Le Quantitative Easing, qu’est-ce que c’est ? (2/2)

 
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La non-souveraineté monétaire

Comme expliqué précédemment, au sein de l’Europe, les états ayant adhérés à la zone euro ont accepté de laisser le contrôle de leur monnaie à une entité supranationale, l’idée fondatrice fut d’empêcher les états et autres gouvernements d’utiliser leur pouvoir de création monétaire à des fins électorales. Cette idée est effectivement justifiée mais ne laisse dans les faits plus la possibilité aux états d’ajuster leur monnaie en fonction des nécessités de la conjoncture économique nationale. En ce qui concerne le Quantitative Easing (QE), les états n’ont donc pas leurs mots à dire sur la politique monétaire Européenne une fois le/la président(e) de la banque centrale élu(e).

Nous pourrions également souligner le fait qu’une monnaie unique ait l’effet d’un taux de change fixe qui empêche la monnaie nationale de se dévaluer par rapport aux monnaies étrangères quand les investissements se font à l’étranger. Les pays sont donc dans l’obligation d’appliquer une politique de réduction du coût de la main-d’œuvre pour équilibrer leur attractivité face à l’étranger. Dans le cas de la France, les normes salariales plus fortes qu’en Allemagne poussent donc les investisseurs vers l’Allemagne sans que la dévaluation de la monnaie Française ne puisse équilibrer l’attractivité comparative de la France, les deux pays ayant une monnaie commune.

Le transfert de l’investissement vers les marchés actions et l’immobilier

La banque centrale européenne (BCE), a donc en 2015 prit le pas de suivre la FED et la banque du Japon (BOJ) dans la politique de QE. L’impact de l’achat massif d’obligation d’état et de la diminution des taux a donc directement impacté négativement le rendement des obligations d’états. Lorsque la BCE achète des obligations à taux bas, cela pousse les états à baisser le taux d’intérêt de leurs obligations étant donné que même celles à taux bas arrivent à se vendre sur le marché. Le taux directeur permet également aux entreprises de se financer à bas coût via l’emprunt ce qui diminue aussi le taux auxquelles elles émettent leurs obligations.

L’effet pervers des taux bas est la faible rentabilité des marchés obligataire et plus globalement des créances. Le prêt d’argent n’étant donc plus intéressant (le rendement étant parfois même inférieur à l’inflation), les investisseurs se tournent donc vers d’autres actifs. Ils investissent donc massivement dans les marchés actions ou dans l’immobilier urbain. Cet effet pervers a donc pour effet une montée des marchés directement nourris par la création monétaire.

Le risque de bulle spéculative

Les marchés montent et alors, temps mieux non ?

Oui et non, oui car cela permet à tout le monde de s’enrichir et à l’économie de bien se porter. Non, car cela est extrêmement risque, car la valeur de marché ne reflète plus la valeur réelle des actifs mais la valeur spéculative basée sur une surabondance de capitaux. Cette bulle spéculative sur les marchés risque donc à tout moment d’exploser ce qui entrainerait une réaction en chaine sans précédent qui pourrait, au regard des valorisations actuelles, être bien plus impactante que la crise de 2008.

Sources :

Article de presse : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-a-peine-arrivee-christine-lagarde-veut-deja-tout-changer-1156997 (12/2019)

Vidéos de la chaine Heu ?reka :

Quantitative easing : https://www.youtube.com/watch?v=KSQpp3CNeZQ&t=707s
La création monétaire : https://www.youtube.com/watch?v=lZ6CmwquKKQ
https://www.youtube.com/watch?v=NKYBz-E_g9U&t=560s

Article scientifique : Christophe Blot, Jérôme Creel, Paul Hubert et Fabien Labondance (2015) https://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2015-2-page-265.htm

Wikipedia taux directeur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_directeur

Wikipedia Réserves obligatoires : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serves_obligatoires