Macron : Souverainiste malgré lui ?
UN FÉDÉRALISTE CONTRARIÉ
Emmanuel Macron est le pur produit de la bourgeoisie girondine : grand bourgeois ouvert sur le monde aux accents réformistes et ultralibéraux. Souvent qualifié d’orléaniste pour sa conception centriste de la politique, il ne s’est jamais caché d’être un européiste convaincu. Défendant, dans la droite ligne de Jean Monnet, Robert Schuman et Valéry Giscard d’Estaing, une sorte de Fédération européenne, il se heurte cependant aux réticences et blocages d’une Union aux intérêts plus que divergents. Discrédité à l’international par la crise des Gilets jaunes, le chef de l’État français affiche des positions conflictuelles avec l’Allemagne d’Angela Merkel et le Royaume-Uni du Brexit. Et c’est tout paradoxalement que celui qui affiche un dédain et un mépris sans précédent envers la France et les Français va appliquer une politique étrangère millénaire.
UNE OPPOSITION EUROPÉENNE
Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron multiplie les signes de mépris envers la France historique et « réfractaire ». Très tôt, il se veut le renouveau de l’impulsion fédéraliste européenne en menant une communication européiste ; la dernière en date étant le remplacement du drapeau tricolore par l’étendard azuré de l’Europe au cours des négociations commerciales avec la République populaire de Chine (novembre 2019). Mais très tôt également, il se heurte à l’orthodoxie budgétaire allemande et au feuilleton britannique du Brexit. Face à Berlin, Macron affiche une fermeté inattendue, allant jusqu’à remettre en question la règle d’or des « 3% de déficit » au sein de l’UE. L’idée d’un budget européen fédéral est rejeté en bloc par l’Allemagne tandis que le président français a toujours défendu ce projet. Du côté de Londres, l’Élysée affiche une hostilité décomplexée envers le Brexit qui paralyse l’Union européenne depuis 2016. La simple idée qu’une nation puisse sortir du giron de Bruxelles sans conséquences effrayant plus d’un européiste !
Mais l’opposition n’est pas seulement européenne. Depuis l’élection de Donald Trump, quasi-concomitante de celle d’Emmanuel Macron, la Maison-Blanche redouble d’hostilité envers la construction politique de l’Europe (conduisant à l’émergence d’un concurrent inadmissible) et exige une plus grande participation financière des États européens envers l’OTAN. Face à l’hégémonie américaine, seul Macron monte au créneau, s’agitant vainement face à l’Amérique suzeraine…
L’IMPOSSIBLE DÉRACINEMENT
Malgré tous ses efforts, Emmanuel Macron n’arrive pas à se détacher de la France. Au travers de ses interventions et prises de paroles publiques, et outre la forme antinationale, il affiche une politique traditionnelle française dans la lignée de Charles VII, Louis XIV et Napoléon Ier pour son hostilité envers la brumeuse Angleterre. Face à l’Allemagne, il n’échappe pas à l’héritage de Philippe Auguste, François Ier, Louis XIV, ou Clemenceau, entrant en conflit contre une puissance allemande méprisante et triomphante. Enfin, devant le mépris américain, il perpétue la politique de Napoléon à De Gaulle en passant par Clemenceau et Pétain d’une indépendance souveraine (revendications de la création d’une armée européenne « à l’égard […] même des États-Unis »).
D’un point de vue conservateur et antimondialiste, donc d’une position hostile aux valeurs défendues par La République en marche et son chef, il est assez amusant et réjouissant de voir que la bourgeoisie mondialiste européiste et apatride adepte d’une conception hôtelière de la Nation et qui gouverne la France depuis 1972 est, quoi qu’elle fasse (aussi forte soit leur haine de leur patrie), soumise à la France, sa culture et son héritage. Ainsi, il faut croire que plus on affirme que « la culture française n’existe pas », plus on est prisonnier de celle-ci. Preuve s’il en est que les idées ne tiennent jamais la route face à la réalité pragmatique et historique…
Sources :
https://www.liberation.fr/planete/2019/11/08/emmanuel-macron-s-attaque-a-la-tete-de-l-otan_1762370