Le virus européen anéanti par un virus chinois

 
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Fin 2019, une nouvelle forme d’infection virale à coronavirus voyait le jour en Chine continentale. Le gouvernement communiste, renvoyé face aux pratiques alimentaires préhistoriques de sa population, décide de mesures drastiques pour enrayer la propagation à grand renfort de quarantaines ciblées et de constructions d’hôpitaux préfabriqués. Mais comme de nombreuses marchandises fabriquées sur place, la maladie respiratoire s’exporte vers l’Europe. Bientôt, c’est toute l’Union européenne qui est impactée avec des systèmes de santé mis à genoux et des paniques de masse oubliées depuis la Seconde Guerre mondiale. Face au danger, les nations ferment leurs frontières, confinent et mettent fin à leur collaboration internationale pour se recentrer sur elles-mêmes. Les pays les plus touchés – Italie, Espagne, France – ne reçoivent aucune aide communautaire, bien au contraire, on assiste à des vols réciproques de masques chirurgicaux et de tests de dépistage entre pays-membres ! Alors que la Commission et les instances de propagande de l’Union européenne ne cessaient de mettre en avant la « solidarité européenne » depuis des décennies, redoublant d’efforts désespérés pendant la crise sanitaire, la réalité rattrape bientôt une construction vouée, dès sa fondation, à l’éclatement : l’unité continentale n’existe pas, seules les nations existent. L’Union européenne, grenouille pseudo-fédérale qui voulait se faire plus grosse que les bœufs nationaux, est aujourd’hui sur le point de disparaître, balayée par une infection hivernale. Quelles sont les causes de cet effondrement soudain ? Pourquoi ce triomphe des nationalismes sur l’européisme fédéral tant vanté par les instances de propagande ? Et enfin, quel avenir pour l’Europe ?

Les raisons d’un fiasco annoncé

L’idée européenne n’est pas propre à ces deux derniers siècles. Elle hante les élites continentales depuis la chute de l’Empire romain d’Occident, civilisation que chacun croyait immortelle et millénaire. Toutes les actions d’unification du Vieux-Continent, de Charlemagne à Hitler en passant par les Croisades pontificales, Charles Quint et Napoléon Bonaparte, n’ont eu pour but que la restauration de cet empire déchu. Finalement, c’est sur les cendres fumantes de la Seconde Guerre mondiale, avec des nations européennes moribondes, que naît le projet politique le plus abouti « d’États-Unis d’Europe » pour reprendre les termes de Victor Hugo.

Aujourd’hui, l’Union européenne est une organisation internationale de type confédéral réunissant presque une trentaine de pays du Vieux-Continent. Fondée par le traité de Maastricht, elle s’articule autour de trois principes-clés : la stabilité monétaire (l’euro), la rigueur budgétaire (déficit gouvernemental limité à 3%) et la supranationalité (transferts de responsabilités à l’échelon confédéral). De fait, les différents membres abandonnent leurs souverainetés nationales pour un ensemble de règlements communs.

Mais déjà le résultat est catastrophique. Privé de leur leviers monétaires – la dévaluation – les économies nationales souffrent de la concurrence allemande, pays sur lequel la nouvelle monnaie commune a été indexé. La rigueur imposée par la Commission entraîne un appauvrissement général, principalement dans les pays latins comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce ou encore la France. D’autre part, n’étant plus souverains, les gouvernements déchargent leurs responsabilités vers l’échelon supérieur tout en restant, aux yeux de ceux qui les ont élus, coupables de leurs maux. Rapidement, les premiers revers s’accumulent : refus franco-hollandais d’une Constitution européenne (2005), crise financière et budgétaire (2008), quasi-éclatement de l’euro (2012) et désormais le chaos sanitaire de l’épidémie de Covid-19. 

L’Europe politique est l’antichambre infernale des nations européennes. En extorquant leurs souverainetés, elle les a sortis de l’Histoire. En effet, depuis 1945, le Vieux-Continent a perdu l’initiative mondiale alors que, moins de deux décennies plus tôt, c’est lui qui dominait la planète. Seule la France gaullienne, parenthèse enchantée d’un État souverain incarnant une troisième voie entre l’Amérique capitaliste et la Russie communiste, démontrera la puissance intrinsèque d’un pays européen lorsque celui-ci ne compte que sur lui-même. Dès lors, l’Europe ne compte plus, reléguée à un vaste marché de consommateurs anonymes et remplaçables pour les industries chinoises, américaines et japonaises.

L’échec de l’Europe est aussi celui de l’idéal pacifiste, hérité de la Grande Guerre. Les élites transnationales pensaient qu’il serait possible de revenir sur des siècles de nationalismes triomphants, institués par les traités de Westphalie et qui inspirèrent le monde entier jusqu’aux actuelles Nations-Unies. Or, à la différence de l’Amérique fédérale, l’Europe était déjà constituée de peuples aux identités affirmées par d’innombrables luttes séculaires. Derrière la solidarité et l’entente affichée, les logiques nationales étaient toujours en œuvre, en témoigne la seule « collaboration » (d’aucun dirait soumission unilatérale) franco-allemande, fameux « moteur de l’Europe ». Or, un moteur, pour être efficace et remplir son rôle de mobilité, doit avoir une courroie de transmission, et celle-ci est inexistante en Europe. En effet, les nations orientales, marquées par l’occupation russe, désirent uniquement la protection américaine garantie par l’OTAN contre une éventuelle résurrection de la Russie. L’Occident, divisé par les luttes historiques, se retrouve face à l’impossible unité qui supposerait l’hégémonie d’un pays sur tous les autres, unique condition préalable à toute unification aux yeux de l’Histoire. C’est face à cette réalité que l’idéologie naïve et heureuse de l’Europe fédérale se retrouve confrontée avec l’arrivée du Covid-19.

« À la différence de l’Amérique fédérale, l’Europe était déjà constituée de peuples aux identités affirmées par d’innombrables luttes séculaires.  »

Revenons également sur l’ampleur de cette crise sanitaire. Infection virale hivernale typique, le Covid-19 a balayé la plupart des systèmes de santé européens, surchargeant les hôpitaux. On peut s’étonner, à raison, d’un tel cataclysme. Pourtant, cet effondrement est la conséquence logique d’une politique économique et sociale voulue et imposée par l’Union européenne à ses membres. S’inspirant du modèle américain, le système de santé vanté par l’Europe devait être celui des cliniques privées et d’un hôpital public à minima car trop coûteux. On ne peut désormais que constater le résultat…

L’effondrement de la « solidarité européenne »

Relevant plus de la communication et du symbole, la « solidarité européenne » s’était jusqu’ici arrêté à des mesures relevant de la tyrannie étrangère imposée aux nations pauvres comme en témoigne le règlement de la crise grecque (2012). Cet événement permis d’ailleurs de confirmer un état de fait : l’économie de l’organisation est dominée par l’Allemagne tandis que la diplomatie, si tant est qu’elle existait, l’était par la France et le Royaume-Uni (intervention occidentale en Libye datant de 2011). Pour sauver le dogme politique – et non monétaire – de l’euro, l’Union s’était acharné jusqu’à violer la démocratie et le suffrage universel en refusant de reconnaître le résultat du référendum grec de 2015. Rappelons cependant qu’elle était coutumière du fait en ayant contourné les consultations françaises et hollandaises (2005) via le traité de Lisbonne (2007).

Il faudra finalement attendre la crise sanitaire du Covid-19 pour voir voler en éclat la mascarade. Avec l’apparition des premiers cas sur le continent, les différentes nations européennes décident de fermer leurs frontières nationales (Autriche, Tchéquie, Slovaquie, Allemagne, Italie, etc.). Seule contre toutes, dirigée par une caste européiste fanatique, la France demeure l’un des seuls pays-membres à ne pas avoir encore fermé ses propres frontières nationales. Avec l’arrêt du libre-échange frontalier meurt l’espace Schengen. Après cela, c’est l’entraide qui éclate en morceaux : l’Italie, épicentre de l’épidémie en Europe, se voit refuser toute aide communautaire. Ce seront des médecins et des soutiens chinois, cubains et russes qui viendront à son secours alors que l’UE multiplie les aides à l’Afrique et à l’Asie. En France, l’aide allemande est montée en épingle, faisant l’objet d’une si habituelle propagande médiatique et politique tandis que la réalité est anecdotique, l’Allemagne ayant très longtemps refusé d’admettre des patients français sur son sol tant que l’épidémie ne serait pas contenue à l’échelle nationale. Désormais, plus de deux mois après le début de la crise, l’Europe multiplie les effets d’annonce mais plus personne n’y croit. Les nations sont de retour.

« Seule contre toutes, dirigée par une caste européiste fanatique, la France demeure l’un des seuls pays-membres à ne pas avoir encore fermé ses propres frontières nationales.  »

Comment expliquer un tel retour ? Le modèle de l’État-nation est propre à l’Europe. C’est sur le continent qu’il est né des suites des traités de Westphalie au XVIIème siècle. Des siècles de luttes armées et idéologiques ont accouchés des nations et de leurs peuples aux identités nationales affirmées. Le nationalisme, tant combattu aujourd’hui, permit l’émergence d’une suprématie européenne sur le monde. Certes responsable de deux conflits mondiaux très meurtriers, il est extrêmement difficile, voire impossible de le nier car faisant partie intégrante de l’identité des peuples qui se définissent d’abord comme Français, Allemands, Britanniques ou Espagnols avant de se définir comme Européens. L’État, autre composante, incarne également la communauté nationale et – bien souvent continuateur moderne de la royauté – l’autorité paternaliste vers qui on se tourne en cas de crise. C’est d’autant plus vrai en France où la figure du chef de l’État est primordiale et constitutive de l’inconscient collectif. Face au danger, les peuples se sont retournés vers l’État, garant de leur protection, enterrant dès lors toute invention européenne de citoyenneté continentale.

Enfin, n’oublions pas que les peuples européens voient en l’Europe de Maastricht le responsable de la crise sanitaire. Comme développé plus haut, Bruxelles est responsable de la destruction de l’hôpital et des services de santé publics au nom de l’équilibre budgétaire, de la rigueur et du libéralisme d’inspiration américaine…

Et maintenant, quel futur pour l’Europe ?

L’Europe politique est morte. Ses fondations ont été secouées si violemment qu’elle ne s’en relèvera pas. L’espace Schengen a été détruit par les fermetures de frontières – efficaces pour lutter contre la propagation d’un virus – et le pacte de stabilité budgétaire a volé en éclat à mesure que les nations accordent des aides aux entreprises touchées par le fléau viral. La « solidarité européenne », n’existant que via la propagande des institutions, a démontré son absence par le retour à l’État et la communauté nationale. Désormais, nous n’assistons plus qu’à des spasmes post-mortem d’une Commission aveuglée par son idéologie fanatique et déconnectée de la réalité, justifiant a posteriori son utilité fantasmée. Incapable de prendre le relai des État, ayant failli à protéger « ses » citoyens, l’Union européenne s’enfonce dans une politique d’aide humanitaire à l’Afrique ou à l’Asie qui l’éloigne encore plus de peuples consternés et désabusés.

« Désormais, nous n’assistons plus qu’à des spasmes post-mortem d’une Commission aveuglée par son idéologie fanatique et déconnectée de la réalité, justifiant a posteriori son utilité fantasmée. »

Que reste-t-il ? La Banque centrale européenne ? Sa politique monétaire et ses plans de relance massifs – 500 milliards d’euros – ne sont que des termes habilement choisis pour qualifier la « planche à billets ». En créant massivement et ex nihilo d’énormes quantités de monnaie, elle ne fait que préparer l’effondrement de celle-ci, faisant craindre le spectre de l’hyperinflation. Quand une devise est facile à produire, elle ne vaut rien. Est-on sur le point d’assister à la disparition de l’euro ? Cela n’a jamais été aussi probable. Déjà fragilisé par une gestion suicidaire de la crise économique de 2008, se refusant à laisser mourir un système bancaire aux actions irresponsables, la BCE démultiplie ses efforts pour empêcher le navire de sombrer alors qu’il a déjà frappé l’iceberg. Est-ce pour autant synonyme d’apocalypse comme nous le prédisaient les fervents défenseurs de l’européisme ? Loin de là.

L’euro est une monnaie commune, et non unique. Chaque pays produit son euro national (visible sur l’avers des pièces – l’arbre de la Liberté pour la France – et identifié par une lettre – E et U pour la France – pour les billets) qui est ensuite soumis à un cours forcé afin que toutes les productions aient la même valeur faciale. Ainsi, un euro allemand vaut un euro français par l’opération d’une conversion forcée et artificielle. Du jour au lendemain, les ateliers de production n’auront qu’à tamponner les billets déjà existants en attente de créer un nouveau motif à l’effigie de la monnaie nationale (l’expérience avait déjà été réalisée avec succès lors du passage au nouveau franc). Quant aux banques, si elles existent encore, elles n’auront qu’à remplacer l’unité de compte « euro » par les différentes unités nationales recouvrées. Rien de plus facile dans un monde numérisé où une simple mise à jour suffit pour réformer une application mobile. En revanche, l’effondrement de la monnaie – d’autant plus lorsqu’il est impréparé, risque fort de conduire à un phénomène d’hyperinflation, les billets et pièces ne valant plus rien. Charge aux gouvernements de garantir, par l’or, l’argent ou toute autre ressource digne de confiance, la valeur de leurs monnaies nationales.

Conclusion

La fin de l’Union européenne était inévitable. Mal conçue, incapable de s’imposer face à deux millénaires de créations d’identités nationales, paralysée par une idéologie fanatique, l’organisation qui avait sorti les nations européennes de l’Histoire en déresponsabilisant les gouvernements, a été vaincue par une épidémie virale hivernale. Tous ses fondements se sont écroulés à l’exception de l’euro qui – chaque jour via la création monétaire massive – risque d’éclater. Les peuples désabusés, n’ont pu que constater l’inefficacité voire l’inutilité d’une Union qui se targuait d’être indispensable pour survivre dans le monde contemporain. Ironie de l’Histoire, celle qui était née d’une crise militaire – à savoir la Seconde Guerre mondiale – a été anéantie par une crise sanitaire dont elle est elle-même responsable via sa double politique d’austérité budgétaire et de libéralisme américanisé. Désormais, les peuples européens vont devoir se reconstruire seuls, comme ils l’ont toujours fait dans leurs histoires et nouer de nouvelles alliances. La parenthèse européiste, depuis Maastricht, aura duré trois décennies, les nations sont désormais libérées de leurs chaînes et peuvent briller à nouveau.