Covid-19 ou la tyrannie de la Peur

 
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Confinement généralisé, privations de libertés individuelles fondamentales, traque informatique des citoyens via des applications digitales gouvernementales, répression policière à deux vitesses (d’autant plus visible avec les manifestations antiracistes tolérées dans un contexte d’état d’urgence sanitaire), l’épidémie de Covid-19 a été profondément révélatrice d’un nouveau type de politique ; celle de la peur de la mort ainsi que des représailles éventuelles pour les dirigeants responsables. Contre toute attente, le peuple français s’est montré obéissant et docile – celui-là même que leur chef traitait auparavant de « Gaulois réfractaires ». La peur de mourir, de faire mourir ses proches par contamination, ou d’être jugé responsable de dizaines de milliers de décès semble avoir motivé les nombreuses – et souvent contradictoires – décisions du Gouvernement de la République ainsi que l’incroyable résilience des Français. Alors que les rumeurs de « seconde vague » épidémiologique grandissent à travers le monde, laissant se profiler de nouvelles privations libérales, il convient de se pencher sur les raisons qui ont poussé 65 millions d’habitants à se cloîtrer chez soi pendant deux mois, ainsi que les conséquences et répercussions sociales, économiques et morales.

De la fatalité de la mort au culte de la vie éternelle

Depuis que l’humanité existe sur Terre, de nombreuses épidémies virales et bactériennes ont rythmé son développement. Dans l’Antiquité, les textes nous font parvenir les célèbres pestes antonine et justinienne, responsables à elles deux de la mort de 35 à 55 millions d’êtres humains, alors que la population planétaire n’excédait que difficilement le demi-milliard. La seconde – infiniment plus violente – extermina la moitié de la population européenne d’alors. Entre 1347 et 1351, la Grande Peste noire amène au même résultat (25 millions de décès). Finalement, ce sera l’épidémie européenne de variole qui décimera le plus d’êtres humains avec 56 millions de morts enregistrées pour la seule année 1520. Depuis, l’Occident et le monde ont connu la Grippe espagnole, le Sida ainsi que différentes grippes asiatiques à compter de 1950. Pourtant, malgré tous ces fléaux mortels, pas de confinement, ni de mesures liberticides. Comment l’expliquer ?

Outre l’ignorance médicale évidente des populations sur le processus de transmission-infection des virus et bactéries, on constate deux mêmes réflexes intemporels : la prière et la résignation. C’est à peine s’il est fait mention de la Grande peste noire par les historiens de l’époque, plutôt passionnés par la guerre de Cent-Ans. Il faudra attendre le XIXème siècle et les études historiques centrées sur le Moyen-Âge pour voir l’émergence de théories donnant à la peste des conséquences réellement impactantes. À une époque où la mortalité infantile est élevée (environ 45% des enfants n’atteignent pas l’âge adulte) et l’espérance de vie moyenne faible (30 ans), ces morts « extraordinaires » ne choquent pas particulièrement une opinion pieuse et fataliste. Par ailleurs, l’hécatombe européenne s’impose à une époque où les productions agricoles – pourtant très fortes – peinent à satisfaire une population nombreuse. Il faut d’ailleurs ajouter que l’Europe médiévale du XIVème siècle profite d’un climat doux favorisant les récoltes et la croissance démographique – l’optimum climatique médiéval – avec des températures moyennes bien supérieures à celles de l’époque contemporaine (pour preuve, il existe très peu de représentations hivernales enneigées de la France jusqu’au XVème siècle). Enfin, il convient de rappeler que malgré la peste, les villes, principaux foyers infectieux, ont continué à se développer là où le modèle urbain aurait pu être totalement remis en cause ainsi que le commerce international.

Des siècles plus tard, les épidémies à répétition qui frappent les centres urbains, couplées au phénomène d’exode rural, conduisent la bourgeoisie et la noblesse à répandre les pratiques élémentaires d’hygiène au sein de la population. La stérilisation va bientôt se populariser et les actions de Pasteur dans le domaine de la bactériologie vont permettre de faire chuter la mortalité infantile ainsi que prolonger l’espérance de vie. La médecine moderne parachève ce long processus. Ainsi, en 2020, l’espérance de vie moyenne en France atteint les 82 ans tandis que la mortalité infantile a chuté à environ 0,004% des enfants. La disparition des guerres et des grandes épidémies a éloigné la menace de la mort et instillé l’idée d’une vie longue, paisible et agréable. Tout mort « extraordinaire » suscite l’indignation et la peur, des accidentés de la route aux décès du Covid-19. Le fatalisme a laissé place à un culte de la vie pérenne, amplifié par les recherches dans le domaine de la « vie éternelle » ou de la « cryogénisation ». La foi dans la science a remplacé la foi en Dieu. Est-ce pour autant dommageable ?

Mourir ou ne pas mourir, tel est la question

Covid-19, Grippes espagnole, hong-kongaise, asiatique, Sida, Ebola ; toutes ces épidémies ont suscité des mouvements de peur médiatique et populaire. L’idée de mourir « avant l’âge prévu » glace le sang et suscite des espoirs envers un État protecteur et paternaliste. Tout doit être fait pour limiter la mort des individus, quitte à les priver de leurs libertés les plus fondamentales (regroupement, expression, opinion, etc.). Ici, on impose le port du masque chirurgical, là, on oblige à suivre les directives sanitaires du gouvernement. La crise sanitaire est quasiment devenue un état de guerre, où l’ennemi est le virus quand, un siècle plus tôt, il portait un casque pointu. De prime abord, il est tentant d’agréer, se disant que la préservation de la vie individuelle est une priorité absolue. Mais c’est oublier les répercussions économiques et sociales comme les faillites massives d’entreprises ou l’isolement des personnes âgées. « Confiner des dizaines de millions pour en sauver des dizaines de milliers, tout en condamnant des millions à long terme », tel aurait pu être le crédo des différents gouvernements occidentaux depuis le début d’année 2020. Encore une fois, c’est le règne de l’émotion sur la raison, du sentiment de peur sur la réalité pragmatique.

La peur ! Cette émotion animale primordiale qui permet la conservation de l’individu n’empêche pas le danger, comme le dit l’expression consacrée. Si elle peut être salvatrice dans une situation critique et urgente, elle s’avère paralysante et castratrice quand elle prend le pas sur la raison et l’intellect. Anéantissement tout esprit d’entreprise et d’aventure, la peur est l’ennemi du progrès technique voire du développement humain tout entier. De tous temps, la peur a été combattue par les différentes sociétés à travers les images héroïques ou le simple concept de « courage ». Mais dans une société féminisée, où règne les émotions individuelles, la peur conduit au confinement généralisé, massacre en règle de l’économie nationale. En faisant porter le fardeau de la maladie sur tous au lieu des plus à risques, c’est tout le pays qui a souffert de ces deux mois blancs et qui risque encore de subir dans le cas où les politiques publiques courberaient l’échine face à une hypothétique « deuxième vague ». Le confinement généralisé, c’est le triomphe des peurs individuelles sur la raison collective.

Enfin, il convient de rappeler l’hypocrisie et l’incohérence des mentalités. Adopter les « gestes barrières » c’est rétablir des frontières pires encore que celles de la Nation, celles-là même que les libéraux et européistes se sont toujours refusé de fermer par pure idéologie, et contre toute raison. Porter un masque serait une bonne chose, mais nuit fortement aux relations sociales, moteur de la démographie et de l’économie. De plus, dans une société construite sur les échanges, il est impensable de vivre masqué et séparé par un mètre d’écart. Si ces mesures sont prolongées ou rétablies, c’est la destruction assurée des économies et sociétés nationales à travers le monde. Quid d’un changement de paradigme ? Beaucoup en parlait alors qu’ils étaient astreints à résidence pour incompétence d’État (faillite de l’hôpital public et déficit de production nationale), mais peu l’envisagent désormais que la « vie normale » a repris son cours. Mettre fin à la mondialisation, rétablir la souveraineté nationale, produire local, ces aspirations dignes des résolutions du Nouvel-An ont connu le même sort, se dressant face à la nourriture bon marché et les derniers produits vestimentaires et technologiques importés d’Asie. Comme pour l’écologie, les promesses sont nombreuses, les idées bonnes, mais ces louables intentions se heurtent bien souvent à la réalité de la consommation de masse et à l’individualisme-roi transformé en caprice perpétuel.

Conclusion

De tous temps, le monde humain a été frappé par des épidémies meurtrières. Jamais celles-ci n’ont empêché les populations de vivre et de se développer normalement. Mais avec l’allongement de la durée de vie, la baisse de la mortalité infantile et les progrès de la médecine moderne, la mort « extraordinaire » suscite inquiétudes et peurs. Alors il faut confiner, se terrer chez soi, prisonniers volontaires expiant les fautes d’un État incapable et fautif. Ne pas sortir pour ne pas propager un virus qui pourrait tuer nos plus proches parents. Mais faisions-nous tout ceci lors des épidémies de gastro-entérite, de grippe hivernale ou même de grippes porcine et aviaire ? Un homme de 82 ans est tout aussi susceptible de mourir de la Covid-19 que d’une simple grippe. Mais au-delà de ces questions d’ordre physique, c’est bien la peur de la mort qui préoccupe. Mourir à 82 ans était une bénédiction des dieux sous l’Antiquité, aujourd’hui c’est un fait quasi-anormal. Comme pour le cancer qui rappelle à l’homme que son corps n’est pas fait pour vivre si vieux, l’individu se retrouve devant un problème qui l’amène à une contradiction ; alors qu’il veut vivre plus vieux, il veut être malade moins souvent.

Mais que faire contre cette peur de la mort qui tracasse l’humanité depuis des millénaires ? Aristote avait trouvé un élément de réponse voilà des siècles. Partant du postulat qu’on ne peut avoir peur que de ce qu’un individu a déjà fait l’expérience, on ne peut avoir peur de la mort tant qu’un individu ne l’a point vécu. Or, une fois mort, les sentiments disparaissent. La peur de la mort est donc inutile et vaine. Celle-ci doit simplement être acceptée comme la conséquence logique de la vie. De plus, la paralysie qu’implique la peur de mourir pose un problème moral et questionne la notion de courage. Après tout, Louis IX n’aurait peut-être jamais été Saint-Louis s’il avait eu peur d’amener son repas à un lépreux, tout roi qu’il était et tout risque que cela pouvait comporter…

Sources :

Face à l’info, réflexions et commentaires d’Éric Zemmour et Marc Menant (2020)

Les Gaulois réfractaires demandent des comptes au Nouveau-Monde, Philippe de Villiers (2020)