L'espace maritime comme espace à contrôler

 
Porte-hélicoptères amphibie Tonnerre de classe Mistral en exercice - Marine Nationale

Porte-hélicoptères amphibie Tonnerre de classe Mistral en exercice - Marine Nationale

 

Un espace en mutation

L’espace maritime évolue en devenant un espace de plus en plus contrôlé avec des installations offshore voire des projets de bases ou diverses installations habituellement terrestres sur mer. Il est, avant tout une voie de communication. Le potentiel de cette voie de communication n’a pas été découvert ou exploité récemment, il est déjà théorisé dès l’antiquité par des penseurs comme Xénophon, les moyens et technologies de l’époque étaient alors le seul frein. C’est avec l’époque moderne, dès le XVIe siècle, que l’espace maritime a gagné en importance, une importance qui s’est alors concrétisée par la domination et le partage du monde par les puissances occidentales jusqu’au XXe siècle. Cette voie de communication est plus rapide mais aussi plus rentable que la communication terrestre ou même aérienne, actuellement plus de 80% des échanges se font par voie maritime. Le réseau d’Océans et de mers interconnectées représente à lui seul 70% de la surface navigable, procurant ainsi une liberté de mouvement considérable. Le navire possède aussi une capacité d’emport importante, mesurée en tonnage, et bien supérieure à tout transport aérien ou terrestre.

Un espace militarisé

Posséder une force navale, c’est disposer d’une force de projection, comme pour le commerce, bénéficiant d’une forte capacité d’emport et d’une vaste liberté de mouvement. La mer offre aussi une certaine flexibilité tactique, choisir le point d’attaque et réembarquer si besoin est. Son autonomie et sa flexibilité ne sont pas à négliger. C’est parce que les Britanniques possédaient la mer en début du XIXe siècle qu’ils pouvaient, avec quelques dizaines de milliers d’hommes, monopoliser 10x plus d’effectifs de l’armée napoléonienne. La mer permet aussi d’agir directement sur les flux des importations ou des exportations des pays en menant un blocus, un rôle déjà important auparavant mais encore plus compte tenu de la mondialisation et l’interdépendance des pays. Cela nous mène à un premier constat qui sera largement en faveur des partisans d’une marine forte et structurée. En partant du principe que les voies de la communication sont vitales pour un pays, une puissance active, soucieuse de son rang, devra dominer ses voies de communication voir être en mesure d’agir sur celles des autres tandis qu’une puissance passive devra se contenter d’obéir à celui qui les contrôles. Les véritables théoriciens de la stratégie à grande échelle permise par la mer remontent aux XVI et XVIIe siècle.

« Qui tient la mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même »
— Walter Raleigh, explorateur, officier de marine de l’ère élisabéthaine

La marine au service des puissants

Une marine est aussi un outil clef dans la diplomatie. On parle souvent de « rayonnement » de la marine, les détracteurs penseront ici qu’il s’agit d’un mot bien spécifique venant gonfler l’orgueil de la Royale. Mais le rayonnement, c’est avant tout l’influence exercée par un pays en raison de son prestige. Quel meilleur prestige pour un pays que celui de posséder une flotte capable de naviguer sur les Océans du globe et de représenter les couleurs de la nation à l’international. Posséder une Marine c’est être un acteur de tout ce qui est énoncé précédemment et c’est, par rebondissement, être une puissance mondiale majeure. La Marine est le meilleur ambassadeur d’une nation, son rayonnement affecte directement les autres puissances et c’est une force de dissuasion (la dissuasion nucléaire de la France et des puissances majeures est basée sur les sous-marins et donc l’espace maritime). Les marines du globe se placent de manière régulière, à des points clefs afin de se montrer. C’est aussi le rôle des manœuvres, exercices de coopérations ou déploiement des forces en cas de crises militaires ou de soutien humanitaire.