Une Amérique emmurée dans ses certitudes
Le président Trump, briguera-t-il un second mandat?
Une gérontocratie emmurée dans ses certitudes. Un régime politique et économique qui est devenu intouchable et indépassable. Une vie politique qui bégaie; où des questions réglées depuis de longues années dans les autres démocraties occidentales font l’objet de débats sans fin. Telle est l’Amérique de 2020.
Qu’on se le dise. Elle n’a pas grand-chose à envier à l’Union Soviétique de Leonid Brejnev: un vieil empire dirigé par de vieilles personnes avec de vieilles idées. Ni le souffle de jeunesse impulsé par Barack Obama ni la révolution national-populiste de Donald Trump n’ont pu y faire quoi que ce soit. Les inégalités sont légion et le sang coule régulièrement quand ces fusils qu’ils refusent de réglementer se mettent à parler.
Afin de dénouer l’impasse, l’Amérique s’est prise à rêver à l’occasion de saisir ce que serait la fin du premier mandat de Donald Trump. Et si la solution aux problèmes persistants était d’élire une personne décidée à réduire les inégalités dans le cadre d’une révolution sociale-démocrate? La primaire du Parti Démocrate avançait et l’avance de Bernie Sanders, cet audacieux ayatollah du socialisme en Amérique, se confirmait. Alors que le vote modéré se divisait, la révolution rêvée depuis longtemps par le sénateur du Vermont devenait envisageable.
Le seul moyen pour les modérés que sont Biden, Buttigieg, Klobuchar et Bloomberg de faire le poids face à Bernie Sanders devenait très clair: l’union des forces modérées. C’est ce qui a été fait avec une rapidité et une efficacité optimales. C’était le crime parfait. Tout d’abord, les candidatures de Buttigieg et Klobuchar devaient être retirées quelques jours avant le Super Tuesday. De là, une spectaculaire victoire des modérés lors du Super Tuesday entrainerait le retrait de la course de Michael Bloomberg. Ultimement, le vote modéré, majoritaire, serait rassemblé autour de la candidature de Joe Biden, lequel est considéré comme le meilleur pour vaincre Donald Trump en novembre.
Ceci dit, cette victoire probable de Joe Biden est le signe d’un consensus plus fort que jamais autour du statu quo. Car entre Joe Biden et Donald Trump, seuls le discours et les méthodes divergent clairement. Si, en matière de politique étrangères, il est clair que Biden serait beaucoup plus amical avec l’UE que ne l’est Trump et qu’il entretiendrait de meilleures relations avec le Canada, il reste qu’il y a peu de contraste idéologique sérieux entre les deux.
Concrètement, si l’élection présidentielle américaine de 2020 était un référendum, la question serait «Voulez-vous que l’expérience Trump continue? » Car c’est bien le style de la présidence Trump qui polarise le plus les Américains. Indéniablement, la présidence Trump a souvent été brouillonne et plombée par les scandales. Or, objectivement, le bilan n’est pas si négatif. L’État Islamique n’existe plus comme entité territoriale. Les États-Unis se sont désengagés du conflit syrien. Un accord de paix a été signé avec les talibans afghans. L’Amérique est prospère comme jamais alors que beaucoup de travailleurs qui ont perdu leur emploi en raison des politiques mondialistes et écologistes ont pu retourner sur le marché du travail. En raison de toutes ces réussites, j’ai l’intime sentiment que, lorsque le bilan de l’ère Trump sera écrit, celui-ci sera globalement positif.
Même si je n’aime pas Donald Trump et ses excentricités, personne ne peut lui enlever qu’il a un grand amour envers le peuple américain et qu’il gouverne en cohérence avec ses intérêts. Son élection en 2016 est un évènement qui a eu l’effet d’une bombe atomique politiquement parce qu’il a permis de prendre la mesure du sentiment de révolte dans la population américaine. Avec du recul, nous pouvons bel et bien parler d’une révolution Trump: une révolution qui semble avoir tenu ses promesses contre vents et marées. Donc, si la révolution Sanders est annulée, est-ce que la révolution Trump pourra, elle, se poursuivre? Réponse en Novembre prochain.