La R&D : poumon droit de l’économie nippone

 
Siège R&D, TOYO Electric - © Jeffrey Chang

Siège R&D, TOYO Electric - © Jeffrey Chang

 

Suite à l’étude de deux des trois facteurs pouvant expliquer la puissance économique du Japon, nous ferons dans cette nouvelle série un point sur cette dernière. Nous verrons successivement ses deux principales forces et ses deux principales faiblesses.

Tout d’abord, attaquons-nous à l’un des points forts de l’économie japonaise : la recherche.

L’innovation : Facteur de domination économique

Rien de tel qu’un exemple afin de prouver la puissance en Recherche & Développement de l’Empire du Soleil Levant. En septembre 2019 la région de Kyoto est le théâtre d’une première mondiale : Mindar, un robot, participe à une cérémonie religieuse dans un temple bouddhiste. « Seulement » capable de répéter des sermons, l’utilisation d’un robot lors de la célébration d’un culte ne laisse pas indifférent. Certains s’indignent, d’autres sont fascinés. Pourtant le Japon n’est pas le premier pays à pratiquer cette expérience : en 2017 le robot Aarti participe à une cérémonie bouddhiste, BlessU-2 est utilisé par l’église protestante allemande, en Chine Xian’er délivre des mantras.

Si Mindar n’est pas le premier robot utilisé dans le cadre de la religion, il perpétue un pan de la culture japonaise : l’alliance de la tradition et de la technologie. En 2019 le pays se classe cinquième parmi les membres de l’OCDE, en consacrant 3,2 % de son PIB à la recherche. Historiquement le Japon est leader dans plusieurs secteurs à forte valeur ajouté : la robotique, les semi-conducteurs, l’électronique grand public, et même dans certains secteurs de la santé comme les cellules souches. Cette domination souffre aujourd’hui d’une grande compétition. Outre les concurrents habituels tels que les États-Unis ou l’Allemagne, ses voisins coréens et chinois ont plus que rattrapé lors retard.

Afin de ne perdre pas sa place, le pays a mis l’innovation au centre de son plan budgétaire pour 2019. Le gouvernement et la société japonaise ont parfaitement su emboîter le pas des nouvelles technologies de l’information. Selon un rapport pour la direction général du Trésor du ministère de l’économie et des finances parues en 2019, l’économie japonaise est tournée vers le futur : « 817 Mi USD y sont alloués, dont 210 Mi consacrés au développement et la formation aux technologies d’Intelligence artificielle et 295 Mi pour le soutien aux start-up et au programme J-Startup, lancé en 2018 (inspiré de notre French Tech) ». Comme le précise le rapport, la France n’est pas en reste et ne compte pas se laisser distancer. Contrairement à la France et à l’ensemble de l’Europe, le pays possède plusieurs avantages : « capacité matérielle à transmettre des données en masse (réseaux 5G et fibre optique de haute performance), technologies de stockage, de traitement et de classification (Big Data), de connectivité des objets (IoT), cadre juridique et réglementaire favorisant la constitution de ces grands ensembles de données ».

La technologie nippone permet au pays de rester un acteur économique incontournable. Sa façon de penser et sa politique lui assurent une place parmi les pays qui comptent, et les futures technologies (telles que la multiplication des objets connectés et par extension des données) lui permettent de voir venir. Certaines économies, comme celles basées sur le pétrole, ne peuvent avoir ce luxe. Mais le Japon sait qu’une forte et une économie diversifiée. Malgré son ouverture sur le monde qui reste faible aux vues de sa puissance, le pays sait vendre à l’étranger. Ce deuxième atout fera l’objet d’un deuxième article :  l’exportation, poumon gauche de l’économie nippone.

Sources :

https://www.clubic.com/robotique/actualite-869175-japon-robot-pretre-delivre-sermons.html

https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2019/10/01/l-innovation-cible-centrale-des-economies-japonaise-et-coreenne

https://www.oecd.org/fr/science/inno/46718493.pdf

https://www.persee.fr/doc/ebisu_1340-3656_2009_num_42_1_1813