L’écologie, un racisme anti-humains (2/2)

 
Ecologie_Megisto_2.jpg
 

La planète contre les hommes

D’autres voies de l’écologie politique n’hésitent pas à aller plus loin, et émettent l’idée que l’espèce humaine étant fondamentalement nuisible à la planète, œuvrer pour la réduction de son impact, voire sa réduction tout court serait souhaitable, voire salutaire pour assurer l’avenir du monde du vivant.

Cette vision n’est défendue noir sur blanc par personne, elle est insinuée dans les rapports alarmistes sur l’état de la biodiversité ou du climat, et dans les conséquences désastreuses qu’entraîne la trop forte concentration d’humains dans un monde aux ressources limitées. Ainsi, le Global Footprint Network, organisme privé basé en Suisse chargé de publier chaque année le tristement célèbre « jour de dépassement », censé fonder la culpabilité environnementale de l’homme occidental par la preuve scientifique de sa surconsommation de ressources sur ce que la planète peut offrir (et dont nous avons vu les méfaits dans un article précédent), affiche dans sa vision du développement durable que « au niveau actuel de la population mondiale, il n’y a que 1,6 hectares de surface biologiquement productive par personne sur Terre. Étant donné la population grimpante et les besoins des espèces sauvages en bio-capacité de survie, l’empreinte écologique moyenne par personne doit baisser de façon significative en-dessous de ce seuil. »[1].Elle reprend ici les thèses du biologiste de Harvard Edward O. Wilson, qui préconisait en 2016 de « n’utiliser que la moitié des ressources de la planète dans le but de préserver 85% de la biodiversité mondiale » [2]. Voilà donc un courant de pensée qui promeut une limitation drastique (passant par une réduction autoritaire) des interactions de l’Homme dans son milieu naturel, afin d’en limiter les effets néfastes, et qui pour ce faire, n’hésite pas à jouer de la concurrence entre les ressources captées pour nos activités, avec celles dont la biodiversité mondiale aurait besoin pour mener sa vie propre. Ce principe de partage forcé des ressources naturelles n’est pas sans rappeler la théorie de l’économiste anglais Robert Malthus (1766-1834), qui postulait dans son Essai sur le principe de population (1803) que la croissance des communautés humaines était trop importante par rapport à celle des ressources disponibles, et qu’il était salutaire de s’en remettre à des freins naturels (épidémies, catastrophes) ou sociétaux (guerres, famines) pour réduire la pression démographique et assurer le bien-être des habitants restants. Cette logique rationnelle (bien que mortifère) semble avoir été reprise par les tenants du souci environnemental, non au bénéfice de l’espère humaine dont il s’agit de préserver la richesse par la limitation des bouches à nourrir, mais au bénéfice au contraire d’une nature intrinsèquement pure qui aurait été souillée par l’action humaine, et dont il faudrait l’en débarrasser comme d’une écharde risquant l’infection. En 2020, le rapport annuel de l’ONG WWF mettait en avant le fait que « La destruction du vivant par l’humanité a des conséquences catastrophiques, non seulement sur les populations d’animaux sauvages mais aussi sur […] tous les autres aspects de notre vie », ce qui nécessite de « nous devons rééquilibrer notre relation avec la planète afin de préserver l’incroyable diversité du vivant sur Terre » [3]. Un tel programme ne se cache pas de son aversion pour l’expansion humaine, dont l’exécution doit passer par une mise sur le même plan des nécessités du développement humain et celui des autres espèces pour assurer la survie de chaque enfant de la Nature. Fût-ce au prix de la fin de la primauté du souci humain au profit de l’être global et immatériel qu’est la Nature, un nouvel Être Suprême en quelque sorte.

Il ne s’agit pas ici d’accuser les écologistes de pensées génocidaires, mais de mettre en lumière chez eux la tentation réductionniste des communautés humaines, comme certains auparavant précisaient « qu’au grand banquet de la Nature, il n’y a point de couvert pour […] celui naissant dans un monde déjà occupé » [4]. Il est question chez eux, du fait de la culpabilité de l’Homme dans la destruction des espèces, du bien-fondé des mesures visant à le rétrograder dans sa toute-puissance, voire dans la hiérarchie du vivant. Une remise en cause brutale de l’universalisme chrétien. Ici au contraire l’espèce humaine est mise au banc des accusés. Les plus extrémistes (ou les plus convaincus) ont développé dans leur environnementalisme une vision maladive de l’écologie : la Terre est depuis toujours malade de l’Homme. Cela les conduit à traiter chaque problème en lien avec les espaces naturels avec un présupposé idéologique assumé sur les conséquences forcément néfastes de toute présence humaine. Une telle focale les conduit à ne pas considérer les phénomènes en cours (le changement climatique, les bouleversements des écosystèmes, le retour de pandémies grippales féroces) dans ce qu’ils ont de singulier en lien avec les lois millénaires de la Nature, ou dans leur contingence d’une cause à effet, mais à les emboîter artificiellement dans un rejet quasi clinique d’une greffe humaine, dont ils ne sont que les nombreux symptômes : variations de températures, déforestation, sur-élevage, effondrement des populations de poissons, insécurité alimentaire et extinction des espèces…chaque catastrophe ne peut venir que de la main de l’Homme (blanc occidental évidemment). L’humanité est alors réduite à un état de microbe, infectant par ses sécrétions le corps sain de la Nature, dont chaque espèce, dans la pureté de son absence d’âme, est l’anticorps.

Derrière le «  changement culturel et systémique profond » [3] promu par les nouveaux prophètes du malheur, se cache donc bien la remise en cause d’une espèce entière, dans sa vie, son œuvre et son avenir. Peut-être la première fois dans l’histoire humaine qu’une civilisation se voit moralement contrainte de penser sa limitation, voire sa disparition volontaire, au profit de peuples qu’elle a pourtant dominé pendant des siècles. Une contradiction fondamentale et un non-sens moral qui expliquent bien l’aversion du grand public mondial pour les thèses écologistes : elles sont bien l’antithèse de la propension naturelle de l’espèce à perpétuer sa lignée. Une foi négationniste de l’Humanité, impossible à envisager pour tout individu sain d’esprit. Là où les apôtres des droits des animaux relèguent l’Homme à son statut de bourreau du vivant, là où les environnementalistes réduisent Homo Sapiens au parasite rongeant la planète de l’intérieur, l’on est en droit de se demander si le souci de l’écologie ne serait après tout qu’une des nombreuses manifestations de la propension des progressistes à retourner contre leur ennemis désignés les armes qu’ils prétendent combattre. Au nom de la préservation du bien-être animal et de la régénération de la Terre, les écologistes n’ont rien d’autre à proposer qu’une discrimination des communautés humaines, un frein à la vie de Hommes, une ségrégation de l’espèce dans une dépendance éternelles aux victimes (animaux, végétaux, éléments) qu’ils ont cherché à exterminer. En somme un racisme « anti-humains » qui ne dit pas son nom.


Sources :

[1] - Global Footprint Network, Sustainable Development
https://www.footprintnetwork.org/our-work/sustainable-development/

[2] - Wilson, Edward, Half-Earth: Our Planet’s Fight for Life, 2016

[3] - WWF - Rapport Planète vivante 2020
https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2020-09/20200910_Synthese_Rapport-Planete-Vivante-2020_WWF-min.pdf

[4] - Malthus, l’apologue du banquet : pas de couvert pour les pauvres
http://www.philosophie-spiritualite.com/textes_3/malthus2.htm