Histoire de France (1/4)

 
Baptême de Clovis à Reims - Dejuinne François-Louis (1786 - 1844)

Baptême de Clovis à Reims - Dejuinne François-Louis (1786 - 1844)

 

Qu’est-ce que la France ? Un territoire, un peuple, une culture, tout cela à la fois ? Notre pays a une Histoire richissime doublée de faits militaires glorieux et de pensées éternellement inscrites dans le code génétique de l’humanité. Questionner et analyser son épopée, c’est se questionner en tant qu’individu membre d’une grande famille nationale, unique en son genre : le peuple français. Parce que nous sommes les héritiers d’un territoire, d’un peuple, d’une culture et d’une histoire en commun, nous, Français, sommes à la fois ducs, serfs, chevaliers croisés, mousquetaires, hussards de l’Empereur, et Poilus des tranchées. Ainsi que le disait l’illustre artisan de la Victoire, le maréchal de France Ferdinand Foch : « un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». C’est pourquoi il convient de revenir sur notre mémoire à tous.

Des premiers peuplements à « nos ancêtres les Gaulois »

Comme le reste de l’Europe, le territoire métropolitain que nous appelons « France » connu l’occupation humaine quelques un million et demi d’années avant l’ère chrétienne. Mais ce n’est que bien plus tard que l’Homme moderne (Homo sapiens) conquis ces terres, et encore après que les Celtes s’en rendirent maîtres.

Alors que le monde méditerranéen accouche des Grandes pyramides et de l’Iliade, les premières tribus celtiques venues d’Europe centrale s’installent dans ces terres particulièrement arables. Arvernes, Éduens, Carnutes, et autres Sénons commencent à se constituer en civilisations.

Contrairement à une idée reçue héritée de Jules César et sa Guerre des Gaules, les « Gaulois » (appellation romaine) ne sont ni un peuple unifié ni des sauvages. Orfèvres et forgerons experts, les Celtes développent leur environnement avec efficacité de telle sorte que leur pays est riche et autosuffisant en céréales et viandes. Loin d’être isolés, les différentes tribus se révèlent dans le commerce en particulier avec les colonies grecques (Massilia qui deviendra Marseille) et la cité-État de Rome.

Les échanges avec le monde méditerranéen ne sont pas pour autant uniquement pacifiques. Ainsi, la Cité romaine est mise à sac par les Sénons et leur chef Brennus dès le IVème siècle avant l’ère chrétienne (AEC). Les Latins en garderont un souvenir traumatique sur lequel jouera, des siècles plus tard, un certain César.

Ainsi, trois siècles après le sac de Rome, l’ambitieux et triomphant général latin se lance dans la conquête des Gaules celtes (de la France à l’actuelle Belgique). S’appuyant sur le fort ressentiment populaire à l’égard des Gaulois ainsi que sur leurs divisions internes, il s’avance dans un pays fertile et riche. Pour autant, la victoire n’est pas immédiate et la résistance s’organise autour de la personne de Vercingétorix, chef de guerre arverne. Après une décennie de lutte, ce dernier capitule au siège d’Alésia. Le triomphe de César est moins le fait des Romains que celui des Gaulois alors plongés dans une guerre civile qui doit déterminer le futur des Gaules : avec ou contre Rome.

Alors que commence l’ère chrétienne, le territoire est réorganisé en quatre provinces romaines : les Gaules aquitaine, lyonnaise, belgique et narbonnaise.

 
Vercingetorix se rendant à César au terme du siège d’Alésia (52 av. JC)

Vercingetorix se rendant à César au terme du siège d’Alésia (52 av. JC)

 



De la Gaule romaine au Royaume des Francs

Pendant cinq siècles, Rome va régner sur les Gaules. La romanisation va léguer un héritage capital en cela qu’il fera partie de l’identité française : langues latines, droit écrit et laïc, l’organisation urbaine, le christianisme et même des habitudes alimentaires (pain, vin, etc.). Les richesses agricoles de la Gaule constituent un tremplin à une puissance démographique importante qui fera sa force jusqu’à la Révolution industrielle.

Après cinq siècles, les Gaules voient l’effondrement de l’Empire romain d’Occident sous le coup des « invasions barbares ». Poussées vers l’ouest par les hordes hunniques, les populations germaniques pénètrent dans l’Empire et remplacent progressivement les élites régionales. Alors que Rome tombe aux mains des Ostrogoths, l’actuelle France est dirigée par trois peuples différents : les Francs, les Wisigoths et les Burgondes.

Cependant, comme pour les Gaules celtes avant eux, il ne faut pas voir d’unité politique entre ces différents peuples ni même au sein de ces populations. De plus, il convient de ne pas concevoir les « invasions barbares » comme un « Grand remplacement » mais comme la substitution des élites gallo-romaines par les élites germaniques. Impossible pour des peuplades de quelques dizaines de milliers d’individus de se substituer à une région forte de huit à douze millions d’habitants.

 
Les Gaules à l’heure romaine

Les Gaules à l’heure romaine

 


Vive le Roi ! Vive l’Empereur !

Des ruines encore fumantes de l’Empire romain, les royaumes païens venus de Germanie se disputent les morceaux de terres. Menés par un certain Clovis, les Francs saliens vont étendre leur domination jusqu’aux Pyrénées. Les voisins wisigoths, installés dans l’actuelle Espagne, et burgondes (Bourgogne, Franche-Comté et Suisse) sont vaincus.

Commence l’histoire de France avec le sacre et le baptême chrétien de Clovis, roi de tous les Francs. En quelques décennies, il est parvenu à unifier des Gaules en proie à la guerre civile. À la célèbre bataille de Tolbiac (496 EC), il repousse les Alamans dans la région de Cologne : sans le savoir, il vient de fixer la frontière franco-allemande pour des siècles.

Clovis, premier roi chrétien des Francs, meurt en laissant derrière lui un immense royaume. Désormais, la capitale des Gaules n’est plus Lyon, mais Paris (ancienne Lutèce). Comme le veut la tradition germanique, son empire est partagé entre ses différents fils qui constituent maintenant une dynastie royale, la première : les Mérovingiens.

Progressivement, le Royaume des Francs va affermir son pouvoir sur les anciennes provinces romaines en s’appuyant notamment sur l’alliance avec le clergé chrétien et le modèle social féodal importé avec eux. Cependant, il convient de rappeler que l’ère mérovingienne (481-751) est caractérisée par une instabilité territoriale et dynastique importante du fait de la considération patrimoniale des terres. De ce chaos va naître une nouvelle famille : les Carolingiens.

Alors que le Moyen-Âge débute, le Royaume des Francs constitue une des principales puissances économiques, politiques, militaires et culturelles d’Europe. La menace hunnique écartée à l’est, un autre danger émerge par-delà la terre natale de Jésus de Nazareth : l’Islam. Religion abrahamique fondée par Mahomet, elle se double d’une énergie conquérante et militaire inquiétante pour les royaumes chrétiens. Remontant par l’Espagne, les Musulmans franchissent bientôt les Pyrénées et entrent en terre franque. Alors que le pouvoir royal s’effrite, le maire du palais (comprenez « chef du gouvernement ») Charles Martel réunit une armée pour stopper l’invasion. À Poitiers (732 EC), il inflige une défaite aux envahisseurs islamiques et permet de refouler l’émirat au-delà du massif pyrénéen.

Auréolé de gloire, Martel lègue le pouvoir à ses deux fils Carloman et Pépin dit le Bref qui deviendra roi. Le Royaume des Francs devient de plus en plus puissant, et gagne les faveurs de la papauté. Bientôt, sous Charles dit « le Grand » (Charlemagne), fils de Pépin, il sera un Empire, occupant la place laissée vacante par Rome depuis trois siècles.

 
Charlemagne, roi des Francs et empereur romain, portrait en réalité la moustache et non la barbe !

Charlemagne, roi des Francs et empereur romain, portrait en réalité la moustache et non la barbe !

 

L’Empire carolingien : grandeurs et décadences d’une lignée

Charlemagne, roi des Francs, est sacré empereur romain par le Pape à Rome. Régnant sur un territoire immense correspondant à la France, l’Allemagne occidentale, l’Italie septentrionale, le Bénélux, la Suisse et l’Autriche, il développe le modèle féodal tout en assurant la création d’un proto-État laïc. Un âge d’or commence où les arts, la culture, le commerce et la politique se développent comme jamais depuis la chute de Rome. Carrefour entre le monde musulman (Italie méridionale, Espagne, Méditerranée occidentale) et byzantin, l’Empire franc rayonne. Le christianisme se répand, de gré ou de force, dans une Europe en pleine construction.

Mais l’état de grâce s’achève avec la mort de l’Empereur. Comme de coutume, son empire est divisé en trois ensembles dont l’un, deviendra la France : les Francie occidentale, orientale et centrale (ou Lotharingie du nom de Lothaire, fils de Charlemagne). Bientôt, une longue guerre civile va commencer entre ces trois royaumes familiaux qui mènera à la dissolution de l’autorité royale sur fond de menaces scandinaves, musulmanes et féodales.

Profitant d’un réchauffement climatique global, les « Vikings » venus de Scandinavie multiplient les excursions et pillages dans toute l’Europe, y compris jusqu’en Méditerranée. Affrontant des royaumes carolingiens fragilisés et affaiblis, ils enchaînent les raids, sièges et rançons. Là encore, comme pour la dynastie précédente, les Carolingiens vont se voir concurrencer par leurs vassaux et serviteurs en la personne de Robert le Fort, comte d’Anjou, d’Auxerre et de Nevers. Héroïque face aux Normands, il éclipse rapidement les derniers rois carolingiens incompétents et inconsistants. Ainsi, lorsque meurt Charles III le Gros, en 888, son fils, Eudes, devient roi des Francs, comte de Paris, de Troyes, duc des Francs et marquis de Neustrie.

S’ensuit un siècle d’alternance politique entre Carolingiens plus ou moins directs et Robertiens issus de Robert le Fort. Mais en 987, les Grands seigneurs du royaume sont devant un choix fatidique. Une crise de succession secoue le pays et tous sont appelés à élire le nouveau monarque. Deux candidats se présentent : Charles de Lorraine et Hugues Capet. Le premier, carolingien, menace de faire tomber le royaume dans la dépendance vis-à-vis de la Francie orientale, future Allemagne. Le second, descendant de Robert le Fort, jouit d’un prestige familial important et apparaît peu menaçant du fait de ses propriétés ridicules (équivalent de l’actuelle Île-de-France).

Le choix est fait, ce sera la voie de l’indépendance avec Hugues Capet qui installe une troisième dynastie sur le trône royal : les Capétiens.

 
Bataille de POitiers (732) où les Francs de Charles Martel repoussèrent les Musulmans

Bataille de POitiers (732) où les Francs de Charles Martel repoussèrent les Musulmans