Pourquoi le radicalisme du militantisme politique est inutile et inefficace

 
Face à face entre forces de l’ordre et “gilets jaunes” au cœur de Paris, le 24 novembre 2018 - REUTERS / Gonzalo Fuentes

Face à face entre forces de l’ordre et “gilets jaunes” au cœur de Paris, le 24 novembre 2018 - REUTERS / Gonzalo Fuentes

 

Une guerre fait actuellement rage en France. Ce conflit est observé de tous mais est peu suivi et attire peu l'attention. Dans toutes les grandes villes de France, des combats ont lieu, peut être même dans la vôtre. Des centaines, voir des milliers de combattants s'affrontent mais vous n'y prêtez pas attention. Ce n'est pas une erreur d'inattention de votre part, c'est une erreur de comportement social des combattants de cette guerre. Ce conflit, c'est le radicalisme du militantisme politique.

UN MILITANTISME EXTRÉMISTE SE RADICALISANT

Deux camps s'affrontent : les deux extrêmes politiques. Chaque parti politique se doit de s'appuyer sur des militants, des personnes luttant pour une cause/ un parti. Ce militantisme est essentiel car il permet de grossir les rangs, de faire entendre la voix et de rendre vivant le parti politique. Ce dernier, nécessitant ce militantisme, est continuellement en recherche de membres. Une grosse partie des militants prêchent donc la bonne parole et tentent de séduire. Les plus faciles à convaincre, les plus engagés, les plus motivés ce sont les jeunes. Une grosse partie de l'électorat de la France Insoumise aux dernières élections présidentielles était composée de jeunes adultes, tout comme le Rassemblement National. De plus, le système politique et économique actuel tend à montrer ses limites, une partie de la population se sent délaissée, dépassée par les événements et cherche donc à réagir de manière non conventionnelle, la manière conventionnelle n'ayant pas fait ses preuves à leurs yeux. Ce mélange, donc, de personnes délaissées mais engagées peut représenter dans ses extrêmes un cocktail explosif. De multiples groupuscules extrémistes voient le jour et tentent par un militantisme jusqu'au boutiste d'imposer leurs opinions. De multiples exemples existent, le phénomène du Blackbloc, les syndicats anarchistes (Confédération Nationale du Travail), communistes (Union Communiste Libertaire), néo féministes, végans, royalistes (Action Française) où encore identitaires (Génération Identitaire). Ces groupes sont considérés par leurs militants comme la seule option viable leur permettant d'avancer dans leurs objectifs, beaucoup n'ayant que trouvé déception dans les partis conventionnels. Leurs principales actions sont sans violence ; tractages, conférences, manifestations pacifiques. Mais s'enfermant dans leurs idées, s'enfonçant dans leur extrémisme, tôt ou tard ils prennent des voies plus violentes et directes, réagissant au manque de réaction de la population globale où bien à la résistance des groupuscules n'ayant pas la même opinion qu'eux. Ces voies plus violentes amènent à terme à la violence verbale voir à la violence physique. Des groupes politiques forment des alliances et dénoncent des ennemis, les conflits s'éclaircissent et se structurent. Les adhérants au phénomène du Blackbloc attaquent les structures étatiques et ses représentants. Les néo-féministes dénoncent les discriminations omniprésentes. Les anarchistes et communistes s'allient contre royalistes et identitaires. Ces nouveaux conflits voient s'affronter plusieurs milliers de personnes dans toute la France. Selon ces groupuscules ce combat est noble et moral, servant à atteindre leur objectif politique. Mais c'est tout à fait le contraire, ce combat est inutile et inefficace, ce conflit ne peut mener à aucune alternative viable pour tous.

DES OBJECTIFS INACCESSIBLES ET IRRÉALISABLES

Le militantisme radicalisé désire atteindre plusieurs objectifs politico-sociaux. Ces militants pensent que leur combat concerne la France entière et que cela a des répercussions nationales. C'est totalement faux. Bercés dans leur propre vision ils ne s'aperçoivent pas que ce combat ne concerne qu'eux et ne sert en aucun cas leurs propres intérêts. La forme la plus visible de ces conflits est le combat de rue. Ceux-ci se sont particulièrement propagés dans toute la France lors du mouvement des Gilets Jaunes. Il est très facile de remarquer que certains manifestants attaquent les forces de l'ordre, en effet un objectif des mouvements d’extrême gauche est la lutte contre les forces de police ou plus généralement les forces étatiques. Ces combats sont souvent inégaux, les militants perdent la majorité du temps ne permettant aucune avancée sociale ou politique. Un autre objectif militant est la destruction des groupuscules adverses. Non plus l’État, ce sont désormais les groupes militants opposés politiquement qui sont désignés en tant qu'ennemis. De multiples combats de rues ont lieu, dans les quartiers des villes où bien dans les manifestations en elles mêmes comme ce fût le cas à Lyon en février 2019 lors d'une manifestation Gilet Jaune. Les infrastructures immobilières stratégiques deviennent des lieux de conflit comme des locaux syndicaux où bien la Faculté de Montpellier en mars 2018 qui vit extrême gauche et extrême droite s'affronter pour le contrôle d'un amphithéâtre. Chaque groupe définit une stratégie guerrière, tous les critères permettent donc de dire que c'est une véritable guerre qui se livre.

Mais ces combats ne servent en aucun cas les objectifs ; changer le clivage politique, mettre fin à des discriminations, changer de modèle social, aucun objectif ne peut s'accomplir par l'usage de la force pure. L’État du fait de ses ressources sortira toujours vainqueur de ces conflits. Le faible nombre de militants radicalisés ( plusieurs milliers dans toute la France) ne permet pas un changement d'opinion global de la population française allant dans leur sens. Pire, la stratégie de guerre engagée retourne l'opinion contre eux, la population ne se focalisant que sur les combats physiques en dépit des objectifs politico-sociaux à long terme. Isolés dans leurs idées, ces militants radicalisés imaginent leur combat noble, une lutte permettant à terme le bonheur de la population française dans son ensemble. Naïfs, ces groupes luttent éternellement pour de maigres victoires et d'impossibles objectifs.

D'alternatifs chemins permettent pourtant d'amener à de plus grandes victoires et de se rapprocher des objectifs politiques et sociaux. Tractages, conférences, débats permettent à l'intégralité de la population française de réfléchir et de se forger un avis sur un sujet, et non plus de se focaliser sur des combats inutiles monopolisant tristement l'attention des médias. Manifestations, votes, référendums permettent d'exprimer leurs opinions en même temps que celles du peuple français et par ceci de rassembler leurs idées. Former des groupes non violents, plus importants, s'exprimant mieux sur des sujets plus sérieux permet de redonner une image valorisante à ces groupuscules et d'accéder au terrain politique. En dernier recours il faut gagner ce terrain, vaincre aux élections et appliquer ses idées en tant que programme. Ce chemin permettrait donc au militantisme de montrer son importance. Autrement, le radicalisme ne peut montrer que de maigres résultats pour d'irréalisables objectifs. Autrement, le militantisme radicalisé est inutile et inefficace.

Sources :

https://www.youtube.com/watch?v=wkOnTqMfDbs

https://www.youtube.com/watch?v=f3b2uJvWGv4

https://www.cairn.info/revue-geneses-2017-2-page-10.htm?contenu=resume#