L’Iran : une superpuissance régionale au cœur des conflits mondiaux (3/4)
Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine rencontre son homologue Iranien, Hassan Rouhani lors d’une Assemblée Générale de l’ONU à New York le 28 Septembre 2015 - Mikhail Klimentyev/RIA Novosti/Kremlin via Reuters
Article écrit par Henri et Clément.
LES ALLIES DU RÉGIME IRANIEN
Si au cours des siècles l’Iran s’est mise de nombreux peuples à dos, elle a également su créer et entretenir des relations paisibles avec certains d’entre eux. Aujourd’hui, la République islamique tisse d’étroits échanges militaire, politique et économique avec de nombreux alliés/partenaires de choix dans la région du Moyen Orient et dans d’autres parties du globe.
L’ingérence des Etats-Unis dans les politiques intérieures des pays réfractaires au capitalisme et à la libéralisation de leurs frontières économiques, ont dès la seconde moitié du 20e siècle, créé une alliance entre la Russie, la Chine et l’Iran. Par ailleurs, les sanctions économiques imposées par les Occidentaux à l’égard de ces trois pays ont eu pour effet de renforcer leur alliance en mutualisant leurs ressources.
UNE ALLIANCE STRATÉGIQUE : LA RUSSIE
Hostiles à la politique interventionniste et capitaliste des Etats-Unis, la Russie et l’Iran, au lendemain de la révolution islamique, se rapprochent. Le soutien militaire de l’Union soviétique auprès la jeune République islamique lors du conflit Iran-Irak de 1980 à 1988, est la pierre fondatrice de relations bilatérales entre les deux pays. L’effondrement du mur soviétique n’a pas eu de répercussions sur leur relation. Leurs contingents opèrent conjointement lors de vastes exercices militaires dans les eaux de la mer Caspienne et de l’Océan Indien. Cette “fraternité” s’affichera également face à Daech lors de cette dernière décennie de chaos sur le sol syrien.
UNE ALLIANCE ECONOMIQUE : LA CHINE
Afin d’éviter les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis et donc de contourner toute transaction en dollars, l’Iran s’est rapproché du grand rival économique de Donald Trump, la Chine. Depuis le début des années 2000, la Chine est le principal partenaire économique de l’Iran et n’a eu de cesse d’importer son pétrole sur son territoire. En plus d’ouvrir les vannes des échanges financiers entre les deux pays, l’empire du milieu investit massivement sur le marché iranien et notamment dans les secteurs de l’énergie et du transport. Pour pallier à l’embargo financier imposé par les Etats-Unis, ces deux géants ont donc créé un système de troc. Les produits manufacturés chinois sont échangés contre du pétrole iranien. Au-delà d’importants intérêts économiques entre les deux pays, Pékin à travers ce système d’échanges non monétaires, s’amuse à faire un pied de nez à l’administration Trump.
UNE ALLIANCE MILITAIRE : LE HEZBOLLAH
Traduit de l’arabe, Hezbollah signifie “parti de Dieu”. Ce terme désigne à la fois un groupe armé djihadiste chiite et un parti politique au sein du Liban. L’origine de sa formation remonte à juin 1982 à la suite de l’invasion du sud du Liban par son voisin israélien. Classé par de nombreux pays comme une organisation terroriste, le Hezbollah se nourrit de l’aversion entre l’Iran et Israël. Cette organisation entretient des liens religieux et idéologiques forts avec son grand frère chiite et détermine un objectif commun : la destruction de l’Etat hébreu. Les affrontements entre ces deux ennemis sont sanglants : attentats, assassinats, raids aériens... Ces quarante dernières années témoignent de l’instabilité géopolitique qui règne dans la région.
Cependant, les actions du Hezbollah auraient moins de retentissements sans l’aide financière et militaire entretenue par la république islamique, sous l’égide des deux ayatollahs. D’après le gouvernement américain, l’Iran débloquerait chaque année 700 millions de dollars pour financer le Hezbollah. C’est en partie la raison pour laquelle les Etats-Unis tiennent à infléchir l’économie iranienne en leur imposant des sanctions économiques.
UNE ALLIANCE RELIGIEUSE : LA SYRIE
L'historique allié alaouite a su compter sur l'appui des généraux iraniens et des milices chiites lors du soulèvement populaire syrien de 2011. A la suite des révolutions du printemps arabe, la Syrie se voit secouée par des marées populaires scandant le départ de leur président de la République, Bachar El Assad. Souhaitant maintenir son pouvoir, il use de tous les moyens mis à sa disposition pour étrangler son peuple, quitte à faire usage d'armes chimiques, acte fermement condamné par l'ONU. Barack Obama s’était d’ailleurs prononcé en faveur d’une intervention militaire si l’armée syrienne utilisait des armes non conventionnelles, il n'en fera rien. Cet acharnement conduira à une augmentation du nombre de syriens prêtant allégeance à Daech, présentée comme une alternative au chaos.
Dès cette période, Bachar El Assad reçoit le soutien de deux alliés de choix : la Russie et l'Iran. Poutine lui fournit armes et munitions et le régime de Téhéran lui procure la logistique et les états généraux nécessaires au maintien de l'ordre sur son territoire.
Cette entraide est bien légitime puisque Hafez El Assad, père de Bachar et président de la Syrie jusqu'à sa mort, aida la République islamique face à Saddam Hussein durant la guerre Iran/Irak de 1980. Une alliance inaltérable règne désormais entre les deux pays.
Le cadre des relations géopolitiques évolue constamment au fil des décisions économiques, militaires et idéologiques. Cette situation nous propose divers paradigmes, influencés par les rivalités et alliances entre les protagonistes de ce monde. L’avenir nous offrira certainement une nouvelle appréhension des relations diplomatiques.
Sources :
L’alliance Iran/Chine :
https://foreignpolicy.com/2019/09/05/chinas-great-game-in-iran/
L’alliance Iran/Russie :
http://www.slate.fr/story/182100/iran-russie-accord-militaire-ormuz
https://www.bloomsburycollections.com/book/triple-axis-irans-relations-with-russia-and-china/
L’alliance Iran/Syrie :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Intervention_de_l%27Iran_dans_la_guerre_civile_syrienne
https://www.diploweb.com/L-Iran-face-a-la-crise-syrienne.html
L’alliance Iran/Hezbollah :