchourie et la "Question d’Extrême-Orient", 1880-1910 », dans Cipango, n°18, 2011, pp. 19-78. Disponible sur : http://journals.openedition.org/cipango/1515
WOO, Chulgu. « Les guerres sino-japonaise et russo-japonaise », dans Hérodote, 2011/2 (n° 141), p. 115-133. Disponible sur : https://www.cairn-int.info/revue-herodote-2011-2-page-115.htm
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