« La question n'est pas de savoir comment colmater un édifice qui s'effondre »

 

« Le sac de Rome de 455 », Karl Bryullov, 1836.

 

« Ce dont nous souffrons aujourd’hui, c’est d’un déplacement vicieux de l’humilité. La modestie a cessé tout rapport avec l’ambition pour entrer en contact intime avec la conviction, ce qui n’aurait jamais dû se produire. Un homme peut douter de lui-même, mais non de la vérité, et c’est exactement le contraire qui s’est produit. (…) L’ancienne humilité était un aiguillon qui empêchait l’homme de s’arrêter et non pas un clou dans la chaussure qui l’empêche d’avancer, car l’ancienne humilité faisait qu’un homme doutait de son effort et cela le poussait à travailler avec encore plus d’ardeur. Mais la nouvelle humilité fait que l’homme doute de son but, ce qui l’arrête tout à fait ».

Ainsi s’exprimait Gilbert Keith Chesterton, dans son ouvrage Orthodoxie. Dès 1908, dans cet ouvrage où il diagnostiquait que « le monde est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles », Chesterton anticipait déjà cette idée au cœur de la post-Modernité : la vérité n’est rien d’autre que le fruit subjectif de l’expérience individuelle, il n’y a donc pas de vérité objective. Nombreux sont en définitive les penseurs, dont fait partie Chesterton, qui analysèrent bien avant sa réalisation en acte différents aspects du monde post-Moderne dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Ce constat accentue encore la thèse déjà présentée selon laquelle le monde contemporain n’est pas un « accident de l’histoire », mais l’aboutissement nécessaire du développement d’une civilisation chrétienne pluri-séculaire qui, après avoir atteint son apogée, est entrée depuis plusieurs siècles déjà sur le chemin du déclin et de la décadence.

 

Gilbert Keith Chesterton (1874 – 1936), écrivain.

 


Sa trajectoire fut déjà esquissée la dernière fois (voir « La Civilisation Chrétienne : Des Évangiles à la Théorie du Genre ») : après le millénaire de « christianisme platonicien » fondé en particulier sur une foi inébranlable et le rejet de la « cité terrestre » comme une réalité illusoire qui détourne de la « véritable réalité », la transcendante, la civilisation chrétienne changea de direction. Ce renouveau débuta à partir de la réhabilitation de l’expérience terrestre par Saint Thomas d’Aquin au XIIIème siècle, et l’émergence du « christianisme aristotélicien ». La primauté de cette expérience terrestre sur l’expérience transcendante finit ensuite par être proclamée à partir de la Renaissance. L’aspiration à l’organisation du monde selon des principes rationnels aboutit par la suite à la sécularisation complète de l’organisation politique et sociale à l’époque Moderne, tout en conservant au niveau individuel un cadre de vie et une culture majoritaire chrétienne. À partir des années 60 cependant, on observa une remise en cause de cette culture majoritaire et la disparition finale de la culture chrétienne, et par là même le décès de la Tradition suscité par le triomphe final de la Modernité. La mort de la Tradition engendra alors celle de la Modernité elle-même, qui n’existait qu’en opposition à elle : ses deux pôles, « Émancipation de la volonté » et « Autonomisation de la Raison », se retournèrent l’un contre l’autre jusqu’au triomphe définitif de la première par la mort de la seconde. L’Europe embrassa dès lors la civilisation post-Moderne.

 
 



Le processus de « civilisation » est généralement présenté comme le remplacement du passionnel, du pulsionnel, de l’animal comme source des comportements humain, par la Raison. Tandis que le Barbare organise sa vie sur des sentiments et des pulsions, l’homme civilisé est capable de les surmonter par sa capacité rationnelle, et parvient à toujours se comporter de manière « raisonnable ». Le Barbare ne vit que dans l’instant, l’homme civilisé est capable d’abstraction. C’est ainsi que, comme nous l’avons vu, le processus de « civilisation » peut se définir comme « un processus séculaire de maîtrise des instincts, d'apprivoisement des désirs et de domestication des pulsions humaines les plus profondes », s’opposant à un état de Barbarie qui se définirait en définitive comme étant « le règne du pulsionnel et de l’instinct dans une société humaine ». Et nous avons pu étudier ce phénomène, et en particulier ses conséquences sur le rapport à la violence en Occident, à travers les concepts de « civilisation des mœurs » et de « curialisation » de Norbert Elias (voir « De l'ensauvagement et la pacification des sociétés européennes : "Et Louis XIV inventa Instagram" »).

À la suite de cela, nous avions vu avec Ernest Renan (voir « "Qu’eût fait Napoléon avec des raisonneur ?" ») que ce processus de civilisation aboutissait en définitive – et apparemment paradoxalement – au nécessaire déclin de la civilisation qui le connaît. Ce déclin s’expliquerait en particulier par le fait que la mise à distance du pulsionnel dans la vie humaine par le rationalisme provoquerait nécessairement l’individualisation de la société et un refus général de la violence et de la mort, rendant compréhensible le fait que l’histoire de l’humanité présente « le peuple le plus lettré succombant toujours sous le peuple le plus barbare » (Renan). En effet, les groupes humains « civilisés », c’est-à-dire étant parvenus à dompter l’aspect pulsionnel de la nature humaine par l’usage de la Raison, finiraient nécessairement par se perdre dans les méandres du rationalisme au détriment de la réalité brutale de la vie, qui referait un jour surface sans crier garde et abattrait toutes leurs constructions intellectuelles bâties sur le rejet du naturel d’un coup de hache.

Il convient de se poser de nouveau ces questions : et si toutes les constructions intellectuelles Modernes et post-Modernes n’avaient, en définitive, détournées l’Occident du réel ? Et si, à force de construire, déconstruire et reconstruire la réalité intellectuellement, nous avions avait finit par confondre nos constructions intellectuelles, censées expliquer le réel puis favoriser son aménagement et son modelage, avec la réalité même ? Et si, en définitive, tout notre génie, toute notre perspicacité, toute notre « supériorité intellectuelle et civilisationnelle », avaient en définitive suivi la trajectoire que pressentait Renan, et pouvaient effectivement « être assimilée à ces expressions qui atteignent un maximum, au-delà duquel une augmentation apportée aux éléments divers fait décroître la valeur totale » ? Et si notre civilisation, la « civilisation chrétienne », n’avait finalement dégénérée, jusqu’au point où elle serait devenue tout bonnement incapable de se défendre contre ses adversaires, qui se lèvent de plus en plus ouvertement face à elle et lui crachent au visage ? Et si, plus concrètement, ces « Vous n’aurez pas ma haine » scandés à plein poumons après chaque attentat ne devaient en définitive que s’interpréter dans une perspective nietzschéenne, et ne signifiaient pas autre chose que « Nous sommes désormais trop faibles pour répliquer d’une quelconque façon que ce soit à ce coup que vous nous avez portés, nous n’avons collectivement plus les moyens physiques ni le courage de nous venger de ce que vous nous avez fait, alors nous tentons au moins de nous défendre à coup de moraline » ? « La force brutale lui semble une telle extravagance qu'il se révolte contre d'aussi absurdes moyens et ne peut se résoudre à se mesurer avec des armes qu'un sauvage manie mieux que lui », disait Renan. Mais une défense par la morale sera-t-elle en mesure de sauver notre civilisation ?

Cet article viendra conclure les questionnements lancés progressivement au cours des trois derniers, et tentera de proposer des pistes de réflexions sur la question du futur de la civilisation européenne.

 


La fin de la civilisation chrétienne

Le constat de la décadence avancée de notre civilisation, qui se manifeste par exemple par le développement de l’impuissance politique et du déclassement économique de l’Europe (particulièrement manifestes depuis la crise du covid, voir « Géopolitique du "Monde d'Après" : l'Asie orientale, nouveau centre du monde ? » ), les désordres sociaux et moraux croissants qui règnent dans les sociétés européennes, ou encore la multiplication des attaques à son encontre, n’est pas une position innovante. Nombreux sont les penseurs à la diagnostiquer aujourd’hui, et cette question de la « décadence de l’Occident » fut par ailleurs posée dès le début du XXème siècle par des intellectuels tels que, outre Chersterton déjà évoqué, Oswald Spengler (Le Déclin de l’Occident, 1918), ou encore dans un autre registre René Guénon (La Crise du monde moderne, 1927 ; Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, 1945). Rien de bien original, donc, à parler de décadence de l’Occident un siècle plus tard. Nous ne ferons donc pas de la décadence de notre civilisation, comme beaucoup d’autres, la conclusion de notre travail ; mais plutôt son point de départ. L’analyse quant à la nature de cette décadence est en effet bien plus sûrement à l’origine de nombreuses controverses plus fécondes intellectuellement dans le contexte actuel, la question de l’existence ou non de cette décadence nous apparaissant comme désormais déjà tranchée.

Antoine de Crémiers présente deux attitudes que l’on retrouve chez les intellectuelles constatant une crise de la civilisation européenne : « Les analyses faites globalement s’inscrivent dans une partition, un peu schématique je vous l’accorde, entre ceux qui pensent que nous sommes dans une crise interne à une civilisation, qui en a vu d’autres, et donc ce n’est pas si grave, et ceux qui considèrent qu’il s’agit au contraire de la crise d’une civilisation en voie de disparition, rupture radicale qui constitue très exactement la catastrophe dans laquelle nous sommes plongés ». De Crémiers défend la seconde position ; il affirme donc que la situation que connaît aujourd’hui le continent européen est absolument inédite dans toute son Histoire. Tentant de préciser son analyse, nous présentons l’un des aspect de cette singularité de notre époque par une conjonction de deux attitudes bien spécifiques au niveau de l’histoire des idées : la conjonction de la pensée individualiste (perception du monde à travers son existence en tant qu’individu perçu comme autonome et indépendant de la collectivité, ce qui suppose un attachement fort à son existence individuelle et à la vie terrestre) et de l’organisation du monde au travers de principes totalement immanents (rejet de toute transcendance, l’ordre du monde n’est pas fondé sur des principes extérieurs et supérieurs à lui, mais trouve son origine en lui-même et dans des principes d’ordre terrestres). Et cette situation nous semble en effet absolument inédite dans l’Histoire de la pensée européenne.

Plusieurs périodes de crises secouèrent l’Europe au cours de l’Antiquité : à l’époque des cités grecques, et en particulier à Athènes, l’organisation politique et sociale était éminemment immanente : la volonté populaire était bien plus sûrement source de la loi athénienne que n’importe quel principe transcendant ; les mentalités étaient cependant complètement anti-individualiste. Comme le soulignait par exemple Benjamin Constant lorsqu’il comparait la liberté des Anciens avec celle des Modernes, la conception de la liberté des grecs de cette époque était inséparable de l’appartenance collective. Avec les conquêtes d’Alexandre et la domination macédonienne sur les cités grecques, le paradigme se renversa complètement et les grecs, devant la constatation de l’impuissance politique dans laquelle ils avaient sombrés du fait de la domination macédonienne, abandonnèrent la sphère publique pour se recentrer sur leurs vies individuelles. La cité ne fut plus au cœur de la réflexion philosophique, et la pensée se recentra sur l’individu, devenant donc largement individualiste. Cependant, on observe à cette époque un retour flagrant de la transcendance : le pouvoir politique des rois hellénistique est généralement présenté comme de droit divin, et l’on constate une mutation générale de la religion et un attrait tout particulier pour les cultes ésotériques inspirés des traditions orientales. Sous un autre angle, on peut affirmer que les grecs, qui considéraient que le bonheur et le « salut humain » étaient indissociables de la politique et l’appartenance à une collectivité, se mirent après la perte de leur autonomie politique et le constat de leur impuissance collective à rechercher ce même bonheur dans une éthique individuelle reconnectée avec le transcendant.

On observe le même phénomène au cours de l’histoire romaine : un état d’esprit républicain alliant pensée collective mais organisé de manière immanente, puis un empire aux mentalités individualistes mais transcendantes. Le succès du stoïcisme, tout particulièrement durant l’empire romain, est le parfait symbole de ce phénomène. On peut d’ailleurs noter que le développement de la pensée individualiste va quasi-systématiquement de pair avec celui du cosmopolitisme, phénomène qui se retrouva à la fois au moment de l’époque hellénistique, de l’Empire Romain et au cours de notre période contemporaine. La conjonction entre pensée à la fois individualiste et immanente semble ainsi apparaître comme une spécificité de notre époque, et nous semble de nature à contribuer à l’explication de la période de décadence si spécifique que nous vivons (bien que l’on puisse considérer que cette conjonction apparut de façon transitoire au moment de la conquête macédonienne : organisation immanente de la société cohabitait avec le développement de l’individualisme, suscité par le reflux des espoirs en la politique dû à la perte d’indépendance des cités ; individualisme qui se maintiendra dans la période hellénistique mais qui cohabitera avec un retour à la transcendance).

La question de la décadence étant posée, il convient aussi d’en déterminer l’origine. À partir de quand aurait commencé cette décadence de la civilisation chrétienne ? Toute civilisation se basant avant tout sur une religion, qui détermine par la suite toutes les autres sphères de la vie individuelle et collective (voir « La Civilisation Chrétienne, des Évangiles à la Théorie du Genre »), il est évident que la disparition du christianisme (qui déterminait spécifiquement le rapport au transcendant dans notre civilisation) au nom de la Modernité est en grande partie responsable de la situation actuelle. Peut-on alors dater le début de la décadence à 1968, et la rupture moral et culturelle ayant mené à la post-Modernité ? Dès 1789, avec le renversement de l’ordre Traditionnel par la Modernité ? Ou bien encore avant ?

Le philosophe Michel Onfray, dans son entretien sur Thinkerview, s’exprima sur cette question de la manière suivante : « C’est le début de la décadence depuis que la rationalité est arrivée au jour et que la foi n’a plus suffit. (…) Saint Thomas d’Aquin et la Somme théologique, pour moi ce n’est pas l’acmé de la civilisation, c’est le début de la fin, ça rend possible la Renaissance ». En conformité avec l’analyse de Renan, qui fait de la rationalisation le cœur du processus de décadence des civilisations, Onfray fait de la tentative de conciliation de la foi et de la Raison opérée par Saint Thomas d’Aquin au XIIIème siècle le point de départ de la décadence de la civilisation chrétienne. Cette période de décadence que nous connaissons aujourd’hui ne serait pas née avec la post-Modernité ni même avec la Modernité : c’est lorsque la croyance et la foi ne suffisent plus qu’une civilisation enclenche son processus de déclin.

Nous appuyons de notre côté l’intuition d’Onfray, en superposant à son analyse notre découpage entre « christianisme platonicien » et « christianisme aristotélicien » (voir « De la légitimation de l'ordre politique à travers l'Histoire des idées » et « La Civilisation Chrétienne, des Évangiles à la Théorie du Genre »), qui nous a nous aussi amené à voir dans l’apport de Saint Thomas d’Aquin (par sa réhabilitation du monde intelligible) le maillon indispensable entre le christianisme des origines et la Renaissance. Il nous semble cependant indispensable de préciser qu’il n’est pas question ici de condamner l’œuvre de Saint Thomas d’Aquin, ni de savoir si son analyse était ou non juste ; il pouvait parfaitement avoir raison, mais être aussi indirectement à l’origine, par la déformation des idées qu’il a initiées, des catastrophes ultérieures qui frappèrent la civilisation chrétienne.

Au cours des siècles, et comme nous l’avons vu (voir « De la légitimation de l'ordre politique à travers l'Histoire des idées » et « La Civilisation Chrétienne, des Évangiles à la Théorie du Genre »), la tentative de conciliation entre foi dans une réalité transcendante supérieure et réalité intelligible interprétée par la Raison, initiée par Saint Thomas d’Aquin (et le « christianisme aristotélicien » de manière générale), a mal tournée. La Raison (et l’expérience intelligible) a pris le dessus sur la foi, avant de nier la pertinence de toute référence transcendante dans l’organisation politique et sociale, puis de tuer jusqu’à la toute forme de foi et croyance individuelle dans la transcendance par la destruction de la culture chrétienne chez les peuples européens.

Comme nous l’avons vu aussi (voir « La Civilisation Chrétienne, des Évangiles à la Théorie du Genre »), la mort de la foi a par la même occasion entraîné celle de la Raison ; chose que Chesterton avait, là encore, anticipé dès 1908 : « Il y a une pensée qui arrête la pensée, et c’est à celle-là qu’il faut faire obstacle. C’est le mal suprême contre lequel toute autorité religieuse a lutté. Ce mal n’apparaît qu’à la fin d’époques décadentes comme la nôtre… Car nous pouvons entendre le scepticisme brisant le vieil anneau des autorités et voir au même moment la raison chanceler sur son trône. Si la religion s’en va, la raison s’en va en même temps. Car elles sont toutes les deux de la même espèce primitive et pleine d’autorité. Elles sont toutes les deux des méthodes de preuves qui ne peuvent elles-mêmes être prouvées. Et en détruisant l’idée de l’autorité divine, nous avons presque entièrement détruit l’idée de cette autorité humaine par laquelle nous pouvons résoudre un problème de mathématiques. Avec une corde longue et résistante, nous avons essayé d’enlever sa mitre (la religion) à l’homme pontife et la tête (la raison) a suivi la mitre. »

Le sociologue Michel Maffesoli, sans pour autant parler de décadence, analyse d’une manière relativement similaire la situation présente. Il utilise le concept de post-Modernité dans un sens proche de celui adopté par Antoine de Crémiers (voir « La Civilisation Chrétienne, des Évangiles à la Théorie du Genre »), qui la présentait comme la période qui vient simplement « après la Modernité », sans pour l’instant que cette période n’ait de contenu plus précis que cela. Il affirme : « On est en train de quitter l’époque Moderne, qui commence avec le XVIIème siècle et qui s’achève avec la moitié du XXème siècle, et puis on est en train de rentrer dans une autre époque que l’on n’arrive pas [encore] à nommer – c’est pour ça que l’on dit "post-Modernité" ». Maffesoli diagnostique particulièrement la disparition de la Modernité par la fin de la prééminence de ce qu’il appelle le « tripode Moderne », les trois « principes fondamentaux » de la Modernité : « Individualisme, Rationalisme, Foi en l’avenir ». Ces principes, auxquels il considère que l’on peut plutôt bien résumer la Modernité, seraient depuis un certain nombre de décennies en phase d’être remplacées par un nouveau tripode : « Communauté, Émotion, Présent ».

 

Michel Maffesoli (1944 -), sociologue

 

L’individualisme Moderne s’effacerait devant un retour de la prééminence de l’appartenance communautaire (Maffesoli parle du « Temps des tribus ») ; le primat de la Raison serait en phase de céder la place à la domination de l’émotionnel et des sensations ; la foi dans l’avenir et la conception « progressiste » du monde laisserait petit à petit la place à la primauté de l’instant présent, de l’immédiateté. Existence individuel uniquement dans le cadre d’une appartenance communautaire, domination de l’émotionnel sur le rationnel, prééminence de l’instant présent sur l’à venir dans les consciences des hommes… Les valeurs du « monde post-Moderne » tel que perçu par Maffesoli semblent bien proches de celles de la Barbarie que nous décrivait Renan (voir « "Qu’eût fait Napoléon avec des raisonneur ?" »).

 

« La catastrophe est déjà là »

Nombreux sont ceux qui, au cours du dernier siècle, posèrent le constat de cet effondrement de notre civilisation. Nous n’avons jusque-là rien présenté de neuf, simplement rappelé ce qui constitue pour beaucoup des évidences – l’évidence de ce constat, maintes fois étayé depuis les cent dernières années, en ferait presque aujourd’hui un lieu commun ; et vivre en 2021 à l’avantage de nous permettre de le poser sans devoir développer des théories abstraites ou de prolonger les dynamiques à l’œuvre : il nous suffit de regarder par la fenêtre. Pour des hommes vivant en 2021, la question la plus pertinente est bien plus celle de la réaction à adopter dans ce contexte de décadence avancée, et pas seulement au niveau de l’attitude individuelle. Que peut-on espérer au niveau politique ? Dans quel sens agir ? Peut-on espérer renverser la situation ?

Michel Onfray pose un constat sans appel : « On a beau vouloir ne pas vieillir, on a beau vouloir ne pas mourir, il y a un moment où on vieillit, il y a un moment où on meurt, il y a un moment où on laisse la place. Et c’est la même chose pour les civilisations. Il faut juste le savoir, et ne pas désespérer, il ne faut pas pleurer (…) en poussant des cris et en disant "Ça ne doit pas avoir lieu". Tout ce qui naît vit, croît, meurt et disparaît ; ça marche pour les fleurs, ça marche pour les gens, ça marche pour les civilisations ». Tout ce qui existe naît, est appelé à croître, atteindre son apogée, décliner et puis mourir, et les civilisations n’y font pas exception. Il est impossible de croire en leur éternité ; la civilisation chrétienne, même si c’est la nôtre, est amenée tôt ou tard à devoir disparaître à son tour. Elle a vécue près de deux millénaires ; et selon Onfray, il n’y en aura pas un troisième. Antoine de Crémiers n’est pas beaucoup plus optimiste : « Contrairement à ce que pensent beaucoup, je ne crois pas que nous soyons contraint de faire quelque chose pour éviter la catastrophe, je crois que la catastrophe est déjà là ». Les deux philosophes posent le même implacable constat : notre civilisation est condamnée, elle a fait son temps, elle est morte, il ne nous reste qu’à l’enterrer. Les deux penseurs, l’un se réclamant de la gauche girondine, l’autre foncièrement monarchiste, en arrivent au même constat : il n’est pas possible de réparer les dégâts.

 

Michel Onfray (1959 - ), philosophe

 
 

Antoine de Crémiers

 

Onfray, de son côté, se contente après ce constat d’adopter une « position d’esthète » : il considère que tout s’effondre, que la civilisation européenne va au choix soit poursuivre son processus de réification du vivant (le transformer en « chose », pour en faire une marchandise) et sombrer dans la civilisation du transhumanisme, soit succomber sous les assauts d’une autre civilisation, et en particulier de la civilisation islamique. Il est nécessaire de continuer à lutter, mais il affirme clairement qu’il considère que tout est déjà perdu et qu’il ne s’agit que de « faire semblant », pour rester digne jusqu’au bout. Cette phrase extraite de son ouvrage Décadence fait figure de plutôt bonne conclusion : « Le bateau coule. Il nous reste à sombrer avec élégance ». La position de de Crémiers est plus nuancée : il faudra penser l’avenir, mais la première chose à faire pour cela ait un sens est de se mettre d’accord sur le constat de l’effondrement de la civilisation européenne, s’accorder sur l’idée que ce que nous vivons n’est pas une crise passagère mais la crise finale d’une civilisation. Une fois ce constat partagé, alors il devient possible de se réunir autour de la table et de se poser la question fatidique : « Que faire ? ».

« L’Occident ne dispose plus que de soldats salariés n’ayant pas envie de mourir pour des valeurs. Qui à ce jour donnerait sa vie pour les gadgets consuméristes qui sont devenus des objets de culte de la religion du Capital ? Personne. On ne donne pas sa vie pour un Iphone. L’islam est fort, lui, d’une armée planétaire innombrable de croyants prêts à mourir pour leur religion. Nous avons le nihilisme ; ils ont la ferveur. Nous sommes épuisés ; ils expérimentent la grande santé. Nous vivons englués dans l’instant pur, incapables d’autre chose que de nous consumer doucement ; ils tutoient l’éternité que leur donne, du moins le croient-ils, la mort offerte pour leur cause. Nous avons le passé pour nous ; ils ont l’avenir pour eux. Car pour eux tout commence ; pour nous tout se finit. Le bateau coule, il nous reste à sombrer avec élégance. » - Michel ONFRAY, Décadence, janvier 2017.

 

« Je suis (…) un catastrophiste éclairé. (…) Contrairement à ce que pensent beaucoup, je ne crois pas que nous soyons contrait de faire quelque chose pour éviter la catastrophe, je crois que la catastrophe est déjà là. Elle n’a pas produit ses effets sanguinaires, mais elle est déjà là. D’ores et déjà. Et ce sont précisément les faux espoirs entretenus qui nourrissent la catastrophe en nous masquant sa terrible réalité. Et si cette situation est à proprement parler catastrophique, c’est en grande partie la faute de ceux qui refusent de voir, qui chantent en chœur "Ce n’est pas si grave" et accusent les porteurs de mauvaises nouvelles d’être complices de ce qui arrive. Mais les positions défendues face à la catastrophe dépendent étroitement de la réalité qui lui est conférée et de l’acuité de sa perception. Plus précisément, les analyses faites globalement s’inscrivent dans une partition, un peu schématique je vous l’accorde, entre ceux qui pensent que nous sommes dans une crise interne à une civilisation, qui en a vu d’autres, et donc ce n’est pas si grave, et ceux qui considèrent qu’il s’agit au contraire de la crise d’une civilisation en voie de disparition, rupture radicale qui constitue très exactement la catastrophe dans laquelle nous sommes plongés. Et c’est bien la raison pour laquelle je réfute absolument le mot de crise : nous ne sommes pas dans une crise, parce qu’à chaque crise sa solution. Une crise c’est une pathologie, ça exprime un trouble, un manque (comme une crise du logement), un excès (comme une crise de nerf, une crise de larmes). Mais c’est beaucoup plus que cela que nous vivons, c’est une rupture de civilisation. C’est une civilisation toute entière qui s’effondre. Et rupture de civilisation, ça interdit par principe toutes tentatives de replâtrage, qui sont vouées à l’échec. » - Antoine DE CRÉMIERS, « La post modernité ou le triomphe du libéralisme », janvier 2017.

 




Quelques réflexions sur l’avenir de la civilisation européenne

Tentons, à la mesure de nos possibilités, de proposer des réponses en explorant deux voies. La première consisterait à tenter de profiter de l’inéluctable effondrement de la civilisation européenne telle qu’elle est aujourd’hui, c’est-à-dire chrétienne à son stade post-Moderne, pour tenter de revenir à ses fondamentaux. Renouer le contact entre les européens et la transcendance en revenant au fondement de leur propre tradition à son égard ; en bref, rechristianiser l’Europe. Refonder la civilisation chrétienne, en prenant en compte les expériences et égarements du passé pour éviter que la catastrophe ne se reproduise. Mais cet objectif revient à ignorer que l’histoire est tragique, qu’aucune civilisation n’est éternelle, et à tenter coûte que coûte de maintenir en vie un organisme souffrant d’un cancer en phase terminale. Si la civilisation chrétienne n’a, à son stade actuel, plus grand-chose à voir avec la doctrine chrétienne, elle en reste malgré tout le fruit. Nous avons démontré que la civilisation post-Moderne n’est en définitive que le fruit d’un christianisme dévoyé, et que la situation actuelle était en germe dans la civilisation chrétienne depuis quasiment un millénaire (voir « La Civilisation Chrétienne, des Évangiles à la Théorie du Genre »). La perversion des principes chrétiens et la décadence de la civilisation qui devait s’ensuivre étaient en définitive nécessaires et inévitables. Sur la question de la possibilité de restaurer le christianisme en Europe, Onfray affirmait : « Je ne crois plus ça possible, je crois qu’on est allé trop loin. Je pense que tout ça s’est effondré. (…) Je pense que la question n’est pas de savoir comment colmater un édifice qui s’effondre ». Malgré notre attachement pour cette civilisation chrétienne, nous partageons ce constat. Il nous semble que vouloir rechristianiser l’Europe et pousser les européens à retrouver la foi et les attitudes qui les animèrent au cours des siècles précédents, revient à exiger d’un vieillard qu’il puisse courir et accomplir les mêmes prouesses qu’à l’époque de sa jeunesse. Cette option n’est pas envisageable.

Si l’on peut observer une « réaction identitaire européenne » et que de plus en plus d’européens, particulièrement dans la jeunesse, se lèvent en brandissant les « racines chrétiennes de l’Europe », ce phénomène ne doit pas nous tromper et nous faire croire qu’une renaissance du christianisme sur le continent européen soit possible. Les « racines chrétiennes de l’Europe » n’ont jamais été revendiquées avec tant de force qu’aujourd’hui, mais comme le souligne Olivier Roy, ce phénomène témoigne bien plus d’une réaction identitaires, leur invocation servant de symbole à opposer au développement d’identités alternatives sur le continent européen, que d’un retour de la foi chrétienne dans le cœur de ses habitants. Il souligne : « Si les populistes défendent "l'identité chrétienne" dans leur discours, leurs valeurs n'ont rien de chrétien. Ce ne sont surtout pas des puritains ou des partisans d'un retour de l'ordre moral, on fait souvent l'erreur. (…) Le grand malentendu, c'est que les populistes sont pour l'identité, pas pour la religion. Ils parlent d'Europe chrétienne comme un code pour dire qu'elle n'est pas musulmane, sans être capable de lui donner beaucoup de contenu ».

Roy précise d’ailleurs que cette lutte contre la présence islamique en Europe accentue paradoxalement encore le retrait du religieux. Il fait état de deux formes de réactions anti-islamiques en Europe. En France, on prend des mesures contre l’islam en les appliquant à toutes les religions pour ne pas le désigner spécifiquement ; on accentue donc toujours plus la sécularisation pour tenter de lutter contre l’islamisation. Dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne ou l’Italie, on tente de mettre en avant une « spécificité chrétienne due à l’Histoire » pour justifier un droit de présence des signes chrétiens dans l’espace public (comme des croix) dont ne dispose pas l’islam ; mais « là aussi, on sécularise le signe religieux, puisque chaque fois que l'inégalité de traitement en faveur du christianisme est défendue par la Cour européenne des Droits de l'homme, c'est toujours en réduisant le signe chrétien à un pur marqueur culturel » (Roy). Le christianisme, dans l’Europe post-Moderne, devient de plus en plus un folklore et un marqueur identitaire, et l’omniprésence des discours au sujet des « racines chrétiennes » ne change rien à l’affaire. Si l’on s’évertue à invoquer des « racines chrétiennes », c’est surtout parce que désormais plus rien d’autre en Europe ne l’est.

Mais contrairement à Onfray, qui considère que tout s’arrêtera avec la mort de la civilisation chrétienne, nous pensons qu’au contraire, tout recommencera. Lorsqu’une civilisation disparaît, ce n’est pas le vide qui lui succède : une nouvelle prend nécessairement le relais. Nous ne pensons pas que la civilisation transhumaniste prendra cette suite. Le transhumanisme ne nous semble être rien d’autre qu’une conséquence de la post-Modernité et d’une civilisation chrétienne dévoyée : si cet état d’esprit et ces pratiques peuvent (et vont sûrement) s’installer dans les décennies qui viennent, elles ne sont sans doute rien de plus que le dernier stade de la longue agonie de la civilisation chrétienne, et disparaîtront vraisemblablement avec elle. Nous ne pensons pas non plus que l’Europe sera totalement absorbée par une autre civilisation, en particulier la civilisation islamique : une réaction aura lieu, et comme nous venons de le voir en abordant la question de la réaction identitaire des européens, a déjà lieu. Onfray reconnaît d’ailleurs lui-même que le principal phénomène expliquant le délitement européen face à l’islam vient bien plus sûrement la faiblesse des européens que de la force objective de la civilisation islamique : « Notre problème n’est pas tant l’islam que la haine de nous-même. Les civilisations ne s’effondrent que parce qu’elles commencent à se détester. Elles ne s’effondrent pas parce que d’autres prennent la place : d’autres prennent la place parce que nous avons laissé cette place ». La civilisation islamique ne semble en effet forte que parce que l’Occident refuse de lui résister ; ainsi que l’évoquait Amartya Sen (voir « "Qu’eût fait Napoléon avec des raisonneur ?" »), la civilisation islamique est enfermée dans la dialectique de « l’esprit colonisé », et est désormais bien incapable de se définir autrement que par opposition à l’Occident. Cette civilisation islamique, qui n’a aujourd’hui plus qu’une définition négative, n’a en définitive plus grand-chose à proposer pour l’instant et est tout aussi malade que nous, bien que la manifestation de ce phénomène soit bien différente dans leur cas que dans le nôtre. Si la civilisation islamique, bien que cela nous semble parfaitement improbable, parvenait à soumettre l’Occident, elle entrerait alors dans une crise considérable puisqu’elle aurait fait disparaître sa seule raison d’être – s’opposer à l’Occident –, et se trouverait à son tour menacée de disparition.

Une civilisation nouvelle, inédite, verra sans doute progressivement le jour en Europe dans les décennies qui viennent. Et la meilleure chose à faire nous semble être d’attendre que notre vieille civilisation s’effondre, tout en nous préparant à accueillir la suivante en accompagnant son avènement : il s’agit de la deuxième voie que nous pouvons observer, et qui nous semble être celle à favoriser. Nous attacher à la civilisation chrétienne telle qu’elle exista par le passé et nous obstiner à vouloir revenir à ce qu’elle fut en tentant coûte que coûte de rechristianiser l’Europe nous semble même, dans cette optique, contre-productif. Car s’attacher aux formes du passé et lutter contre le cours naturel de la vie et de la mort ici-bas, celle des civilisations dans le cas présent, sera surtout de nature à gêner le développement de la nouvelle civilisation qui viendra. Plutôt que d’y faire obstacle au nom de l’illusion de la restauration du christianisme authentique et du refus de sa mort ici-bas, dans une posture en définitif très anti-chrétienne, il nous semble plus pertinent d’accepter l’inéluctable et d’accompagner la naissance de notre nouvelle civilisation, en y réservant au christianisme la place qui lui revient de droit.

Car en effet, nous devons garder en tête que la disparition de la civilisation chrétienne ne signifiera pas l’abandon et la disparition du christianisme. Tout comme, malgré la disparition de la civilisation grecque, celle-ci continua à jouer un rôle considérable dans la civilisation européenne et détermina profondément la civilisation chrétienne qui la suivit (les influences de Platon, Aristote, ou des stoïciens dans la civilisation chrétienne furent déjà abondamment évoquées, voir « La Civilisation Chrétienne : Des Évangiles à la Théorie du Genre »). Le christianisme, et un christianisme authentique, devra jouer son rôle dans la genèse de la future civilisation européenne. Tout comme l’islam, d’ailleurs, qui servira sans aucun doute d’anti-modèle. Car la prochaine civilisation européenne risque fort d’être bâtie contre lui – autant au niveau des principes que physiquement, à la suite d’un affrontement pour l’instant larvé mais qui risque fort de dégénérer si les dynamiques se poursuivent. Le déclenchement de ce conflit sera peut-être ce qui donnera le coup de grâce à notre vieille civilisation, et permettra l’avènement de la nouvelle à son issue, et dans une Europe sans doute dévastée et revenue à un mode de vie bien rude – mais qui aura au moins le mérite de balayer toutes les idéologies post-Modernes, constructions intellectuelles délirantes qui ne supporteront pas le retour brutal à la dureté de la réalité.

 

Une question se pose cependant : une telle guerre nécessitera sans aucun doute une transformation fondamentale du caractère de l’homme européen. L’européen curialisé et « civilisé » ne supportera pas la confrontation à la barbarie et à la guerre, et devra mourir ou savoir évoluer. Certains mourront inévitablement, d’autres se transformeront, et adopteront au cours d’une telle période la dose de barbarie nécessaire pour leur survie. Si toute une civilisation s’effondre face à la barbarie, comme tel semble être la loi des civilisations décrite par Renan, est-il nécessaire pour les individus qui veulent survivre pour fonder autre chose derrière d’abandonner la civilisation, et de sombrer dans une barbarie égale ou supérieure à celle de l’assaillant pour être capable de le vaincre ? Lorsque sa civilisation est menacée de destruction, y a-t-il une autre voie pour conserver son autonomie civilisationnelle et faire honneur au sang versé par ses ancêtres que celle de retrouver son caractère barbare, pour pouvoir lutter à armes égales contre d’autres barbares ? Nous nous retrouverions alors devant un paradoxe : pour pouvoir être en mesure de défendre son autonomie civilisationnelle, l’homme européen se trouverait-il obligé de renoncer à sa civilisation ?

Ne serait-il pas possible de concilier barbarie et civilisation ? N’y a-t-il aucun exemple, ne serais-ce que théorique, de tentative de conciliation de la maîtrise de soi et de la rationalité de l’homme civilisé, face au déchaînement pulsionnel et à la rusticité du barbare ?

 







 Sources

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