Terra Cultura : Qu’est-ce que la culture générale ?

 
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Que ce soient les concours d’entrée aux grandes écoles ou à la télévision, la culture générale est omniprésente dans les sociétés occidentalisées. Mais peut-on définir avec précision ce qu’elle est ? Dans un premier temps, le terme induit une référence au savoir, à la connaissance, ou encore à l’instruction intellectuelle. Cette conception de la culture remonte à la Grèce Antique où sa maîtrise allait de pair avec la vie de la Cité. L’homme cultivé est une des composantes de l’archétype du citoyen-modèle. Ensuite, la généralisation suppose tant une diversité de domaines étudiés qu’une connaissance lacunaire des choses car non-spécialiste. Ce dernier aspect pose aujourd’hui un problème : peut-on accepter de savoir de façon imparfaite ? Avant la Révolution industrielle, cette question ne se posait pas tant la connaissance était limitée à une élite et la culture générale encouragée par l’humanisme pour sa stimulation intellectuelle. Mais avec la spécialisation économique apparaît également la recherche du spécialiste, « l’expert ».

L’expert incarne la modernité en cela qu’il affiche une spécialisation très poussée dans son champ de compétences. Au-delà, il se révèle bien incapable d’actions plus que moyennes. Mais avec cette nouvelle figure, vient également l’idée selon laquelle le « sachant » est mieux placé que les autres pour prendre des décisions adaptées. Or, cela suppose une exclusion immédiate des « non-sachants », ostracisation intellectuelle qui concoure, à long terme à un accaparement du savoir par les seuls sachants. La conséquence directe est une perte générale de connaissances puisque chacun se spécialise dans son seul domaine d’expertise au détriment des savoirs annexes.

Se pose alors la question de la nécessité de la culture générale : si chacun est sachant dans son domaine, quelle est l’utilité d’un savoir annexe puisque le savoir secondaire de l’un est le savoir premier de l’autre ? Cela est vrai dans une société dite « organique » où chaque individu tient son rôle et s’y cantonne. Cependant, ce type d’organisation humaine est extrêmement rigide – et donc fragile – étant donné le manque d’adaptation de ses membres. C’est là que la culture générale permet de constituer un socle de compétences annexes que l’individu pourra à loisir développer au fur et à mesure de sa vie professionnelle comme personnelle.

Ainsi, la culture générale peut se concevoir comme un ensemble de savoirs secondaires qui vient renforcer la spécialisation acquise ou innée d’un individu, lui permettant de s’adapter plus efficacement et de s’épanouir intellectuellement dans une direction choisie (liberté d’apprentissage) ou subie (contrainte professionnelle par exemple). Dès lors, la culture générale ne doit pas se percevoir comme un ensemble de savoirs lacunaires mais plutôt comme une ville dont les différentes rues s’aménagent à mesure des expériences et des curiosités de chacun.