Au revoir madame Delaume

 
David Cayla et Coralie Delaume

David Cayla et Coralie Delaume

 
« Toute la jeune génération souverainiste se reconnaissait en Coralie Delaume. »
— Jean-Pierre Chevènement

C’est ce mardi 15 décembre que j’ai appris le décès de Coralie Delaume. Presque opinément après deux clics sur un site d’informations, pendant une pause dans mes révisions. A ce moment-là, ma journée a pris une tournure étrange, plus amère. La mort est toujours triste et commune, surtout en cette période d’épidémie. Néanmoins, la disparition d’une personne en plein milieu de sa vie s’avère particulièrement révoltant.

J’avais entendu parler de Coralie Delaume pour la première fois il y a deux ans. A cette époque, mon professeur de droit européen organisait ce qu’il appelait des controverses : une série de débats opposant des orateurs sur un sujet européen d’importance. Coralie Delaume y avait pris part en débattant du fonctionnement et de l’avenir de l’Euro avec le professeur Paul De Grauwe. C’était assez savoureux de voir un économiste keynésien et une souverainiste, plutôt de gauche, s’opposer courtoisement sur la viabilité de la monnaie unique. Après le débat, nous avons eu l’occasion d’échanger encore un peu. Ça a été un moment riche en enseignements.

Par la suite, j’ai suivi attentivement les écrits et les papiers de la journaliste-bloggeuse sur l’actualité européenne, en particulier celle du Brexit, de la privatisation des Aéroports de Paris ou du fameux plan de relance de l’Union européenne. J’ai aussi lu ses différents livres même si mon favori demeure La fin de l’Union européenne.

Au fil de ses analyses et de ses écrits, Coralie Delaume y a expliqué les failles de l’Union européenne : l’inexistence d’un peuple européen en lui-même, la mise en concurrence des Etats membres les uns contre les autres avec différents dumpings, l’effacement (sinon la soumission) de la France envers l’Allemagne. Avec la crise économique causée par la Covid 19, nous observons plus que jamais les ravages induits par notre perte de souveraineté : désindustrialisation, chômage de masse, perte de savoirs,…. Pourtant, tout en pointant les failles, elle a aussi indiqué les moyens de notre redressement pour reprendre le destin français en main.

Relativement apartisane même si proche de la gauche souverainiste, Coralie Delaume acceptait de débattre avec tout le monde, y compris avec les partisans de l’Union européenne. Elle était reçue par toutes les forces politiques. Ses débats étaient forgés d’arguments opposés à d’autres arguments plutôt que d’invectives et de lieux communs.

Sa disparition signifie la perte d’une grande intellectuelle pour la France. Mais, c’est avant tout une tragédie pour ses proches, auxquels je présente mes condoléances.

Guillaume E.