Manuel Valls ou l'art de l'opportunisme
Manuel Valls appartient à une catégorie particulière d’hommes et de femmes politiques : celle des opportunistes. Evidemment, l’opportunisme en politique n’est pas illégal ni même immoral. Ce serait même gênant de ne pas voir un responsable politique saisir une opportunité, une occasion pour s’élever et, si possible élever les autres, en particulier le peuple qu’on a pour charge de guider. Mais, Manuel Valls a élevé l’opportunisme en rang d’art sportif de haut niveau. Et, à chaque fois qu’il progresse, les autres régressent.
Il est né en Catalogne et n’a été naturalisé français qu’à ses 20 ans. Personne ne lui en fait le reproche : il est un exemple pour cela de l’assimilation des nouveaux venus à la nation française. Le jeune Valls rentre tôt au Parti socialiste. Il commence sa carrière comme conseiller dans le cabinet du premier ministre Lionel Jospin puis comme collaborateur parlementaire de différents députés de l’Assemblée nationale.
Manuel Valls prend de l’importance en se faisant élire député-maire d’Evry en 2001-2002. Il se présente aux primaires du PS en 2011. Battu, il apporte son soutien à François Hollande qui lui confie la direction de sa communication. Grâce à ses contacts avec les journalistes, il reçoit le doux surnom de «kommandantur». Malgré, ou peut-être à cause de, son caractère ombrageux, le nouveau président socialiste fait de lui son ministre de l’Intérieur.
Le ministère de l’Intérieur est un des postes les plus importants du gouvernement. Le portefeuille regroupe l’administration territoriale et la sécurité intérieure de la France. Pourtant, plutôt que de mettre la sécurité des Français au cœur de son action, il se choisit lui-même un ennemi : l’humoriste Dieudonné M’bala M’bala. Le ministre s’abîme dans une polémique politico-administrative qui ne fait que grandir la réputation dudit Dieudonné et de ses comparses.
Après la claque électorale des élections municipales de 2014, Manuel Valls est nommé premier ministre. Il se montre opportuniste durant ses quatre ans à Matignon. En effet, au lieu de diriger et de conduire la politique de l’Etat, «Manu» transforme son poste en tremplin pour l’Elysée.
D’abord candidat aux primaires de la gauche, il apporte son soutien à Emmanuel Macron plutôt qu’au vainqueur du scrutin interne du PS. Réélu député de justesse, il est réduit à rien au sein de la majorité présidentielle : ni maroquin ni poudre de perlimpinpin. Se souvenant opportunément de sa nationalité espagnole, l’ancien chef du gouvernement abandonne ses mandats en France.
Débauché par le parti centriste espagnol pour conquérir la mairie de Barcelone, sa tentative se solde par un échec. Les habitants de la métropole catalane l’ont jugé peu au courant des problématiques réelles de leur cité. De plus, les centristes, au niveau national et provincial, font de plus en plus bloc avec la droite conservatrice et la droite nationale.
Marginalisé de l’autre côté des Pyrénées, le désormais conseiller municipal barcelonais a fait entendre sa volonté de «revenir servir sa seule vraie patrie la France». Ultime retournement de veste ? En tout cas, ça ne manque pas de faire sourire…
Qui sont donc les modèles de Manuel Valls ? Clémenceau qui créa les brigades de police mobile ou Don Quichotte qui chassait des moulins ? Fouché qui assura la sûreté de l’Etat ou Talleyrand qui vendit la France pour devenir premier ministre de Louis XVIII ?
Mais, la France mérite-elle encore de subir cet opportuniste devenu triste sire ?